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de ce pas

  • DE CE PAS de Caroline Broué (Sabine Wespieser)

    Marjorie et Paul sont deux artistes réunis par le silence. Ils n'ont pas besoin de mots pour se comprendre, juste un regard, un geste… Mais à l'aube de la quarantaine, leur relation s'effrite et le silence leur pèse. Marjorie est arrivée en France en 1975, alors qu'elle était une fillette fuyant le Cambodge des Khmers Rouges. Un passé qu'elle a enfoui afin de devenir danseuse étoile à l'Opéra de Paris. Paul est né en Ardèche au sein d’une famille protestante avec laquelle il a complétement coupé les ponts. Tous deux sont réunis par un passé douloureux. Alors qu'elle doit quitter définitivement la scène, Marjorie s'interroge sur son histoire et essaie de comprendre pourquoi ils n'arrivent plus à se parler, pourquoi ils n'arrivent plus à porter ensemble le poids de leur histoire ? Caroline Broué signe un magnifique roman sur le temps qui passe. Et parce qu'à travers ces deux personnages, il y a une résonance universelle, je vous invite à découvrir cette histoire et cette romancière.

     

    Retrouvez l'interview réalisé pour le magazine Page des libraires:

    Page — On vous connaît comme productrice de l’émission La Grande Table sur France Culture. Vous avez produit de nombreux débats et documentaires. Vous publiez en ce début d’année votre premier roman. Comment vous est venue l’envie d’écrire ?
    Caroline Broué — C’est une envie très ancienne, à vrai dire, qui ne m’a jamais quittée. Un voyage au Cambodge, il y a vingt ans, m’a profondément marqué ; j’ai alors commencé à prendre des notes et à écrire régulièrement, par fragments. Jusqu’à ce que l’envie d’écrire se transforme en nécessité. Alors je n’ai plus pu reculer.

    P — Pouvez-vous nous parler de Marjorie, votre héroïne ?
    C. B. — Marjorie est une femme de 40 ans, ancienne danseuse étoile de l’Opéra de Paris. Elle vit avec son compagnon Paul depuis douze ans et a une petite fille de 5 ans. Elle commence à se rendre compte que le temps agit sur elle, sur eux, et qu’elle ne peut plus fuir un passé qu’elle a consciencieusement négligé depuis son arrivée en France en 1975, quand elle avait le même âge que sa fille aujourd’hui. Le changement de vie, l’époque, la maternité… tout lui remonte à la figure. Elle se cherche, elle traverse une crise existentielle qui met son couple en péril. Le roman raconte cette quête d’elle-même.

    P — Au-delà de l’histoire d’amour, De ce pas nous parle de quadragénaires qui font le point sur leur vie…
    C. B. — Je crois que beaucoup de quadragénaires en sont là ! C’est ma génération, certes, mais c’est aussi un âge de transition. Un âge qui n’est plus celui des possibles et pas encore celui des acquis. Un âge où l’on prend conscience de sa mortalité, où l’urgence de vivre nous rattrape.

    P — Marjorie est une ancienne danseuse étoile. Quel est votre rapport avec cette discipline ?
    C. B. — Très simple : petite, j’ai toujours rêvé d’être danseuse. Je voulais entrer à l’école de danse de l’Opéra de Paris. J’ai commencé à prendre des cours dès l’âge de 6 ans et n’ai plus arrêté pendant dix-sept ans, à raison d’une voire deux séances par semaine. Mais tout le monde n’est pas doté de la grâce et de la souplesse nécessaires pour en faire son métier… Dur apprentissage de la vie et des inégalités.

    P — Il y a très peu de dialogues dans votre roman. Par contre, votre texte est découpé en trois grandes parties rythmées par de courts chapitres. Comment avez-vous appréhendé cette forme ?
    C. B. — Il y a quelques dialogues sans ponctuation, qui sont des conversations souvent téléphoniques entre Marjorie et son amie, sa confidente, son double, Coralie. Coralie est comme la mauvaise conscience de Marjorie, elle est son alter ego occidental, elle est l’incarnation de ces femmes françaises au tournant de leur vie, prises par la peur et qui ne savent plus comment se positionner. En ce qui concerne la construction du texte, je suis partie de cinq parties pour n’en conserver que trois. J’ai réduit pour des questions de rythme et de cohérence générale par rapport à la longueur finale du texte. Quant à la forme courte des chapitres, je voulais raconter une histoire fragmentée, non linéaire, j’avais même pensé écrire des débuts de romans à la façon de Si par une nuit d’hiver un voyageur, d’Italo Calvino (Folio), et puis l’histoire est née, et j’ai gardé les chapitres courts.

    P — De ce pas est votre premier roman. L’exercice vous a-t-il donné l’envie de travailler sur un autre projet ?
    C. B. — Oui. Je travaille actuellement à une non-fiction, mais j’ai déjà des notes et des idées pour un deuxième roman. Et très envie de m’y mettre.