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fred bernard

  • ANYA ET TIGRE BLANC de Fred BERNARD et François ROCA (Albin Michel Jeunesse)

     

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    Quelle réussite !

    Une fois encore le duo Fred Bernard (aux histoires) - François Roca (aux peintures) fait merveille.
    Dans ce nouvel album, on les retrouve là où ils excellent le plus je trouve : les albums pour les grands.

    Fred Bernard a besoin d'espace pour raconter ses histoires fabuleuses. Cet album, dense, riche et majestueux lui en fournit. Et quand Fred Bernard est bon, bien souvent les peintures de François Roca le sont également. Il y a quelque chose de chimique chez ces deux-là.

    Et là, pour cet Anya et Tigre blanc sorti cette semaine chez Albin Michel Jeunesse, les peintures de Roca le sont, magnifiques ! Impressionnantes ! Inquiétantes ! On sent le froid dans nos veines. On a peur avec les personnages. On ressent leurs émotions.

     

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    Car cette histoire est loin d'être un petit conte gentillet. Peu de surprise avec M. Bernard me direz vous... Certes mais là c'est particulièrement vrai. Âmes sensibles abstenez-vous, on est plus proche de l'esprit de Game Of Thrones que de la reine des Neiges. Ceux qui connaissent la série sauront interpréter ces mots : "Winter is coming".

     

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    Dans cette histoire glaciale donc, des enfants sont enlevés, toute une génération qui disparaît les uns après les autres. Leurs parents sont laissés à leur détresse, sans aucune nouvelle et terrorisés par ce mystère. Quand une sorcière apparaît dans l'histoire, là encore l'ambiance est terrible : on est bien loin des fausses méchantes sorcières moches, à la verrue sur le nez. Ici, la sorcière est troublement belle, elle est aveugle. Et ses yeux blanc tranchent avec la longue chevelure noire corbeau qu'elle porte sur sa simple robe. Un vrai récit proche du conte populaire dans ce qu'il a de plus viscéral. Là encore on est plus proche de Perrault que de Disney.

     

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    En tout cas cet album est absolument remarquable, d'une justesse narrative et graphique impressionnante qui montre bien toute l'étendue et le maintien du talent de ces deux amis dans la vie comme dans le travail.

     

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    ANYA ET TIGRE BLANC de Fred Bernard & François Roca

    Albin Michel Jeunesse -19€

    9782226318633

     

    SI COMME NOUS VOUS ADOREZ, VENEZ ACHETER CE LIVRE ICI !

  • samedi 06 septembre - rencontre avec Fred Bernard et François Roca

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  • ON NOUS A COUPE LES AILES (Fred Bernard & Emile Bravo) - chronique de Simon #145

    ON NOUS A COUPÉ LES AILES

    Fred Bernard & Émile Bravo

    Albin Michel - 11.50€

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    On connaît le talent de conteur de Fred Bernard. Depuis des années, avec son compère François Roca, ils nous émerveillent avec leurs albums magnifiques. Mais cette fois, Fred Bernard avait envie de raconter une histoire plus intime, plus personnelle. Il a donc fait appel à un autre ami, bien connu de nos étalages également, le talentueux Émile Bravo.

    Avec On nous a coupé les ailes, ils nous offrent un livre remarquable de sensibilité et de justesse sur la Première Guerre Mondiale. En alternant deux récits à quelques années d'intervalle, Fred Bernard nous prouve une nouvelle fois qu'il possède un réel talent d'écrivain et de raconteur d'histoire. Son texte est juste et percutant, l'alternance des deux récits est poignante. La première partie se déroule pendant l'enfance du jeune narrateur de la fin du XIXe jusqu'à l'aube de la guerre. On y voit un enfant joyeux, vivant avec ses frères et sœurs, faisant les 400 coups avec son cousin Firmin et s'émerveillant devant les débuts de l'aviation. Les séquences qui entourent cette narration sont celles du même narrateur, devenu adulte, qui vit la dureté des tranchées de la première guerre. Comme des lettres qu'il écrirait à sa mère, on est touché par la cruauté de cette guerre, les pertes qui se suivent et ne surprennent plus et le contraste qui s'installe entre les deux récits comme une perte des illusions. L'amour et l'admiration pour les avions semble s'éteindre peu à peu également jusqu'à la fin qui apporte un peu de baume au cœur.

    L'écriture est pleine de joie, de vivacité dans la première partie, émouvante et sensible dans la seconde. L'illustration d’Émile Bravo colle parfaitement aux propos et donnent au final un album remarquable, immédiatement indispensable dans nos étagères. Déjà un classique !

  • La sélection du Prix Roman Jeune 2013-2014

    La sélection du Prix Roman Jeune de l'agglo de Laval vient d'être officialisée.

    Au programme cette année pour les CM1-CM2 qui participeront une liste de 7 ouvrages vraiment très très chouettes !

     

    Le vainqueur de cette édition sera donné en février-mars 2014.

    Bravo aux sélectionnés et bonne lecture aux enfants !

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    Les 7 livres sélectionnés :


    cheval2.jpg 9782364742093FS.gif 500-000-euros-d-argent-de-poche.jpgCHEZ-NOUS-ON-DANSE-!-OU-COMMENT-LA-DANSE-A-BOULEVERSE-LEURS-VIES_ouvrage_large.jpga la croisee des chemins 9791021400177_1_m.jpgla bande à grimme.jpg9782226240408g.jpg











    Mon frère  est un cheval, ALEX COUSSEAU, Rouergue Boomerang

    Chacun sa cabane, MATHIS, Thierry Magnier Petite Poche

    500 000 euros d'argent de poche, Rémi STEFANI, Rageot Heure noire

    Chez nous on danse, Nathalie DARGENT, Milan

    A la croisée des chemins, Janine BRUNEAU, Oskar

    La bande à Grimme, Aurélien LONCKE, Ecole des Loisirs Neuf

    La fille du samouraï, Fred Bernard et François Roca, Albin Michel jeunesse

     

     

    Vous pouvez participer au prix dans les bibliothèques de l'agglo ou directement à la librairie.

    Belles lectures !

     

     

     

  • La fille du samouraï (Fred Bernard & François Roca) - chronique de Simon #126

    LA FILLE DU SAMOURAÏ

    Fred BERNARD & François ROCA

    Albin Michel jeunesse - 19 €

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    Comme tous les ans, nous attendons avec impatience le nouveau livre de Fred Bernard et François Roca. On l'a suffisamment dit sur ce blog. Nous sommes, à la librairie, des grands fans de leur travail débuté il y a maintenant presque 15 ans. Et depuis, ils ont tenu quasiment à chaque fois et pour notre plus grand bonheur, le rythme d'un album par an. Alors certes, il y a eu des années où nous avons été moins emballés, moins émerveillés mais bien souvent tout de même nous avons adoré leur production. C'est assez rare de garder toujours un tel niveau d'excellence.

    Pour ce nouvel album, La fille du Samouraï, les éditeurs et les auteurs nous avaient promis un excellent cru. Et nous n'avons pas du tout été déçus. Bien au contraire ! La fille du samouraï est un excellent Roca Bernard au même titre que L'homme bonsaï, Cheval vétu ou même Jésus Betz (même si ce dernier restera notre chouchou, on n'y peut rien c'est comme ça !). On y retrouve le côté épique des meilleurs récits de Fred Bernard, de ceux où le lecteur se laisse bercer par des aventures fantastiques dignes des plus grands écrivains voyageurs. Fred Bernard a ce talent de conteur qui n'existe plus trop dans la littérature contemporaine. De son côté, François Roca signe avec cet album, une magnifique ode à la peinture. Ces toiles, pleine page, toujours entièrement réalisées à l'huile, sont absolument somptueuses. La tension de l'histoire n'en est que magnifiée.

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    C'est donc un des plus albums de la rentrée que nous offrent les deux compères,... encore une fois, j'ai envie de dire...

  • dédicace de Fred Bernard et expo des originaux d'Ursula (Delcourt)

    Evénement à la librairie !!!

     

    Expo des originaux de la bande dessinée Ursula

    Dédicace le 05 nov de Fred Bernard

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  • Les plus beaux albums de la rentrée #06

    #14

    Anouketh

    Fred Bernard & François Roca

    Albin Michel jeunesse - 14.90 €

     

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    Le retour des deux compères Bernard et Roca pour leur nouvel album ! Direction l'Egypte ancienne... Anouketh est une jeune fille qui revient de l'école en colère. Tous ses compagnons de jeu, des petits dieux un peu espiègles l'accompagnent partout et vont tenter de trouver la raison de son agacement...

    Une fois encore, les peintures de François Roca sont splendides. Fred Bernard, lui nous raconte une histoire originale et bien menée pour les plus jeunes...


    #15

    Les papapas

    Joseph Jacquet & Dupuy-Berberian

    Albin Michel jeunesse - 11.90 €

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    Avec beaucoup d'humour, Joseph Jacquet nous raconte l'histoire de ces hommes, qui ne sont pas les vrais papas mais qui vivent avec les vraies mamans. Toujours difficiles de trouver sa place dans ce cas... Alors qui sont-ils, ces hommes ? Comme souvent ce sont les enfants qui vont trouver la bonne formule : On les appelera Les papapas !!! Un très bel album, drôle et juste illustré par Dupuy et Berberian.


    #16

    Super maîtresse

    René Gouichoux & Manu Boisteau

    Albin Michel jeunesse - 10 €

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    On ne le dit pas assez, mais les maîtresses font un boulot formidable ! D'ailleurs, bien souvent, derrière leurs costumes un peu austères, se cachent en vérité de véritables héroines ! Il ne leur manque que l'habit !!! C'est chose réparée avec cet album très drôle de René Gouichoux et Manu Boisteau (l'auteur illustrateur de la géniale Encyclopédie approximative du Poney - Thierry Magnier)

     

  • une interview de Fred Bernard et François Roca

    Voici une interview que j'ai réalisée en 2006 de Fred Bernard et François Roca à la sortie de leur ouvrage Soleil Noir (Albin Michel). Le site de Citrouille l'a remise en avant cet été. J'en profite pour la poster ici également...

     

    Rencontre avec Fred Bernard et François Roca

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    © François Roca



    Vous venez de sortir Cheval vêtu. C’est maintenant votre treizième album en commun… Eprouvez-vous toujours le même enthousiasme ? Avez-vous acquis une certaine sérénité ?
    Nous fêtons nos dix ans d’union puisque notre album La Reine des fourmis a disparu est sorti en 1996... Dix ans de vrai plaisir ! L'enthousiasme reste intact parce que nous nous sentons toujours plus proches et que les idées ne manquent pas. Le désir de faire est sans cesse croissant parce que nous avons le sentiment que tout reste à faire. Nous changeons nous-mêmes, nous sentons notre travail évoluer. L'excitation et la fébrilité accompagnent la réalisation de chaque album. Et la première difficulté réside encore et toujours dans ce fameux rapport texte-image, fragile et primordial. La deuxième difficulté va de pair avec la belle reconnaissance que nos projets ont acquis avec le temps et la jolie petite pression qui va avec… Il faut toujours réinventer! Nous rêvons toujours de faire mieux la fois prochaine, en sachant parfaitement que ce serait miraculeux de parvenir à se surpasser à chaque nouvel essai. Alors l'enthousiasme, oui. Mais la sérénité, non pas vraiment...



    Comment est né Cheval vêtu ?
    Nous nous sommes d’abord mis d'accord sur le thème suivant : « Les Indiens des plaines avant leur rencontre fatale avec l'homme blanc... ». Parce que François désirait peindre des chevaux et approfondir le thème des Indiens des plaines sans passer par le western. Nous avions l'impression d'avoir manquer un petit quelque chose avec d'un côté Ushi qui reprenait peut-être un peu trop facilement le folklore de ces peuples, et de l'autre L’Indien de la tour Eiffel où l'on passait sous silence son passé dans les plaines et son rapport à la nature.

    En quoi a consisté votre travail de préparation pour cet album ?
    Dès que nous avons décidé de placer la narration du côté des chevaux, il a fallu se pencher sur les conséquences bouleversantes de leur arrivée chez ces grands piétons depuis la nuit des temps qu'étaient les Indiens. Nous avons contacté «LE» spécialiste en la matière, Francis Geffard [libraire et directeur des collections « Terre indienne » chez Albin Michel]. Il s'est immédiatement enthousiasmé et nous a très généreusement fourni tout le matériel nécessaire, pour l'image aussi bien que pour le texte. Tout ce que nous avions lu ou vu depuis notre enfance sur les Indiens ne traitait pas vraiment de la bascule qui s'était opérée avec l'arrivée du cheval importé par les Espagnols. Comme d'habitude, nous n'avons pas utilisé le dixième des trouvailles faites en épluchant toute cette documentation. C'est finalement un travail colossal de tenir un format d’écriture assez court pour raconter une fresque qui a du souffle. La peinture de François doit prendre le relais de façon déterminante dès que le texte exige d'être élagué, raccourci.

    Dans Cheval vêtu, vous abordez des sujets plutôt inhabituels dans les livres de jeunesse : corrida, conquistadores… C’était déjà le cas dans Jésus Betz et plusieurs autres de vos albums. Vous aimez interpeller vos lecteurs ?
    Une lecture sans interpellation n'est pas très agréable… Nous aimons nous attaquer aux sujets habituels (le cirque, les pirates, les indiens...), mais sous des angles inhabituels - sans pour autant détourner ces sujets. Nous avons le même grand respect pour les « classiques » et pour les lecteurs; c'est pourquoi nous aimons les bousculer un peu les uns et les autres, mais sans malice, juste pour le plaisir. Nous essayons avant tout de nous surprendre nous-mêmes. Nous croisons les doigts pour que l’histoire et les images touchent aussi le découvreur-lecteur...

    Fred Bernard, vous possédez un ton très particulier, sans concession, qui, avec un vocabulaire riche et littéraire, offrent à vos récits une densité certaine. Dans quel état d’esprit écrivez-vous vos histoires ?
    J'ai dévoré des livres dès que j’ai pu. Je continue à le faire, toujours dans l'espoir d'être séduit et embarqué. Dans le meilleur des cas, c'est ce qui m'arrive quand j'écris, il est alors inimaginable de songer au vocabulaire, au style ou à quoi que ce soit d'autre. Une fois l'intention de départ et la documentation digérée, seuls les personnages et les situations m'importent. L'histoire m'est comme dictée, je la retravaille ensuite longuement, mais l'essentiel est là. Et ce sont les détails qui feront la différence. C'est à eux que je m'attache ensuite. À chaque mot.

    Vous mettez souvent en scène des personnages qui sont en décalage avec le milieu dans lequel ils se retrouvent (le cheval de conquistador chez les Indiens, l’Indien à Paris, l’enfant-tronc de Jesus Betz…). Est-ce une manière de mettre en marche vos scénarios ?
    Nous grandissons tous dans un monde que nous apprenons à connaître chemin faisant. Personnellement, j'ai toujours eu un mal de chien à m'y faire... Mes personnages sont comme moi, ils ont un peu l'impression d'être entourés d'extra-terrestres (alors que ce sont peut-être eux qui viennent d'ailleurs !). Finalement, ces histoires sont toutes plus ou moins autobiographiques. Elles sont le fruit de mes voyages, mes rencontres, mes réflexions. Comment décrire des sentiments et des sensations crédibles ? Ne pas désarmer, ne pas trop s’endurcir, rester sensible sans être fragile…physiquement et sentimentalement ! Pour y parvenir et maintenir l’équilibre, mes personnages sont obligés de faire des choix qui ont souvent des conséquences aventureuses. C'est le ressort de la plupart de mes histoires et c'est aussi celui de la mienne. Je suis tombé d’une falaise de 12 mètres… Je n’ai pu utiliser ni mes jambes, ni mes bras pendant trois mois… D’où le ressenti de Jésus Betz et de L’homme Bonsaï.

    François Roca, quand on regarde l’ensemble de votre production, on ressent l’affirmation d’un style fort, terriblement expressif, qui ne se situe plus dans la simple illustration mais dans une réelle recherche artistique…
    N'exagérons pas ! D’ailleurs pour moi il n'y a pas de «simple illustration». Je préfère parler d'images, ainsi on évite la classification entre «vraie peinture» et «illustration» qui d'ailleurs ne répond qu’à une question de contexte. Hopper dont personne ne met en doute qu'il est l'un des plus grands artistes peintres de ce XXème siècle, ou du moins l'un des plus connu, est aussi l'un des plus grands illustrateurs vu le nombre de couverture de roman qui sont tirées de ses peintures ! Dés qu'une image est associée à un texte ou à un titre elle devient illustrative, quelle que soit la qualité de cette image. Pour ma part j'ai toujours apprécié le réalisme en peinture, et cela à travers les siècles. C'est pour moi une mine inépuisable d'inspiration d'autant plus que nos livres nous emportent dans des époques chaque fois différentes. Je me réfère alors aux peintres de cette époque pour coller au plus près de la réalité historique. Cela influe sur mon style et me permet d'expérimenter de nouvelles choses et ainsi de continuer à avancer.

    Comment appréciez-vous l’évolution de votre technique et quelles sont vos envies, les techniques que vous aurez envie d’explorer dans vos prochains travaux?
    Mon plus grand changement technique a été l'emploi de la peinture à l'huile, pour mes illustrations à partir de 1999. Cela m'a peut-être permis de me rapprocher d'une certaine forme de peinture classique que l'on perçoit dans mes images. En tout cas cela m'a libéré de l'acrylique que je commençais à trouver contraignante. J’ai trouvé un second souffle ! Je suis loin d'avoir fait le tour de cette technique vu les possibilités qu'elle peut proposer et pour l'heure je n'envisage pas du tout d'en essayer d'autres.

    Vos deux noms sont très souvent associés. Vous avez chacun pourtant des projets personnels. Est-ce difficile pour vous d’exister en dehors de ce binôme ?
    Fred : C’est vrai, on me demande parfois de signer des livres que je n'ai pas écrits dès lors qu'ils sont illustrés par François ! L'illustration reste le fil rouge dans notre société d'images. La confusion se déplace lorsqu’on découvre que je dessine également. Pour ma part, j'ai pratiquement cessé de dessiner pour la jeunesse. Les concessions que j'y faisais m'emportaient vers des rivages trop frustrants à mon goût. La peinture réaliste de François permet également d'aborder des sujets plus particuliers. Je dessine de la bande dessinée adulte depuis trois ans et c'est l'occasion pour moi de dessiner comme j'écris, en noir et blanc, avec beaucoup de liberté. Avec ma première bande dessinée, La tendresse des crocodiles (version adulte de Jeanne et le Mokélé), je me suis aperçu à quel point le format et la distance définie par l'album m'interdisait de développer les dialogues que j'affectionne tant. Les éditeurs nous permettent de continuer notre chemin, ensemble ou séparément, c'est une chance énorme.

    François : En tant qu'illustrateur, j’ai la chance d’avoir beaucoup de propositions et de projets. Des textes que les éditeurs me soumettent et que j'accepte ou non suivant mes disponibilités et mes envies. Mais dans ces livres de commande, il me manque toujours un « je ne sais quoi ». Je n'en suis pas l'instigateur. J'ai le sentiment d'être pleinement et uniquement auteur avec les livres écrits par Fred ! Cela ne veut pas dire que j'aime moins les autres… C'est juste différent. En ce moment, je suis en train de réaliser des illustrations pour une maison d'édition américaine sur le boxeur Muhammad Ali, cela me passionne. C'est une façon de travailler différente dans un autre contexte, avec d'autres personnes. Cela me bouscule un peu et ce n'est pas plus mal d'autant que le sujet est assez mythique et excitant. Mais cela ne m'empêche pas d'avoir hâte de retrouver Fred pour notre prochain livre qui sera, je l'espère, meilleur et enrichi de nos expériences personnelles.

    On ressent souvent dans vos histoires une impression de grand large, une envie de parler d'ailleurs et d'en parler différemment. Quel est votre sentiment face à une littérature plus réaliste qui se développe de plus en plus dans les albums pour enfants ? Pensez-vous un jour raconter et illustrer des histoires ancrées dans le quotidien ?
    Fred : J'adore mon quotidien, le présent en particulier et la vie en général! Le quotidien des autres, beaucoup moins... Penser, imaginer permet de s’éloigner d’une réalité, d’inventer. Mon inconscient ne me dicte pas facilement des histoires réalistes mais elles sont remplies de situations vécues, à peine déformées. Les passions humaines sont les mêmes à travers le temps, l'espace, dans le réel et dans l'imaginaire. C'est d'ailleurs assez troublant...

    Vos albums sont de véritables passerelles entre le livre pour enfants et les livres d’adultes. Aviez-vous cette ambition quand vous avez commencé votre collaboration ?
    Nous ne faisons pas de différence entre la littérature jeunesse et la «grande» puisque que l'une précède l'autre. Il y a surtout celle que l'on a oubliée et celle qui nous a marqués, nous a fait avancer. Ensuite viennent les goûts et les couleurs... Nous adorons forcément le livre qui nous semble avoir été écrit pour nous-mêmes et nous seuls. Nous essayons de penser à l'enfant que nous étions et à ce qui nous plaisait de lire à l'époque. Nous nous souvenons du petit pincement au cœur quand les images ont disparu petit à petit de nos lectures, puis au plaisir que nous avons pris très vite à nous créer nos propres images en lisant, à nous « faire notre film »! Nous voulons accompagner les enfants dans ce passage parfois périlleux et titiller le grand enfant qui sommeille encore chez leurs parents. Nous nous autocensurons parce que nos livres sont destinés à la jeunesse mais nous refusons de ne nous adresser qu'à elle. Toute notre vie nous sommes confrontés à des choses qu'on ne connaît pas, à des mots qu'on ne comprend pas. Point trop n'en faut, c'est tout. La curiosité, une des plus grandes qualités, doit être éveillée tout azimut, à tout prix.

    Pour finir, pouvez-vous nous mettre en bouche pour votre futur projet ?
    La prochaine histoire ne devrait pas sentir le souffre mais plutôt les épices…puisqu’elle se déroulera en Inde.

    Propos recueillis par Simon Roguet, librairie M’Lire

  • Le pompier de Lilliputia - chronique de Simon #55

    9782226193292_1_75.jpgLe pompier de Lilliputia

    Texte : Fred Bernard
    Illustrations : François Roca
    Albin Michel jeunesse - 14,90 €

    Henry Mac Queen est un héros. Malconnu c’est vrai mais c’est un vrai héros, de ceux qui méritent leur statue, aussi petite soit-elle. Petite car Henry Mac Queen est un nain. D’ailleurs il vit à Lilliputia, le quartier des nains à Coney Island à New York dans le plus grand parc d’attractions du monde. Fils d’un politicien important, Henry décide de quitter sa famille et de venir s’installer à cet endroit où il pourra vivre avec les siens et ne faire honte à personne. Il faut dire que l’histoire se passe à la fin du XIXe siècle et on l’ambiance ressemble plus à Freaks qu’à Disneyland… À sa place, Henry est heureux. Il a même créé une petite compagnie de pompiers qui fait le plaisir des spectateurs et dans laquelle il s’épanouit totalement… jusqu’au jour dramatique où Coney Island s’enflamme.

    Encore une fois, Fred Bernard signe une histoire atypique, une épopée fabuleuse que seul son imaginaire débordant peut fournir en littérature de jeunesse. On quitte un peu les fresques historiques pour retrouver cette fois un peu de l’esprit de Jesus Betz dans la narration et la psychologie des personnages. Henry Mac Queen a une revanche à prendre sur le monde et son courage va surgir au grand jour de manière éclatante… La grande nouveauté pourtant de ce nouvel album du duo magique Roca/Bernard se situe dans le travail de François Roca qui sort cette fois de l’ultra réalisme pour proposer un graphisme plus rond et plus jeunesse. On retrouve un peu de l’illustration qu’il avait utilisée pour son album Suzanne paru au Seuil. et il faut dire que ce style lui va particulièrement bien. Avec des décors de New York et plus précisément de Coney Island somptueux, ses personnages sont particulièrement touchants et c’est sans aucun doute l’un de ses albums les plus attachants.

  • Soleil Noir (Fred Bernard et François Roca) - chronique de Simon #30

    9782226186171.jpgSoleil Noir

    Fred Bernard et François Roca

    Albin Michel jeunesse - 13,50 €

    Le très bel album Cheval vêtu nous prenait de court. Il laissait la porte ouverte à un mystère. Comment ce cheval, couvert d’une carapace de métal, telle une bête de combat, s’est retrouvé seul, sans cavalier, au milieu de l’Amérique centrale ? Soleil Noir, le nouvel album du duo Fred Bernard – François Roca répond à cette énigme. Et il le fait avec tout le talent de nos deux compères.
    Comme à son habitude, Fred Bernard, qui signe le texte, nous emmène dans une fabuleuse épopée. Le verbe est onctueux, les aventures riches et entières et les ingrédients des bonnes histoires sont réunis : amour, suspense, trahison, tristesse… Tout est là pour nous tenir en haleine et satisfaire nos besoins d’évasion. Ils ne sont pas nombreux, les auteurs à avoir ce pouvoir. Dans la lignée des Jack London, Jules Verne ou autres Stevenson, Fred Bernard a assurément sa place avec François Place ou Jean-Claude Mourlevat… Ils seront sans doute les références de demain pour les récits d’aventure.
    De son côté, François Roca poursuit son travail d’orfèvre. Livre après livre, il pose sa marque sur l’illustration jeunesse. Il est la preuve qu’on peut faire quelque chose de résolument moderne avec des techniques des plus traditionnelles. La peinture à l’huile qu’il utilise, son souci du détail, son jeu d’ombre et de lumière… tout est au service des histoires et s’inscrit parfaitement dans une tradition d’illustration qui donne à rêver et à imaginer.
    Soleil Noir est encore une fois une belle réussite, à découvrir avec – ou sans – Cheval Vêtu.