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m'lire - Page 15

  • Le garcon du train - chronique de Coraline #1

    Le garçon du train

    Hitori Nakano et Daisuke Douke

    Editions Taifu comics -7.95€

    arton4432.jpg Alors qu'il rentrait chez lui, un jeune otaku vient en aide à une jeune fille se faisant agresser dans le train. Cette dernière, pour le remercier, lui envoie une paire de tasses de thé Hermès. Le jeune garçon va alors se confier sur un site de célibataires loosers: 2channel. Les accros de ce site vont alors être pris de passion pour cette histoire et vont tout faire pour aider et conseiller le jeune garçon.

    De rendez-vous en rendez-vous, nous assistons à la transformation du garçon du train et à celle de sa relation avec la belle Hermès mais aussi à celle des autres otakus de 2channel.

    Une série en trois tomes très drôle où l'on rit à chaque page.

  • Fuck You New York ( Kamel Hajaji ) - Chronique de Claire # 26

     

    Fuck You New York

    kamel Hajaji

    eXprim' - 15€

    Malek est parisien, et il le rêve américain bien ancré dans le crane. Avec Ben son meilleur ami, ils décident d'aller à New york pour s'y faire un nom. Le projet est de passer un an dans une université et de cartonner ensuite dans le cinéma ou le journalisme. Et bien sur de séduire les américaines avec leur accent "frenchy" !

    Mais la douane en décide autrement. Si pour Ben l'accueil est souriant, pour Malek il est armé de questions et de suspicions. Evenement qui va ébranler son identité et son origine tunisienne qu'il avait presque oubliée. Malek est arabe. Malek est un térroriste présumé.

    Le voyage de ce jeune homme à leiu en 2003, soit deux ans après l'attentat du 11 septembre. Son père lui avait dit " Haich oueldi, fais attention avec ce qui se passe. et ces peurs qu'ils ont..."

    Par une écriture franche et marquée de références cinématographiques, Kamel Hajaji dans ce premier roman, dénonce la paranoia post 11 septembre, et le système communautariste destructeur des sociétés actuelles.

     

    A paraitre en septembre dans votre librairie !

     

     

     

     

  • Mon petit coeur imbécile - chronique de Simon #52

    E119042.gifMon petit coeur imbécile

    Xavier-Laurent Petit

    Ecole des Loisirs Neuf - 8.50 €

     

    En Afrique, si Swala signifie antilope alors Maswala veut dire Mamantilope. C’est de cette jolie manière que la jeune Sisanda appelle sa mère. Cette dernière ne peut pas, en effet, s’empêcher d’aller courir tous les jours à travers la savane. Un peu comme si elle devait courir pour deux. Car Sisanda est malade, gravement malade. Son cœur n’arrive pas à battre régulièrement : un battement… un pschhht… un battement… Tout devient compliqué pour elle : aller à l’école, être avec ses amis, vivre dehors… Elle vit avec cela depuis la naissance mais garde l’espoir de se faire bientôt opérer. Chaque matin, elle compte les jours où elle se réveille en vie et espère que son petit cœur imbécile ne fera pas des siennes. De retour de l’hôpital où elle va tous les ans, elle et sa mère tombent sur un vieil article de journal qui parle d’un marathon richement doté. Sa mère fait vite le rapprochement et ne pense plus qu’à cela…

    Comme à son habitude, Xavier-Laurent Petit (qui vient de recevoir le Prix Sorcières roman ado en 2009 avec Be safe) nous fait voyager et réfléchir à travers un roman qui s’adresse cette fois à une tranche d’âge inférieure. Mon petit cœur imbécile parle autant de la maladie que du continent africain et du quotidien d’un petit village isolé. La description de la vie de tous les jours y est très belle et donne envie de partir courir là-bas.

  • Une sacrée mamie - chronique de Simon #51

    sacree_mamie_01.jpgUne sacrée mamie

    Yoshichi Shimada & Saburo Ishikawa

    Delcourt Akata - 7,50 €

     

    Akihiro est un môme de 8 ans qui va vivre une séparation assez brutale. Manquant cruellement de ressources pour élever seule ses deux fils, sa mère prend la terrible décision de se séparer du plus jeune des deux et de l’envoyer vivre à la campagne chez sa grand-mère. Akihiro doit donc quitter la grande ville, Hiroshima, qu’il connaît depuis son enfance pour la campagne la plus radicale et une vieille maison branlante où vit sa grand-mère. Le changement est radical et son adaptation n’est pas facilité par la grand-mère qu’il trouve étrange. On comprend rapidement que cette dernière est très pauvre elle aussi et qu’elle ne vit que par un système de combines et de trouvailles plus ingénieuses les unes que les autres. Pour Akihiro, elle devient vite une « sacrée mamie »…

    Adapté d’un récit autobiographique, ce manga réussit à montrer le contraste, très important, qui existait dans les années 50 entre le Japon rural et urbain. On y découvre une vie à la campagne rude et délicate mais pleine d’humanité et d’entre aide. Plus que l’intrigue, ce sont vraiment les rapports humains qui priment dans cette histoire. Ce premier volume nous rappelle l’ambiance que l’on pouvait trouver dans Nononbo (primé à Angoulème en 2008) de Mizuki Shigeru et augure d’une série émouvante, tendre et drôle.

  • Loving Dead ( Stefano Raffaele) Chronique de Claire #23

    Loving Dead

    Stefano Raffaele

    Les humanoides associés - 13€90

    COUV_LOVINGDEAD.jpg

    En 2003, Les humanoides associés publiait le Tome 1 de la trilogie Fragile de Stefano Raffaele.

    En 2009, on voit réapparaitre cette étonnante histoire d'amour zombie en un tome unique noir et blanc, sous le nom de Loving Dead.

    Un virus a transformé 95% de l'humanité en zombie. La terre devient un champs de bataille ou s'opposent morts et vivants. Vous l'aurez deviné ces pages regorgent de scènes gores ( mais aussi humoursitiques) peuplées de morts-vivants affamés en décomposition...

    Sur ce fond de chaos se dessine pourtant une histoire d'amour entre Allan, tout juste mort et Lynn, une ancienne mannequin au physique ravageur ( bien que un peu endommagé ! ) Leur temps est compté, le virus évolue et les amoureux n'ont pas toute la mort devant eux.Accompagné d'un transexuel, ils partent à la recherche d'un remède qui prolongera leur amour mortuaire...

    Stefano Raffaele parvient, grace à la sensibilité de ses personnages, à donner une profondeur sentimentale à cette vie après la mort. Malgré des corps en putréfaction, le romantisme opère parfaitement...

     

  • On s'est juste embrassés (Isabelle Pandazopoulos) - Chronique de Claire # 22

    41VUB0GIfUL._SL500_AA240_.jpgOn s'est juste embrassés

    Isabelle Pandazopoulos

    Scripto Gallimard - 8€

    Aicha a embrassé Walid. Son amour secret et le frère de sa meilleure amie, Sabrina. Elle a juste embrassé Walid, pourtant dans la cité, c'est une toute autre histoire qui se raconte : Aicha a couché avec Walid, Aicha est une sal...

    Cet évenement qui va bouleverser sa vie et les circonstances qui suivent vont la pousser à creuser dans son passé. Ballotée entre rumeur et jugement, Aicha oublie de se préserver et bascule dans une interminable chute.

    D'une belle écriture, Isabelle Pandazopoulos nous confronte aux états d'ames de cette jeune fille de 15 ans qui de page en page écrase les mensonges qui ont construit sa vie jusqu'à ce fameux baiser. Les sentiments qu'elle crache l'emmènent toujours plus loin. Aicha va  découvrir des vérités qui écorchent mais soulagent.

    Ce roman balaye différents thèmes. Le premier, déclencheur, est la condition féminine traduite dans l'humiliation publique. S'en suivent l'adolescence et la prise de concience, la famille, l'amour ...

  • onlikoinou #14 Slumberland (Paul beatty)

    Place aux vacances et aux plaisir du camping-car dans ce nouvel épisode d'Onlikoinou avec une chronique estivale autour du roman DéJanTé !!! Slumberland de Paul Beatty à paraître en septembre....

     

     

  • La Religion (Tim Willocks) - Chronique de Guillaume #30

    517QqU8g2YL__SL500_AA240_.jpgLa Religion

    Tim Willocks

    Editions Sonatine - 23 €

    La Religion, c’est le nom que se donne eux-mêmes les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean, cet ordre de moines guerriers  qui va se retrouver au cœur du conflit entre les armées musulmanes de Soliman et la Chrétienté du milieu du XVIème siècle. Retranchés à Malte, les chevaliers – et, par ricochet, la population maltaise – vont subir un des plus terribles sièges de l’Histoire. Chaque camp, pris dans le tourbillon du fanatisme le plus aliénant, va rivaliser dans la cruauté et l’atrocité pendant près de trois mois.

    C’est dans ce contexte particulièrement sanglant que Matthias Tannhauser, mercenaire pris entre deux cœurs et deux camps, va poursuivre une quête impossible à la recherche d’un jeune garçon, avec pour ennemi juré un inquisiteur psychopathe…

    La Religion est un terrifiant roman d’aventures. Terrifiant, car il nous entraîne vers le jusqu’auboutisme fanatique et ce que l’humanité a de pire et, curieusement, ce qu’elle a aussi de plus fascinant. Terrifiant également, car Tim Willocks, en agitant des faits pourtant vieux de cinq cents ans, met en relief des situations étrangement contemporaines. Mais au-delà de cette projection des folies religieuses, La Religion est un superbe roman épique, dans la lignée des plus grands du genre. Tim Willocks ne lâche jamais son lecteur et le guide avec érudition. L’intrigue, souple, connaît de multiples ressorts et les personnages sont doués d’une empathie extraordinaire.

    Tout lecteur avide de grande épopée – et doté si possible d’un estomac bien accroché – trouvera son bonheur dans ce formidable pavé !

     

  • Doug & Buster ordibook (Tofépi) - chronique de Simon #50

    41UqHoXbWaL._SL500_AA240_.jpgDoug & buster ordibook

    Tofépi

    Homecooking books - 9 €

    Au premier abord, rien ne pouvait nous laisser imaginer ce que cachait ce petit trésor. Couverture glacée magnifique (livre de graphisme ?). Logo orange très graphique (bouquin d’informatique ?). Intérieur dessiné noir et blanc (BD indé ?). Seuls les deux personnages de l’ours et du pingouin sur leur petit bout de planète nous indique qu’il pourrait s’agir d’un ouvrage pour la jeunesse. De toute manière, ce livre est particulier. Il aura du mal à trouver sa place dans un rayon. Tant mieux, nous, libraires, devront le mettre sur table, bien devant, prêt pour le conseil. Car ce livre mérite notre soutien. Bouquin inclassable, entre livre d’activités, de jeux, livre d’humour, livre bilingue (anglais – français : tout est traduit), livre décalé et déroutant, ce petit ouvrage a plus d’un atout dans sa poche. En plus il a la bonne idée d’être beau. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait qui se cache derrière ce projet. Sous le nom des éditions Homecooking books, on retrouve l’une des fondatrices de l’excellente revue, maintenant disparue, l’Œil électrique. Cette revue pour ceux qui ne la connaissent pas a marqué la fin des années 90 et le début des années 2000 par sa richesse et son innovation graphique. C’est donc vraiment un plaisir de retrouver cet esprit – libre et indépendant – dans des livres pour la jeunesse. Ce n’est pas très étonnant non plus d’apprendre que c’est Tofépi (qui a déjà signé quelques BD au Seuil) qui œuvre sur ce projet. On ressent parfaitement le plaisir qu’il a pu avoir en créant ces activités loufoques.

    Toute la famille pourra donc s’amuser avec cet ordibook réel (le premier ordinateur en papier ! beau contrepied à l’ebook… ) en jouant à de vraies activités un peu bêtes, en apprenant presque par erreur l’anglais (le jeu de la mise en page fait que l’on lit en premier l’une ou l’autre des langues ; là également le jeu l’emporte sur la pédagogie) et en suivant surtout les folles aventures de nos deux amis Doug et Buster.

  • Aquarium (Yann Fastier) - chronique de Simon #49

    9782913741829FS.gifAquarium

    Yann Fastier

    L'atelier du poisson soluble - 10 €

    La couverture ne me laissait pas beaucoup d’espoir quant à l’originalité… Un beau poisson multicolore sur un fond bleu vert. D’autres poissons sans couleurs que l’on devine. Ce n’est pas sans nous rappeler quelques histoires un peu gentilles. Et puis l’espoir revient tout à coup : l’auteur de ce livre s’appelle Yann Fastier, un auteur illustrateur qui laisse rarement indifférent (Pfff, Corrida, Rapport secret sur les dents de lait). Et puis c’est édité à l’Atelier du poisson soluble. Alors j’aurais dû m’en douter. Comprendre plus vite. Le mignon petit poisson est en fait un sale poisson détestable. Il est hautain, fier de lui et de sa beauté. Sa fin et la chute n’en sera que plus cruelle et savoureuse. Pour notre plus grand bonheur.
    Aquarium est un parfait album pour les plus jeunes qui allie humour et sarcasme et fait du bien dans l’univers aseptisé des livres pour les plus petits…

  • Le nom du vent (Patrick Rothfuss) - chronique de Guillaume #28

    9782352942832.gifLe nom du vent

    Patrick Rothfuss

    Bragelonne - 30 €

     

    Premier tome de la trilogie « Chronique d’un tueur de roi », Le Nom du vent est un incroyable pavé possédant le pouvoir peu commun d’empêcher tout lecteur de le refermer une fois ouvert. Tous les ingrédients y sont : une narration mise en abyme savamment rythmée, un suspense insoutenable, des personnages attachants, une histoire d’amour à épisodes inattendus, des méchants plus que mystérieux… Rien n’est épargné au lecteur qui battra sur ce livre tous ses records de vitesse de lecture.

    Située dans un univers médiéval fantastique relativement classique, l’histoire que nous conte le narrateur, également personnage mythique de ce monde dangereux, est l’histoire de sa propre vie. Dans cette première partie, Kvothe, notre héros étrangement devenu tavernier dans un village reculé, évoque son éducation, de celle de ses parents jusqu’à l’Université. Excellant dans tous les domaines, des arts du combat à la magie en passant par les arts lyriques, on devine déjà de quelle extraordinaire étoffe l’adulte sera fait.

    Un régal dont la seule amertume est de voir venir inexorablement les dernières pages en sachant que la suite n’est pas prévue avant 2010.

  • Bulles et Nacelle (Renaud Dillies) - chronique de Sébastien #10

    BullesNacelle_27062009_134321.jpgBulles et Nacelle

    Renaud Dillies

    Dargaud - 15.50€

    Dans le grenier d'une grande maison vivait Charlie, une souris solitaire qui tente de surmonter son angoisse de la page blanche pour faire avancer son roman? ou son essai? ses poèmes? ... et qui se plonge sans retenue dans les mélodies de Django Reinhardt dont il est fan résolu. Et si son art d'écrivain est en sommeil, il tente aussi de tromper sa solitude, car mis à part une girafe venant accrocher des guirlandes à sa fenêtre, il faut bien reconnaître que la journée de Charlie est bien pauvre de rencontres. Alors quand un petit oiseau nommé "Solitude" vient toquer au carreau précisement dans ses moments de cafard solitaire, Charlie ne sait plus s'il rêve ou si l'oiseau existe réellement. Il faut reconnaître que Charlie est un rêveur chevronné...

    Après un remarqué "Betty Blues" primé à Angoulême, Renaud Dillies développe avec "Bulles et Nacelle" un petit bijou de poésie et d'onirisme. Tour à tour réflexion sur les affres de la création artistique ou exploration des états d'âme d'un solitaire, l'auteur esquisse une captivante invitation à la rêverie, emprunte de simplicité et magnifiquement servie par un dessin dont certaines planches sont à couper le souffle (la double page du carnaval vous en convaincra).

  • Aagun (Thierry Dedieu) - chronique de Guillaume #27

    9782020996136.gifAagun

    Thierry Dedieu

    Seuil jeunesse - 15 €

    Une petite tribu subit les attaques incessantes de ses féroces voisins, les Hounks, qui pillent sans vergogne leurs maigres réserves. Ses membres décident alors de faire appel à la protection du seigneur Batoor. Ce dernier leur octroie son fidèle lieutenant Aagun, dont la réputation n’est plus à faire. Quelle n’est pas leur surprise lorsque, contrairement à leurs attentes, Aagun leur ordonne de donner le reste de leurs réserves aux Hounks. Pire, il va ensuite leur demander de continuer à approvisionner leurs ennemis…

    Aagun est un petit conte philosophique très intelligent, accessible aux premiers lecteurs. Il traite de la ruse comme dans un conte oriental, mais aussi de l’illusion du rapport de maître à esclave. Mais ce qui éblouit dans cet album tient bien dans son illustration. Inspiré par les travaux du peintre Zhou Shao Hua et de Fabienne Verdier, à laquelle ce livre est dédicacé, Dedieu fait surgir comme par magie ses fragiles personnages d’imposants encrages calligraphiques. Les sentiments, les mouvements suggérés en tirent une force remarquable.

    Dedieu est décidément un conteur et explorateur graphique des plus audacieux et des plus talentueux.

  • Negrinha - chronique de Simon #48

    9782070612093.gifNegrinha

    Jean-Christophe Camus (scénario) & Olivier Tallec (illustration)

    Gallimard Bayou - 16 €

    C’est avec beaucoup d’impatience que nous attendions la première bande dessinée d’Olivier Tallec. Avec Negrinha, l’illustrateur de Rita et Machin ou encore de Grand Loup et Petit Loup ne nous déçoit pas, bien au contraire. Il faut dire que le garçon est truffé de talent. Son style est toujours aussi élégant ; son trait, à la fois fragile et délicat. Ses couleurs, surtout, sont resplendissantes dans cette histoire. Les teintes du Brésil l’ont visiblement inspiré puisque qu’on sent que l’illustrateur s’est fait plaisir à travailler autour d’une palette de couleurs à la fois lumineuse et chaleureuse.
    Pour ce qui est de l’histoire, Jean-Christophe Camus signe une jolie chronique de vie. Maria est une jeune métisse de 13 ans, élevée par une mère surprotectrice. Cette dernière veut absolument offrir à sa fille une vie heureuse, dans les beaux quartiers — blancs — de Rio. Pour cela, elle est prête à tout sacrifier, même sa famille restée dans une favela voisine. Mais, un jour, la jeune fille va vouloir découvrir cette part de sa vie cachée…

    Negrinha est une belle réflexion sur la négritude, émouvante et sensible. Le Brésil y est décrit naturellement avec ses richesses culturelles et humaines, mais aussi ses contradictions et ses fractures. On aurait sans doute aimé y rester encore un peu plus mais le voyage est de toute façon déjà très beau.

  • Vision aveugle (Peter Watts) - chronique de Sébastien #09

    516RtAOb56L._SL160_AA115_.jpgVision aveugle

    Peter Watts

    Fleuve noir - 21€

    Pour son premier roman traduit, l'auteur de Science-Fiction canadien Peter Watts emmène ses lecteurs à bord du Thésée, vaisseau spatial en route vers la ceinture de Kuiper, à l'autre bout du système solaire, vers un étrange phénomène cosmologique. Cette expédition est une réponse à un évènement troublant intervenu dans l'atmosphère terrestre des années plus tôt laissant présager l'existence d'une vie extra-terrestre.

    A bord du Thésée, l'équipage est composé d'une linguiste aux personnalités multiples, d'un biologiste interfacé aux machines, d'un soldat physiquement renforcé, d'un commandant vampire dont l'espèce a été scientifiquement ressuscitée et aux liens quasi exclusifs avec l'Intelligence Artificielle qui pilote le vaisseau et enfin d'un synthétiste (le narrateur), rapporteur officiel de la mission auprès de la Terre, un homme aux capacités de recueil et de traitement de l'information exceptionnelles, résultat d'une opération neurologique remontant à l'enfance.

    En proposant des personnages complexes, tous ayant de gré ou de force renoncé à une part d'eux-même pour devenir des outils hautement spécialisés,  P. Watts anticipe une vision pessimiste d'une humanité hyper technologique au psychisme décortiqué. Si la première moitié du livre met en place un angoissant huis-clos, le rythme de la seconde s'accélère quand l'équipage part à la découverte de l'artefact extra-terrestre, dont l'exploration ouvre plus de pistes de réflexion quelle n'apporte de réponse. Roman exigeant, tendant vers le courant "hard science", Vision aveugle utilise la trame classique en SF du premier contact pour plonger le lecteur dans un méandre d'hypothèses passionnantes et pleines d'à-propos autour de thématiques telles que le développement de l'intelligence, l'utilité de la conscience à l'évolution des espèces et d'une dissociation entre intelligence et conscience ; cette exploration de concepts nourrissant toujours une réflexion centrée autour de l'Homme.

    Vision aveugle était attendu et il ne déçoit pas, voilà un roman qui saura répondre aux attentes des lecteurs en quête d'une science fiction qui ne se contente pas d'être distrayante.

  • Jolies Ténèbres (Vehlmann - Kerascoët) - chronique de Sébastien #08

    joliestenebres01_84725.jpg

    Jolies ténèbres

    F.Vehlmann - Kerascoët

    Dupuis - 16€

    Ca commence comme un gentil conte, fleur bleue à souhait : deux petits personnages partagent un rendez vous romantique autour d'un chocolat chaud, du minaudage aux sourires gênés... Quand brusquement, le plafond fond, puis il dégouline carrément, c'est l'inondation !
    le couple vient alors grossir une foule de petits êtres fuyant ce qui s'avère être un corps mort, celui d'une fillette en décomposition perdue au fond des bois. le rose bonbon vire au rose chair putréfiée et tout ce petit monde va devoir survivre aux dangers de la forêt...

    Fabien Vehlmann construit un scénario désespéré qui emprunte à Lewis Carroll son sens du merveilleux et à William Golding la description d'une enfance sauvage, thêatre à la fois d'une certaine grâce et de cruauté froide. Car si la nature de ces petits êtres reste un mystère, l'état d'esprit général est à l'amusement, aux jeux (cruels de préférence), au froid détachement face aux drames et à une insouciance malsaine.
    le duo Kerascoët (Marie Pommepuy au dessin et Sébastien Cosset à la couleur) accentue encore ce malaise par des lignes simples et une gamme de couleurs pastels à la fois douces et crues, où le bucolisme n'est que façade.

    "Jolies ténèbres" est un conte aux accents macabres, une BD atypique et dérangeante, et au final de celles dont on se souviendra comme une franche réussite.

  • Le monstre qui mangeait le noir - Chronique de Claire #21

    liao.jpgLe monstre qui mangeait du noir

    Joyce Dunbar & Jimmy Liao

    Bayard jeunesse - 12€50

    C'est un tout petit monstre qui a très très faim. Il commence par grignoter tous les coins d'ombre qu'il trouve. Le noir des placards, le noir sous le lit, même celui de derrière les rideaux. Le tout petit monstre n'est plus petit du tout et il a de plus en plus envie de manger... il dévore goulûment le noir des cavernes, celui des forêts et des villes, jusqu'à avaler la nuit entière. L'estomac plein, le petit monstre devenu énorme ressent tout de même un grand vide, seul au milieu de cette planète chamboulée.

    C'est toujours avec plaisir que je vous conseille les albums de Jimmy Liao. Ici, il illustre les mots de  Joyce Dunbar. Le charme de ses dessins naïfs et poétiques opère merveilleusement bien au côté de ce texte étonnant.

    Drôle et émouvante, cette histoire est pour tous ceux qui ont peur du noir!!  Elle aborde aussi avec finesse le sentiment de creux que l'on peut avoir au fond de soi et que l'on ne parvient pas à combler.

  • Je mourrai pas gibier (Alfred) - chronique de Simon #46

    51UOkQpZtCL._SL500_AA240_.jpgJe mourrai pas gibier

    Alfred
    Mirages, Delcourt - 14,95 €


    Le pari était risqué : adapter le roman choc Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud ne se ferait pas facilement. Pourtant, à la lecture de la bande dessinée d’Alfred, il ressort comme une évidence, sans aucun doute due au talent du dessinateur. Il faut dire que ce dernier nous avait déjà bien bluffé avec Pourquoi j’ai tué Pierre, aux éditions Delcourt, une BD où Alfred mettait en image avec une distance, un respect et une émotion intense l’histoire d’Olivier Ka. Pour le projet Je mourrai pas gibier, Alfred raconte qu’à la lecture du roman de Guillaume Guéraud, c’est un vrai choc émotionnel qu’il a reçu. On peut tout à fait le comprendre puisque pour les mêmes raisons nous lui avons attribué le Prix Sorcières dans la catégorie roman ado. Cela est très bien mais ensuite… que faire de ce roman, si percutant, si cru, si direct ? Comment l’adapter en images tout en préservant la force d’un texte sans concession ? C’est le pari que s’est fixé Alfred et on doit dire qu’il l’a admirablement relevé. L’ambiance est parfaitement retranscrite (il faut saluer ici le travail de coloriste d’Henri Meunier). L’histoire se déroule à Mortagne. Mille deux cent dix-neuf habitants et deux clans : ceux qui travaillent dans le bois (la scierie Listrac) et ceux qui sont à la vigne (le château Clément). Entre les deux groupes, une haine insurmontable, une bêtise atavique partagée, même si quelques personnages ne prennent pas parti. C’est le cas de deux des acteurs centraux de l’histoire. Il y a d’abord le narrateur, qui ne veut pas de cette vie et a choisi de partir. Il va malgré tout disjoncter et être poussé à commettre l’irréparable. Et puis il y a Terence, l’attardé gentil, trop sans doute, pas à sa place dans ce village et sur qui vont se défouler les abrutis de l’histoire… jusqu’à un point de non retour.
    À la lecture de cette bande dessinée se produisent les mêmes réactions chimiques qu’à la lecture du roman. L’adrénaline monte peu à peu, un frisson vous parcourt l’échine jusqu’à la brutale réalité, le fait divers improbable qui arrive et détruit tout. Comme l’écriture de Guillaume Guéraud est très cinématographique, elle s’adapte très bien en bande dessinée. Ici, les phrases sont courtes, les plans s’enchaînent les uns après les autres dans un souffle de plus en plus court. Le dessin au fil des pages se fait de plus en plus nerveux, plus lâché, dans un parfait accord avec la montée de tension que subit le personnage. La chute est terrifiante, même quand on la connaît et, pour cela encore, Alfred a trouvé les bonnes réponses graphiques imposées par le rythme du récit…
    Cette histoire parvient donc à nous scotcher à notre siège pour la seconde fois. Elle vous invite par ailleurs à pénétrer dans l’univers graphique d’un auteur illustrateur de grand talent.

  • [Zêta] Le souffle du ciel - chronique de Guillaume #24

    41sxxMvMzvL._SL500_AA240_.jpg[Zêta] Le Souffle du ciel

    David Klass
    Traduction Julien Ramel
    15 – 20, Intervista - 15,90 €

    Après avoir découvert sa véritable identité ainsi que les enjeux qui y sont liés, Jack Williamson, notre jeune héros, a su déjouer dans le premier tome les plans de l’ennemi visant à l’éliminer. Cette fois-ci, cependant, ce n’est plus sa vie qui est en jeu mais celle de sa fiancée, Pee Jay, enlevée par l’Armée des Ombres. Là commence une course-poursuite jusqu’au cœur de l’Amazonie pour notre héros, toujours accompagné de son loufoque chien télépathe. Face au Roi Noir, ivre de vengeance, il va devoir tout faire pour protéger non seulement la vie de son tendre amour mais aussi la pérennité de la forêt primaire. Pour cela, il va pouvoir compter sur des renforts locaux pour le moins efficaces…

    Ce deuxième volet de La Trilogie du Gardien, mené tambour battant à l’instar du premier volume, parvient tout autant à entraîner le lecteur dans une aventure qui mêle habilement action et humour décalé tout en évoquant avec une certaine profondeur la fragilité des équilibres environnementaux.

    Suite et fin en 2009 !

  • Marre du rose - chronique de simon #44

    0marre.jpgMarre du rose

    Texte : Nathalie Hense
    Illustrations : Ilya Green
    Albin Michel jeunesse - 10,90 €


    Ce titre Marre du rose pourrait sonner comme une sentence jetée par un libraire jeunesse une nouvelle fois excédé par l’arrivée de livres « roses pour les filles » ou « bleus pour les garçons ». Effectivement, il y en a marre du sexisme coloré !

    L’héroïne de notre album est une petite fille qui aime le noir et elle l’affirme haut et fort. Comme elle le dit si bien, les tralalas de princesses, les rubans et aussi les poupées, ça lui sort par les trous de nez. Ce qu’elle aime, elle, ce sont les araignées, les grues, dessiner des dinosaures ou encore porter des T-shirts à dragon. Et c’est pour cela qu’on l’appelle « garçon manqué ». Quand elle demande pourquoi, on lui répond simplement : « C’est comme ça… » C’est un peu léger comme argument, trouve-t-elle, et nous sommes bien d’accord avec elle.
    Cet album, où l’on retrouve avec grand plaisir l’illustration aux couleurs franches d’Ylia Green (Bou et les trois Zours à l’Atelier du Poisson Soluble ou Strongboy chez Didier jeunesse), aborde simplement mais efficacement les petits sexismes de tous les jours, ceux qui sont là depuis toujours, ceux qui sont presque devenus anodins.
    Dans le même esprit, nous vous conseillons également des titres comme Menu fille ou menu garçon de Thierry Lenain (Nathan poche) ou L’Imagier renversant de Mélo et Sébastien Telleschi (Talents Hauts) qui restent eux aussi d’excellents titres sur le sujet.