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  • Hyacinthe et Rose (François Morel & Martin Jarrie) - chronique de Simon #83

    9782844208262.jpgHyacinthe et Rose

    textes de François Morel
    illustrations de Martin Jarrie
    Editions Thierry Magnier - 30 €


    Presque tout oppose Hyacinthe et Rose sa femme. Lui est communiste, elle catholique. Lui aime boire, elle préfère manger. Il aime traîner, elle s’active en tous sens… Pourtant, ils ont une même et unique passion : les fleurs. C’est par le biais des souvenirs du narrateur, leur petit-fils, que nous allons découvrir quelques moments de leur vie et de leur amours florales. Ces moments, tendres et émouvants, parfois mélancoliques mais souvent drôles sont extrêmement bien décrits par François Morel qui confirme avec ce texte une vraie plume. Ce texte, pour tout âge, est de plus magnifié par les peintures de Martin Jarrie qui nous prouve une nouvelle fois son talent d’artiste – celui qui crée.

    Il a su en une vingtaine de portraits de fleurs pleine page retranscrire et apporter toute l’émotion et la force du souvenir.

    Cet album est une vraie ode aux fleurs, tout en restant proche des personnages qu’il met en scène. La poésie des gens sans histoire en quelque sorte, qu’on retrouve donc une fois encore dans l’œuvre de François Morel. Un pur bonheur.

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  • Jean-Michel contre vents et marées (Magali Le Huche) - chronique de Coraline #40

    9782742792092.jpgJean-Michel contre vents et marées

    Magali Le Huche

    Actes sud junior - 14 €

     

    Panique à Vlabonlvent ! Albert, l'ours polaire, trouve qu'il fait beaucoup trop froid sur sa montagne enneigée. Il a donc tout simplement décidé de voler le soleil. Heureusement (tut tudut tut ! bon imaginez les trompettes...) Jean-Michel le Caribou est là pour secourir les habitants de Vlabonlvent ! De nombreux obstacles vont se dresser sur sa route : il devra ainsi retrouver une montgolfière, suivre les traces du chasse neige, sauter de nuages en nuages...

    C'est le grand retour de Jean-Michel après sa chasse aux doudous (dans Jean-Michel le caribou des bois). 9782742782079.jpgPlus seyant que son fameux collègue en collants bleu et cape rouge, ce dernier a très envie de prouver qu'il n'a rien à lui envier. Un livre-circuit (/jeu) à nouveau très réussi par Magali Le Huche où enfants et adultes pourront jouer en famille.

  • The Zumbies T01 - chronique de Florian #07

    index.jpgThe Zumbies T01

    Julien CDM - Yan Lindingre

    Fluide Glacial - 14 €

     

    Quatre jeunes chanteurs de variété française au sommet de leur popularité vont être les malheureux veinards qui auront le privilège de passer entre les mains du pas très net Dr Vonderpumpl... Entre vie et trépas il n'y a qu'un pas ou plutôt une seringue... Le docteur va leur injecter un cocktail dopant des plus dangereux en lieu et place d'une simple injection de vitamine. Erreur très facheuse pour les quatre gens qui n'y survivent pas. Mais c'est bien connu, les nuits d'orage de mars, les morts reprennent vie ! "The Zumbies were born" et du simple statut de chanteurs de variété, ils deviennent des punk zombies stars du rock et ils vont désormais enflammer ce qui reste du Sacré Coeur devenu pour l'occasion la nouvelle mecque du Rock. Mais très vite les ennuis arrivent et ils doivent échapper aux plus pieux et aux plus croyants des chrétiens... La fuite en Province s'annonce des plus tourmentées...the_zumbies_image2.jpg

     

    Des zombies, du sang, du punk et des blagues salaces. Pas de doute, c'est du 100% Fluide glacial. Pour notre plus grand plaisir

     

  • La harpe (Rémi Courgeon) - chronique de Coraline #39

    La harpe couv.jpgLa harpe

    Rémi Courgeon

    Albums du Père Castor Flammarion - 13€

     

    Pour Louise, c'est le temps de tous les changements : une nouvelle maison, une nouvelle école et bientôt un petit frère. Tout cela amène Louise à réfléchir et à se trouver extrémement banale. C'est alors qu'en fouillant au grenier de sa nouvelle maison, la jeune fille trouve une vieille harpe poussiéreuse. A son contact, Louise se sent transformée et bien moins banale qu'elle ne le pense. Dans un miroir, elle voit son reflet  : ses cheveux ont poussé et son visage s'éblouit quand elle joue. Elle redevient normale quand elle s'arrête. Est-ce une harpe magique ? Est-ce simplement le talent de Louise qui surgit ?

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    Comme beaucoup d'enfants (et adultes), Louise ressent des émotions diverses quant à sa propre image et cet album reflète parfaitement ses doutes, joies et craintes... Cette histoire très touchante et poétique pose les questions du dépassement de soi, de la particularité de chacun et du courage. Rémi Courgeon nous offre là un bien bel album, où ses dessins très délicats, tout en finesse illustrent parfaitement cette histoire musicale.

     

    pour voir pleins d'images très belles de Rémi Courgeon, c'est ici...

  • Ernest et Rebecca T03 (A.Dalena & G.Bianco) - chronique de Coraline #38

    9782803626335.jpgErnest et Rebecca T03

    Guillaume Bianco et Antonello Dalena

    Le Lombard - 9.95 €

     

    Enfin il est là ! Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Mais le 3e tome des aventures d'Ernest et Rebecca bien sûr ! Bon on vous pardonne il est vrai que nous quittons à peine maillots, glaces et châteaux de sable...

    Nous retrouvons Rebecca où nous l'avions laissé chez son grand-père le mystérieux Pépé Bestiole... Rebecca aura fort à faire : chercher Ernest qui semble avoir disparu, essayer de comprendre (ou pas) pourquoi ses parents sont en froid et enfin découvrir qui est ce trio des plus étranges ? Des vacances pas forcément de tout repos donc.wp03.jpg

    Ce troisième tome pourrait-il être le meilleur des trois ? En tout cas, il peut largement y prétendre ! La relation exclusive d'Ernest et Rébecca évolue. Certains personnages, notamment Coralie la grande soeur de Rebecca, prennent une place plus importante que dans les deux premiers volumes et cela donne un nouveau souffle à la série.

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    Une BD à con sommer sans modération aucune qui vous rendra un petit goût de vacances...

     

     

    Retrouvez toutes les infos sur le blog d'ernest et Rebecca (d'où sont d'ailleurs tirées les très belles images ci-dessus...)

     

    une petite bande annonce créé pour le lancement du premier volume :
    ERNEST & REBECCA - LA BANDE ANNONCE
    envoyé par LeLombard. - Futurs lauréats du Sundance.

  • L'Eternité n'est pas si longue (Fanny Chiarello) - Chronique de Guillaume #42

    eternite pas si longue.jpgL’Eternité n’est pas si longue

    Fanny Chiarello

    Editions de l’Olivier – 19€


    Nora est une jeune femme merveilleusement à fleur de peau. Curieuse de tout, surtout de détails qui n’ont d’importance qu’à ses yeux, souvent mélancolique, elle ne côtoie guère d’autres personnes en dehors de Pauline, son amoureuse, et de ses trois indéfectibles amis (Judith, Raymond, Miriam). Et encore, cette cohabitation s’avère parfois délicate tant sa vision du monde diffère. Il faut dire que Nora a côtoyé la mort, creusant du même coup un fossé entre elle et le reste de l’humanité.

    Arrive alors un pseudo-scientifique aux théories écologistes radicales prédisant la fin imminente du genre humain. La frontière entre Nora, ses petits carnets et les autres s’en verrait-elle abolie ? D’autant plus qu’apparaissent les premiers cas de variole…
     
    Une fin du monde aigre-douce, fort éloignée des clichés en vogue portés par le vacarme hollywoodien. Un sens du tragique hors du commun qui manie tour à tour l’émotion, l’humour, la cruauté. Une écriture belle et précise, parfois complexe, mais toujours juste.

    Gros, GROS coup de cœur.

  • Blaise opus 2 (Dimitri Planchon) - Chronique de Guillaume #41

    blaise2.jpgBlaise opus 2

    Dimitri Planchon

    Glenat – 10€

     

    Après un premier tome narrant la vie de Blaise, enfant coincé dans un pays ressemblant étrangement au nôtre, Dimitri Planchon, dans cet opus 2, nous évoque son adolescence . Les quelques libertés individuelles qui restaient dans le premier tome semblent avoir pris du plomb dans l’aile. Et les fréquents bombardements n’arrangent rien. Mais, autour de Blaise, les citoyens, stoïques, à cheval sur leurs principes, continuent de vivre malgré tout…

     

    On avait adoré Jésus et les copains, la première bd de Dimitri Planchon. Blaise 1 nous avait bien fait marrer. Ce second tome, au moins aussi drôle, gagne en férocité. Cette dictature en guerre où règne apathie, bêtise et snobisme nous semble bel et bien destinée voire méritée. Et si l'on n’en riait pas aussi allègrement sans doute serions-nous saisi d’effroi.

     

    Sans doute le meilleur remède à la connerie sur le marché actuellement. 

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  • Il était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche (J. Holmes) - chonique de Guillaume #40

    9782354130992FS.gifIl était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche

    Jeremy Holmes

    Mineditions - 14 €

     

    On ne peut faire titre plus évocateur pour cette histoire fort indigeste ! Heureusement, ce problème d’insecte avalé ne concerne que cette vieille dame qui, pour notre plus grand amusement, va recourir à une médication des plus surprenantes. Une seule question pertinente à la fin de chaque page va-t-elle y survivre ?

     

    Un livre-objet de très belle facture ! Des illustrations finement ciselées font le contrepoint parfait d’une comptine aussi drôle que cruelle.

     

    Un régal.

     

     

     

    Un petit cadeau rien que pour vous:

    There Was An Old Lady from Jeremy Holmes on Vimeo.

  • Le plus grand footballeur de tous les temps (G. Zullo) - chronique de Simon #80

    9782889080502,0-598662.jpgLe plus grand footballeur de tous les temps

    Germano Zullo

    Encrage, La Joie de Lire - 13 €


    Le plus grand footballeur de tous les temps n’a rien d’un roman classique sur le football. Son titre, un peu racoleur, pourrait en tromper plus d’un. Car ce roman est beaucoup plus malin qu’il n’y parait. D’abord, ce livre ne parle pas uniquement que de foot, loin de là. Ensuite le narrateur, un jeune garçon, n’est pas celui qui pourrait prétendre à ce titre élogieux. Enfin, le tout est écrit avec beaucoup de finesse et de justesse.

    Si le récit tourne bien autour du football (avec les termes techniques, les références qui vont avec) c’est plus la vie du personnage principal, ses ressentiments et ses rencontres qui comptent dans ce livre. Alors qu’il est incontestablement doué pour le foot, notre héros se lasse peu à peu et son niveau de jeu s’en ressent. Comme en plus, ses résultats scolaires suivent la même voie, on peut dire que ce jeune homme se cherche. Sa première vraie histoire amoureuse avec  Giuliana, sa découverte des livres par le biais de la science-fiction, ses difficultés relationnelles avec ses parents… c’est cela le vrai sujet de ce roman. Et tout cela est très bien rendu. Bien écrit, sur des sujets délicats bien traités, ce roman mérite une attention particulière et ils ne sont pas si nombreux que cela quant il s’agit de romans autour du sport…

     

    allez un petit plaisir...



    Mano Negra - Santa Maradona
    envoyé par Floyd-out. - Regardez d'autres vidéos de musique.

  • Le petit Gus fait sa crise (C. Desmarteau) - chronique de Simon #79

    9782226209337,0-1103853.jpgLe petit Gus fait sa crise

    Claudine Desmarteau
    Albin Michel - 12,90 €

    "Le cerveau d’une fille, c’est pire qu’un problème de maths parce que dans les maths, y’a de la logique." Voici le genre de phrase à laquelle seul le petit Gus peut prétendre…

    Enfin ! Après plus de deux ans d’attente et la triste disparition des éditions Panama, on attendait avec impatience des nouvelles de notre ronchon préféré, le petit Gus. Après tout ce temps, il a bien grandi et c’est avec énormément de plaisir que l’on retrouve ses aventures familiales. Dans cette famille, plus que moyenne, on retrouve donc Gus, le nouvel héros des temps modernes, sorte de Petit Nicolas réactualisé aux mœurs d’aujourd’hui. On trouve également son frère Romain de plus en plus ado, sa sœur Delphine qui vient de ramener un rat à la maison, son père plus radin que jamais et sa mère qui ne voit plus que par les livres de Aldo Nouillerie (ne voyez surtout aucune référence… ).

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    (merci à Gawou pour cet emprunt d'image...)

     

    Toute cette joyeuse compagnie est donc à nouveau réunie pour le second volume de ces aventures. Merci à Albin Michel de reprendre ce personnage, merci à Claudine Desmarteau qui nous offre une nouvelle fois une bonne raison de se se divertir et c’est déjà très bien.

  • Les Magiciens (Lev Grossman) - Chronique de Guillaume #39

    magiciens.jpgLes Magiciens


    Lev Grossman


    L’Atalante – 23.50 €


    Les Magiciens n’est pas un remake de Harry Potter ni du Monde de Narnia ou encore du Seigneur des Anneaux. S’il s’en inspire et Lev Grossman ne le nie en aucune manière, c’est pour bâtir un socle mythologique suffisant pour aller au-delà des champs largement dominés par ses trois œuvres majeures.

    Pour cela, en plus d’une plume et une inventivité remarquable, Lev Grosman a simplement incorporé un ingrédient diablement efficace dans la tête de ses personnages : une psychologie réaliste et fort contemporaine.

    En effet, si les héros habituels font plus ou moins bonne figure en découvrant les mondes incroyables dont ils ignoraient l’existence avant le début du bouquin, les personnages des Magiciens – et en particulier Quentin, le « héros » –  font ce que n’importe lequel d’entre nous ferait : péter les plombs. Et pour assumer des pouvoirs que l’on tire aux forceps de leur corps et de leur âme (c’est un euphémisme !), ils ont recours à des remèdes très classiques comme notamment une consommation plus qu’excessive d’alcool sous toutes ses formes.

    Si on ajoute à tout cela l’asociabilité avérée des personnages et un scénario pas piqué des vers (peut-être un poil tordu par moments), il serait bien étonnant que Quentin et ses amis sortent indemnes des quelques cinq cents pages d’un livre que vous aurez bien du mal à refermer.

  • Richard P. nous parle de René Frégni (partie 2) - nos amis vous conseillent #14

    René Frégni, deux livres pour une même histoire

    2. Tuer et écrire pour échapper à l'enfermement

    Je reviens encore sur ces deux textes de René Frégni, lettres à mes tueurs et tu tomberas avec la nuit que j’ai lu cet été. Si la révolte contre le destin est au coeur des récits,  c’est que le destin, vu comme une suite d’évènements qu’on ne peut maitriser, s’exprime avant tout ici par l’enfermement.

    L’enfermement, René Frégni le connaît d’abord par ces ateliers d’écriture qu’il anime depuis une quinzaine d’années. Surtout quand il en vient, au détour du récit, à parler des histoires que racontent et se racontent les prisonniers. Ces histoires sont là pour permettre aux hommes de garder un peu de dignité et éviter qu’un jour ils ne ressemblent aux murs qui les entourent.

    C’est ensuite à l’Evêché que l’auteur l’expérimente. L’Evêché, c’est le commissariat marseillais dont la description nous renvoie aux geôles et aux oubliettes anciennes, à la rencontre du côté cave de chacun.

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    L’enfermement c’est enfin quand un juge prend possession du cerveau de l’écrivain comme une tumeur et qu’il l’empêche de faire ce qui le fait vivre : écrire pour manger peut être mais surtout écrire pour vivre. L’écriture devient alors un moyen de lutter contre l’enfermement, de sortir.

    Nous revient alors l’expérience carcérale d’un autre manosquin, Giono, qui sur les murs de sa prison, marseillaise également, traçaient des cartes imaginaires. Comme si on pouvait enfermer les écrivains ! Et surtout comme si, aussi, l’enfermement n’était pas avant tout mental !

    Avec la révolte initiale, le destin peut alors laisser sa place à l’histoire, celle de deux hommes qui luttent pour leur survie, l’un est un personnage et l’autre est son auteur.

    L’écrivain Frégni dit alors les deux voies possibles. L’une commence avec la nuit (tu tomberas…), l’autre semble être la seule réponse quand on arrive au bout de la nuit (lettre…). Mais l’écriture est plus forte que la nuit. Car si la voie sombre du crime conduit à la mort (lettre…) ; la voie lumineuse de l’écriture conduit à la délivrance (tu tomberas…). La réponse que donne le roman est la part sombre de la réalité (lettre…), l’histoire qui se serait passée si Frégni avait choisi de tuer le juge, comme il le dit au début de son autobiographie (tu tomberas…).

    L’alternative est donc la suivante, soit il faut alors choisir le monde de la nuit et donc le meurtre, la prison et au final la mort (lettre…), soit il faut revenir au jour et c’est la plume qui devient la solution (tu tomberas…). Car seule la plume peut conter la mort, celle qui écrit la « lettre ». L’écrivain renaît (René?)  alors !

    Et que dit-il de cette mort (lettre…) ? Il faut alors je crois interroger Vengo De Toni Gatliff. La mort de l’écrivain résonne alors avec la mort de Caco. Un flamenco mécanique aux étranges airs d’enfance. Une mort solitaire dans un lieu improbable. La fin inéluctable du père qui n’a pas protégé l’enfant. Lettre à mes tueurs est alors surtout l’écriture angoissé d’un romancier. Comme si écrire pouvait protéger de la mort ! La sienne, peut être mais surtout celle des autres.

    L’écriture est le miracle de ces deux livres. Une écriture identique qui raconte une même histoire selon deux angles différents : roman ou autobiographie. A chaque angle correspond ce choix fondamental des protagonistes que l’on peut exprimer selon différentes perspectives, toutes justes : écrire ou tuer ; vivre ou mourir ; sauver les siens ou les abandonner au destin ; veiller ou s’endormir.

    Il faut alors soit tuer le juge et s’endormir dans les chiottes d’une école maternelle, soit écrire son histoire et essayer tant bien que mal de retisser son existence. Ce qui pose alors la question de la réalité et de la manière de dire la réalité avec des mots ? Seul le récit est alors à même de dire ce qui s’est passé. L’histoire devient une histoire. Ce n’est pas nouveau mais le constater dans ces deux livres les rends encore plus passionnants.

  • Richard P. nous parle de René Frégni (partie 1) - nos amis vous conseillent

    Richard Peirano, documentaliste au lycée de l'Immac nous parle de ses lectures de l'été. Au programme, deux textes de l'écrivain René Frégni...

     

     

    René Frégni, deux livres pour une même histoire

    1. Un besoin de justice

    J'aurai donc lu du René Frégni pendant ce mois d’Août ! Manosque, la chaleur tout ça !fregniRev.gif

    J’ai lu deux textes de cet auteur, à la suite l’un à la suite de l’autre.  Un roman Lettre à mes tueurs et un texte autobiographique Tu tomberas avec la nuit. J’avais laissé Frégni sur une note de Céline avec Où se perdent les hommes, un roman que je n’ai pas trop apprécié, et je le retrouve dans les pas aujourd’hui de Camus. Un Camus enragé!
    En lisant les Quatdecouv, à la librairie au Poivre d’âne à Manosque, pas très loin de côté place, le restaurant de Frégni, je me suis douté que la rencontre de ces deux titres serait fertile.
    L’intérêt de René Frégni réside en partie dans son histoire personnelle dont il fait le terreau de ses histoires avec au centre le choix de fuir ou de combattre associé au besoin de justice, pas celle qui rend des sentences, mais celle qui a pour objet d’expliquer le monde. Frère jumeau de ce besoin de justice, un réel besoin d’écriture !
    Plus particulièrement dans ces deux textes, il revient sur son expérience de la prison et ses rapports avec les truands, côté place quand il parle de son expérience des ateliers d’écriture et côté cuisine quand le destin frappe à la porte de l’écrivain et le fait franchir les limites qui le sépare de ce monde de la pègre.
    Fuir ou combattre sont au coeur de ces deux textes, mais si les armes choisis pour ce combat sont différentes et conduisent donc logiquement à des épilogues différents. Dans le roman, tuer est la solution choisie ; dans l’autobiographie, c’est écrire qui va tuer le juge. La plume s’avérant alors plus efficace que le .22 surtout quand écrire ne consiste pas à faire « de belles phrases » mais à « boxer avec ses mots ». L’un est une fiction qui se nourrit de la réalité ; l’autre est l’écriture de la réalité pour crier au monde qu’il n’est pas le truand que voudrait son juge.

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    L’histoire de Lettre à mes tueurs commence quand un ancien ami, devenu un caïd du grand banditisme surgit en sang dans la vie de Pierre, écrivain en mal d’écriture, lui remet un cassette en lui disant de la planquer alors que les flics sont à ses trousses, et s’enfuit par le balcon.
    Dans Tu tomberas avec la nuit c’est une femme en colère qui surgit chez lui et lui demande, sans autre forme de politesse, de l’amener en Avignon visiter son copain, alors que l’écrivain y anime des ateliers d’écriture.

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    Dans les deux cas, le destin s’invite au dessert de l’écrivain qui change de statut et perd alors la faculté d’écrire. Ce destin déclenche des forces primitives et brutales (des tueurs sanguinaires ou une famille de tarés qui règne par la terreur sur un minuscule bout de ville) qui le mette en danger, lui et sa fille dont le rôle est centrale pour comprendre les choix qu’il va faire pus tard.
    La fuite s’impose alors dans un premier temps (partir au Danemark ou courber l’échine) avant qu’un premier acte de révolte (le retour vers Marseille ou boxer l’un des frères de Carine) ne le conduise à faire appel à celui qui lui a laissé son numéro de téléphone en lui disant de l’appeler jour et nuit s’il a un problème. Il faut 30 minutes à Max, le truand manosquin pour arriver chez Frégni ; un peu plus à Sauveur le bien-nommé au nom de parrain pour rejoindre Pierre.
    Dans les deux textes nous retrouvons quelques figures essentielles à commencer par celle du truand, héros fascinant et hors norme, conduit par un destin que l’on sait tragique. Il y a également le policier qui est présenté comme un professionnel qui fait son job, dont on peut se moquer un peu (l’orthographe) mais qui reste une figure essentielle car il évolue entre deux mondes, celui de la nuit et des truands et celui du jour et des « honnêtes gens ». C’est le policier qui lui dit de se méfier de tout le monde (lettre…) et qui ne comprends pas qu’on le mette en examen (Tu tomberas…). Il y a a enfin la figure du juge qui est à la fois le shériff et un être méprisant et falot dont le seul destin oscille entre la mort spectaculaire (lettre…) ou les flashs blafards de la conférence de presse (Tu tomberas…) mais qui dans les deux cas possède un pouvoir exorbitant dont il abuse…
    (à suivre)

     

     

  • Mon carnet de voyage à Londres (M. Jaubert - E. Bonetto) - chronique de Simon #78

    carnetdevoyage.jpgMon carnet de voyage à Londres

    Marica Jaubert / Eglantine Bonetto
    coll Jo & Moi autour du monde, Sikanmar - 14,90 €

    Pendant fort longtemps, on ne peut pas dire qu’en tant que libraires, nous fûmes envahis par les documentaires sur la géographie européenne. Trop rapidement obsolètes surement ou tout simplement compliqués à réaliser, on peut dire que les éditeurs français n’étaient pas très inspirés par nos proches voisins, en tout cas beaucoup moins que sur l’Afrique, l’Asie ou même l’Australie… L’Europe ne faisait-elle pas rêver ? Heureusement nous vivons dans un monde éditorial formidable et depuis quelques temps, on peut – partiellement – trouver dans nos rayonnages quelques-uns de ces pays présentés. Mais comme nous ne sommes pas tout à fait saturés encore de ce genre de livre, saluons ici l’initiative d’un jeune éditeur qui se lance courageusement dans cette aventure : les éditions Sikanmar. Ils viennent de créer avec la collection Jo & Moi autour du monde une collection de documentaires autour de villes européennes. SIKANMAR-jo-et-moi-autour-du-monde-page.jpgPlus que de simples documentaires, ce sont d’ailleurs de vrais carnets de voyage que nous propose cet éditeur à travers ces deux premiers ouvrages sur Londres et Paris. Jeux, carnets de dessins, préparation au voyage ou livre d’activités, ces ouvrages faciles à manipuler seront le compagnon idéal de vos enfants lors de vos visites dans les plus grandes villes européennes. D’autres titres doivent suivre prochainement. Et c’est une très bonne idée…

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  • Polo à la recherche de Lili (R. Faller) - chronique de Simon #77

    alarecherche.jpgPolo - À la recherche de Lili

    Régis Faller

    Bayard jeunesse - 13.90 €

    Chaque nouvel album de Polo est un plaisir non dissimulé. C’est donc avec beaucoup de bonheur que nous accueillons cette nouvelle aventure du petit chien malin. Cette fois-ci, Polo va partir à la recherche de son amie Lili. Il va alors, comme il a pris l’habitude, vivre des aventures assez fantastiques pour la retrouver. Que dire de plus ensuite, si ce n’est que le résultat est tout simplement superbe.

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    La force des albums de Régis Faller repose sur leur simplicité et leur efficacité. Sans textes ni bulles, les aventures de Polo, pourtant découpées en cases de bande-dessinée, sont simples à comprendre, accessibles à tous et ont, en elles, une grande poésie et une grande liberté. Grâce à cela, on se laisse aisément porter par l’histoire. La lecture à deux s’effectue donc avec beaucoup de plaisir, comme une aventure inventée en commun dont la trame serait déjà écrite. On aime décidément Polo et nous vous conseillons cette expérience à vivre et revivre encore…

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    Toutes les images sont tirés du site de Régis Faller Chez Polo. Allez-y vite , c'est absolument fabuleux !!!

     

    Je vous conseille particulièrement les petits films d'animation et les jeux de Polo...

  • Souviens-toi de la lune (Stéphane Servant) - chronique de Simon #76

    4730266546_cd618d909b.jpgSouviens-toi de la lune

    Stéphane Servant

    Rouergue DoAdo Noir - 14 €

    Carrefour porte mal son nom. Ville fantomatique de la Louisiane, elle n’est que le carrefour d’alcooliques et de paumés. Dans ce sinistre paysage, vit David qui finit une formation de garagiste. Mais cette vie ne lui va pas. Le mobil-home miteux de son père, ses colères, cette ville misérable sans avenir, tout le pousse à partir ailleurs. Comme il écrit, il veut se consacrer pleinement à l’écriture, se faire publier et quitter Carrefour et sa morosité. Justement, au lycée, intervient une ancienne gloire de la littérature, Frank Lebreton, qui a connu un succès fulgurant il y a quelques années. David décide de lui montrer ses manuscrits mais se fait humilier par l’auteur devenu aigri. Peu après surgissent sur sa peau quelques écailles… Une chose prend peu à peu le contrôle du jeune homme et lui dicte les textes qu’il écrit. Toute la violence retenue du garçon semble alors s’exprimer à travers la voix de cette chose qui semble inarrêtable. À cet instant, le roman semble basculer vers le fantastique. Après on ne sait plus trop. Entre une réalité sociale devenue assez floue et un fantastique qui paraît réel, surgissent pèle-mêle meurtres, schizophrénie, enfermement, démence ou romance. Chaque chapitre perd un peu plus le lecteur sans pouvoir se rattacher à un genre littéraire précis. Une chose est sûre en revanche : ce livre est absolument impossible à lâcher. La grande maîtrise littéraire de Stéphane Servant (déjà remarquée dans Guadalquivir 44249369_p.jpgparu chez Scripto Gallimard) fait le reste. La fin ne laissera sans doute pas indifférent – certains aimeront, d’autres resteront sur leur faim – en tout cas, tous devraient s’accorder à affirmer qu’on tient là un vrai bon roman pour ados et un acte littéraire ambitieux à défendre et à soutenir.

     

    Le blog de Stéphane Servant

     

    La couverture très très jolie de ce livre est signée par la photographe Dorothy Shoes

     

    Attention parution de ce roman : le 8 septembre

  • La Compagnie des menteurs (Karen Maitland) - Chronique de Guillaume #38

    la-compagnie-des-menteurs-karen-maitland.jpgLa Compagnie des menteurs

    Karen Maitland

    Sonatine - 22€

    Dans une Angleterre du XIVème siècle ravagée par la peste, neuf parias, uniquement liés par leur exclusion, tentent de fuir l’épidémie mais aussi et surtout le terrible destin que leur attribue les runes et que leur rappelle les hurlements du loup qui les suit…

    Un thriller historique qui remue les bas-fonds médiévaux pour exhaler le parfum putride de l’Apocalypse. La pourriture n’est pas seulement dans les corps mais bien d’avantage dans cette religion inquisitrice et cruelle à la poursuite de ses éternels boucs émissaires.  D’autant plus que le Mal n’est certainement pas là où elle le croit.

    Peut-être quelques petites longueurs dans ce roman mais quelle plongée dans les profondeurs du Moyen Age et surtout, surtout, quel dénouement !