Le démon du mal est l'un des instincts premiers du cœur humain. Edgar Allan Poe.
Pourquoi vous parler d’Edgar Allan Poe ? Simplement parce que dans Ce que nous avons perdu dans le feu, on retrouve une certaine atmosphère, pesante, funèbre, macabre et intrigante. De là à atteindre le degré de Poe, peut-être pas encore. Mais il y a quelque chose ! A voir avec les prochains écrits !
Une atmosphère pesante, funèbre, macabre et intrigante, certes ! Mais qu’est-ce que cela donne dans les faits ?
Direction l’Argentine, le plus souvent dans la chaleur – météo ou climat de quartier – et puis quelques histoires – que l’on peut qualifier de – particulières, douze au total.
En voici quelques exemples : l’histoire de la disparition d’un enfant des rues, le tout dans une ambiance nocturne, funèbre où règne la culture de la Santa Muerte ; des enfants qui se passionnent pour l’horreur, visitent des maisons hantées et ne sortent pas indemnes de ces expériences ; un fantôme d’un tueur en série qui se présente sur le tour touristique relatant ses faits et devient une obsession – presque – incontrôlable pour le guide ; une femme, fascinée par une tête de mort trouvée dans la rue, pousse au fur et à mesure son mari hors du lit puis hors des murs et va peu à peu s’oublier ; des adolescentes qui gagnent en folie en s’arrachant ongles et cheveux et dont la malédiction semble se transmettre ; des femmes qui s’immolent par le feu pour crier leur haine envers des hommes cruels ou tout simplement par attirance pour le feu…
Un recueil de nouvelles piquantes donnant à la peur le premier rôle dans cette pièce de douze actes. Douze actes aux scènes sinistres où l’étrange croise l’effroi, le macabre s’unit à la terreur, l’horrible se mêle au lugubre. Une écriture contemporaine et parfois crue qui joue énormément sur la psychologie des personnages.
La peur est latente, prête à bondir, parfois étrange et inexplicable mais le texte ne fait que flirter avec le fantastique sans jamais y tomber, car oui, peur, macabre, funèbre mais pas de monstre inventé, tout semble être déjà présent dans les « instincts premiers du cœur humain ».
Chronique de Serge Vessot
Ce que nous avons perdu dans le feu
Mariana Enriquez
Editions du sous-sol - 19 €
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