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littérature adulte - Page 14

  • Peut-être une histoire d'amour - chronique de Gabriel #20

    peut etre histoire amour.gifPeut-être une histoire d’amour

    Martin Page

    Editions de L’Olivier - 18 €

     

    Virgile, jeune publicitaire sensible d’une trentaine d’années, s’est construit des remparts de sécurité autour de sa vie grâce à ses angoisses psychologiques et ces histoires d’amour instables. Un jour, une jeune femme vient rompre les digues de ce bel édifice et le projeter au centre d’un tourbillon, faisant voler en éclat ses petites certitudes. Clara, puisque c’est son nom, lui annonce leur rupture par un message téléphonique laconique. Et c’est l’irrationnel qui s’immisce dans le monde de Virgile ; jamais il n’a eu de relation avec cette Clara. Malgré ou grâce à ce coup au cœur et au moral, il va peu à peu se décider à prendre les rênes de sa vie en main.

    C’est avec flegme et une touche d’humour anglais que Martin Page nous dévoile ce personnage et son existence non-conformiste, souvent loufoque voire un peu absurde. Un roman décalé mais tout en finesse où l’on découvre un petit monde bobo que Virgile égratigne, dans un Paris en marge, populaire, qui tend à disparaître.<-->

  • L'Ange Incliné - Chronique de Bérénice #03

     

    l'ange incliné.gifL'ange incliné

    Pierre Mari

    Actes Sud 18€

     

    Alors qu'il atteint le fameux cap de la quarantaine, le narrateur se rend compte que la vie qu'il mène ne lui correspond plus. Marre de ses collègues de l'université qui ont perdu toute foi dans l'enseignement, de sa mère et de son amour étouffant et immérité, de sa fonction d'enseignant chercheur au sein de l'université qui a depuis longtemps perdu tout son sens, et marre même de cette existence dans laquelle il n'a rien accompli et dans laquelle il compte bien ne rien accomplir.

    C'est sur cette note désabusée que s'ouvre le deuxième roman de Pierre Mari. Désabusé, oui mais surtout emplit de petites réflexions (qu'on pourrait qualifié de philosophiques) sur le monde qui l'entoure ainsi que de remarques pertinentes sur l'enseignement au sein de nos universités et sur la micro société que forme l'ensemble des chercheurs enseignants.

    Mais alors qu'il revient de quelques jours éprouvants passés chez sa mère suivis par une visite à sa sœur internée dans un établissement psychiatrique, notre héros accablé va faire une rencontre qui bouleversera sa vie au point de changer radicalement sa vision de l'existence. Cette rencontre porte le doux nom d'Anna, jeune fille désinvolte et intelligente qui réussira à lui montrer qu’il peut être encore maître de son destin.

    Une histoire d'amour entrecoupée de va-et-vient de la part d'Anna qui permettent au narrateur de continuer à nous faire part de sa vision affûtée de ses contemporains. Un excellent roman de la rentrée littéraire qui réussit malgré la vision morose que tient le narrateur sur tout ce qui l'entoure à se teinter de notes beaucoup plus enjouées.

  • La reconstruction - chronique de Delphine #09

    la reconstruction.gifLa reconstruction

    Eugene Green

    Actes Sud 18€

    9782742776887

    "Un rendez'vous catastrophique ce matin avec un Allemand inconnu. Ce n'est pas un fou, mais un homme profondément malheureux, car il pense avoir découvert qu'il est un autre, dont il ne sait même pas le nom."

    Et voilà comment la vie de Jérôme Lafargue, professeur sans histoire à la Sorbonne, a vu sa vie bouleverser. Johann Launer a voulu le rencontrer pour connaître la vérité. Imcompréhension et doute vont d'abordinquiéter le professeur. Puis vint petit à petit la curiosité. Pourquoi Launer est pzersuadé de retrouver son identité à travers les souvenirs de Jérôme Lafargue? S'opère alors un retour sur le passé,n sur une époque: Munich, 1968, la rencontre avec Jana, sa femme, avec cet homme prénommé Wengel...

    Le travail de mémoire fait naître une réflexion sur l'individu, explorant les relations de filiation, d'identité individuelle et collective. Eugène Green, metteur en scène et cinéaste, signe ici un premier roman maîtrisé et intelligent, où s'articule des dialogues au style surprenant.

    Delphine Bouillo

  • Chaos calme - chronique de Gabriel #19

     

    chaos calme.gifChaos calme

    Sandro Veronesi

    Grasset - 21.90 €

    9782246724315

    Un homme seul, attend en face de l’école de sa fille Claudia. Tous les jours, dans sa voiture, sur un banc du parc ou dans le bar le plus proche. Cet homme à la situation confortable et même enviable, vient de perdre sa femme mais pas sa raison comme ont l’air de le croire ses amis, sa famille, ses collègues. Situation anormale, situation qui ne peut être que celle d’un homme désespéré et choqué par la perte brutale de sa compagne, situation qui n’a qu’un temps. Cependant Pietro Paladini se sent bien, il ne lui semble pas qu’il souffre, sa fille non plus, cela l’inquiète au début mais il finit par l’accepter. C’est juste une idée qui germe et qui s’installe, être avec Claudia ou du moins qu’elle sache qu’il est là devant l’école toute la journée. Il délaisse le superflu et tout en faisant une sorte de bilan de son nouvel environnement quotidien, de sa vie, c’est son entourage qui va venir se confier à lui. Sous prétexte de le plaindre ou de prendre de ses nouvelles, ils viennent tour à tour vider leur sac (au sens propre même pour sa belle-sœur), faire exploser le trop plein de souffrances, de tristesses, de frustrations qu’ils n’arrivent plus à contenir.

    C’est avec une vraie maîtrise d’écriture que Sandro Veronesi fait voler en éclats la normalité imposée de notre vie contemporaine. C’est dans un parc ou dans une voiture, dans un univers restreint que se dénouent les fils, les passions et les tourments d’une société bourgeoise (le roman prend place à Milan), d’un monde et d’une économie globalisée qui ne se soucie plus de ses rouages humains. Pour préciser ce dernier point, Pietro est directeur de production dans une grande entreprise qui est sous le coup d’une fusion qui affole tous les employés des dirigeants aux subalternes. Vigie d’un monde qui se délite, Pietro reste en retrait parfois même en décalage par rapport aux confidences qui lui sont faites et tout en ayant du recul, que lui procure cet après deuil étrangement serein, il n’hésite pas à se moquer de ses congénères.

    Un peu farce, un peu drame, Chaos calme appuie là où ça fait mal, la futilité de notre mode de vie contemporain, nos illusions, le travail….et Sandro Veronesi le fait avec brio, en pointant l’absurdité de la vie, par un contrepoint des situations dites normales ainsi que par des ruptures de vitesse dans l’écriture. Un roman à l’image de la mer personnage central du début du roman. On y retrouve le flux, les tempêtes, ses symboles antinomiques de protection et de mort dans le style et dans la forme. En tout cas au risque de trop parler, Chaos calme est un livre à lire.

  • Chroniques de Verral tome 1 Le Voyage d'Ombrelune - Chronique de Guillaume #14

    chronqiues verral.gifLes Chroniques de Verral tome 1 Le Voyage d’Ombrelune


    Sean McMullen


    J’ai Lu - Collection Fantasy Grand Format - 24 €


    Une arme terrifiante et fascinante, Mort d’Argent, que l’on pourrait qualifier en d’autres temps de destruction massive. Une apocalypse continentale débouchant sur un eldorado fabuleux et un chaos politique. Au milieu de tout ça, on croise, entre autres, un empereur machiavélique, des prêtresses scientifiques et un vampire adolescent dans une course poursuite infernale.


    Avant tout connu pour ses succès en science-fiction, Sean McMullen pourrait bien aussi prendre place parmi les grands de la fantasy avec ce premier tome à la fois original et prometteur au ton sarcastique à souhait (débordant parfois sur le potache, ce qui constitue le seul bémol). L’intrigue est remarquablement menée, navigant habilement entre concepts techniques novateurs et dimensions magiques vertigineuses, et ce – prouesse narrative ! – sans souci de compréhension.


    Déjà 4 tomes en Australie, le deuxième en France en novembre.

  • Le secret de Caspar Jacobi - chronique de Gabriel #18

    secret caspar jacobi.gifLe secret de Caspar Jacobi

    Alberto Ongaro

    Anacharsis - 17 €

    Roman baroque avec lequel vous embarquez pour New York en passant par Venise, les Antilles, l’Europe de l’Est et des contrées imaginaires et magnifiées par l’écriture envoûtante de Alberto Ongaro.

    Cipriano Parodi, jeune écrivain vénitien à l’imagination démesurée se voit invité par le célèbre romancier Caspar Jacobi à le rejoindre à New York. Considéré par le jeune Parodi comme le pape du roman populaire, Jacobi lui propose dès son arrivée de travailler pour lui dans sa factory, petit atelier servant au grand maître à la réalisation des romans, scénarii et autres écrits qui font sa richesse. Honoré, Cipriano accepte immédiatement. Et c’est accompagné d’un tas de personnages imaginaires, créatures envahissantes dont il n’arrive à se défaire que ce jeune auteur plonge dans un microcosme littéraire étrange, univers bigarré et loufoque.

    Avec habileté Alberto Ongaro manipule ses personnages avec la dextérité d’un marionnettiste. Entre le roman qui se construit sous nos yeux, les histoires inventées par Cipriano Parodi, ses attentes et ses déconvenues, le mystère prend forme, s’installe, s’épaissit et on se retrouve très vite manipuler par cette histoire où la frontière entre réalité et fiction se brouille, où les personnages supposés réels et les créations fantasmées se confondent dans un tourbillon romanesque.

    Un vrai bonheur de lecture.

    A noter qu’Alberto Ongaro a déjà commis un livre aux éditions Anacharsis, La taverne du doge Loredan.

  • Tout le monde s'en va - chronique de Bérénice #02

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    Tout le monde s'en va

    Wendy Guerra

    éditions Stock 19€

     

    Nieve grandit à Cuba dans les années 1980. Elle passe son enfance tiraillée entre ses deux parents divorcés, opposés aussi bien sur leurs engagements politiques que sur la façon d'élever leur unique enfant. « Tout le monde s'en va » est la retranscription de son journal intime tenu durant de nombreuses années. Suivant des études d'art elle sera amenée à côtoyer nombre d'artistes opposés au système tout en s'exposant à l'antipathie du gouvernement peu enclin à permettre une certaine forme d'expression à travers l'art.

    A travers les yeux de Nieve c'est une vie à Cuba complètement différente qu'il nous est permis d'apercevoir. La jeune fille cherchant surtout à vivre comme n'importe quel adolescent de son âge, la politique et les méfaits du gouvernement ne forment que le cadre dans lequel elle évolue. Nieve nous fait plutôt vivre avec intensité les faits marquants de son existence : la dureté de son père, la faiblesse de sa mère, ses amours, et son désespoir quand tous ceux qu'elle aime quittent l'île pour une Europe mythique alors qu'elle, reste inlassablement attachée à La Havane.

    Un récit profond porté avec brio par Wendy Guerra qui manie à merveille le style du journal.  "Tout le monde s'en va" a été désigné par le quotidien espagnol El Pais comme étant le meilleur roman hispanophone de l'année 2006.

  • Les déferlantes - chronique de Bérénice #01

    arton595-cb2af.jpgLes déferlantes

    Claudie Gallay

    éditions du Rouergue -  21.50 €

     

    La Hague. C’est dans ce petit village saccagé par les bourrasques de vent salé de la mer que la narratrice a élu refuge fuyant ainsi ses tourments et une réalité trop difficile à accepter. Elle y vit en total autarcie ne côtoyant que quelques habitants plus atypiques les uns que les autres. Ce sont des personnes simples et attachantes; il y a Théo l'ancien gardien de phare, sa fille la gérante de l'unique bistrot, Max le simplet du village, la vieille Nan attendant encore que les flots lui rapportent les siens tous disparus lors d'un naufrage il y a des années ...

    Et au centre de la vie de ces habitants il y a la mer, cette mer sauvage qui rythme leur vie et garde prisonniers dans les ténèbres de ses profondeurs quelques corps oubliés comme autant de trésors volés.

    Mais un jour de grande tempête l’arrivée de Lambert, un étranger en quête de lumière sur son passé va venir arracher le petit village à sa torpeur… En l'aidant a trouvé la vérité sur le drame qui mit fin brutalement à son adolescence naissante, la narratrice va réussir à extérioriser son propre mal être. Ce sont ces deux êtres brisés, petits rescapés de gros naufrages de la vie, qui ensemble vont apprendre à se reconstruire.


    Avec un large panel de personnages tous très attachants, Claudie Gallay signe une magnifique histoire pleine de sentiments et d'espoir. Un roman sensible et beau à lire pour sa pureté et sa simplicité.

  • Ne t'inquiète pas pour moi - chronique de simon #21

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    Ne t'inquiète pas pour moi

    Alice Kuipers

    Albin Michel - 10 €

     

    Il est des livres qui piquent les yeux. Celui-ci fait définitivement partie de cette catégorie. Pourtant, à priori, rien ne nous y prépare.

    Tout commence de manière un peu légère. Un échange de post-it entre une mère et sa fille. Des choses anodines, des petits trucs du quotidien. Les courses, la litière du lapin, l'argent de poche... Puis au fil des pages, on comprend que la mère est malade. Elle essaie de le faire comprendre à sa fille qui, elle, vient de tomber amoureuse, veut vivre sa vie d'ado. L'échange devient plus fort, plus poignant. Plus l'histoire avance, plus l'émotion est forte...

    On en ressort bien retourné.

    A lire (mais pas en public...)

     

    Une vraie belle performance d'écriture.

  • La première loi T01 L'éloquence de l'épée - chronique de Guillaume # 13

    51iotQGAAsL._SL500_AA240_.jpgLa première loi T01 L’éloquence de l’épée

    Joe Abercrombie

    J’ai lu - 24.90 €

     

    Un guerrier barbare légendaire au majeur manquant tombé plus bas que terre. Un jeune officier brillant et impressionnant d’arrogance se préparant pour un prestigieux tournoi d’escrime. Et, cerise sur le gâteau, un inquisiteur délicieusement sadique lui-même autrefois victime des pires sévices. Tous trois, entourés d’autres personnages non moins savoureux, évoluent simultanément dans un monde en ébullition, à la veille d’une terrible guerre, devinant chacun de leur côté l’existence de complots d’envergure sans en saisir les tenants et aboutissants.

    Premier tome d’une trilogie, ce roman de fantasy tient ses promesses tant grâce à sa fluidité narrative qu’à la richesse de ses personnages qui n’est pas sans rappeler la fameuse Compagnie Noire de Glenn Cook, (à lire absolument si ce n’est déjà fait !!!). L’histoire, dénuée de tout manichéisme, n’en est qu’à ses débuts mais l’auteur britannique, qui signe là son premier livre, nous tient en haleine avec brio tout au long du récit et nous laisse à la fin en proie à une insupportable question : quand paraîtra le second tome ??? La réponse est réjouissante : le mois prochain et ça s’appellera Avant qu’on ne les pende.  

     

    Je profite de cette chronique pour glisser trois petits conseils fantasy succinctement commentés qui enchanteront vos vacances sans coup férir :

     

    • Les Chroniques de Tramorée de Javier Negrete : 2 tomes parus à l’Atalante pour cette trilogie qui n’a pour seul défaut temporaire que celui d’être incomplète, une magnifique alchimie entre le pouvoir d’évasion propre au genre et la créativité narratrice d’un Tolkien à l’espagnole.
    • L’Assassin royal de Robin Hobb (13 tomes chez Pygmalion en grand format et J’ai lu en poche) : immense succès (mérité) pour cette longue saga grâce à la subtilité scénaristique mais aussi la plume remarquable de son auteur.
    • Jonathan Strange et Mr Norrell de Suzanna Clarke chez Robert Laffont : pavé et ovni, tout en subtilités et suggestions, tableau romantique et critique sociale, ce livre magistral parvient à construire un monde magique parallèle, d’une complexité architecturale vertigineuse, au sein de l’Angleterre victorienne.
  • Portraits du jour - chronique de Gabriel #17

    220_____Kravetz_12.jpgGrand reporter et journaliste de la presse écrite, Marc Kravetz a travaillé du milieu des années 70 jusqu'au milieu des années 90 à Libération. Spécialiste du Proche et Moyen Orient, il collabore à France Culture depuis 2003 où il anime une chronique quotidienne dans les Matins de France Culture, intitulée Portrait du jour. Essentiellement basées sur l'actualité et sur l'oral, ces petites chroniques n'étaient aucunement destinées à être posées sur le papier. Mais voilà qu'une rencontre avec les éditions du Sonneur va faire changer d'avis à cet homme avant tout de l'écrit qu'est Marc Kravetz. Et l'aboutissement de ce projet fait de ce livre une vraie réussite.

    Livre qui pourrait se définir comme objet autant que comme texte informatif et littéraire. Petit format compact, ce recueil propose 150 histoires pour un tour du monde (sous-titre du livre), choix large et restreint pour une émission qui en compte environ 600. On se penche au dessus, on déploie les deux rabats de couverture qui nous plonge d'entrée dans un planisphère localisant tous les portraits puis peu à peu on se laisse tomber avec délice dans ces histoires du quotidien, des histoires d'anonymes qui un jour voient leur vie exposée dans la presse et à travers leur(s) singulière(s) expérience(s) nous dévoilent une actualité, une vision du monde, décalée mais toujours à propos, juste. Chaque portrait étant accompagné par une carte  et de trois faits marquants du jour, c'est une plongée dans notre passé récent qui nous remet en situation et nous renseigne sur ce qu'il se passe dans le reste du monde. La verve de Marc Kravetz si l'on prend plaisir à l'écouter le matin, se retrouve dans ces instantanés transcrits dans une écriture fluide et quasi-romanesque à la manière du journalisme anglo-saxon. Des petites histoires pour tenter de raconter la grande. 

    Un bonheur à lire. Un livre que l'on prend dans n'importe quel sens. Des portraits d'hommes et de femmes mais aussi d'animaux dures, tendres, féroces, tristes et parfois pleines d'espoir qui nous font voyager dans ce que nous faisons de notre monde et comment il agit sur nous. 

    Je tiens à remercier en finissant cette chronique, Marc Kravetz, qui nous a fait le plaisir de venir nous (et vous) rencontrer le vendredi 13 juin. Ce fut un plaisir de discuter avec lui ainsi que de l'écouter. C'est un très bon raconteur d'histoires et pour ceux qui ne le connaîtraient pas, plongez vous dans ce recueil, c'est une petite merveille. Pour ceux qui seraient intéressés ou curieux des éditions du Sonneur je vous donne leur adresse internet, allez voir c'est un super site, http://www.editionsdusonneur.com/.

  • La princesse des glaces-chronique de Delphine#08

    650748590.gifLa princesse des glaces

    Camilla Läckberg

    Actes Sud-21€

    9782742775477

     

    Après l’immense succès de la trilogie Millénium , le polar scandinave n ‘a pas fini de faire parler de lui.

    A la mort de ses parents, Erica Falk, écrivain, s’installe dans leur maison dans le petit port de pêche de Fjällbacka. A peine arrivée, elle découvre le cadavre de son amie d’enfance, les poignets tailladés, au fond de sa baignoire. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un suicide. Et pourtant, Erica se persuade très vite du contraire. Elle décide alors de mener l’enquête, épaulée par l’inspecteur Patrik Hedström. Au fil de ses investigations, elle revient sur un passé qu’elle croyait révolu, se heurtant aux non-dits des habitants et aux secrets les plus incroyables.

    Intelligent, sombre, complexe, on découvre un polar de très grande qualité qui garde le lecteur en haleine. On suit avec délectation et excitation les personnages, croqués avec justesse et tous enclins à être suspects! 

    La princesse des glaces est le premier volet d’une série de cinq polars mettant en scène les aventures d'Erica Falk. Il ne reste plus maintenant qu'à se doter de patience avant de découvrir le prochain !

     Delphine Bouillo

  • Rencontre avec SYLVAIN ROSSIGNOL - auteur du roman Notre usine est un roman

    RENCONTRE DEDICACE

    à la librairie M'LIRE 

     

     le vendredi 30 mai

    à partir de 18H

    avec

    SYLVAIN ROSSIGNOL

     

    autour de la sortie du roman

    Notre usine est un roman

     

    906777363.gif

     

    C'est un énorme plaisir pour nous de recevoir Sylvain Rossignol pour la sortie de son roman Notre usine est un roman. Comme Sylvain est un ami, nous avons un peu suivi la génèse du projet et c'est toujours émouvant de voir les projets des copains aboutir. Sauf qu'au début cela ne  devait pas prendre cette dimension. Quand Sylvain m'en a parlé pour la première fois, il y a deux ans maintenant, ce projet était juste une commande d'une association d'anciens salariés qui voulaient parler de leur expérience et de l'histoire de leur usine, Roussel Uclaf, l'une des plus grandes entreprises pharmaceutiques de l'après guerre. 4000 employés, 40 ans d'histoire, de luttes, de rachat pour arriver en 2006 au désastre : 660 licenciements et la fermeture définitive d'un site historique de l'industrie française. Après cela, il fallait trouver la forme. Documentaire ? Fiction ? Essai ?

    Finalement, Sylvain Rossignol a décidé que cela serait un peu tout cela et c'est là la grande force de cet ouvrage. Il a pris toutes ces formes, les a mélangées et digérées et puis il a commencé son réel travail d'écrivain. Et là on ne peut dire que bravo ! Ce livre se mange littéralement. Alors qu'on pouvait craindre une narration un peu linéaire (purement historique) ou redondante (succession de témoignages), la forme littéraire et romancée qu'a choisie l'auteur permet un rythme enlevé dans la narration et tient en haleine le lecteur. Plusieurs personnages (inventés ou du moins inspirés) sont mis en avant et seront la ligne conductrice de toute l'histoire de l'usine (cette fois bien réelle et documentée). On s'attache donc à la galerie de personnages mis en scène pendant qu'on apprend toute l'épopée de cette entreprise historique. Ce livre se lit comme une saga.

    Par contre, au delà du réel travail d'écrivain qui nous entraîne dans une lecture aisée et plus qu'agréable, c'est surtout le point de vue social, politique et humain qui est passionnant dans cet ouvrage. Cette histoire est racontée du point de vue des salariés et cela n'est pas si commun que ça. Ce texte est un véritable témoignage historique de la vie de toutes ces personnes qui se sont engagées pour une entreprise, qui en ont fait l'histoire, qui se sont battus aussi pour leurs droits. Ce n'est pas forcément un livre engagé. Par contre c'est un livre qui parle d'engagement.

     

     

     

     

  • La grande éclaire - chronique de Delphine#07

    1063491119.gifLa grande éclaire

    Virginie Langlois

    Actes Sud 21€

    9782742774258 

    Une rencontre improbable avec une très belle femme va conduire Sachs, artiste-peintre, dans un monde particulier. Subjugué par sa beauté, l'artiste n'a pas perçu la cécité de cette femme.  Elle, qui évolue au fil de son intuition et de ses sensations le guide vers une nouvelle perception des chose, entre spiritualité et sciences...

    Parallèlement, aux Etats-Unis, un jeune étudiant part à la recherche de son profeseur de physiques, disparu soudainement. Est-ce encore une crise de cet alcoolique ou est'ce une histoire beaucoup plus inquiétante? Regroupant les indices que ce dernier lui a laissé, il s'envole pour la France, décidé à résoudre cette énigme.

    Tout ce petit monde va se retrouver les protagonistes d'une histoire plus que surprenante durant quelques jours à Savigny.

    Virginie Langlois signe ici son deuxième et affirme ses talents d'écrivain. Une écriture juste, sensible , des personnages forts, bref un roman magnifique, émouvant. Un pur moment de plaisir!

     

  • Shantaram - chronique de Gabriel #16

    371739122.jpgShantaram

    Gregory David Roberts

    Flammarion

    23 € (édition grand format) / 13  € (J'aiLu)

    On se demande parfois comment la vie s'accroche à certaines personnes avec autant d'acharnement. A moins que ce soit l'inverse ? Enfin, tout en lisant Shantaram, roman fleuve de plus de 800 pages, véritable quête rédemptrice d'un ancien braqueur de banque héroinomane, et même après avoir tourné la dernière page, je fus littéralement happé par le destin de cet homme, fugitif australien qui débarque à Bombay au début des années 80. Roman en très grande partie autobiographique, Gregory David Roberts a largement évité les écueils dus à ce genre de livre. C'est raconté avec humilité et respect autant pour les personnages qui sont en fait des personnes ayant réellement existé, que pour le lecteur, ce qui ne nous donne pas l'impression que le héros est un fier à bras orgueilleux et/ou que ce roman est une promenade touristique dans le Bombay des années 80. Des bidonvilles d'une mégalopole en expansion en passant par la vie dans un village indien traditionnel, les prisons indiennes, la mafia, le djihad pour finir par être rattrapé en Allemagne, Roberts fait passer son personnage principal par toutes les aventures et mésaventures d'un héros moderne, sans oublier et c'est ce qui fait aussi le charme de ce livre, l'Amitié et l'Amour, les jalons qui lui permettront de rester debout.

    Un roman dont  le style n'est pas révolutionnaire mais efficace et encore une fois plein d'humilité, la trame bien ficelée et une construction au suspense haletant qui vous emportera à coup sûr comme il l'a fait avec moi. Un bon, un très bon roman d'été.

    Un conseil, lisez Shantaram en grand format, la version poche de J'ai Lu a rétréci la police de caractère ce qui vous donnera à coups sûrs la migraine et  vous fera penser que j'ai éxagéré voir même menti dans cette chronique.

  • chronique de Gabriel #14

    1395636137.jpgGarden of love

    Marcus Malte

    Zulma - 18.50  €

    9782843043895

    Gros coup de coeur pour ce roman noir, sombre et torturé.

    Alexandre Astrid, vieux flic mis au placard à cause de ses débordements de loi, reçoit un jour un mystérieux paquet renfermant un manuscrit. Sans prendre garde, il va se jeter dans le dernier piège tendu par son plus vieil ennemi, un tueur pervers et retors qu'il n'a jamais réussi à coincer. Au fur et à mesure de sa lecture il va se rendre compte que l'histoire est un mélange de sa propre vie avec celle schizophrénique de l'auteur et c'est une plongée dans un passé souvent glauque où le bien et le mal se confondent.

    J'ai pris un très grand plaisir à lire ce livre polyphonique, il y a comme une ambivalence d'attachement et de repoussement avec les personnages. Le style est court, concis, direct et il ne laisse aucune place au répit et à l'espoir. La perversion est prégnante dans ces bouts de vie  et elle se perçoit aussi bien du bon que du mauvais côté de la loi ou de la morale. Pour finir la construction est bien huilée et on se laisse perdre corps et âme dans ce labyrinthe de voix et de mots.

  • le petit dossier de Gabriel #03

    Quelques lectures italiennes

     

    152855438.gifBlessures de guerre

    Giulia Fazzi

    Gallimard

    9782070782536

    20€

    Blessures de guerre est l’histoire d’un combat perdu d’avance qui se ressent comme un cri. Dans une petite ville du nord de l’Italie, une jeune femme se retrouve aux prises avec la machine économique. Ouvrière dans une entreprise de textile familiale, elle entend bien faire respecter ses droits de travailleuse face à une direction bicéphale (un père et son fils) complètement sourde à ses revendications et qui plus est, brutale et cynique jusqu’à l’abject. Une lutte non seulement niée par les patrons mais rejetée par ses propres collègues.

    Premier roman de Giulia Fazzi, ce roman coup de poing construit autour d’un évènement tragique et charnière, est une véritable réussite entre autres grâce à une écriture maîtrisée et une construction toute en tension. Un style dur et efficace qui laisse son entière place aux émotions et affects du personnage principal. A lire et à suivre !

     

    1131418043.jpgVénus privée

    Scerbanenco Giorgio

    10/18

    (malheureusement épuisé)

     Giorgio Scerbanenco est considéré comme le père du roman noir italien. Né à Kiev en 1911, il émigre en Italie après l’assassinat de son père par les bolcheviks et s’établit d’abord à Rome avec sa mère puis s’installera définitivement à Milan. Après des tonnes de petits boulots et des débuts dans le journalisme, il se tournera vers le roman dans les années 50.

    Vénus privée est le premier volet des aventures de Duca Lamberti, ancien médecin radié de l’ordre pour euthanasie qui se trouvera une occupation de détective privée à sa sortie de prison. Dans cet opus originel Duca Lamberti va se voir confronter au monde de la prostitution de luxe par l’entremise d’un jeune homme alcoolique. Lamberti s’est vu charger de sevrer ce garçon à peine adulte par son riche père et ne voit qu’une solution pour résoudre sa dépendance, comprendre les raisons du suicide de sa petite amie. Roman noir, social , Vénus privée nous plonge dans un univers sinistre et glauque mais sans violence (une scène seulement en fin de roman). Doucement Scerbanenco dévoile l’horreur des pratiques mafieuses de ce commerce avec un style et une écriture mesurés et lucides.

     

    266769915.gifMorts et remords

    Mileschi Christophe

    La fosse aux ours

    9782912042750

    14€

     J’ai une faiblesse toute particulière pour ce livre ainsi que pour Le clown amoureux (chroniqué à la suite). Il est des livres quand on est libraire, que l’on rencontre grâce à une invitation d’auteur. En effet, en début d’année j’ai contacté Christophe Mileschi et Oreste Sacchelli (coauteur du Clown amoureux) afin d’organiser une rendez-vous littéraire au moment du festival de cinéma Les reflets du cinéma italien. Ils se sont déplacés et qu’ils en soient encore remerciés ici parce que s’il y avait peu de monde au débat nous avons pu passer un très agréable moment. Fin de la parenthèse, passons au livre.

    Sentant la mort frappée à sa porte, Vittorio Alberto Tordo se retourne une dernière fois sur son passé. Ecrivain de renom il se désespère alors que la camarde elle ne se résigne pas, de n’avoir pas su révéler à ses contemporains la vraie cruauté de la nature humaine, message qu’il voulait faire passer dans ses écrits. Mais n’a-t-il pas lui-même brouillé les pistes en magnifiant et en participant à cette glorieuse passion destructrice qu’est la guerre. En vantant et louant les qualités d’hommes politiques qui ne se servaient que de ces penchants.

    Tordo fait partie de cette génération d’écrivains et d’artistes italiens du début vingtième qui après avoir vantés les mérites de la première guerre mondiale, se sont également accommodés du régime fasciste. Morts et remords nous montre ce changement générationnel, le changement d’une époque, d’une culture.

     

    1478998704.gifLe clown amoureux

    (L’œuvre cinématographique de Roberto Bénigni)

    Mileschi Christophe & Sacchelli Oreste

    La fosse aux ours

    9782912042927

    18€

    Qui se cache derrière cette image de bouffon survoltée que nous donne à voir le pétillant Roberto Benigni dans le peu de films que l’on peut voir de ce côté-ci des Alpes ? C’est cette image stéréotypée que les auteurs vont au fur et à mesure battre en brèche. Ecrit à quatre mains cette monographie est constituée en deux parties. D’abord les fiches détaillées des neuf films réalisés par Benigni dans l’ordre chronologique qui révèlent peu à peu les motifs et les thèmes récurent de ce cinéaste hors normes. Dans une seconde partie la voix est donnée aux acteurs principaux, Benigni d’abord qui se dévoile et nous fait plonger dans sa genèse puis Vincenzo Cerami, le scénariste qui a donné sa rigueur au clown, explique son travail et sa collaboration, pour finir avec une interview de Nicoletta Braschi, la compagne et muse de Roberto Benigni.

    Le clown amoureux est un essai sur le cinéma qui se lit comme un roman, on plonge dans un univers moins rigolo qu’on ne le pense au premier degré tout en découvrant les thèmes de prédilection du réalisateur-acteur, la ville, l’autorité, les femmes et l’Amour.

     

    311885507.gifTrain 8017

    Perissinotto Alessandro

    La fosse aux ours

    9782912042651

    17€

    A la fin de la seconde guerre mondiale, Adelmo Baudino est révoqué de son poste de policier du rail pour cause de collaboration. Accusé à tort, il vit seul avec sa mère dans une maison en ruine tout en travaillant sur des petits chantiers. C’est en lisant les faits divers dans un journal qu’il croit avoir trouvé la solution à son renvoi. C’est en cherchant la personne qui voudra l’innocenter qu’il va reprendre du service. Une série de crimes frappent essentillement des cheminots. Devant la passivité de la police, il va lui-même relier ces affaires et replonger dans les horreurs de la guerre. Un très bon roman policier qui nous plonge dans l’Italie d’après-guerre dans ses antagonismes et sa troublante mémoire du passé récent.

    A lire également de Perissinotto, A mon juge aux éditions Gallimard, Prix Grinzane Cavour 2005.

  • chronique de delphine#07

     Le jour où Nina Simone a cessé de chanter.

    Darina Al Joundi- Mohamed Kacimi

    Actes Sud 15€

    978742772847

     Voici une histoire époustanflante retranscrite par Mohamed Kacimi: celle du combat pour la liberté de Darina Al Joundi, jeune comédienne libanaise, qui a défié les lois, la religion et les hommes au nom de la Liberté. Ce récit commence à la mort de son père au beau milieu d'un Liban dévasté par la guerre civile. Poussée par son père à toujours avoir le choix, Darina Al Joundi va jouer avec le feu pour exister, frôlant avec la drogue, la violence et la folie.

    En conservant les mots parfois crus et violents de la comédienne, Mohamed Kacimi nous offre un roman incroyablement émouvant, telle une confession parmi les ravages de la guerre.

    Ce récit est également tiré d'une pièce de théâtre, jouée pour la première fois à Avignon, et dans laquelle Darina Al Joundi joue son propre rôle.

  • chronique de Gabriel #13

    2028690660.gifL'Ecornifleur

    Jules Renard

    Gallimard / Folio classique

    5€30

    9782070371679

    Dans ma série dépoussiérage (après Ivanhoé à la rescousse de Thackeray), je viens de découvrir (enfin, merci à Alain) un texte de Jules Renard, L'écornifleur, qui peut se traduire à peu de choses près par parasite. Si vous avez lu Bel Ami de Maupassant ça vous rappellera des souvenirs sauf qu'Henri l'anti-héros de ce roman est un loser pathétique. Empêtré dans son verbiage et ses postures d'artiste, il ne réussira à rien et s'engluera dans des situations ambigues et sans issue. Son projet, s'insinuer au coeur d'une bonne famille bourgeoise y avoir non seulement le gîte et le couvert mais surtout l'émerveillement, l'admiration pour sa situation d'hommes de lettres. Autoproclamé artiste, vaguement poète et romancier, beau parleur, il aura vite fait de s'attirer l'engouement de ses "hôtes". Après l'approche viendra le moment de partager pleinement leur vie jusque dans leur petite maison de villégiature sur la côte normande. C'est à Barfleur qu'il ruinera dans la honte et la culpabilité ses tentatives de charme du beau sexe.

    Mi roman mi pièce de théâtre, L'écornifleur est un roman surprenant, qui tient beaucoup aux premières expériences de Jules Renard comme jeune homme et poète. Dans un style alerte et plein d'images rustiques, animalières, style de fabrique de l'auteur de Poil de carotte, l'ambiance de ce roman de formation est pleine d'humour et de dérision pour la naïveté, la maladresse et le manque de réussite de son "héros" autant que pour la représentation du monde de l'art et des artistes dans la bonne société. Un je ne sais quoi d'actuel.

  • chronique de Delphine#06

    f228809f9a32abc0738914afa4e08990.gifLe goût de la mère

    Edward St Aubyn

    Christian Bourgois 25€

    9782267019322 

    Le nouveau roman de l'auteur anglais nous plonge dans quatre ans de la vie d'une famille ordinaire, soumise comme toute autre aux aléas de la vie: une mère qui délaisse son mari pour ses deux enfants, un mari qui se laisse aller dans l'alcool et dans les bras d'une autre femme. Les sentiments des uns et autres se bousculent, s'entrelacent dans ce récit particulièrement attachant, servi par une écriture limpide.

    Delphine Bouillo