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sweet sixteen

  • Sweet Sixteen (Annelise Heurtier) - chronique de Camille #04

    SWEET SIXTEEN

    Annelise Heurtier
    Casterman - 12 euros

    sweet sixteen, annelise heurtier, casterman, roman ado,

    "Molly se réveilla en sursaut.
    En bas. Le choc venait d'en bas. Un horrible bruit de verre brisé.
    Ça y est, ils avaient mis leurs menaces à exécution.
    […]
    Le souffle court, les deux femmes déboulèrent en trombe dans le salon.
    Face à la baie vitrée, Shiri leur tournait le dos.
    L'espace d'un instant, Molly l'imagina tomber en arrière, la poitrine écarlate. Elle se coucherait sur elle et hurlerait dans l'odeur tiède et métallique de son sang. Puis elle la vit. À travers le trou de la fenêtre, à l'extérieur, sur la pelouse. Léchée d'immenses flammes, une grande croix du Ku Klux Klan."

    Voilà un moment que j'avais envie de chroniquer ce livre pour ados, sans trouver le moment idéal pour m'y mettre. Mais hop, voici une chronique avec pas mal de lecture !
    Ce récit inspiré de faits réels se déroule en 1957 dans une petite ville en Arkansas. Le prestigieux lycée central de Little Rock décide d'ouvrir ses portes à neuf adolescents noirs, parmi lesquels se trouve Molly, l'une des narratrices. A l'époque, la ségrégation bat son plein et les noirs sont extrêmement mal perçus, ainsi que toutes les personnes qui les soutiennent.
    Sweet Sixteen est un roman choral. Molly nous raconte son quotidien, son choix de faire partie des volontaires pour cette expérience extrêmement risquée, tandis que Grace, une adolescente blanche,
    d'abord hostile à ce projet, va progressivement changer d'avis sur la question, alors qu'elle est entourée par des personnes très conservatrices. Les chapitres alternent les voix des deux jeunes filles, qui nous racontent la ségrégation sur fond de rêves d'adolescentes. L'écriture est fluide et agréable, le lecteur est vite entraîné dans le tourbillon des évènements et se laisse aisément embarquer dans les pensées des deux protagonistes. On suit d'abord le cheminement de Molly, sa décision de tenter l'expérience, la discrimination à laquelle elle doit dès le début faire face. Elle vit dans une famille très unie qui, malgré la peur, la soutient jusqu'au bout du roman. Grace, quant à elle, ne se sent guère concernée par le sujet, même si elle a tendance à suivre l'opinion de ses amies très impliquées dans le maintien de la ségrégation.
    Au fur et à mesure du roman, au contact des neuf élèves noirs et plus spécialement de Molly, elle va se poser des questions sur la différence et progressivement réviser son jugement en constatant de nombreuses incohérences entre ce qui est dit sur les noirs et la réalité.
    Le plus impressionnant dans ce livre est probablement la manière dont est décrite la violence. Elle apparaît de manière croissante, d'abord insidieuse lorsque Molly se voit refuser l'achat de lait par l'épicier, puis beaucoup plus visible lors de l'entrée au lycée. C'est une véritable haine des noirs qui
    est montrée ici et de nombreuses scènes sont tout simplement effarantes, la violence atteint un tel
    extrême que des militaires sont chargés de protéger les étudiants noirs dans l'enceinte de l'école. Molly doit faire face aux injures et à l'humiliation quotidienne, à l'acharnement des blancs, à la peur surtout. Chacun des neuf est poussé à bout, certains abandonnent, d'autres sont pris au piège, et Molly est régulièrement en proie aux doutes. Elle peut heureusement compter sur un groupe de résistance mené par Maxene Tate qui lutte pour la reconnaissance des noirs et contre le Ku Klux Klan, organisation qui menace toutes les personnes apportant un soutien aux noirs.

    Si le sujet traité est difficile, l'ensemble est néanmoins allégé par des préoccupations d'adolescentes, de la manière dont on doit s'habiller pour la prochaine sortie au bowling au sourire échangé avec cet
    inconnu au lycée...

    Un très bon roman !