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  • Aagun (Thierry Dedieu) - chronique de Guillaume #27

    9782020996136.gifAagun

    Thierry Dedieu

    Seuil jeunesse - 15 €

    Une petite tribu subit les attaques incessantes de ses féroces voisins, les Hounks, qui pillent sans vergogne leurs maigres réserves. Ses membres décident alors de faire appel à la protection du seigneur Batoor. Ce dernier leur octroie son fidèle lieutenant Aagun, dont la réputation n’est plus à faire. Quelle n’est pas leur surprise lorsque, contrairement à leurs attentes, Aagun leur ordonne de donner le reste de leurs réserves aux Hounks. Pire, il va ensuite leur demander de continuer à approvisionner leurs ennemis…

    Aagun est un petit conte philosophique très intelligent, accessible aux premiers lecteurs. Il traite de la ruse comme dans un conte oriental, mais aussi de l’illusion du rapport de maître à esclave. Mais ce qui éblouit dans cet album tient bien dans son illustration. Inspiré par les travaux du peintre Zhou Shao Hua et de Fabienne Verdier, à laquelle ce livre est dédicacé, Dedieu fait surgir comme par magie ses fragiles personnages d’imposants encrages calligraphiques. Les sentiments, les mouvements suggérés en tirent une force remarquable.

    Dedieu est décidément un conteur et explorateur graphique des plus audacieux et des plus talentueux.

  • Negrinha - chronique de Simon #48

    9782070612093.gifNegrinha

    Jean-Christophe Camus (scénario) & Olivier Tallec (illustration)

    Gallimard Bayou - 16 €

    C’est avec beaucoup d’impatience que nous attendions la première bande dessinée d’Olivier Tallec. Avec Negrinha, l’illustrateur de Rita et Machin ou encore de Grand Loup et Petit Loup ne nous déçoit pas, bien au contraire. Il faut dire que le garçon est truffé de talent. Son style est toujours aussi élégant ; son trait, à la fois fragile et délicat. Ses couleurs, surtout, sont resplendissantes dans cette histoire. Les teintes du Brésil l’ont visiblement inspiré puisque qu’on sent que l’illustrateur s’est fait plaisir à travailler autour d’une palette de couleurs à la fois lumineuse et chaleureuse.
    Pour ce qui est de l’histoire, Jean-Christophe Camus signe une jolie chronique de vie. Maria est une jeune métisse de 13 ans, élevée par une mère surprotectrice. Cette dernière veut absolument offrir à sa fille une vie heureuse, dans les beaux quartiers — blancs — de Rio. Pour cela, elle est prête à tout sacrifier, même sa famille restée dans une favela voisine. Mais, un jour, la jeune fille va vouloir découvrir cette part de sa vie cachée…

    Negrinha est une belle réflexion sur la négritude, émouvante et sensible. Le Brésil y est décrit naturellement avec ses richesses culturelles et humaines, mais aussi ses contradictions et ses fractures. On aurait sans doute aimé y rester encore un peu plus mais le voyage est de toute façon déjà très beau.

  • Vision aveugle (Peter Watts) - chronique de Sébastien #09

    516RtAOb56L._SL160_AA115_.jpgVision aveugle

    Peter Watts

    Fleuve noir - 21€

    Pour son premier roman traduit, l'auteur de Science-Fiction canadien Peter Watts emmène ses lecteurs à bord du Thésée, vaisseau spatial en route vers la ceinture de Kuiper, à l'autre bout du système solaire, vers un étrange phénomène cosmologique. Cette expédition est une réponse à un évènement troublant intervenu dans l'atmosphère terrestre des années plus tôt laissant présager l'existence d'une vie extra-terrestre.

    A bord du Thésée, l'équipage est composé d'une linguiste aux personnalités multiples, d'un biologiste interfacé aux machines, d'un soldat physiquement renforcé, d'un commandant vampire dont l'espèce a été scientifiquement ressuscitée et aux liens quasi exclusifs avec l'Intelligence Artificielle qui pilote le vaisseau et enfin d'un synthétiste (le narrateur), rapporteur officiel de la mission auprès de la Terre, un homme aux capacités de recueil et de traitement de l'information exceptionnelles, résultat d'une opération neurologique remontant à l'enfance.

    En proposant des personnages complexes, tous ayant de gré ou de force renoncé à une part d'eux-même pour devenir des outils hautement spécialisés,  P. Watts anticipe une vision pessimiste d'une humanité hyper technologique au psychisme décortiqué. Si la première moitié du livre met en place un angoissant huis-clos, le rythme de la seconde s'accélère quand l'équipage part à la découverte de l'artefact extra-terrestre, dont l'exploration ouvre plus de pistes de réflexion quelle n'apporte de réponse. Roman exigeant, tendant vers le courant "hard science", Vision aveugle utilise la trame classique en SF du premier contact pour plonger le lecteur dans un méandre d'hypothèses passionnantes et pleines d'à-propos autour de thématiques telles que le développement de l'intelligence, l'utilité de la conscience à l'évolution des espèces et d'une dissociation entre intelligence et conscience ; cette exploration de concepts nourrissant toujours une réflexion centrée autour de l'Homme.

    Vision aveugle était attendu et il ne déçoit pas, voilà un roman qui saura répondre aux attentes des lecteurs en quête d'une science fiction qui ne se contente pas d'être distrayante.