La ballade de Lila K
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On sait d'abord très peu de choses sur Lila, narrateur du nouveau roman de Blandine Le Callet.Elle y raconte comment, en 2096, elle fut enlevée à sa mère par des hommes en noir et emmnée au "Centre". Jeune fille sensible, fragile, asociale et polytraumatisée, elle a tout oublié de sa vie antérieure. Elle se plie alors aux règles de sa nouvelle maison où la sécurité semble être le maitre-mot et où les livres n'ont plus le droit de cité. Mais Lila est intelligente. Elle n'a qu'une seule obsession: retrouver sa mère et sa mémoire. Elle trouvera de l'aide auprès de Monsieur Kauffman, directeur du Centre, maître érudit et provocateur, puis auprès de Fernand, son tuteur qui lui permettra de découvrir petit à petit son passé.
A la fois roman d'initiation et de science-fiction, La ballade de LilaK interroge sur les évolutions et les dérives à craindre de notre société.
Extrait:
"Le Centre
Quand je suis arrivée dans le Centre, je n'étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c'était leur obsession, mais c'était trop infect. Chaque fois qu'ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires. Lorsqu'ils parvenaient malgré tout à me glisser une cuillerée dans la bouche, je la recrachais aussitôt. Plusieurs fois j'ai vomi, de la bile et du sang. C'est écrit dans le rapport.
Finalement, ils m'ont attachée sur mon lit, puis ils m'ont enfoncé une sonde dans le nez, et m'ont nourrie par là. On ne peut pas dire que c'était confortable, mais enfin, c'était mieux qu'avaler leurs immondices.
Je ne supportais pas le moindre contact. C'est écrit en page treize : Hurle dès qu'on la touche. Juste après : Sédation. Sédation, ça veut dire injections d'anxiolytiques, sangles, et musique douce pour enrober le tout d'un peu d'humanité.
Voilà comment ils sont parvenus à me faire tenir tranquille et à me trimbaler de service en service afin d'effectuer leurs batteries d'examens : ils m'ont palpée, auscultée, mesurée, pliée dans tous les sens. Ils m'ont planté des aiguilles dans le corps, ont branché sur moi des machines. Ils m'ont photographiée, aussi. Je pleurais sous les flashes. Alors ils m'ont donné des lunettes noires qui tenaient avec des élastiques, et je n'ai plus rien dit. "
Rencontre Vendredi 25 février à 16h
En partenariat avec Lecture en Tête.