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albums jeunesse - Page 12

  • Cuisiner avec les petits au fil des saisons (V.Aladjidi, C. Pellissier et M. Billet) - chronique de Simon #81

    9782844208743.jpgCuisiner avec les petits au fil des saisons

    Virginie Aladjidi, Caroline Pellissier

    Marion Billet (illustrations)
    Éditions Thierry Magnier - 15 €

    Cuisiner avec les petits… est un livre de cuisine très bien fait pour les enfants et ce n’est pas si commun que cela. Même si beaucoup d’ouvrages sortent sur ce thème, peu d’entre eux sont réellement accessibles aux enfants. Soit les recettes sont trop compliquées, soit les ingrédients sont introuvables ou alors les plats sont si farfelus qu’ils ne plaisent pas trop. Cet ouvrage a la modestie de ne proposer que des recettes simples et efficaces. Elles semblent faciles à réaliser et ne font appel qu’à des fruits et légumes de saison. L’envie est de suggérer aux enfants de goûter avec leurs cinq sens les plaisirs de la cuisine, la faire bien sûr, mais aussi la déguster. Le tout est très bien habillé par les illustrations de Marion Billet et donne envie de s’y mettre.

     

    Je vous conseille le superbe site de Marion Billet

  • La harpe (Rémi Courgeon) - chronique de Coraline #39

    La harpe couv.jpgLa harpe

    Rémi Courgeon

    Albums du Père Castor Flammarion - 13€

     

    Pour Louise, c'est le temps de tous les changements : une nouvelle maison, une nouvelle école et bientôt un petit frère. Tout cela amène Louise à réfléchir et à se trouver extrémement banale. C'est alors qu'en fouillant au grenier de sa nouvelle maison, la jeune fille trouve une vieille harpe poussiéreuse. A son contact, Louise se sent transformée et bien moins banale qu'elle ne le pense. Dans un miroir, elle voit son reflet  : ses cheveux ont poussé et son visage s'éblouit quand elle joue. Elle redevient normale quand elle s'arrête. Est-ce une harpe magique ? Est-ce simplement le talent de Louise qui surgit ?

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    Comme beaucoup d'enfants (et adultes), Louise ressent des émotions diverses quant à sa propre image et cet album reflète parfaitement ses doutes, joies et craintes... Cette histoire très touchante et poétique pose les questions du dépassement de soi, de la particularité de chacun et du courage. Rémi Courgeon nous offre là un bien bel album, où ses dessins très délicats, tout en finesse illustrent parfaitement cette histoire musicale.

     

    pour voir pleins d'images très belles de Rémi Courgeon, c'est ici...

  • Il était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche (J. Holmes) - chonique de Guillaume #40

    9782354130992FS.gifIl était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche

    Jeremy Holmes

    Mineditions - 14 €

     

    On ne peut faire titre plus évocateur pour cette histoire fort indigeste ! Heureusement, ce problème d’insecte avalé ne concerne que cette vieille dame qui, pour notre plus grand amusement, va recourir à une médication des plus surprenantes. Une seule question pertinente à la fin de chaque page va-t-elle y survivre ?

     

    Un livre-objet de très belle facture ! Des illustrations finement ciselées font le contrepoint parfait d’une comptine aussi drôle que cruelle.

     

    Un régal.

     

     

     

    Un petit cadeau rien que pour vous:

    There Was An Old Lady from Jeremy Holmes on Vimeo.

  • Polo à la recherche de Lili (R. Faller) - chronique de Simon #77

    alarecherche.jpgPolo - À la recherche de Lili

    Régis Faller

    Bayard jeunesse - 13.90 €

    Chaque nouvel album de Polo est un plaisir non dissimulé. C’est donc avec beaucoup de bonheur que nous accueillons cette nouvelle aventure du petit chien malin. Cette fois-ci, Polo va partir à la recherche de son amie Lili. Il va alors, comme il a pris l’habitude, vivre des aventures assez fantastiques pour la retrouver. Que dire de plus ensuite, si ce n’est que le résultat est tout simplement superbe.

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    La force des albums de Régis Faller repose sur leur simplicité et leur efficacité. Sans textes ni bulles, les aventures de Polo, pourtant découpées en cases de bande-dessinée, sont simples à comprendre, accessibles à tous et ont, en elles, une grande poésie et une grande liberté. Grâce à cela, on se laisse aisément porter par l’histoire. La lecture à deux s’effectue donc avec beaucoup de plaisir, comme une aventure inventée en commun dont la trame serait déjà écrite. On aime décidément Polo et nous vous conseillons cette expérience à vivre et revivre encore…

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    Toutes les images sont tirés du site de Régis Faller Chez Polo. Allez-y vite , c'est absolument fabuleux !!!

     

    Je vous conseille particulièrement les petits films d'animation et les jeux de Polo...

  • Le livre qui rend heureux (Tolman) - chronique de Simon #75

    Le livre qui rend heureux

    Marije & Ronald Tolman

    Milan jeunesse - 12 €

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    Du calme. Du calme et de l'apaisement. Voilà ce que l'on ressent quand on referme ce livre. Peut-être même une petite touche du bonheur si on y repense quelques instants plus tard.

    C'était pourtant annoncé dans le titre. Mais ayons l'honnêteté de dire qu'on n'y croyait qu'à moitié. On nous l'a déjà faite celle-là. Alors on ouvre le livre et on tourne les premières pages. Pas de texte. Il faut donc y revenir. Prendre le temps. Savourer un peu et s'y replonger de plus belle.

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    L'histoire nous pénètre peu à peu. Finalement peu importante quand on y songe. Un ours blanc trouve refuge sur un arbre perdu au milieu de l'océan. Un ours brun le rejoint peu de temps après. Puis tout un monde s'invite au fil des pages, les flamants roses, les hiboux, les pandas, le paon, l'hippopotame...  Au fur et à mesure des rencontres, les couleurs surgissent. Chaudes. Franches. Et pourtant douces. La palette de Marije Tolman puisque c'est elle qui signe la mise en couleurs de cet ouvrage est tout simplement fabuleuse. Elles accompagnent si bien les gravures de son père, Ronald Tolman.

    Cet album est une vraie invitation à la contemplation. Un moment un peu hors du temps à savourer presque en cachette. Pour ne pas être dérangé. Et puis non, finalement. C'est tellement mieux de le partager...

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    Cet ouvrage vient de remporter le Prix Fiction à la dernière Foire de Bologne.

    Puisqu'on vous dit que c'est bien !

     

  • Ker-Is La légende de la ville au milieu des flots (J.P. Kerloc'h & J.Moncheaux) - chronique de Coraline #36

    51Oi8Orbw5L._SL500_AA300_.jpgKer-Is La légende de la ville au milieu des flots

    Jean-Pierre Kerloc'h (textes) & Jérémy Moncheaux (illustrations)

    Ker-Is est une très ancienne légende de Bretagne. C'est aussi l'une des plus connues. L'histoire se déroule au temps des druides et des rituels magiques. Elle raconte les aventures d'un roi des plus prestigieux nommé Gradlon ar Meur (Gradlon le Grand). Un jour, alors qu'il rentrait de guerre, il présenta au royaume une enfant Dahud, née d'une femme de l'Outre-Monde. Bien des années plus tard, Dahud est devenue une femme d'une beauté éblouissante. Et elle a hérité de sa mère un esprit et un coeur "libre et changeant comme la mer". C'est pour elle que son père fait construire la mythique et fabuleuse cité de Ker-Is ("la ville plus basse que la mer"). Dahud se voit remettre par son père la clef d'or de la ville mais est prévenue : les portes de la cité doivent toujours rester fermées car la ville peut être ensevelie sous les eaux à n'importe quel moment.

    Comme toutes les légendes, la légende de la ville engloutie a subi, au fil du temps, de nombreuses modifications qui l'ont bien souvent éloignée du mythe originel. Jean-Pierre Kerloc'h nous la restitue ici dans son style le plus simple et le plus fort. Les illustrations de Jérémy Moncheaux rendent à merveille l'ambiance mystérieuse propre aux légendes celtes et l'utilisation de touches de couleur brumeuses nous rappellent certains paysages bretons.

     

     

    Attention ! Parution de cet album le 1er octobre

  • Leçon de vol (Sebastian Meschenmoser) - chronique de Florian #03

    9782361540050.gifLeçon de vol

    Sebastian Meschenmoser

    Petite Plume de Carotte - 12 €

     

    Voler... c'est le rêve de l'homme. De Tout un chacun. De beaucoup en tout cas.

    Mais contre toute attente, c'est aussi celui d'un pingouin. C'est en tout cas ce qu'on devine quand ce dernier attérit - en mauvais état - au pied de notre narrateur. Celui-ci décide de le recueillir et de l'aider. Ils vont mettre au point des techniques d'apprentissage au vol pour le moins étonnantes voire même complètement loufoques. Du tir à l'arc de pingouins en passant par le cerf-volant pingouin, toutes leurs tentatives virent lamentablement à l'échec. Mais à force de persévérer, qui sait ce qui peut se produire...

    Après les 3 voeux de Molosse ou la série de l'écureuil (et la lune, et le printemps...) parus aux éditions Minedition, Sebastian Meschenmoser réalise un nouvel album bien décalé plein d'humour et de surprise.

  • onlikoinou #18 Les conseils de Bib et Bob

    Laissez vous porter par les conseils de Bib et Bob, nouveaux venus dans l'équipe Onlikoinou


     

    avec cette fois-ci :

    41251.jpgindex.jpg40947.jpg et Si j'étais un pingouin qui ne sort qu'en septembre...

  • Les sales histoires de Félicien Moutarde (F.Melquiot & R.Badel) - chronique de Simon #73

    51tqJOHd+QL._SL500_AA300_.jpgLes sales histoires de Félicien Moutarde T01 La naissance de Félicien Moutarde

    Fabrice Melquiot (texte) & Ronan Badel (illustrations)

    éditions L'Elan vert - 13 €

    Félicien Moutarde est tout simplement horrible : il est moche, il est méchant, il parle mal. C'est assez simple, il a à peu près tous les défauts du monde et pourtant on l'adore déjà. Sans doute la faute à Fabrice Melquiot et Ronan Badel les deux auteurs de cet étonnant et enthousiasmant personnage. Pourtant c'est vraiment un môme détestable, de ceux qu'on regarde du coin de l'oeil en se disant que ses parents n'ont pas de chance. Mais eux l'aiment bien, il faut dire qu'ils ne sont pas trop gâtés non plus. Félicien n'est que la somme de ses parents : la famille idéale en quelque sorte.

    Dans un format entre bande dessinée et roman, les auteurs nous invitent à suivre 4 aventures de Félicien qui nous l'espéront ne seront qu'une mise en bouche. Fabrice Melquiot a créé ce personnage comme il a pu créer celui de Bouli Miro (le héros de deux pièces de théâtre pour les enfants publiés aux éditions de l'Arche). Atypique et irrésistible, on se prend très vite d'affection pour lui, à l'image de personnages comme le petit Nicolas, Manolito (Elvira Lindo) ou Calvin (de Calvin & Hobbes). Ronan Badel s'est bien fait plaisir à illustrer ces aventures de manière très lachée et intuitive et cela se ressent.

    Le tout donne un très bel ouvrage, qui fait du bien dans ces temps de rigueur où l'humour noir et le non-politiquement correct ne sont pas toujours bien acceptés. A découvrir au plus vite !

  • Podlapin (Philippe Jalbert & Cécile Hudrisier) - chronique de Florian #02

    41347.jpgPodlapin

    Philippe Jalbert & Cécile Hudrisier

    éditions Thierry Magnier - 12 €

     

    Imaginez... C'est le matin, vous vous réveillez à peine quand un gland vous tombe sur la tête. La mauvaise humeur prend le dessus, la colère monte et vous envahit entièrement. Plus rien ne peut vous l'enlever. C'est exactement ce qui va se passer pour le lapin, héros de cette histoire. Pour décharger sa colère, il va s'en prendre à tous les animaux qui croiseront son chemin, de la taupe curieuse au crapaud contemplatitf, de l'hippopotame bronzant au grand dragon fumant. Et puis c'est au tour du petit oiseau qui vient lui déclarer son amour. C'en est trop pour notre lapin grognon qui libère sur lui toute sa colère. La vengeance du pauvre oiseau n'en sera que plus forte...

    Cet album se passe complètement de texte, remplaçant les injures du lapin par des pictogrammes représentant tour à tour des chaussettes, des nuages, des extra-terrestres ou autres boots poilus... Le résultat est très réussi et rend parfaitement l'aspect teigneux du personnage central. La chute nous fait rire et l'humour acide plaira autant aux grands qu'aux petits.

  • une interview de Fred Bernard et François Roca

    Voici une interview que j'ai réalisée en 2006 de Fred Bernard et François Roca à la sortie de leur ouvrage Soleil Noir (Albin Michel). Le site de Citrouille l'a remise en avant cet été. J'en profite pour la poster ici également...

     

    Rencontre avec Fred Bernard et François Roca

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    © François Roca



    Vous venez de sortir Cheval vêtu. C’est maintenant votre treizième album en commun… Eprouvez-vous toujours le même enthousiasme ? Avez-vous acquis une certaine sérénité ?
    Nous fêtons nos dix ans d’union puisque notre album La Reine des fourmis a disparu est sorti en 1996... Dix ans de vrai plaisir ! L'enthousiasme reste intact parce que nous nous sentons toujours plus proches et que les idées ne manquent pas. Le désir de faire est sans cesse croissant parce que nous avons le sentiment que tout reste à faire. Nous changeons nous-mêmes, nous sentons notre travail évoluer. L'excitation et la fébrilité accompagnent la réalisation de chaque album. Et la première difficulté réside encore et toujours dans ce fameux rapport texte-image, fragile et primordial. La deuxième difficulté va de pair avec la belle reconnaissance que nos projets ont acquis avec le temps et la jolie petite pression qui va avec… Il faut toujours réinventer! Nous rêvons toujours de faire mieux la fois prochaine, en sachant parfaitement que ce serait miraculeux de parvenir à se surpasser à chaque nouvel essai. Alors l'enthousiasme, oui. Mais la sérénité, non pas vraiment...



    Comment est né Cheval vêtu ?
    Nous nous sommes d’abord mis d'accord sur le thème suivant : « Les Indiens des plaines avant leur rencontre fatale avec l'homme blanc... ». Parce que François désirait peindre des chevaux et approfondir le thème des Indiens des plaines sans passer par le western. Nous avions l'impression d'avoir manquer un petit quelque chose avec d'un côté Ushi qui reprenait peut-être un peu trop facilement le folklore de ces peuples, et de l'autre L’Indien de la tour Eiffel où l'on passait sous silence son passé dans les plaines et son rapport à la nature.

    En quoi a consisté votre travail de préparation pour cet album ?
    Dès que nous avons décidé de placer la narration du côté des chevaux, il a fallu se pencher sur les conséquences bouleversantes de leur arrivée chez ces grands piétons depuis la nuit des temps qu'étaient les Indiens. Nous avons contacté «LE» spécialiste en la matière, Francis Geffard [libraire et directeur des collections « Terre indienne » chez Albin Michel]. Il s'est immédiatement enthousiasmé et nous a très généreusement fourni tout le matériel nécessaire, pour l'image aussi bien que pour le texte. Tout ce que nous avions lu ou vu depuis notre enfance sur les Indiens ne traitait pas vraiment de la bascule qui s'était opérée avec l'arrivée du cheval importé par les Espagnols. Comme d'habitude, nous n'avons pas utilisé le dixième des trouvailles faites en épluchant toute cette documentation. C'est finalement un travail colossal de tenir un format d’écriture assez court pour raconter une fresque qui a du souffle. La peinture de François doit prendre le relais de façon déterminante dès que le texte exige d'être élagué, raccourci.

    Dans Cheval vêtu, vous abordez des sujets plutôt inhabituels dans les livres de jeunesse : corrida, conquistadores… C’était déjà le cas dans Jésus Betz et plusieurs autres de vos albums. Vous aimez interpeller vos lecteurs ?
    Une lecture sans interpellation n'est pas très agréable… Nous aimons nous attaquer aux sujets habituels (le cirque, les pirates, les indiens...), mais sous des angles inhabituels - sans pour autant détourner ces sujets. Nous avons le même grand respect pour les « classiques » et pour les lecteurs; c'est pourquoi nous aimons les bousculer un peu les uns et les autres, mais sans malice, juste pour le plaisir. Nous essayons avant tout de nous surprendre nous-mêmes. Nous croisons les doigts pour que l’histoire et les images touchent aussi le découvreur-lecteur...

    Fred Bernard, vous possédez un ton très particulier, sans concession, qui, avec un vocabulaire riche et littéraire, offrent à vos récits une densité certaine. Dans quel état d’esprit écrivez-vous vos histoires ?
    J'ai dévoré des livres dès que j’ai pu. Je continue à le faire, toujours dans l'espoir d'être séduit et embarqué. Dans le meilleur des cas, c'est ce qui m'arrive quand j'écris, il est alors inimaginable de songer au vocabulaire, au style ou à quoi que ce soit d'autre. Une fois l'intention de départ et la documentation digérée, seuls les personnages et les situations m'importent. L'histoire m'est comme dictée, je la retravaille ensuite longuement, mais l'essentiel est là. Et ce sont les détails qui feront la différence. C'est à eux que je m'attache ensuite. À chaque mot.

    Vous mettez souvent en scène des personnages qui sont en décalage avec le milieu dans lequel ils se retrouvent (le cheval de conquistador chez les Indiens, l’Indien à Paris, l’enfant-tronc de Jesus Betz…). Est-ce une manière de mettre en marche vos scénarios ?
    Nous grandissons tous dans un monde que nous apprenons à connaître chemin faisant. Personnellement, j'ai toujours eu un mal de chien à m'y faire... Mes personnages sont comme moi, ils ont un peu l'impression d'être entourés d'extra-terrestres (alors que ce sont peut-être eux qui viennent d'ailleurs !). Finalement, ces histoires sont toutes plus ou moins autobiographiques. Elles sont le fruit de mes voyages, mes rencontres, mes réflexions. Comment décrire des sentiments et des sensations crédibles ? Ne pas désarmer, ne pas trop s’endurcir, rester sensible sans être fragile…physiquement et sentimentalement ! Pour y parvenir et maintenir l’équilibre, mes personnages sont obligés de faire des choix qui ont souvent des conséquences aventureuses. C'est le ressort de la plupart de mes histoires et c'est aussi celui de la mienne. Je suis tombé d’une falaise de 12 mètres… Je n’ai pu utiliser ni mes jambes, ni mes bras pendant trois mois… D’où le ressenti de Jésus Betz et de L’homme Bonsaï.

    François Roca, quand on regarde l’ensemble de votre production, on ressent l’affirmation d’un style fort, terriblement expressif, qui ne se situe plus dans la simple illustration mais dans une réelle recherche artistique…
    N'exagérons pas ! D’ailleurs pour moi il n'y a pas de «simple illustration». Je préfère parler d'images, ainsi on évite la classification entre «vraie peinture» et «illustration» qui d'ailleurs ne répond qu’à une question de contexte. Hopper dont personne ne met en doute qu'il est l'un des plus grands artistes peintres de ce XXème siècle, ou du moins l'un des plus connu, est aussi l'un des plus grands illustrateurs vu le nombre de couverture de roman qui sont tirées de ses peintures ! Dés qu'une image est associée à un texte ou à un titre elle devient illustrative, quelle que soit la qualité de cette image. Pour ma part j'ai toujours apprécié le réalisme en peinture, et cela à travers les siècles. C'est pour moi une mine inépuisable d'inspiration d'autant plus que nos livres nous emportent dans des époques chaque fois différentes. Je me réfère alors aux peintres de cette époque pour coller au plus près de la réalité historique. Cela influe sur mon style et me permet d'expérimenter de nouvelles choses et ainsi de continuer à avancer.

    Comment appréciez-vous l’évolution de votre technique et quelles sont vos envies, les techniques que vous aurez envie d’explorer dans vos prochains travaux?
    Mon plus grand changement technique a été l'emploi de la peinture à l'huile, pour mes illustrations à partir de 1999. Cela m'a peut-être permis de me rapprocher d'une certaine forme de peinture classique que l'on perçoit dans mes images. En tout cas cela m'a libéré de l'acrylique que je commençais à trouver contraignante. J’ai trouvé un second souffle ! Je suis loin d'avoir fait le tour de cette technique vu les possibilités qu'elle peut proposer et pour l'heure je n'envisage pas du tout d'en essayer d'autres.

    Vos deux noms sont très souvent associés. Vous avez chacun pourtant des projets personnels. Est-ce difficile pour vous d’exister en dehors de ce binôme ?
    Fred : C’est vrai, on me demande parfois de signer des livres que je n'ai pas écrits dès lors qu'ils sont illustrés par François ! L'illustration reste le fil rouge dans notre société d'images. La confusion se déplace lorsqu’on découvre que je dessine également. Pour ma part, j'ai pratiquement cessé de dessiner pour la jeunesse. Les concessions que j'y faisais m'emportaient vers des rivages trop frustrants à mon goût. La peinture réaliste de François permet également d'aborder des sujets plus particuliers. Je dessine de la bande dessinée adulte depuis trois ans et c'est l'occasion pour moi de dessiner comme j'écris, en noir et blanc, avec beaucoup de liberté. Avec ma première bande dessinée, La tendresse des crocodiles (version adulte de Jeanne et le Mokélé), je me suis aperçu à quel point le format et la distance définie par l'album m'interdisait de développer les dialogues que j'affectionne tant. Les éditeurs nous permettent de continuer notre chemin, ensemble ou séparément, c'est une chance énorme.

    François : En tant qu'illustrateur, j’ai la chance d’avoir beaucoup de propositions et de projets. Des textes que les éditeurs me soumettent et que j'accepte ou non suivant mes disponibilités et mes envies. Mais dans ces livres de commande, il me manque toujours un « je ne sais quoi ». Je n'en suis pas l'instigateur. J'ai le sentiment d'être pleinement et uniquement auteur avec les livres écrits par Fred ! Cela ne veut pas dire que j'aime moins les autres… C'est juste différent. En ce moment, je suis en train de réaliser des illustrations pour une maison d'édition américaine sur le boxeur Muhammad Ali, cela me passionne. C'est une façon de travailler différente dans un autre contexte, avec d'autres personnes. Cela me bouscule un peu et ce n'est pas plus mal d'autant que le sujet est assez mythique et excitant. Mais cela ne m'empêche pas d'avoir hâte de retrouver Fred pour notre prochain livre qui sera, je l'espère, meilleur et enrichi de nos expériences personnelles.

    On ressent souvent dans vos histoires une impression de grand large, une envie de parler d'ailleurs et d'en parler différemment. Quel est votre sentiment face à une littérature plus réaliste qui se développe de plus en plus dans les albums pour enfants ? Pensez-vous un jour raconter et illustrer des histoires ancrées dans le quotidien ?
    Fred : J'adore mon quotidien, le présent en particulier et la vie en général! Le quotidien des autres, beaucoup moins... Penser, imaginer permet de s’éloigner d’une réalité, d’inventer. Mon inconscient ne me dicte pas facilement des histoires réalistes mais elles sont remplies de situations vécues, à peine déformées. Les passions humaines sont les mêmes à travers le temps, l'espace, dans le réel et dans l'imaginaire. C'est d'ailleurs assez troublant...

    Vos albums sont de véritables passerelles entre le livre pour enfants et les livres d’adultes. Aviez-vous cette ambition quand vous avez commencé votre collaboration ?
    Nous ne faisons pas de différence entre la littérature jeunesse et la «grande» puisque que l'une précède l'autre. Il y a surtout celle que l'on a oubliée et celle qui nous a marqués, nous a fait avancer. Ensuite viennent les goûts et les couleurs... Nous adorons forcément le livre qui nous semble avoir été écrit pour nous-mêmes et nous seuls. Nous essayons de penser à l'enfant que nous étions et à ce qui nous plaisait de lire à l'époque. Nous nous souvenons du petit pincement au cœur quand les images ont disparu petit à petit de nos lectures, puis au plaisir que nous avons pris très vite à nous créer nos propres images en lisant, à nous « faire notre film »! Nous voulons accompagner les enfants dans ce passage parfois périlleux et titiller le grand enfant qui sommeille encore chez leurs parents. Nous nous autocensurons parce que nos livres sont destinés à la jeunesse mais nous refusons de ne nous adresser qu'à elle. Toute notre vie nous sommes confrontés à des choses qu'on ne connaît pas, à des mots qu'on ne comprend pas. Point trop n'en faut, c'est tout. La curiosité, une des plus grandes qualités, doit être éveillée tout azimut, à tout prix.

    Pour finir, pouvez-vous nous mettre en bouche pour votre futur projet ?
    La prochaine histoire ne devrait pas sentir le souffre mais plutôt les épices…puisqu’elle se déroulera en Inde.

    Propos recueillis par Simon Roguet, librairie M’Lire

  • onlikoinou #17 La boîte des papas

  • Sous la lune poussent les haïkus (Ryokan & Zaü) - chronique de Coraline #30

    40262.jpgSous la lune poussent les haïkus

    Haïkus de Ryokan
    Illustrations de Zaü
    Traduction Joan Titus-Carmel
    Petits géants du monde, Rue du monde - 6,50 €

    Les haïkus sont de très courts poèmes japonais. Derrière leur format codifié de manière très stricte, se cache une volonté de faire l’apologie de la nature. C’est toute une philosophie et un art de vivre qu’on découvre à travers ces textes symboliques. On connaît depuis longtemps l’engagement des éditions Rue du monde dans le domaine de la poésie et c’est dans la collection Petits Géants du Monde que sort cet extrait des haïkus de Ryokan. À chaque double page, on découvre le texte dans sa version française et la version originale en japonais. L’illustrateur Zaü répond parfaitement à ces textes avec des illustrations magnifiques à l’encre et aux pinceaux, à la manière des maîtres japonais.

  • Je voudrais savoir (Younna Morits & Martine Bourre) - chronique de Coraline #29

    40261.jpgJe voudrais savoir

    texte : Younna Morits
    Illustrations :  Martine Bourre
    Traduction Henri Abril
    Petits géants du monde, Rue du monde - 6,50 €

    Je voudrais savoir est un court poème russe sur une petite fille très curieuse de tout ce qui l’entoure et qui voudrait savoir… Savoir pourquoi l’éléphant s’appelle éléphant, pourquoi la chèvre bégaye, pourquoi les nuages se lisent comme un livre… Pleine de petites interrogations métaphysiques et poétiques, cette jeune enfant nous entraîne dans son rêve éveillé et son apprentissage de la vie. Les illustrations de Martine Bourre nous enchante comme à l’accoutumée. Petit plus, à la fin de l’ouvrage, on retrouve la version originale du poème en russe.

  • Faim de loup (Eric Pintus & Rémi Saillard) - chronique de Coraline #28

    6a00cd9721ed864cd50123f1b1ed7e860f-320pi.jpgFaim de loup

    texte : Eric Pintus
    Illustrations :  Rémi Saillard
    Didier jeunesse - 11,90 €

    Cette nouvelle histoire de loup commence par la faim ! En effet : la faim c’est la faim, tu as faim ! Voici donc notre loup tiraillé, obnubilé, affamé. Comble du malheur, il tombe dans un trou à ours d’où il ne peut plus sortir. Il s’apitoie sur son sort quand surgit un lapin moqueur. Rapidement, ce lapin devient agaçant, voire horripilant et plutôt cruel. La chute de ce dernier et de l’histoire n’en sera que plus savoureuse, du moins pour le loup…

    Un conte vraiment réussi (comme très souvent chez Didier jeunesse) qui nous change des histoires bien pensantes.

  • Le jeune homme et l'étoile (Nadia Gypteau & Anne Buguet) - chronique de Coraline #27

    9782732039756.gifLe jeune homme et l’étoile

    texte : Nadia Gypteau
    Illustrations : Anne Buguet
    Au berceau du monde, Le Sorbier - 13,50 €

    Alonso vit chez ses parents où il entretient avec soin le champ de pommes de terre. Mais depuis quelques temps, des voleurs dérobent les précieuses pommes de terre. Alonso est alors chargé de faire le guet toute la nuit. Il va ainsi découvrir que les voleurs sont en réalité les étoiles du ciel. L’une d’elles décide de rester sur Terre aux côtés d’Alonso. Mais pour cela, elle doit garder un secret que personne ne doit découvrir.

    Voici une très belle adaptation d’un conte traditionnel péruvien. Les deux auteurs nous entrainent dans une adaptation réjouissante qui fera voyager les petits et les grands.

  • Princesse Pivoine - Chronique de Coraline#24

    Princesse Pivoine

    Conte japonais illustré par Ein Lee

    Editions Nobi Nobi - 13.50€

    princesse pivoine.jpeg Au Japon, plusieurs siècles auparavant, vivait la princesse Aya, une douce et belle jeune fille, fille unique d'un puissant seigneur. Lorsqu'elle eut dix-huit ans, son père décida qu'il était temps pour elle de se marier et lui trouva donc un époux, fils d'un seigneur voisin. Mais un jour, elle fût éblouie par la beauté d'un mystérieux samouraï qui l'empêcha de tomber à l'eau. Peu après, elle tomba gravement malade ce qui révéla l'existence du jeune samouraï car il apparut qu'elle était malade d'amour ! Le mariage dut être repoussé et le mystérieux samouraï fît une dernière apparition avant de se transformer en une magnifique pivoine dont la princesse prit soin jusqu'à son mariage.

    Princesse Pivoine est le tout premier album illustrée par Ein Lee, une jeune taïwanaise de dix-huit ans ! Les dessins mélant crayons et outils numériques donnent une véritable empreinte à ce conte magnifique qui se révèle dans toute sa magie au travers de ces illustrations. Gageons que cette jeune illustratrice fera bientôt grand bruit: c'est tout le mal que nous lui souhaitons !


  • Le Jardin Voyageur - Chronique de Coraline#23

    Le Jardin Voyageur

    Peter Brown

    Editions Nord Sud - 14 €

    le jardin voyageur.gif Liam est un petit garçon vivant dans une triste ville toute grise où aucun arbre, aucune trace de verdure n'est visible. Un jour, Liam découvre un passage qui  le conduit sur l'ancienne voie ferrée, il va alors y découvrir quelque chose de fabuleux: de petites pousses fragiles et sauvages. Il va alors mettre tout son coeur et son énergie à prendre soin de ce petit jardin qui va proliférer, proliférer à mesure que Liam deviendra un meilleur jardinier. Ainsi la ville toute entière se transforme et tous les habitants se mettent eux aussi à jardiner.

    Un album plein de fraîcheur, tant dans son histoire que par les magnifiques illustrations de Peter Brown, qui nous apprend que quoi qu'il advienne, la nature reprend toujours ces droits mais que parfois la main de l'homme peut-être un précieux coup de pouce: pour les deux ...

  • collection Tothème (gallimard jeunesse) - chronique de Simon #64

    21060274284.GIFLe Moyen Age

    Dimitri Casali, Antoine Auger

    collection Tothème - Gallimard jeunesse - 13,90 €

    Gallimard jeunesse est reconnu depuis de nombreuses années pour son travail autour des documentaires pour la jeunesse. Que ce soient pour ses coéditions internationales ou dans de vrais créations, cette édition fait office de référence dans ce domaine. Tothème est le nom de sa nouvelle collection et elle devrait prendre de l’importance assez rapidement car c’est assurément l’une des collections les plus modernes qui existent sur le marché et cela pour plusieurs raisons : L’iconographie est très variée et mélange des documents d’archive, des dessins mais aussi des images plus vivantes (extraits de jeux vidéos, de dessins animés) qui vont toucher plus directement le jeune public. La structure même du documentaire est aussi intéressante. Composé en familles (dates, lieux, chefs d’œuvre, rôle, …) chaque petit chapitre permet des lectures croisées et complémentaires. On peut lire ce documentaire par un système de renvois (comme un livre dont vous êtes le héros), on peut le lire sujet par sujet (grâce à l’index qui – bonne idée – se déploie en deuxième rabat) et on peut le lire également de manière plus linéaire et alternant les différents sujets… De quelque manière choisie, la lecture est très agréable et facilitée par des textes courts et simples. Ici, l’idée n’est pas de faire une thèse sur un sujet mais de proposer des repères efficaces pour l’enfant tout en gardant un aspect ludique. Les 4 premiers titres sortis ne sont pas si classiques que cela même si l’on reste sur des domaines bien souvent demandés (Moyen-Age, automobile, religions, environnement) et la collection devrait ensuite croître régulièrement.

    À l’heure du tout internet, cette collection prouve l’intérêt encore primordial du documentaire papier et devrait ravir bon nombre d’enfants et parents.

  • Popville de J. Sorman, A. Boisrobert et L. Rigaud (éditions Hélium) - chronique de Simon #61

    Popville2Blog.jpgPopville

    Joy Sorman, Anouck Boisrobert
    Illustrations : Louis Rigaud
    Hélium - 14,90 €

    Un premier livre, c’est souvent inachevé, intéressant mais un peu bancal, des fois à améliorer…

    Popville, créé et réalisé par Anouck Boisrobert et Louis Rigaud n’appartient pas du tout à cette catégorie. Ce livre animé (ou pop-up) est admirable de classe et de précision. Partant d’un simple église et de quelques arbres, les auteurs nous proposent un voyage dans le temps où, peu à peu, à force de travaux et de constructions architecturales, se construit la ville. Le principe est simple et la réalisation graphique est parfaite. Avec le relief du pop-up, la ville surgit page après page et donne parfaitement l’illusion de la densité et du foisonnement de la vie urbaine. L’illustration est très épurée et ne s’appuie que sur des teintes délicates au crayon de couleur. Toute la place est ainsi donnée aux reliefs qui sont créés par les animations. La ville gagne en hauteur et s’étend sur le territoire environnant. Rapidement tout l’espace du livre est rempli et l’on peut imaginer que ce n’est que le début.

    Tout autant que la surprise et l’émerveillement visuels procurés par le travail en relief, cette vision de la ville tentaculaire est vraiment intéressante et novatrice. Popville est un très bel ouvrage à découvrir au plus vite.