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  • La tête dans l'éther - Le château des étoiles (Alex Alice)

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    Plus qu’une bande dessinée, le Château des étoiles est une perle dans son écrin : le moindre détail est pensé et réalisé avec soin. Une intrigue ficelée, des dessins travaillés et un grand format qui dès la couverture, plonge immédiatement tout lecteur dans ce nouvel univers d’Alex Alice. À travers lui, l’auteur de Siegfried offre une invitation au voyage et au rêve, et réussit le tour de force de lier le monde en progrès de Jules Vernes à celui décadent de Ludwig II, la fiction et l’histoire, à travers la France et la Bavière.

    La question de l’éther est cœur du nouvel univers d’Alex Alice. Claire Dulac, mère scientifique et aventurière avant tout, recherche le « mur de l’éther » du haut de sa montgolfière, scaphandre sur la tête. Alors qu’elle s’envole de plus en plus haut, elle disparait et son destin reste incertain.

    Avec sa disparition, l’intérêt de son fils Séraphin pour l’éther se transforme en véritable obsession. Dans ses exposés de physique, de philosophie et même de latin, le garçon trouve sans cesse un moyen de l’intégrer à son quotidien. Plus proche de sa mère qu’il évoque autant par ses cheveux et yeux clairs que par que son caractère, il espère un jour tutoyer les étoiles et découvrir ce qui lui est arrivé. Son père, inventeur de génie et père attentif, s’est quant à lui désintéressé du ciel qui lui a retiré son épouse. Jusqu’au jour où une mystérieuse lettre l’invite à venir au Rocher du Cygne pour y retrouver le carnet de bord de sa femme. Ce château des étoiles n’est autre que celui de Neuschwanstein, dessiné achevé d’après celui existant. Il appartient à Ludwig II, roi de Bavière et rêveur solitaire qui s’accroche au passé et y plante des châteaux comme des dominos.

    Séraphin et sa mère ne sont en effet pas les seuls à s’intéresser à la substance. L’éther se retrouve à l’origine des projets les plus fous. Entre le roi de Bavière, Ludwig II, qui fait construire un engin pour venir tutoyer les étoiles grâce à l’éther et Bismarck, qui cherche à s’emparer de l’éther pour affirmer sa domination sur le monde, l’action est au rendez-vous.

    Et l’originalité aussi. En effet, l’histoire paraît d’abord sous forme de gazettes en noir et blanc, avant d’être ensuite redécouverte en album, à travers des planches colorées. Par l’utilisation permanente de l’aquarelle avec un aspect de coloration direct sur les traits au crayon rouge, l’auteur souhaite éviter « une succession de tableaux » qui ferait « roman photo ». Et ça fonctionne. Le procédé garde la dynamique des scènes d’action, rend les personnages vivants, et met en valeur leurs expressions qui deviennent plus marquées. Cette technique souvent utilisée par l’auteur de Siegfried, fait ainsi ressortir les caractères des personnages et invite à s’intéresser davantage au dessin pour en retrouver les détails du coup de crayon. Si cela donne de la force aux illustrations, le trait est cependant adouci par l’usage des coloris pastel qui créent une impression de cocon nébuleux. À travers cette bande dessinée, Alex Alice parvient donc à créer un univers steampunk digne de Jules Verne, qui n’est pas sans évoquer non plus Hayao Miyazaki, Tardi ou encore Hergé. L’auteur a ainsi su s’inspirer de nombreux modèles pour créer son propre univers. Si le premier tome du Château des étoiles, La conquête de l’espace, est déjà disponible en album, il faudra cependant attendre un peu avant la sortie du second, Les chevaliers de l’éther. En attendant, il est possible de le trouver en gazette.

    Bande dessinée : 13,50 euros

    Gazette : 2,95 euros

    Anne-Perrine Fournier