Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

delcourt

  • Séverine Gauthier - une scénariste BD de grand talent...

    Qui peut citer des noms de scénaristes ? Pas si facile que ça… Et pourtant ils sont essentiels. Les dessinateurs règnent en maître sur le genre mais que serait une magnifique BD sans scénario ? Coup d’œil aujourd’hui sur la scénariste Séverine Gauthier qui publie deux BD jeunesse chez Delcourt.

    Séverine Gauthier est une scénariste qui sait se faire désirer. Pas parce qu’elle publie peu, elle écrit et publie depuis presque 10 ans maintenant et possède déjà une vingtaine d’albums à son actif. Non, on l’attend avec impatience car, à chaque fois, son talent parle et c’est un véritable plaisir de retrouver ses histoires. On peut citer parmi ses plus beaux albums Mon arbre, Garance, Cœur de Pierre ou Wishita. En plus, elle sait s’entourer par des illustrateurs de talent (Jérémie Almanza ou Thomas Labourot pour ne citer qu’eux) et cela donne à chaque fois des albums magnifiques.

    Ce printemps, elle sort chez Delcourt deux albums pour enfants remarquables : Haïda et l’immortelle baleine illustré par Yann Dégruel et L’homme montagne avec Amélie Flechais.

     haida_l_immortelle_baleine_couverture.jpgL'HOMME MONTAGNE - C1.jpg

    Haïda et l’immortelle baleine nous plonge dans un conte mythologique inspiré de la culture des indiens Haïda qui vivent au large des côtes canadiennes. Près d’un petit village du bord de mer, l’eau ne cesse de monter et elle menace de tout dévaster. Tàan et Nizhonie, deux enfants du village s’interrogent sur la présence sur la plage d’une étrange dame, qui ne bouge ni ne parle. Elle semble juste attirer peu à peu l’eau à elle. Ils vont vite se renseigner près de Grand Père Ts’ang, qui sait tout sur les esprits qui régissent le monde. Séverine Gauthier signe ici une histoire touchante et mystérieuse pour les plus jeunes. Yann Dégruel, le talentueux illustrateur des séries Genz Gys Kan et Sans famille entre autres, propose de remarquables images qui illustrent au mieux ce récit mythologique.

     

    Avec L’homme montagne, on retrouve la force lyrique de Séverine Gauthier. Comme elle pouvait le faire avec le magnifique Mon arbre, elle nous embarque dans une épopée poétique qui plaira aux plus jeunes tout en faisant rêver les grands.

    Grand-père est devenu trop vieux pour voyager. Il doit maintenant faire son dernier voyage. Les montagnes qui lui ont poussé sur le dos depuis toutes ces années sont devenues trop lourdes pour lui. Et pour ce voyage, il ne peut emmener son petit-fils. Ce dernier est triste et demande à son grand-père d’attendre encore un petit peu. Il peut aller chercher le vent le plus puissant, celui qui peut soulever les montagnes et aider son grand-père … Il va donc partir – et nous avec – pour une formidable expédition. Cet album est tout simplement remarquable. D’une poésie rare en bande dessinée, il est soutenu par l’illustration admirable d’Amélie Flechais qu’on avait découvert dans le très beau Chemin perdu (Soleil). Un vrai coup de cœur !

     

    Simon Roguet

  • Blind dog rhapsody T01 (Hanna-Redec-Lenoble) - chroniques de Geoffrey

    BLIND DOG

    Hanna - Redec - Lenoble

    Delcourt - 15.95€

     

    blind dog,hanna,redec,lenoble,delcourt,bandes dessinées,bd,geoffrey berain,m'lire

     

    L'histoire se déroule dans le japon médiéval, en compagnie d'un samouraï blanc et aveugle qui ne porte pas de nom mais qui possède une grande puissance. Cet infirme est accompagné par l'esprit de son maître qui est un raton laveur grincheux. Après avoir dévasté une taverne les deux compères vont rencontrer une jeune et jolie serveuse Maï, qui va les accompagner dans leur quête de vengeance.

     

    Si vous êtes amateur de BD d'action complètement décalée, Blind Dog est fait pour vous. Les auteurs nous régalent en parodiant tous les classiques asiatiques. Tout y est présent : des combats épiques et même complètement improbables, des techniques hallucinantes avec des noms loufoques.

    Au final, c'est vraiment très drôle. Comme les dessins modernes et très fluides de Redec collent parfaitement à l'ambiance, cela nous donne un premier tome extrêmement plaisant.

     

    Une aventure totalement délirante qui comptera normalement trois tomes.

     

  • Onlikoinou 42 Come Prima (Alfred) - Delcourt Mirages

    Simon vous présente COME PRIMA la nouvelle BD de Alfred paru aux éditions Delcourt


    onlikoinou 42 Come Prima par afterfives


  • interview de Cédric RASSAT et Raphaël GAUTHEY (par Christophe Aimé le magnifique)

    On ne vous le répètera jamais assez ! Allez voir le blog de Christophe Aimé. Il y a plein de trucs géniaux à découvrir. Sinon, on vous retranscrit ici la très belle interview BD qu'il vient de mettre en ligne. Au programme : Cédric Rassat et Raphaël Gauthey les auteurs de la série On dirait le sud

    bonne lecture !




    CEDRIC RASSAT & RAPHAËL GAUTHEY

    L’été commence à brûler les peaux blanches en manque de vitamines D. Partout, les insectes s’excitent et se font entendre. La verdure s’apprête à agoniser. L’envie d’aller piquer une tête vous démange le maillot de bain. Les gouttelettes ne peuvent s’empêcher de faire la course le long de vos boissons fraîches… La chaleur est là. Devant et derrière vos lunettes de soleil. Le timing ne pouvait pas être plus parfait pour vous pencher sur les deux tomes passionnants de On Dirait Le Sud. Pour lire l’interview de Cédric Rassat et Raphaël Gauthey, les auteurs talentueux qui pendant trois ans, dans le four de l’été 1976, nous ont tenu en haleine avec leur chronique sociale déroutante. Chaud devant… (chRisA – juillet2013)


    On Dirait Le Sud 1

    Vous connaissiez-vous avant de vous lancer dans l’Aventure 76 ? Qu’attendiez-vous l’un de l’autre ?

    Cédric : Non, c'est Emre Orhun, un ami commun (avec qui j'ai aussi fait Erzsebet et La Malédiction du Titanic chez Glénat), qui nous a mis en contact. A l'époque, en 2003, Raphaël commençait à envisager de se mettre à la BD et moi je cherchais à développer de nouveaux projets avec d'autres dessinateurs… Je crois qu'à ce stade, je recherchais surtout une autre forme de collaboration. Je voulais m'éloigner autant que possible de William Panama et de La Frontière, mes deux premières séries qui n'avaient pas bien fonctionné. Avec Raphaël, on a tout de suite eu un vrai échange et des discussions sérieuses et constructives. Les bases de ce qui allait devenir On dirait le Sud sont venues très vite.

    Cédric, quel(s) adjectif(s) et quelle(s) métaphore(s) emploierais-tu pour dresser le profil de ton compère Raphaël ?

    Cédric : Pas de métaphore, mais disons que Raphaël a une vraie exigence par rapport à son travail. Il est très appliqué et méticuleux, et il se remet beaucoup en question. Pour moi, c'est aussi une source de motivation, même si je suis aussi exigeant et assez critique avec mon propre boulot. En plus, je pense que son sens de la mise en scène et son regard très "cinématographique" m'aident aussi beaucoup du point de vue de l'écriture.

    Raphaël, si tu devais dessiner le portrait de Cédric, comment t-y prendrais-tu ? Et quelles couleurs utiliserais-tu ?

    Raphaël : Une couleur ? Disons une couleur chaude... Après, ce qui caractérise Cédric, c'est le dialogue et l'ouverture. Nous discutions beaucoup sur les différentes scènes et il a toujours pris mon avis en considération. Sinon, pour l'anecdote, on peut dire que j'ai déjà dessiné Cédric, puisque je retrouve beaucoup de sa personnalité dans le personnage de Claude.

    Il faut sacrément bien s’entendre pour travailler sur un projet de quatre (?) ans. Quelles qualités et quels défauts ce projet a-t-il révélé chez l’un comme chez l’autre ?

    Cédric : La genèse de ce projet s'est étalée sur une période beaucoup plus longue, puisqu'on a commencé à en discuter et que j'ai écrit les premières scènes dès 2003. Ensuite, le projet a été présenté à Delcourt en 2006. Le tome 1 est paru en 2010 et le 2 en 2013… Pour en revenir à la question, je dirais que le travail de Raphaël (mais le mien aussi, d'ailleurs) s'est beaucoup affiné entre les deux albums. La base est évidemment la même, mais sa mise en scène s'est épurée et son travail sur la lumière et les couleurs est devenu encore plus précis.

    Qui a eu l’idée de On Dirait Le Sud ? Quel a été le déclencheur ? Pourquoi avoir choisi cette époque et ce contexte ?

    Cédric : L'idée de base est venue de notre première discussion. Raphaël avait en tête un projet de chronique familiale. C'était encore assez vague, mais il savait déjà qu'il voulait impliquer plusieurs générations de personnages (un grand-père et une petite-fille, notamment) et situer le récit dans le milieu ouvrier d'une petite ville du centre de la France qui, dans son esprit, ressemblait un peu au Creusot. L'idée des années 70 est venue d'une réflexion sur les personnages : on savait que le grand-père devait avoir vécu la Seconde Guerre mondiale et que les parents devaient avoir une trentaine d'années. En pensant à la fin des années 70, j'ai très vite fait le lien avec la canicule de 1976. Il me semblait intéressant d'utiliser l'idée de cette chaleur accablante pour faire naître une tension de plus en plus pesante entre les personnages. Et puis, comme il s'agissait d'un milieu ouvrier, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant de centrer le récit sur un personnage de syndicaliste qui, par essence, se situe forcément entre le camp des patrons et celui des ouvriers. Enfin, l'été 1976 nous permettait d'évoquer l'affaire Ranucci et la question de la peine de mort. Et comme cette question rejoignait aussi, via Badinter et l'abolition de 1981, celle de l'élection de Mitterrand, ça nous a permis d'affiner la réflexion sur les idéaux des personnages (le récit se situe peu de temps après l'échec de Mitterrand à la présidentielle de 1974 et cinq ans avant son succès de 1981 ; on est donc dans une sorte de "temps mort").

    Comment vous êtes-vous imprégnés de la France de cette époque ? Avez-vous fait un gros travail de documentation ?

    Cédric : Je pense qu'on avait grosso modo les mêmes références, un mélange de souvenirs personnels (assez vagues, tout de même), d'histoires familiales (photos, etc) et d'images issues de films de cette époque. Raphaël a beaucoup puisé dans les films de Claude Sautet, notamment… 

    Raphaël, comment voyais-tu, graphiquement parlant, cette époque ?

    Raphaël : J'ai d'abord eu des sortes de flashs. Des images de types, avec cheveux longs et moustaches, qui couraient sur un terrain de football avec un maillot vert, mais aussi des voitures, des objets, des couleurs, des visages, bref, plein d'éléments en vrac qui sortaient de mon inconscient et qui m'ont servi de point d'ancrage. Ensuite, comme le disait Cédric, j'ai puisé dans des photos de famille et me suis référencé aux films de l'époque.

    Si je vois On Dirait Le Sud comme un roman-photo social et une chronique humaine en pleine chrysalide, vous approuvez ou contestez ?

    Cédric : Chacun sa lecture… En ce qui me concerne, j'évoquerais plutôt une chronique familiale sur fond de crise sociale et idéologique. Et je pense que le récit se focalise aussi beaucoup sur la canicule, et l'idée que chacun peut se faire de l'été, au sens large.

    Le scénario, a-t-il beaucoup changé dans les trois années qui ont séparé les deux tomes ?

    Cédric : Le scénario du second tome ? Non, il a très peu changé. Je crois qu'il n'y a qu'une scène qui a bougé un peu dans la séquence de l'orage. Quelques dialogues ont aussi été modifiés ou ajoutés, ici ou là. Mais on parle vraiment de retouches… En fait, dès le départ nous avons pensé cette histoire comme un tout. Nous avions même l'intention de réaliser un one-shot… Beaucoup de scènes du tome 2, et notamment la toute fin de l'album, étaient déjà plus ou moins prêtes lorsque j'ai commencé à écrire le tome 1 en 2003. Le scénario du tome 2 a été achevé en novembre ou décembre 2009 et Raphaël avait déjà entamé les crayonnés de "La Fin des Coccinelles" lorsque nous avons sorti le premier album. Après, tout ce que je peux dire c'est que le scénario du second tome ressemble très précisément à ce que nous recherchions depuis le début. Raphaël a travaillé sur les planches pendant trois ans et nous avons vraiment eu le temps de relire ce récit et de l'envisager sous toutes les coutures. Donc, si nous n'y avons rien changé, c'est parce qu'il nous convenait très bien.

    Cédric, comment t’est venue cette incroyable galerie de personnages ? Lequel d’entre eux a été le plus simple et le plus difficile à concevoir sans tomber dans la caricature ?

    Cédric : Les personnages sont tous venus un peu différemment. Max Plume s'est construit sur un jeu de mots que je voulais faire sur son nom ("Désolé, mais vous ne faîtes pas le poids, Monsieur Plume.")… Celui du chef des gendarmes, avec son délire sur les enfants disparus, est venu en quelques secondes, lorsque je travaillais sur la scène de l'étang. Celui de Claude était plus difficile, car c'est un taiseux. Il se construit dans son rapport aux autres et notamment avec la petite fille. Evidemment, Luce était aussi très importante… Les deux sœurs se sont construites en opposition l'une à l'autre. Sylvia est très seule (un peu plus que les autres, en toute cas), mais elle a une vraie réflexion intérieure, alors que Marie semble plus superficielle, mais aussi plus sociable… Il n'y pas de règle, en fait. Je crois qu'il y a des moments où certains détails émergent et permettent de fixer, de "reconnaître" un personnage. Ensuite, il faut travailler pour développer cette idée et lui donner, disons, "du corps".   


    On Dirait Le Sud 2

    Si vous deviez-vous faire l’avocat du diable d’un des personnages ? Lequel serait-ce ?

    Cédric : Probablement Max Plume… Même si je n'ai pas forcément envie de le défendre. En tout cas, ce que j'aime bien avec ce personnage c'est qu'il n'est pas à sa place. Il est faible et sans conviction, alors que sa fonction exigerait plutôt l'inverse. C'est un imposteur, mais personne ne s'en est encore rendu compte… Et ce sont ses renoncements et ses lâchetés qui scandalisent le lecteur et lui donnent, a priori, envie de réagir.

    Raphaël, d’où te vient ton style graphique magnifique au demeurant ? Comment travailles-tu ? Peux-tu lâcher UN secret de ton savoir-faire ?

    Raphaël : En fait, il n'y a pas de secret. J'ai une technique très simple. Je travaille mes crayonnés sur papier, que je scanne et que je mets en couleur sur informatique, uniquement avec une brosse et des calques, comme j'aurais pu le faire à la peinture. J'utilise uniquement un effet de flou sur Photoshop pour donner l'impression de vitesse dans certaines scènes.

    L’art d’Edward Hopper semble avoir été une grosse influence pour ce projet, non ?

    Raphaël : Pas directement. Même si j'adore ce peintre, je pense qu'il m'a nourri comme beaucoup d'autres artistes. La spécificité de On dirait le Sud était que le lecteur devait ressentir une sensation de chaleur étouffante. C'est pourquoi j'ai travaillé comme je le faisais en illustration, avec une attention particulière sur les modelés, les couleurs et les lumières. Ensuite, il fallait que les images restent lisibles, j'ai donc simplifié les formes à la manière des cubistes, en tendant les lignes comme peuvent le faire Albert Gleizes ou Jean Metzinger.

    J’adore le rythme palpitant et cette tension progressive dans la narration. Quelles autres sensations vouliez-vous que le lecteur éprouve ?

    Cédric : C'est une histoire sur le sentiment de communauté, donc il était important de croiser un certain nombre de trajectoires individuelles afin de donner une dimension plus "collective" au récit. En plus, j'aime assez l'idée de jouer avec la tension ou les contrastes qui peuvent naître du croisement de ces différentes histoires. Cela peut amener des effets comiques, comme dans la scène du bar du premier album où une discussion sur une pomme et Joe Dassin croise un échange sur les licenciements à venir dans l'usine locale, mais cela peut aussi créer une certaine distance et permettre de relativiser certains événements de la vie des personnages. Et puis, je pense aussi que cela correspond à une description réaliste du quotidien, où les destins individuels se croisent et s'entrechoquent en permanence. Enfin, là j'enfonce une porte ouverte… 

    Au regard de la multitude des pistes narratives de ce diptyque, on sent que vous auriez pu en faire une trilogie. Pourquoi avoir choisi de tout dire en deux tomes ?

    Cédric : Oui, c'est vrai que la matière narrative est riche et qu'elle aurait pu être développée sur trois tomes… En fait, pendant longtemps, nous avons pensé pouvoir réaliser un one-shot de 80-90 pages. Et puis, en écrivant le scénario du tome 1 j'ai compris que le récit allait sûrement devoir s'étaler sur plus de cent pages. Donc, comme nous pouvions difficilement présenter un one-shot de 100 pages couleurs (à l'époque, en 2006, c'était moins en vogue), nous avons opté pour le diptyque. Dramatiquement, cette construction en deux parties me convient très bien, puisqu'elle me permet de jouer sur des effets miroirs (certaines se répondent, d'un album à l'autre) et d'accentuer certaines ambiances (le tome 2 est plus sombre que le premier, ce qui était sous-jacent ou inconscient, finit par éclater au grand jour, etc). En trois tomes, la construction aurait sans doute été moins tendue et moins dramatique…

    Cette France d'il y a presque 40 ans sous microscope, la chanson de Nino Ferrer en bande-son, à quel niveau pensez-vous que la nostalgie joue un rôle dans ce diptyque ? 

    Cédric : Si, par nostalgie, vous entendez l'idéalisation d'une époque révolue ou l'ambition un peu folle de revivre le passé, je dirais qu'il n'y en a pas dans cette histoire. En tout cas, pas pour nous… Bien sûr, On dirait le Sud s'inscrit dans une époque lointaine et décrite avec une certaine précision, mais je crois que ce n'est pas l'aspect le plus important de ce récit. J'aurais même tendance à penser que cette histoire est beaucoup plus intemporelle qu'on l'imagine, a priori. Par exemple, l'idée du temps qui dure "plus longtemps" lorsque l'on est enfant est très répandue, finalement, et tout le monde peut s'y retrouver. Mais elle n'est pas spécifique aux années 70. La façon dont on aborde le passage du temps est toujours différente selon que l'on est enfant ou adulte. C'était vrai dans les années 70, ça l'était probablement déjà dans les années 20 et ça l'est, de toute façon, encore aujourd'hui. Donc je dirais plutôt que notre réflexion porte plus sur la vie en général que sur cette période en particulier. C'est pour ça que je pense qu'il n'y a pas vraiment de nostalgie… Mais rien n'empêche nos lecteurs de regarder cette époque avec leur propre sentiment nostalgique.

    Pensez-vous que la France 2013 est si différente de celle de 1976 ? Personnellement, je serais tenté de répondre par la négative...

    Cédric : Dans les rapports humains, non, évidemment. Mais à l'intérieur de l'entreprise ou dans la réflexion politique globale, oui, je pense. Déjà, il me semble que le simple fait que des gens comme Le Pen ou Sarkozy aient pu trouver une audience attentive chez les ouvriers est vraiment le signe d'un effondrement de la pensée et de l'engagement politique dans ce milieu. Comment un ouvrier peut-il imaginer que Sarkozy ou Le Pen aient réellement l'ambition ou le projet de servir ses intérêts ? Ça me dépasse complètement… En tout cas, je pense que ce renoncement politique et cet effondrement de la pensée ont considérablement déséquilibré les rapports de force à l'intérieur de l'entreprise. Certains patrons y ont gagné un pouvoir encore plus fort. Et beaucoup d'entre eux utilisent ce pouvoir accru pour mettre encore plus de violence dans les rapports qu'ils entretiennent avec le reste des forces vives de leur entreprise. La situation est très malsaine et ne donnera rien de bon.

    Croyez-vous que le syndicalisme commence à prendre un virage particulier sous la France de Giscard ?

    Cédric : Ouh là, je ne suis pas historien du syndicalisme, loin de là… Je ne sais pas si c'est vraiment lié au giscardisme. C'est Mitterrand qui a atomisé le PC, non ? Et puis, la société a beaucoup changé… Je pense que les changements de mentalité sont nés dans les années 80 et qu'ensuite ils ont accompagné l'ascension du FN et de Sarkozy dans le paysage politique français…

    A quoi aurait ressemblé la France si Michel Sardou, au lieu d’être en chanteur extrêmement populaire, avait été Président de la République ?

    Cédric : Sardou président ? Ça aurait été la guerre civile, non ? Voire la guerre tout court si l'on pense à des chansons comme "Les Ricains" ou au fameux "Temps des colonies"… Bien sûr, dans notre album, l'allusion à Sardou est avant tout une blague, mais il est vrai qu'il y a aussi un fond idéologique. Déjà parce que Sardou est quand même l'un des représentants de cette droite populiste et réactionnaire qui fait toute la fierté de la connerie française, et ensuite parce que "Je suis pour" est vraiment l'une des chansons les plus épouvantables que je connaisse. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment des radios ont pu accepter de diffuser un tel plaidoyer pour la peine de mort et un disque dans lequel sont prononcées des phrases comme  "J'aurai ta mort !" ou "J'aurai ta tête en haut d'un mât". Vous imaginez le tollé si un rappeur, quel qu'il soit, avait chanté des trucs pareils ?

    Nino Ferrer, c’est l’exact opposé de Michel Sardou ?

    Cédric : L'opposé, peut-être pas totalement, mais c'est très bien, en tout cas ! Non, en fait, je crois que Ferrer et Sardou sont surtout là pour ancrer le récit dans une forme de culture populaire française qui est, certes, liée aux années 70, mais qui a aussi une valeur intemporelle. C'est vrai pour "Le Sud", bien sûr, car c'est une chanson magnifique, magique, et qui traverse le temps avec une majesté incroyable, mais ça l'est aussi pour certaines chansons de Sardou qui, quoiqu'on en pense, sont quand même gravées dans l'inconscient collectif. Après, pour en revenir au "Sud" et donc au titre de l'album, je dirais aussi que, pour nous, il s'agit d'une allusion à la chaleur, bien sûr, mais aussi aux illusions que les personnages ont en tête. Le gendarme croit qu'il peut retrouver ici, dans le centre de la France, les victimes d'un tueur qui sévit dans le sud, et la population vit avec l'angoisse que font naître toutes ces disparitions ("La France a peur", comme disait Roger Gicquel). Et puis, il y a cette idée de la perception du temps ("Le temps dure longtemps…")  qui, selon moi, évoque aussi bien l'été (les journées plus longues, etc) que l'enfance. 

    Qu’est-ce qu’évoque pour vous l’Affaire Christian Ranucci qui tient ici une place importante dans le scénario ?

    Cédric : Disons qu'au-delà de l'injustice flagrante, puisque Ranucci n'était visiblement pas coupable dans l'affaire du "pull-over rouge", cette histoire nous permet surtout d'évoquer la question de la peine de mort et, donc, de son abolition. Or comme celle-ci est aussi associée au mitterrandisme et à l'arrivée de la Gauche au pouvoir, je trouvais que ça cadrait bien avec notre propos. Pour moi, l'abolition de la peine de mort correspond vraiment au passage d'un monde ancien et barbare à, disons, une forme de civilisation. Il n'est, d'ailleurs, pas étonnant que Sarkozy ait envisagé, dans certains discours, la possibilité de revenir sur cette abolition et de réinstaurer la peine de mort "dans certains cas". On voit bien que l'éveil des consciences n'est pas son souci principal… 

    A l’image d’autres destinées dans le livre, laisse-t-elle supposer que les boucs-émissaires font de bons salauds mais que les vraies pourritures s’en tirent toujours ?

    Cédric : J'espère que non. Mais, sinon, oui, je pense que la vie est globalement injuste. Et donc qu'une bonne injustice permet de rendre plus crédible, ou plus réaliste, le récit. En fait, l'injustice sonne "juste". Hum…

    Qu’est-ce que les coccinelles incarnent ici quand on sait qu’elles sont magnifiques, qu’on les appelle les bêtes à bon Dieu et qu’elles sont capables de se goinfrer de pucerons…

    Cédric : L'évocation des coccinelles est venue de quelques témoignages de personnes qui se souvenaient d'en avoir vues beaucoup pendant l'été 1976. Il paraît qu'elles accompagnent souvent les grandes vagues de chaleur… En ce qui me concerne, je les utilise surtout comme une métaphore de l'idéologie communiste, ou de l'engagement à gauche. Mais c'est très personnel… 

    Comment ressort-on d’une telle aventure lorsqu’elle occupe un tel pan de votre vie ?

    Cédric : Ben, pour nous, c'est presque une aventure de dix ans. Donc, oui, forcément, ça laisse des traces… Après, je crois qu'on ne peut pas encore se détacher de cette histoire, car on a beaucoup de choses à voir avec l'éditeur. L'indisponibilité du tome 1 est un vrai souci. Là, on revient d'une longue tournée de dédicaces et personne ne comprend… Les libraires, les lecteurs, les auteurs, tout le monde s'interroge.


    Quels sont vos futurs projets ? Avez-vous d’autres projets en commun ?

    Cédric : On travaille actuellement sur un projet de polar qui se situe dans les années 60. On en discute depuis un moment et je pense qu'on devrait le présenter d'ici quelques mois. On veut que cette histoire se limite à un seul tome de 80 ou 90 pages. Et elle ne paraîtra pas chez Delcourt.

    La première année très pluvieuse du quinquennat de François Hollande, pourrait-elle vous inspirer… ?

    Cédric : Non, je pense qu'on n'y voit pas assez clair. On est encore dans l'après-Sarkozy. Le changement n'est pas pour tout de suite, visiblement…


    Un chaleureux et radieux MERCI à Raphaël Gauthey (ici à gauche), à Cédric Rassat (ici à droite) ainsi qu'à l'incontournable Simon.

     


  • Nouveautés BD coups de coeur

    Voici en images quelques unes des BD coups de coeur de cette semaine !

    Photo 092.jpg

    Photo 091.jpg

    Photo 090.jpg

    Photo 089.jpg

  • Journal d'un journal (Mathieu Sapin) - Chroniques de Guillaume #47

     

    journal-un-journal.jpgJournal d'un journal de Mathieu Sapin

     

    Editions Delcourt - 14,95 €

     

    Encore une feuille de chou pour Mathieu Sapin que nous connaissions par ses histoires loufoques et rocambolesques, peuplées de personnages naïfs, tantôt adressées à la jeunesse (La fille du savant fou, Akissi…) tantôt à un public beaucoup plus adulte (Le journal de la jungle, Supermurgeman). Plus récemment, celui-ci s’est attelé à la forme « journal » avec Feuille de chou, deux volumes relatant les coulisses du film de Joan Sfar sur Gainsbourg.

     

    Avec Journal d’un journal, Mathieu Sapin renouvelle l’expérience en furetant dans les locaux du quotidien Libération durant la période de passation de pouvoir entre Laurent Joffrin et Nicolas Demorand. Son ton, candide et curieux, permet au lecteur d’adopter immédiatement le point de vue du dessinateur en assistant avec plaisir aux conférences de rédaction, en se perdant dans le dédale des bureaux ou en écoutant les anecdotes étonnantes qui jalonnent l’histoire de ce monument de la presse écrite.

     

    Une lecture à compléter avec le blog http://journaldunjournal.blogs.liberation.fr/sapin.

     

    9782756027364_4.jpg

  • Bienvenue à HoxforD (Ben Templesmith) - chronique de Florian #

    Bienvenue à HoxforD de Ben Templesmith (Delcourt - 14.95 €)

     

    bienvenue-a-oxford-24-ao.jpg

    Bienvenue dans la charmante vie de Raymond Delgado alias Ray. Ce personnage, qui semble, dès les premières pages des plus sympathiques, est un vrai dérangé, un pur psychopathe. Il est également un peu cannibale. Cela n'arrange rien...

    Les raisons de sa folie sont multiples : il a connu une enfance plus que difficile, il n'a pas supporté son passé militaire et peu à peu il a sombré et développé une irrépressible envie de mordre et de massacrer les personnes qui l’entourent. Alors qu’il séjourne en prison son codétenu va malencontreusement finir en jouet vivant (puis un peu moins vivant) pour notre monstre.

    De là il est envoyé avec une poignée de détenus "ingérables" dans une prison privée partenaire de l’Etat pour résoudre quelques problèmes carcéraux. Tout à fait unique en son genre, elle est gérée par du personnel russe qui maintiennent l’ordre à l'aire de méthodes … radicales. Ils parviennent ainsi à mater la grande majorité des détenus. Un seul semble se plaire dans cet environnement hostile... 

     

    oxford-p-2bbc025.jpg

     

    Ben Templesmith signe après les excellents 30 jours dans la nuit et Wormwood un nouvel album froid, dégoutant, avec un dessin un peu plus travaillé. Il nous plonge dans cet univers malsain, sanguinolent, pour notre plus grand plaisir.

    Encore un très bon album à dévorer !


  • Quatre soeurs t01 Enid (Cati Baur & M. Ferdjoukh) - chronique de Simon #88

    Quatre soeurs T01 Enid de Malika Ferdjoukh & Cati Baur (Delcourt)

    51aZH-UxbHL._SS400_.jpg

    Après un beau succès en roman jeunesse à l’École des Loisirs, revoici les cinq sœurs (oui, elles sont cinq en fait) Verdelaine en bande dessinée. « Chouette ! on se dit, c’est toujours agréable de retrouver des personnages que l’on a aimés. Mais vient rapidement la grande question : Quelle tête vont avoir nos cinq héroïnes ? Car évidemment, ces cinq sœurs, Enid la plus jeune, Charlie l’ainée, Geneviève, Bettina et Hortense, on se les ai imaginées, figurées, habillées tout au long des quatre romans de Malika Ferdjoukh. Et chaque lecteur en a une vision différente. Le défi à relever était donc de taille pour Cati Baur, l’illustratrice. Et il faut avouer qu’elle s’en sort plus que très bien dans cet exercice. Le style du dessin déjà, correspond parfaitement à ce type d’histoire : Vivant, léger. Il correspond bien aux histoires doucement déjantées de ces filles. Dans l’adaptation également de l’histoire, le découpage est bien réalisé. On retrouve ce petit ton légèrement impertinent et quelque peu mystérieux du récit original. Elle confirme donc ici tout le bien que l’on pouvait penser d’elle après son très beau roman graphique Vacance (Delcourt).

    Cette adaptation est une vraie réussite et devrait satisfaire aussi bien les (déjà) amoureux des sœurs Verdelaine que les nouveaux venus.

    51n8x0NwThL._SS400_.jpg

    515DH-WMuwL._SS400_.jpg

    517JjMP3FML._SS400_.jpg

    et le blog de Cati Baur, c'est ici

  • On dirait le sud T01 (Cédric Rassat et Raphaêl Gauthey) - nos clients vous parlent de leurs lectures #12

    lesud-t1-couv_s.jpgOn dirait le sud T01 Une piscine pour l’été
    Cédric Rassat (Scénario)
    Raphaël Gauthey (dessin)
    Delcourt


    « On dirait le sud, le temps dure longtemps » et en effet, c’est une étrange sensation de temps suspendu qui plane sur ce premier épisode de la série de Rassat et Gauthey, « une piscine pour l’été ».Un état d’apesanteur généré par la canicule qui plombe la France de 1976. Dans un village méridional, un syndicaliste intègre et ambigu, des membres d’une famille en décomposition, patrons et ouvriers se croisent. En toile de fond, la ronde quotidienne des hélicoptères et d’inexplicables disparitions d’enfants pouvant faire écho à l’affaire Ranucci, tollé politique qui annoncera la fin de la peine de mort. Cette chronique sociale et familiale nous replonge dans une période charnière qui laisse derrière elle les illusions du système libéral et qui annonce la fin des trente glorieuses. Une atmosphère étouffante restituée par le magnifique dessin de Gauthey qui n’est pas sans rappeler le réalisme des toiles de Hopper, où les lignes fortes tendent à montrer la profondeur psychologique des sujets.

     

    chronique réalisée par Séverine Tauzia

  • Une sacrée mamie - chronique de Simon #51

    sacree_mamie_01.jpgUne sacrée mamie

    Yoshichi Shimada & Saburo Ishikawa

    Delcourt Akata - 7,50 €

     

    Akihiro est un môme de 8 ans qui va vivre une séparation assez brutale. Manquant cruellement de ressources pour élever seule ses deux fils, sa mère prend la terrible décision de se séparer du plus jeune des deux et de l’envoyer vivre à la campagne chez sa grand-mère. Akihiro doit donc quitter la grande ville, Hiroshima, qu’il connaît depuis son enfance pour la campagne la plus radicale et une vieille maison branlante où vit sa grand-mère. Le changement est radical et son adaptation n’est pas facilité par la grand-mère qu’il trouve étrange. On comprend rapidement que cette dernière est très pauvre elle aussi et qu’elle ne vit que par un système de combines et de trouvailles plus ingénieuses les unes que les autres. Pour Akihiro, elle devient vite une « sacrée mamie »…

    Adapté d’un récit autobiographique, ce manga réussit à montrer le contraste, très important, qui existait dans les années 50 entre le Japon rural et urbain. On y découvre une vie à la campagne rude et délicate mais pleine d’humanité et d’entre aide. Plus que l’intrigue, ce sont vraiment les rapports humains qui priment dans cette histoire. Ce premier volume nous rappelle l’ambiance que l’on pouvait trouver dans Nononbo (primé à Angoulème en 2008) de Mizuki Shigeru et augure d’une série émouvante, tendre et drôle.

  • Je mourrai pas gibier (Alfred) - chronique de Simon #46

    51UOkQpZtCL._SL500_AA240_.jpgJe mourrai pas gibier

    Alfred
    Mirages, Delcourt - 14,95 €


    Le pari était risqué : adapter le roman choc Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud ne se ferait pas facilement. Pourtant, à la lecture de la bande dessinée d’Alfred, il ressort comme une évidence, sans aucun doute due au talent du dessinateur. Il faut dire que ce dernier nous avait déjà bien bluffé avec Pourquoi j’ai tué Pierre, aux éditions Delcourt, une BD où Alfred mettait en image avec une distance, un respect et une émotion intense l’histoire d’Olivier Ka. Pour le projet Je mourrai pas gibier, Alfred raconte qu’à la lecture du roman de Guillaume Guéraud, c’est un vrai choc émotionnel qu’il a reçu. On peut tout à fait le comprendre puisque pour les mêmes raisons nous lui avons attribué le Prix Sorcières dans la catégorie roman ado. Cela est très bien mais ensuite… que faire de ce roman, si percutant, si cru, si direct ? Comment l’adapter en images tout en préservant la force d’un texte sans concession ? C’est le pari que s’est fixé Alfred et on doit dire qu’il l’a admirablement relevé. L’ambiance est parfaitement retranscrite (il faut saluer ici le travail de coloriste d’Henri Meunier). L’histoire se déroule à Mortagne. Mille deux cent dix-neuf habitants et deux clans : ceux qui travaillent dans le bois (la scierie Listrac) et ceux qui sont à la vigne (le château Clément). Entre les deux groupes, une haine insurmontable, une bêtise atavique partagée, même si quelques personnages ne prennent pas parti. C’est le cas de deux des acteurs centraux de l’histoire. Il y a d’abord le narrateur, qui ne veut pas de cette vie et a choisi de partir. Il va malgré tout disjoncter et être poussé à commettre l’irréparable. Et puis il y a Terence, l’attardé gentil, trop sans doute, pas à sa place dans ce village et sur qui vont se défouler les abrutis de l’histoire… jusqu’à un point de non retour.
    À la lecture de cette bande dessinée se produisent les mêmes réactions chimiques qu’à la lecture du roman. L’adrénaline monte peu à peu, un frisson vous parcourt l’échine jusqu’à la brutale réalité, le fait divers improbable qui arrive et détruit tout. Comme l’écriture de Guillaume Guéraud est très cinématographique, elle s’adapte très bien en bande dessinée. Ici, les phrases sont courtes, les plans s’enchaînent les uns après les autres dans un souffle de plus en plus court. Le dessin au fil des pages se fait de plus en plus nerveux, plus lâché, dans un parfait accord avec la montée de tension que subit le personnage. La chute est terrifiante, même quand on la connaît et, pour cela encore, Alfred a trouvé les bonnes réponses graphiques imposées par le rythme du récit…
    Cette histoire parvient donc à nous scotcher à notre siège pour la seconde fois. Elle vous invite par ailleurs à pénétrer dans l’univers graphique d’un auteur illustrateur de grand talent.

  • Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde - Chronique de Guillaume #18

    9782756011202p.jpg

    Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde

    Stanislas Gros (scénario et dessin) – Laurence Croix (couleurs)

    Delcourt collection Ex-libris – 11.50 €

     

    Ex-libris, une collection récente et pourtant déjà bien étoffée regroupe de grandes œuvres littéraires adaptées en bande dessinée. Elle sert également accessoirement de tremplin pour les éditions Delcourt pour de jeunes auteurs ayant peu ou pas publié.

    Petit rappel de l’histoire : Dorian Gray, jeune dandy anglais aussi beau que narcissique, fait faire son portrait par un peintre qui va rendre à la perfection sa beauté. La réussite est telle que le tableau se met à vieillir à la place du jeune homme dont la beauté éternelle n’aura d’égale que sa laideur intérieure...

    Stanislas Gros, ayant déjà officié en reprenant Le Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo pour sa première bd publiée, nous livre cette fois une très bonne version bd du Portrait de Dorian Gray. Son dessin épuré, un bon travail des couleurs, les petites touches « art déco » habilement dispensées et le scénario fidèle servent parfaitement l’histoire fantastique et tragique d’Oscar Wilde.

    C’est donc décidé, on gardera un œil intéressé sur le parcours prometteur de Stanislas Gros.