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  • Meurtre à Tombouctou (Moussa Konaté) - chronique de ChrisA

    MEURTRE A TOMBOUCTOU

    Moussa Konaté

    Métailié  - 16€

     

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    Oubliez les ambiances glauques des bas-fonds des mégalopoles américaines ou le climat glacial aux lumières blafardes des pays scandinaves ! Moussa Konaté nous emmène dans le désert du nord malien. Sous le soleil brûlant de Tombouctou, parmi les dromadaires, sous les grandes tentes des tribus touareg. Le jeune Ibrahim est retrouvé mort au pied d’un figuier, le crâne défoncé tandis qu’en plein cœur de la Cité des 333 saints, un cavalier enturbanné de noir tire trois coups de feu en menaçant à mort tous les français. Les deux affaires inquiètent les hautes autorités maliennes qui décident d’envoyer le commissaire Habib pour tirer les choses au clair. Dans cette nouvelle enquête (après L’Empreinte du renard, La Malédiction du lamantin et L’Assassin du Banconi), Habib va user de tous ses talents d’observateur et de toute sa sagesse pour éliminer, l’une après l’autre, chaque fausse piste. Epaulé par deux jeunes collègues très complémentaires, Sosso et Guillaume, le commissaire va subtilement lever le voile sur les traditions touareg. Il y verra notamment l’importance du rôle des femmes. Original, efficace et limpide, Meurtre à Tombouctou met en scène une Afrique loin des clichés où la culture des clans touareg est mise à l’honneur et où, stylistiquement le tact de l’écrivain fait merveilleusement écho aux techniques du fameux enquêteur. En grand défenseur du roman policier (« Je ne vois pas de différence entre le roman policier et le roman en général. Le roman policier a toute sa place dans la littérature. » plaidait-il en 2006 sur les ondes de RFI), Moussa Konaté, qui s’est éteint de mort naturelle l’année dernière à l’âge de 62 ans, livre une intrigue sans artifice, très agréable à suivre où la volonté d’être au plus près de son pays en mutation est prégnante. Cofondateur du festival Etonnants Voyageurs à Bamako, dramaturge, essayiste et éditeur, Moussa Konaté, telle une sentinelle avisée, a toujours voulu  faire ressortir l’authenticité de son pays. Ce nouveau et touchant témoignage n’échappe pas à son désir.

    (chRisA – mai2014)

  • Quand je serai roi (Enrique Serna) - chronique de Sébastien #07

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    Quand je serai roi

    Enrique Serna

    Métailié - 18€

    Après son roman traduit en 2006 "la peur des bêtes" (chez point) qui se veut une féroce satire de l'Establishment littéraire mexicain mais aussi un roman noir dans les coulisses d'une police corrompue et violente, Enrique Serna, invité du salon du livre 2009 consacré au Mexique, nous revient avec "quand je serai roi" publié aux éditions Métailié.

    Jorge, dit "le Nopal", jeune garçon des rues de Mexico, coincé entre une mére expiant une passion charnelle destructrice et un futur beau père egoïste et apathique fuit une réalité sordide dans les vapeurs de colle et les embrouilles de sa bande ; quand un concours vantant les mérites des petits héros mexicains est organisé (visite au Saint Père et un million de pesos à la clé) et qui mettra en ébullition les quartiers pauvres de Mexico.

    Dans un style d'une ironie mordante, Enrique Serna met en scène une galerie de personnages savoureux : de la femme du peuple écrasée par sa culpabilité religieuse, au directeur de "Radio Familiale" organisatrice du concours, nouveau riche tape à l'oeil et cynique, en passant par l'intellectuel aigri s'étant lui même trahi. le propos de l'auteur brocarde l'hypocrisie bien pensante des élites, leurs renoncements et leur cynisme, sans verser dans le misérabilisme.

    A la fois noir et plein d'humour désabusé, l'auteur livre un texte sans concessions sur le Mexique d'aujourd'hui.