MEURTRE A TOMBOUCTOU
Moussa Konaté
Métailié - 16€
Oubliez les ambiances glauques des bas-fonds des mégalopoles américaines ou le climat glacial aux lumières blafardes des pays scandinaves ! Moussa Konaté nous emmène dans le désert du nord malien. Sous le soleil brûlant de Tombouctou, parmi les dromadaires, sous les grandes tentes des tribus touareg. Le jeune Ibrahim est retrouvé mort au pied d’un figuier, le crâne défoncé tandis qu’en plein cœur de la Cité des 333 saints, un cavalier enturbanné de noir tire trois coups de feu en menaçant à mort tous les français. Les deux affaires inquiètent les hautes autorités maliennes qui décident d’envoyer le commissaire Habib pour tirer les choses au clair. Dans cette nouvelle enquête (après L’Empreinte du renard, La Malédiction du lamantin et L’Assassin du Banconi), Habib va user de tous ses talents d’observateur et de toute sa sagesse pour éliminer, l’une après l’autre, chaque fausse piste. Epaulé par deux jeunes collègues très complémentaires, Sosso et Guillaume, le commissaire va subtilement lever le voile sur les traditions touareg. Il y verra notamment l’importance du rôle des femmes. Original, efficace et limpide, Meurtre à Tombouctou met en scène une Afrique loin des clichés où la culture des clans touareg est mise à l’honneur et où, stylistiquement le tact de l’écrivain fait merveilleusement écho aux techniques du fameux enquêteur. En grand défenseur du roman policier (« Je ne vois pas de différence entre le roman policier et le roman en général. Le roman policier a toute sa place dans la littérature. » plaidait-il en 2006 sur les ondes de RFI), Moussa Konaté, qui s’est éteint de mort naturelle l’année dernière à l’âge de 62 ans, livre une intrigue sans artifice, très agréable à suivre où la volonté d’être au plus près de son pays en mutation est prégnante. Cofondateur du festival Etonnants Voyageurs à Bamako, dramaturge, essayiste et éditeur, Moussa Konaté, telle une sentinelle avisée, a toujours voulu faire ressortir l’authenticité de son pays. Ce nouveau et touchant témoignage n’échappe pas à son désir.
(chRisA – mai2014)