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chroniques de Guillaume - Page 3

  • Les Magiciens (Lev Grossman) - Chronique de Guillaume #39

    magiciens.jpgLes Magiciens


    Lev Grossman


    L’Atalante – 23.50 €


    Les Magiciens n’est pas un remake de Harry Potter ni du Monde de Narnia ou encore du Seigneur des Anneaux. S’il s’en inspire et Lev Grossman ne le nie en aucune manière, c’est pour bâtir un socle mythologique suffisant pour aller au-delà des champs largement dominés par ses trois œuvres majeures.

    Pour cela, en plus d’une plume et une inventivité remarquable, Lev Grosman a simplement incorporé un ingrédient diablement efficace dans la tête de ses personnages : une psychologie réaliste et fort contemporaine.

    En effet, si les héros habituels font plus ou moins bonne figure en découvrant les mondes incroyables dont ils ignoraient l’existence avant le début du bouquin, les personnages des Magiciens – et en particulier Quentin, le « héros » –  font ce que n’importe lequel d’entre nous ferait : péter les plombs. Et pour assumer des pouvoirs que l’on tire aux forceps de leur corps et de leur âme (c’est un euphémisme !), ils ont recours à des remèdes très classiques comme notamment une consommation plus qu’excessive d’alcool sous toutes ses formes.

    Si on ajoute à tout cela l’asociabilité avérée des personnages et un scénario pas piqué des vers (peut-être un poil tordu par moments), il serait bien étonnant que Quentin et ses amis sortent indemnes des quelques cinq cents pages d’un livre que vous aurez bien du mal à refermer.

  • La Compagnie des menteurs (Karen Maitland) - Chronique de Guillaume #38

    la-compagnie-des-menteurs-karen-maitland.jpgLa Compagnie des menteurs

    Karen Maitland

    Sonatine - 22€

    Dans une Angleterre du XIVème siècle ravagée par la peste, neuf parias, uniquement liés par leur exclusion, tentent de fuir l’épidémie mais aussi et surtout le terrible destin que leur attribue les runes et que leur rappelle les hurlements du loup qui les suit…

    Un thriller historique qui remue les bas-fonds médiévaux pour exhaler le parfum putride de l’Apocalypse. La pourriture n’est pas seulement dans les corps mais bien d’avantage dans cette religion inquisitrice et cruelle à la poursuite de ses éternels boucs émissaires.  D’autant plus que le Mal n’est certainement pas là où elle le croit.

    Peut-être quelques petites longueurs dans ce roman mais quelle plongée dans les profondeurs du Moyen Age et surtout, surtout, quel dénouement !

  • La Première Loi tome 2 Déraison et sentiments (Joe Abercrombie) - Chronique de Guillaume #37

    Deraison_et_sentiments.jpgLa Première Loi tome 2 Déraison et sentiments

    Joe Abercrombie

    Pygmalion Fantasy - 19.90€

    Prise entre deux fronts au Nord et au Sud, l’Union, décadente, est plus que jamais menacée par de puissants ennemis. C’est dans ce maëlstrom précèdant la guerre totale que nous retrouvons avec joie d’un côté, notre « sympathique » inquisiteur Glotka, d’un autre, nos rudes guerriers du Nord et sur une troisième voie, la troupe formée par l’inquiétant mage Bayaz. Nul doute que leurs quêtes ne seront pas si divergentes que cela…

    Il aura fallu attendre deux ans et demi pour enfin pouvoir lire la suite de la trilogie de Joe Abercrombie parue initialement chez J’ai lu sous le titre L’Eloquence de l’épée puis rééditée chez Pygmalion avec un autre titre La Première loi tome 1 Premier sang. Au-delà de ces quelques cafouillages éditoriaux, ce second volume ne déçoit pas. Au contraire, le souffle du premier tome gagne en vigueur et nous pousse immanquablement à enchaîner les chapitres avec fébrilité. Outre la richesse et l’empathie des personnages déjà rencontrés deux ans plus tôt, c’est l’intrigue, multiple, qui se fait plus dense, plus précise et nous tient au ventre. Passant allègrement de la bataille sanglante au complot politique en passant par le siège destructeur avant de revenir à une nouvelle escarmouche, Abercrombie joue avec habileté avec son lecteur en changeant régulièrement de point de vue et en maniant parfaitement le rebondissement.

    Bref, une fantasy bien noire, peut-être quelques clichés mais un scénario magistral, épicé d’une pointe de violence voire de gore et, ô surprise ! , d’un soupçon de nobles sentiments.

  • Chien du heaume (Justine Niogret) - Chronique de Guillaume #36

    chien-du-heaume-229x350.jpgChien du heaume

    Justine Niogret (qui ne viendra pas à la librairie finalement pour cause de déménagement lointain... snif  mais le livre est super quand même)

    Editions Mnémos

    Grand Prix de l'Imaginaire Etonnants Voyageurs 2010, Prix Imaginales 2010

     

    Un roman médiéval coup de poing avec ce qu’il faut de fantastique pour définitivement envoûter son lecteur ! Rien de moins.

    D’abord, l’écriture, car c’est elle qui fait briller ce bouquin : Justine Niogret, avec ce premier roman, impressionne déjà par son « faux » style médiéval à la fois puissant et poétique. Elle a su distiller sans lourdeur expressions et vocabulaire du Haut Moyen-Age, créant une atmosphère entre rêve et mythe et montrant une maîtrise digne des meilleurs conteurs.


    L’histoire proprement dite n’est pas en reste. Chien du heaume est une mercenaire aguerrie et c’est son point de vue dur, plein d’amertume et sa quête fort originale que nous propose de partager Justine Niogret. Ce qu’elle cherche, ce n’est ni un trésor fabuleux, ni une arme épique encore moins un ennemi indestructible. Non, ce qu’elle voudrait par-dessus tout, c’est tout simplement connaître son véritable nom, celui que portait la petite fille qu’elle était et qu’elle a totalement oubliée. Et cette quête va passer par des rencontres, autant de personnages troublants de vraisemblan
    1191.jpgce dans un hiver sans fin.

    Enfin, en dessert, une postface délicieusement ironique de l’auteur pour totalement tomber sous le charme et piaffer d’impatience en attendant son prochain bouquin (ses deux prochains, dit-on de source sûre).

     


  • Le Rayon de la mort (Daniel Clowes) - Chronique de Guillaume #35

    rayon de la mort.jpgLe Rayon de la mort

    Daniel Clowes

    Editions Cornelius

     

    Andy, un ado solitaire vit avec son grand-père malade, la seule famille qui lui reste. Sa morne vie change du tout au tout le jour où il découvre par hasard que fumer des cigarettes lui procure des super pouvoirs. Poussé par Louie, son ami non moins looser, il engage une inepte croisade à l’affût de toute manifestation du Mal, quitte à le provoquer par lui-même.

    Le Rayon de la mort s’inscrit dans la fameuse série Eightball (David Boring, Ghost World…) où Daniel Clowes nous croque avec un humour au vitriol une Amérique désenchantée et caricaturale au sein de laquelle se débattent des personnages tous plus paumés les uns que les autres. Il s’attache cette fois-ci à nous montrer une adolescence en mal d’idéaux et de sensations fortes, rêvant d’échapper à la vie ennuyeuse à mourir de leurs aînés mais n’arrivant qu’à s’échouer dans l’absurde. Clowes s’empare avec bonheur du personnage du super héros, cette indéniable allégorie de l’adolescent, en lui ajoutant sa touche acide caractéristique.

    Bref, un dessin impeccable, un scénario jouissif, du très bon Clowes…

  • L'Empoisonneuse (Meter / Yelin) - Chronique de Guillaume #34

    empoisonneuse.jpgL'Empoisonneuse

    Peer Meter / Barbara Yelin

    Actes Sud - l'An 2

     

    L’Empoisonneuse relate l’histoire authentique de Gesche Margarethe Gottfried, une brêmoise qui, sur vingt années, tua par le poison une quinzaine de personnes et en rendit malade des dizaines d’autres. La narratrice, une jeune femme écrivain venue de Londres, est entraînée dans l’euphorie malsaine qui gagne Brême du fait de l’exécution prochaine de la tueuse. A sa grande horreur, elle découvre une ville, pourtant de réputation libérale, complètement arc-boutée sur des valeurs autant misogynes que petites-bourgeoises…

    Ce célèbre fait divers allemand, mis en relief par la narration fluide de Peer Meter, spécialiste de ce fait historique, est sublimé par le dessin crayonné souple et expressif de Barbara Yelin, dont on avait pu découvrir le talent dans Le Visiteur ou Le Retard, déjà publiés en France par l’AN2.

    Un génial roman graphique qui témoigne d’une époque qui confronte idées libérales et conservatisme réactionnaire.

  • Pour l'empire T01 (Bastien Vivès & Merwan Chabane) - chronique de Guillaume #33

    1269437401.pour_empire.jpgPour l’empire T01 L’honneur

    Bastien Vivès, Merwan Chabane
    Poisson Pilote, Dargaud - 9,95 €

    Pour L’Empire, c’est la devise d’une troupe de soldats d’élite qui a tout d’une escouade romaine. Mais les liens que l’on est tenté de faire avec Rome s’effilochent très vite tandis que se tisse une aventure hors-du-temps. En effet, ces hommes redoutables, véritables demi-dieux, s’en vont explorer des terres inconnues qui ont tout l’air d’être celles du mythe…

    Vivès, dont on connaissait déjà le talent pour des histoires de vie (Le Goût du chlore, Amitié étroite…), et Merwan, qui, lui, a déjà donné dans le très bon péplum avec notamment Fausse garde chez Vents d’ouest (initialement paru sous le nom de Pankat), unissent leurs plumes pour un premier tome remarquable autant par le dessin que par le scénario. Au travail de ce duo s’ajoute la superbe patine conférée par la couleur, tout en bronze et rouge sang, de Sandra Desmazières.

    Deux autres tomes sont déjà annoncés (le second pour août) pour cette trilogie d’ores et déjà enthousiasmante.

  • Pluto de Naoki Urasawa & Osamu Tezuka - chronique de Guillaume #32

    Pluto-kana-1_m.jpgPluto (2 tomes parus sur 8)
    URASAWA Naoki
    TEZUKA Osamu

    Kana


    Naoki Urasawa a déjà conquis les amateurs de manga avec deux séries cultes (20th century boys et Monster, respectivement chez Panini et Kana). Sa nouvelle série, Pluto, qui comptera 8 tomes, aura à coup sûr un succès au moins équivalent !

    Urasawa s’inspire ici très librement de deux épisodes du personnage mythique de Tezuka, Astro, le robot le plus fort du monde. On y suit l’énigmatique inspecteur Gesicht (personnage secondaire de la série initiale) qui va enquêter sur les disparitions successives des robots les plus puissants de la planète. Au fur et à mesure des recherches et surtout des rencontres de Gesicht (qui est lui-même un robot), la menace qui plane sur les robots se fait de plus en plus pesante, l’émotion plus prégnante, le mystère plus épais.

    Encore une fois, Urasawa s’empare du lecteur dès les premières pages grâce à une puissance narrative hors-du-commun et grâce à des personnages aussi riches qu’attachants.

  • Les épées de verre T01 - chronique de Guillaume #31

    CouvertureFinale.jpgLes épées de verre T01 Yama

    Scénario : Sylviane Corgiat

    Illustrations : Laura Zuccheri

    Les Humanoïdes Associés - 12,90 €

    Un premier tome très prometteur pour cette histoire de fantasy plutôt classique : un monde sous la domination d’un ordre chevalier cruel voit son soleil s’éteindre petit à petit ; une jeune fille, Yama, dont le père meurt en héros face au tyran jure de le venger et se voit entraînée par la même occasion dans la quête qui pourrait sauver sa planète…

    La narration de ce conte dessinée tient très bien la route et on est rapidement sous le charme du dessin de Laura Zuccheri, qui, pour sa première bande dessinée, risque de faire une entrée très remarquée. On pense à Léo (Les Mondes d’Aldébaran) ou encore à Miyasaki sans aucun mauvais plagiat ! L’expressivité des personnages, l’inventivité du bestiaire et la fluidité des scènes d’action a de quoi laisser pantois.

    Vivement le second tome pour cette série qui en comptera cinq.

  • La Religion (Tim Willocks) - Chronique de Guillaume #30

    517QqU8g2YL__SL500_AA240_.jpgLa Religion

    Tim Willocks

    Editions Sonatine - 23 €

    La Religion, c’est le nom que se donne eux-mêmes les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean, cet ordre de moines guerriers  qui va se retrouver au cœur du conflit entre les armées musulmanes de Soliman et la Chrétienté du milieu du XVIème siècle. Retranchés à Malte, les chevaliers – et, par ricochet, la population maltaise – vont subir un des plus terribles sièges de l’Histoire. Chaque camp, pris dans le tourbillon du fanatisme le plus aliénant, va rivaliser dans la cruauté et l’atrocité pendant près de trois mois.

    C’est dans ce contexte particulièrement sanglant que Matthias Tannhauser, mercenaire pris entre deux cœurs et deux camps, va poursuivre une quête impossible à la recherche d’un jeune garçon, avec pour ennemi juré un inquisiteur psychopathe…

    La Religion est un terrifiant roman d’aventures. Terrifiant, car il nous entraîne vers le jusqu’auboutisme fanatique et ce que l’humanité a de pire et, curieusement, ce qu’elle a aussi de plus fascinant. Terrifiant également, car Tim Willocks, en agitant des faits pourtant vieux de cinq cents ans, met en relief des situations étrangement contemporaines. Mais au-delà de cette projection des folies religieuses, La Religion est un superbe roman épique, dans la lignée des plus grands du genre. Tim Willocks ne lâche jamais son lecteur et le guide avec érudition. L’intrigue, souple, connaît de multiples ressorts et les personnages sont doués d’une empathie extraordinaire.

    Tout lecteur avide de grande épopée – et doté si possible d’un estomac bien accroché – trouvera son bonheur dans ce formidable pavé !

     

  • Gagner la guerre (Jean-Philippe Jaworski) - Chronique de Guillaume #29

    gagner la guerre.gifGagner la guerre

    Jean-Philippe Jaworski

    Les Moutons électriques - 28 €

     

    Si vous aviez cru (par exemple en lisant ma dernière critique) que Le Nom du vent, l’excellent roman de Patrick Rothfuss, était le roman de fantasy de l’année, veuillez accepter mes plus humbles excuses car c’était sans compter sur la lecture de Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski aux remarquables éditions du Mouton Electrique, qui vont sans doute par le succès fort probable de cet ouvrage se voir récompensées de leur contribution pointue au paysage imaginaire français.

    Déjà détenteur du prix du Cafard Cosmique pour son recueil de nouvelles Janua Vera dont une relatait déjà les élucubrations crapuleuses de Don Benvenuto, Jean-Philippe Jaworski récidive avec notre redoutable tueur à gages dans ce pavé qui fera date. Tout au long de cette épopée au suspense précoce qui vire sur la fin à l’insoutenable, Jaworski nous éblouit d’une plume acérée plongée dans une encre au vitriol. Jamais il n’épargne son lecteur comme en témoignent de fort violentes descriptions anatomiques pratiquement dès l’entame. Son souci maniaque du détail déclenche une complète immersion dans un univers fantastique immense et complexe, empruntant son contexte à la fois à l’Antiquité romaine ou grecque et au Moyen-Age occidental ou moyen-oriental et ce, sans pour autant freiner l’action galopante.

    L’intrigue très bien menée se noue et se dénoue au gré de manœuvres politiques, de complots crapuleux et de règlements de comptes scabreux, presque toujours aux dépends de Benvenuto qui en subit cruellement les conséquences. Rarement héros n’a autant souffert ! On lui pardonnerait presque les horreurs qu’il commet sans états d’âme et on admire ses coups d’éclat.

    Bref, Gagner la Guerre a tout ce qu’il faut pour devenir une pièce maîtresse de la fantasy française, dans une parfaite illustration du proverbe «  A salaud, salaud et demi… »

  • Le nom du vent (Patrick Rothfuss) - chronique de Guillaume #28

    9782352942832.gifLe nom du vent

    Patrick Rothfuss

    Bragelonne - 30 €

     

    Premier tome de la trilogie « Chronique d’un tueur de roi », Le Nom du vent est un incroyable pavé possédant le pouvoir peu commun d’empêcher tout lecteur de le refermer une fois ouvert. Tous les ingrédients y sont : une narration mise en abyme savamment rythmée, un suspense insoutenable, des personnages attachants, une histoire d’amour à épisodes inattendus, des méchants plus que mystérieux… Rien n’est épargné au lecteur qui battra sur ce livre tous ses records de vitesse de lecture.

    Située dans un univers médiéval fantastique relativement classique, l’histoire que nous conte le narrateur, également personnage mythique de ce monde dangereux, est l’histoire de sa propre vie. Dans cette première partie, Kvothe, notre héros étrangement devenu tavernier dans un village reculé, évoque son éducation, de celle de ses parents jusqu’à l’Université. Excellant dans tous les domaines, des arts du combat à la magie en passant par les arts lyriques, on devine déjà de quelle extraordinaire étoffe l’adulte sera fait.

    Un régal dont la seule amertume est de voir venir inexorablement les dernières pages en sachant que la suite n’est pas prévue avant 2010.

  • Aagun (Thierry Dedieu) - chronique de Guillaume #27

    9782020996136.gifAagun

    Thierry Dedieu

    Seuil jeunesse - 15 €

    Une petite tribu subit les attaques incessantes de ses féroces voisins, les Hounks, qui pillent sans vergogne leurs maigres réserves. Ses membres décident alors de faire appel à la protection du seigneur Batoor. Ce dernier leur octroie son fidèle lieutenant Aagun, dont la réputation n’est plus à faire. Quelle n’est pas leur surprise lorsque, contrairement à leurs attentes, Aagun leur ordonne de donner le reste de leurs réserves aux Hounks. Pire, il va ensuite leur demander de continuer à approvisionner leurs ennemis…

    Aagun est un petit conte philosophique très intelligent, accessible aux premiers lecteurs. Il traite de la ruse comme dans un conte oriental, mais aussi de l’illusion du rapport de maître à esclave. Mais ce qui éblouit dans cet album tient bien dans son illustration. Inspiré par les travaux du peintre Zhou Shao Hua et de Fabienne Verdier, à laquelle ce livre est dédicacé, Dedieu fait surgir comme par magie ses fragiles personnages d’imposants encrages calligraphiques. Les sentiments, les mouvements suggérés en tirent une force remarquable.

    Dedieu est décidément un conteur et explorateur graphique des plus audacieux et des plus talentueux.

  • Guide de survie en territoire zombie (Max Brooks) - Chroniques de Guillaume #26

    guide_zombie.jpgGuide de survie en territoire zombie

    Max Brooks

    Calmann-Levy - 17 €

    Enfin en librairie ! Le livre indispensable en ces temps d’incertitude mondiale vient d’arriver sur nos tables. Vous y découvrirez de manière exhaustive ce qu’il faut savoir en cas d’épidémie zombie : la nature et la cause du phénomène zombie, les comportements à adopter, les lieux où se réfugier et ceux à éviter à tout prix, les armes adaptées et les moyens de transports appropriés…

    Bref, ce livre sera votre plus sûr compagnon lorsque vos proches commenceront à vous regarder bizarrement en émettant un râle guttural caractéristique. Ne venez pas vous plaindre une fois mordu, il sera déjà trop tard et on vous aura suffisamment prévenu.

  • Eightball (Daniel Clowes) - Chroniques de Guillaume # 25

    images.jpgEightball

    Daniel Clowes

    Cornelius - 20 €

    Daniel Clowes s’est fait connaître notamment par son chef d’œuvre adapté au cinéma, Ghost World. Son dessin impeccable, sa narration juste et incisive, ses atmosphères prégnantes ont fait de lui une figure majeure de la bd indépendante américaine. Pour notre plus grand bonheur, les remarquables éditions Cornélius rééditent ses premières productions dans un volume : 20th Century Eightball. Dans de petites histoires dépassant rarement les 3 pages, on y découvre un Clowes provocateur, se mettant en scène et apostrophant le lecteur. Qu’il évoque les affres de son métier, détaille avec une acidité les mille défauts de ses contemporains ou explique comment les sports ne sont que de lamentables substituts sexuels, Clowes excelle dans la surenchère cynique. Bref, 20th Century Eightball n’est pas une oeuvre de jeunesse anecdotique mais bien une bd où le maître fait déjà preuve d’un immense talent

  • [Zêta] Le souffle du ciel - chronique de Guillaume #24

    41sxxMvMzvL._SL500_AA240_.jpg[Zêta] Le Souffle du ciel

    David Klass
    Traduction Julien Ramel
    15 – 20, Intervista - 15,90 €

    Après avoir découvert sa véritable identité ainsi que les enjeux qui y sont liés, Jack Williamson, notre jeune héros, a su déjouer dans le premier tome les plans de l’ennemi visant à l’éliminer. Cette fois-ci, cependant, ce n’est plus sa vie qui est en jeu mais celle de sa fiancée, Pee Jay, enlevée par l’Armée des Ombres. Là commence une course-poursuite jusqu’au cœur de l’Amazonie pour notre héros, toujours accompagné de son loufoque chien télépathe. Face au Roi Noir, ivre de vengeance, il va devoir tout faire pour protéger non seulement la vie de son tendre amour mais aussi la pérennité de la forêt primaire. Pour cela, il va pouvoir compter sur des renforts locaux pour le moins efficaces…

    Ce deuxième volet de La Trilogie du Gardien, mené tambour battant à l’instar du premier volume, parvient tout autant à entraîner le lecteur dans une aventure qui mêle habilement action et humour décalé tout en évoquant avec une certaine profondeur la fragilité des équilibres environnementaux.

    Suite et fin en 2009 !

  • La terre respire - chronique de Guillaume #23

    9782352890362.jpgLa Terre respire

    Texte de Guia Risari

    Illustrations Alessandro Sanna

    MeMo - 18 €

    Deux frères, surpris d’entendre les battements de cœur du monde, vont en parcourir l’immensité et s’émouvoir de sa beauté, de sa diversité mais aussi de sa fragilité.
    Un hymne d’une rare poésie à la splendeur de notre planète. Des aquarelles superbes qui soulignent avec délicatesse les textes simples et émouvants. Un petit bijou…

  • La vieille Chéchette - chronique de Guillaume #22

    9782226186157.gifLa vieille Chéchette

    Louise Michel
    Illustrations Stéphane Blanquet
    Albin Michel Jeunesse - 12,90 €

    Tout le monde connaît la Vieille Chéchette qui habite depuis toujours au fond du bois. On la tolère plus ou moins tant qu’elle ne s’approche pas trop. Les enfants lui jettent des pierres mais certains lui donnent à manger quand elle a trop faim. Cependant, malgré son extrême marginalité, La Vieille Chéchette n’est pas dénuée de sentiments et va le prouver par le plus grand sacrifice.

    Un texte écrit par Louise Michel, alors jeune institutrice, dans lequel on ressent déjà le profond engagement « politique ». L’illustration de Blanquet (on adore ! en bichromie et silhouettes noires torturées creuse encore un peu plus l’aspect cruel et sordide du conte.

    Un très bel album pour les grands.

  • Créacité - chronique de Guillaume #21

    9782745934611.gifCréacité

    Koen De Poorter, Pieter Gaudesaboos
    Traduction Charlotte Fierens
    Milan - 13 €

    Un bûcheron et ses fils, Loïc, Thomas et Simon, vivent heureux dans le Bois de Bougeotte. Un jour, l’aîné, Loïc, poussé par son père à ses 18 ans, quitte sa forêt familiale pour vivre sa vie. Il marche sans s’arrêter jusqu’à trouver un poireau solitaire à partir duquel il va construire les bases d’une ville entière. Tout comme lui, ses deux frères vont, chacun leur tour, construire leur ville selon leur personnalité…

    Une histoire en trois parties distinctes étonnamment mise en relief par une mise en page originale ainsi qu’une illustration très colorée et extrêmement détaillée dont le graphisme n’est pas sans rappeler certains jeux vidéo de construction urbaine.

    Un petit coup de cœur en particulier pour la très drôle « ville-poireau » de Loïc qui ressort de cet album hors norme pour architectes en herbe.

  • Pinocchio - Chronique de Guillaume #20

    9782849610671.gifPinocchio

     

    Winshluss

     

    Les Requins Marteaux - 30€

     

    Ces derniers mois ont connu une moisson sans précédent d’adaptations en bande dessinée de grandes œuvres de la littérature. Ce recours un peu trop systématique aux grands noms littéraires a parfois semblé servir d’alibi à la faible notoriété des dessinateurs (rarement au manque de talent) et a donc conduit à une prise de risque minimale vis-à-vis du texte original. C’est dans ce contexte qu’arrive Winshluss avec un Pinocchio explosif qui, s’il dynamite allègrement l’histoire de Collodi, en transfère néanmoins avec virtuosité et déliquescence son côté subversif dans un univers pervers et pourri. Navigant entre une flopée de salauds de la pire espèce, on y découvre un Pinocchio robotique avec, confortablement installé dans sa tête un odieux Gemini en écrivain raté et alcoolique. Enchaînant les épisodes de quelques pages avec des saynètes en une planche voire des dessins pleine page, Winshluss revisite le mythe à un rythme échevelé et un dessin stupéfiant (l’adjectif est volontaire) !