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La première chose qu'on regarde (Grégoire Delacourt) - chronique de Camille #01

LA PREMIERE CHOSE QU'ON REGARDE
Grégoire DELACOURT
JC Lattès, 17€

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La première chose qu'Arthur Dreyfuss regarde, ce sont les seins des femmes.


Arthur Dreyfuss aimait les gros seins. Il s'était d'ailleurs demandé, si d'aventure il avait été une fille, et parce que sa mère les avait eus légers, sa grand-mère lourds, du moins dans le souvenir des étreintes asphyxiantes, s'il les aurait eus gros ou petits. Il trouvait qu'une poitrine conséquente obligeait à une démarche plus cambrée, plus féminine, et c'est la grâce de ces silhouettes en délicat équilibre qui l'enchantait ; le bouleversait parfois.



C'est ainsi que commence ce roman. Pourtant, les poitrines opulentes n'en sont pas le sujet, bien que
cette question de la taille y revienne régulièrement. Non, ici, il s'agit d'une histoire d'amour. Arthur
Dreyfuss a vingt ans, il est garagiste et vit dans un village perdu, dans une petite maison au bord de
la départementale. Sa vie est tranquille, rythmée par les journées au garage de PP, quelques lectures
et quelques séries en DVD. Jusqu'au jour où Scarlett Johansson sonne chez lui, page 24.

La première chose qu'on regarde est une histoire d'amour, une histoire sur les faux-semblants et
les illusions. On y trouve une réflexion subtile sur le culte de l'apparence et de la beauté. Mais, plus
encore, on retient de ce récit un air d'Amélie Poulain, distillé par la présence de gens simples, de
gens qui cherchent le bonheur, de gens qui tombent amoureux. On y lit la joie d'être à deux, mais
surtout les blessures de l'enfance : un père qui a disparu, une petite sœur dévorée par un chien,
une mère qui s'est tue et qui n'a plus jamais embrassé sa fille. Arthur et Scarlett, ce sont deux
êtres cabossés qui se trouvent, qui tentent de se réparer, qui croient y parvenir. C'est un roman sur
l'absence et sur deux solitudes qui se rejoignent. La première chose qu'on regarde est un livre à la
fois léger et lourd, une histoire portée par une écriture sensible et parfois drôle qui rappelle que la
beauté du bonheur est inhérente à sa fragilité.

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