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roman noir

  • De bon voisins (Ryan David Jahn) - chronique de Emilie #26

    DE BONS VOISINS

    Ryan David Jahn

    Actes Sud Noir – 21€

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    Ce roman est directement inspiré de l’affaire Kitty Genovese. En 1964, cette jeune femme s’est fait assassinée aux Etats-Unis, dans l’indifférence totale de son voisinage. Ce fait divers a servi de base au développement de la théorie de « l'effet du témoin » qui constate qu'en cas d'urgence plus il y a de témoins moins ceux ci interviennent...

    A partir de ce fait divers macabre, Ryan David Jahn va composer un magnifique roman noir.

    Kat, une jeune femme d'une trentaine d'année en est le personnage central. Elle habite dans une résidence d'immeubles qui entourent une cour. C'est ici que le tueur l'attend à la fin de son service, aux environs de 4h du matin. Et même si beaucoup de voisins ne dorment pas, même si de nombreuses fenêtres sont éclairées, malgré les appels au secours et les cris, pas un seul ne va bouger. « Quelqu'un doit déjà avoir appelé la police ! » se disent-ils tous.

    Le lecteur va suivre sur l'ensemble du roman les deux heures adjacentes au crime. Mais il fera aussi connaissance au gré des chapitres avec d'autres personnages liés à ce meurtre : les voisins témoins, les ambulanciers et le policier qui finiront par arriver sur les lieux.
    A travers ces différents portraits, Ryan David Jahn nous dépeint l'Amérique des classes moyennes, harassée, à bout de souffle, coincée dans un quotidien morne, qui rend plus humains ces témoins que l'on juge sans cœur. Chacun a sa vie et ses problèmes: le jeune Patrick s'occupe de sa mère gravement malade, Erin l'infirmière est persuadée d'avoir renversé quelqu'un sur la route, deux couples s'essayent à l'échangisme, Thomas est au bord du suicide...
    L'auteur dévoile également la face noire de la société avec un policier corrompu jusqu'à l'os, qui n'hésite pas à recourir à la violence pour « mettre du beurre dans les épinards » et (aussi révoltant que cela puisse paraitre) va être couvert par ses supérieurs...

    De bons voisins est un roman extrêmement fort et poignant, sans temps mort. Je me suis fait happée de la première à la dernière ligne. C'est violent, c'est cru, on s'indigne, on se révolte, on a envie de crier, de pleurer, de secouer ces voisins complètement passifs et de leur crier « Mais faites quelque chose! Allez l'aider, ne la laissez pas comme ça! » C'est vraiment comme une grande claque, vous en resterez sous le choc tout comme moi !

    Et continuellement cette question qui revient nous torturer: « Est-ce que moi j'aurai bougé? »...

     

  • Anka (Guillaume Guéraud) - chronique de Simon #111

    9782812603020.jpgAnka

    Guillaume Guéraud

    Doado noir, Rouergue - 9,50 €


    Chaque nouveau livre de Guillaume Guéraud provoque une attente et une angoisse chez nous. Une attente parce qu’on a envie qu’il nous surprenne encore une fois, qu’il nous prenne par la main, nous attire doucement puis nous balance avec violence contre le mur. Parce qu’ils sont souvent comme cela les livres de Guéraud. Forts. Déstabilisants. Extrêmement puissants. Ce qui provoque l’angoisse. L’angoisse de ne pas savoir les conseiller, de ne pas réussir à les porter. Ou ne pas oser…

    Anka, le dernier paru, toujours aux éditions du Rouergue (le garçon est fidèle) respecte cette tradition. Anka est fort, Anka est beau et triste à la fois. Anka est violent. Pas à cause de l’écriture de Guéraud, une nouvelle fois admirable mais parce que la vie est violente. Il se dégage dans ce roman une énergie de la vie alors même qu’il raconte la mort d’une inconnue, le destin tragique d’une jeune femme nommée Anka, sans attaches, sans personne ne serait-ce que pour la pleurer. Guéraud raconte cette histoire du point de vue de Marco, un lycéen très banal qui va rentrer, sans le vouloir, en contact avec cette femme. Un soir, en rentrant du lycée, deux policiers rentrent chez lui et lui annoncent le décès de sa mère. Pourtant, quelques minutes plus tard, sa mère pousse la porte de la maison. Qui est donc cette femme qu’on a pris pour sa mère ? Qui est Anka ?

    Guillaume Guéraud est fort ! très fort !