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littérature jeunesse - Page 8

  • nos coups de coeur en un clin d'oeil... #01

    C'est bientôt Noêl !

    Découvrez en quelques mouvements de souris les conseils de vos libraires

     

    Blog de Jean-Philippe Blondel (éd actes sud junior)

     

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    Remarquable, l'écriture de Jean-Philippe Blondel fait une nouvelle fois mouche. Les rapports père-fils sont abordés avec beaucoup de délicatesse dans un jeu de miroir entre le blog de l'ado et les carnets intimes de son père.

     

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    Comment bien rater ses vacances de Anne Percin (Rouergue DoAdo)

     

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    Les vacances quelque peu mouvementées d'un ado qui devra se débrouiller pour survivre seul pendant deux semaines. C'est drôle, bien écrit et réussi. Un vrai bonheur pour se faire du bien...

     

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    Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat (Gallimard Pôle Fiction)

     

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    En voilà une idée lumineuse ! Gallimard crée une collection de poche pour les ados et nous permet de remettre en avant quelques pépites de leur catalogue. Parmi celles-ci, Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat est incontestablement inévitable ! À (re)découvrir...

     

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    Tout près Le bout du monde de Maud Lethielleux (Flammarion)

     

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    3 voix pour un même récit. 3 ados en situation difficile recueillis chez une vieille qui retape sa maison. Chacun son histoire et chacun sa façon de s'exprimer. Avec un gros travail sur les différents styles, Maud Lethielleux nous fait partager ces trois moments de vie, ces trois langues.

     

     

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  • Reckless (Cornelia Funke) - Chronique de Coraline#41

    Reckless

    Cornelia Funke

    Editions Gallimard Jeunesse - 15€

    reckless.jpg Dans le bureau de son père disparu, Jacob Reckless découvre un miroir, qui lui permet d'entrer dans un monde féerique. Cependant ce monde se révèlera tout aussi dangereux que magique, peuplé de fées mais également de Goyls (des créatures à la peau de pierre et aux griffes ensorcelées), un peuple en guerre contre celui des hommes. Pendant douze ans, Jacob explore ce monde qui le fascine et s'y fait une fidèle amie: Fox, une créature mi-jeune-fille mi-renarde. Mais un jour, Will, son jeune frère, le suit et s'y retrouve blessé par un Goyl. S'engage alors une course poursuite contre la montre, car Will voit petit à petit sa peau se transformer en pierre de jade, le changeant ainsi en Goyl. Aidé de Fox et de Clara, la fiancé de Will, Jacob va tout faire pour sauver son frère de la mutation qui s'opère en lui.

    Cornelia Funke n'est pas une inconnue. En effet, elle nous a enchanté il y a quelques temps déjà, avec sa trilogie Coeur d'encre. Certains diront que Reckless ressemble beaucoup à Coeur d'encre. Il est vrai que dans ce nouveau roman, il est également question d'une quête dont le but est de sauver un être cher. Cependant, il ne faudrait pas s'arrêter à cette première impression car Reckless diffère de Coeur d'encre et ce en de nombreux points. Ce premier tome est en effet plus sombre que ne pouvait l'être celui de Coeur d'encre. Un roman que l'on vous conseille donc, un très bon moment de lecture garanti.

  • Le plus grand footballeur de tous les temps (G. Zullo) - chronique de Simon #80

    9782889080502,0-598662.jpgLe plus grand footballeur de tous les temps

    Germano Zullo

    Encrage, La Joie de Lire - 13 €


    Le plus grand footballeur de tous les temps n’a rien d’un roman classique sur le football. Son titre, un peu racoleur, pourrait en tromper plus d’un. Car ce roman est beaucoup plus malin qu’il n’y parait. D’abord, ce livre ne parle pas uniquement que de foot, loin de là. Ensuite le narrateur, un jeune garçon, n’est pas celui qui pourrait prétendre à ce titre élogieux. Enfin, le tout est écrit avec beaucoup de finesse et de justesse.

    Si le récit tourne bien autour du football (avec les termes techniques, les références qui vont avec) c’est plus la vie du personnage principal, ses ressentiments et ses rencontres qui comptent dans ce livre. Alors qu’il est incontestablement doué pour le foot, notre héros se lasse peu à peu et son niveau de jeu s’en ressent. Comme en plus, ses résultats scolaires suivent la même voie, on peut dire que ce jeune homme se cherche. Sa première vraie histoire amoureuse avec  Giuliana, sa découverte des livres par le biais de la science-fiction, ses difficultés relationnelles avec ses parents… c’est cela le vrai sujet de ce roman. Et tout cela est très bien rendu. Bien écrit, sur des sujets délicats bien traités, ce roman mérite une attention particulière et ils ne sont pas si nombreux que cela quant il s’agit de romans autour du sport…

     

    allez un petit plaisir...



    Mano Negra - Santa Maradona
    envoyé par Floyd-out. - Regardez d'autres vidéos de musique.

  • Le petit Gus fait sa crise (C. Desmarteau) - chronique de Simon #79

    9782226209337,0-1103853.jpgLe petit Gus fait sa crise

    Claudine Desmarteau
    Albin Michel - 12,90 €

    "Le cerveau d’une fille, c’est pire qu’un problème de maths parce que dans les maths, y’a de la logique." Voici le genre de phrase à laquelle seul le petit Gus peut prétendre…

    Enfin ! Après plus de deux ans d’attente et la triste disparition des éditions Panama, on attendait avec impatience des nouvelles de notre ronchon préféré, le petit Gus. Après tout ce temps, il a bien grandi et c’est avec énormément de plaisir que l’on retrouve ses aventures familiales. Dans cette famille, plus que moyenne, on retrouve donc Gus, le nouvel héros des temps modernes, sorte de Petit Nicolas réactualisé aux mœurs d’aujourd’hui. On trouve également son frère Romain de plus en plus ado, sa sœur Delphine qui vient de ramener un rat à la maison, son père plus radin que jamais et sa mère qui ne voit plus que par les livres de Aldo Nouillerie (ne voyez surtout aucune référence… ).

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    (merci à Gawou pour cet emprunt d'image...)

     

    Toute cette joyeuse compagnie est donc à nouveau réunie pour le second volume de ces aventures. Merci à Albin Michel de reprendre ce personnage, merci à Claudine Desmarteau qui nous offre une nouvelle fois une bonne raison de se se divertir et c’est déjà très bien.

  • Mon carnet de voyage à Londres (M. Jaubert - E. Bonetto) - chronique de Simon #78

    carnetdevoyage.jpgMon carnet de voyage à Londres

    Marica Jaubert / Eglantine Bonetto
    coll Jo & Moi autour du monde, Sikanmar - 14,90 €

    Pendant fort longtemps, on ne peut pas dire qu’en tant que libraires, nous fûmes envahis par les documentaires sur la géographie européenne. Trop rapidement obsolètes surement ou tout simplement compliqués à réaliser, on peut dire que les éditeurs français n’étaient pas très inspirés par nos proches voisins, en tout cas beaucoup moins que sur l’Afrique, l’Asie ou même l’Australie… L’Europe ne faisait-elle pas rêver ? Heureusement nous vivons dans un monde éditorial formidable et depuis quelques temps, on peut – partiellement – trouver dans nos rayonnages quelques-uns de ces pays présentés. Mais comme nous ne sommes pas tout à fait saturés encore de ce genre de livre, saluons ici l’initiative d’un jeune éditeur qui se lance courageusement dans cette aventure : les éditions Sikanmar. Ils viennent de créer avec la collection Jo & Moi autour du monde une collection de documentaires autour de villes européennes. SIKANMAR-jo-et-moi-autour-du-monde-page.jpgPlus que de simples documentaires, ce sont d’ailleurs de vrais carnets de voyage que nous propose cet éditeur à travers ces deux premiers ouvrages sur Londres et Paris. Jeux, carnets de dessins, préparation au voyage ou livre d’activités, ces ouvrages faciles à manipuler seront le compagnon idéal de vos enfants lors de vos visites dans les plus grandes villes européennes. D’autres titres doivent suivre prochainement. Et c’est une très bonne idée…

    Sikanmar-Jo-et-moi-autour-du-monde-rue.jpg

  • Souviens-toi de la lune (Stéphane Servant) - chronique de Simon #76

    4730266546_cd618d909b.jpgSouviens-toi de la lune

    Stéphane Servant

    Rouergue DoAdo Noir - 14 €

    Carrefour porte mal son nom. Ville fantomatique de la Louisiane, elle n’est que le carrefour d’alcooliques et de paumés. Dans ce sinistre paysage, vit David qui finit une formation de garagiste. Mais cette vie ne lui va pas. Le mobil-home miteux de son père, ses colères, cette ville misérable sans avenir, tout le pousse à partir ailleurs. Comme il écrit, il veut se consacrer pleinement à l’écriture, se faire publier et quitter Carrefour et sa morosité. Justement, au lycée, intervient une ancienne gloire de la littérature, Frank Lebreton, qui a connu un succès fulgurant il y a quelques années. David décide de lui montrer ses manuscrits mais se fait humilier par l’auteur devenu aigri. Peu après surgissent sur sa peau quelques écailles… Une chose prend peu à peu le contrôle du jeune homme et lui dicte les textes qu’il écrit. Toute la violence retenue du garçon semble alors s’exprimer à travers la voix de cette chose qui semble inarrêtable. À cet instant, le roman semble basculer vers le fantastique. Après on ne sait plus trop. Entre une réalité sociale devenue assez floue et un fantastique qui paraît réel, surgissent pèle-mêle meurtres, schizophrénie, enfermement, démence ou romance. Chaque chapitre perd un peu plus le lecteur sans pouvoir se rattacher à un genre littéraire précis. Une chose est sûre en revanche : ce livre est absolument impossible à lâcher. La grande maîtrise littéraire de Stéphane Servant (déjà remarquée dans Guadalquivir 44249369_p.jpgparu chez Scripto Gallimard) fait le reste. La fin ne laissera sans doute pas indifférent – certains aimeront, d’autres resteront sur leur faim – en tout cas, tous devraient s’accorder à affirmer qu’on tient là un vrai bon roman pour ados et un acte littéraire ambitieux à défendre et à soutenir.

     

    Le blog de Stéphane Servant

     

    La couverture très très jolie de ce livre est signée par la photographe Dorothy Shoes

     

    Attention parution de ce roman : le 8 septembre

  • J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait (M.Lethielleux) - chronique de Simon #74

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    J'ai quinze ans et je ne l'ai pas jamais fait

    Maud Lethielleux

    éditions Thierry Magnier - 9 €

    Capucine, bonne élève, ado sans soucis, a les hormones qui la chatouillent. Elle veut connaître le grand amour et est persuadée que son prof d’histoire-géo en pince pour elle. Martin, lui est plus discret. C’est plutôt le gars qui ne parle pas en classe, pas vraiment motivé ni enthousiaste. Ce qui le fait vibrer, c’est la musique. Leur destin va subtilement se mêler dans cette histoire à deux voix.

    J'ai quinze ans... est un texte qui parle d'amour, d'adolescence et de rock. Maud Lethielleux ne tombe dans aucun des clichés propres à l'écriture sur l'adolescence. Elle parle avec sensibilité des premiers émois, des envies et des déceptions propres à cet âge. Ces personnages sont à la fois détestables et attachants et replongent le lecteur dans le trouble de cet entre-deux. Pas vraiment adultes, plus tout à fait des enfants, les ados de cette histoire nous donneraient presque envie d'y retourner... hum... Non, non, c'était une blague... En tout cas, ce premier essai en jeunesse donne très envie de lire les autres textes de Maud Lethielleux, publiés chez Stock. C'est fait pour ma part et ce n'est que du bonheur. Ces textes font du bien. Profitons-en...

     

  • une interview de Fred Bernard et François Roca

    Voici une interview que j'ai réalisée en 2006 de Fred Bernard et François Roca à la sortie de leur ouvrage Soleil Noir (Albin Michel). Le site de Citrouille l'a remise en avant cet été. J'en profite pour la poster ici également...

     

    Rencontre avec Fred Bernard et François Roca

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    © François Roca



    Vous venez de sortir Cheval vêtu. C’est maintenant votre treizième album en commun… Eprouvez-vous toujours le même enthousiasme ? Avez-vous acquis une certaine sérénité ?
    Nous fêtons nos dix ans d’union puisque notre album La Reine des fourmis a disparu est sorti en 1996... Dix ans de vrai plaisir ! L'enthousiasme reste intact parce que nous nous sentons toujours plus proches et que les idées ne manquent pas. Le désir de faire est sans cesse croissant parce que nous avons le sentiment que tout reste à faire. Nous changeons nous-mêmes, nous sentons notre travail évoluer. L'excitation et la fébrilité accompagnent la réalisation de chaque album. Et la première difficulté réside encore et toujours dans ce fameux rapport texte-image, fragile et primordial. La deuxième difficulté va de pair avec la belle reconnaissance que nos projets ont acquis avec le temps et la jolie petite pression qui va avec… Il faut toujours réinventer! Nous rêvons toujours de faire mieux la fois prochaine, en sachant parfaitement que ce serait miraculeux de parvenir à se surpasser à chaque nouvel essai. Alors l'enthousiasme, oui. Mais la sérénité, non pas vraiment...



    Comment est né Cheval vêtu ?
    Nous nous sommes d’abord mis d'accord sur le thème suivant : « Les Indiens des plaines avant leur rencontre fatale avec l'homme blanc... ». Parce que François désirait peindre des chevaux et approfondir le thème des Indiens des plaines sans passer par le western. Nous avions l'impression d'avoir manquer un petit quelque chose avec d'un côté Ushi qui reprenait peut-être un peu trop facilement le folklore de ces peuples, et de l'autre L’Indien de la tour Eiffel où l'on passait sous silence son passé dans les plaines et son rapport à la nature.

    En quoi a consisté votre travail de préparation pour cet album ?
    Dès que nous avons décidé de placer la narration du côté des chevaux, il a fallu se pencher sur les conséquences bouleversantes de leur arrivée chez ces grands piétons depuis la nuit des temps qu'étaient les Indiens. Nous avons contacté «LE» spécialiste en la matière, Francis Geffard [libraire et directeur des collections « Terre indienne » chez Albin Michel]. Il s'est immédiatement enthousiasmé et nous a très généreusement fourni tout le matériel nécessaire, pour l'image aussi bien que pour le texte. Tout ce que nous avions lu ou vu depuis notre enfance sur les Indiens ne traitait pas vraiment de la bascule qui s'était opérée avec l'arrivée du cheval importé par les Espagnols. Comme d'habitude, nous n'avons pas utilisé le dixième des trouvailles faites en épluchant toute cette documentation. C'est finalement un travail colossal de tenir un format d’écriture assez court pour raconter une fresque qui a du souffle. La peinture de François doit prendre le relais de façon déterminante dès que le texte exige d'être élagué, raccourci.

    Dans Cheval vêtu, vous abordez des sujets plutôt inhabituels dans les livres de jeunesse : corrida, conquistadores… C’était déjà le cas dans Jésus Betz et plusieurs autres de vos albums. Vous aimez interpeller vos lecteurs ?
    Une lecture sans interpellation n'est pas très agréable… Nous aimons nous attaquer aux sujets habituels (le cirque, les pirates, les indiens...), mais sous des angles inhabituels - sans pour autant détourner ces sujets. Nous avons le même grand respect pour les « classiques » et pour les lecteurs; c'est pourquoi nous aimons les bousculer un peu les uns et les autres, mais sans malice, juste pour le plaisir. Nous essayons avant tout de nous surprendre nous-mêmes. Nous croisons les doigts pour que l’histoire et les images touchent aussi le découvreur-lecteur...

    Fred Bernard, vous possédez un ton très particulier, sans concession, qui, avec un vocabulaire riche et littéraire, offrent à vos récits une densité certaine. Dans quel état d’esprit écrivez-vous vos histoires ?
    J'ai dévoré des livres dès que j’ai pu. Je continue à le faire, toujours dans l'espoir d'être séduit et embarqué. Dans le meilleur des cas, c'est ce qui m'arrive quand j'écris, il est alors inimaginable de songer au vocabulaire, au style ou à quoi que ce soit d'autre. Une fois l'intention de départ et la documentation digérée, seuls les personnages et les situations m'importent. L'histoire m'est comme dictée, je la retravaille ensuite longuement, mais l'essentiel est là. Et ce sont les détails qui feront la différence. C'est à eux que je m'attache ensuite. À chaque mot.

    Vous mettez souvent en scène des personnages qui sont en décalage avec le milieu dans lequel ils se retrouvent (le cheval de conquistador chez les Indiens, l’Indien à Paris, l’enfant-tronc de Jesus Betz…). Est-ce une manière de mettre en marche vos scénarios ?
    Nous grandissons tous dans un monde que nous apprenons à connaître chemin faisant. Personnellement, j'ai toujours eu un mal de chien à m'y faire... Mes personnages sont comme moi, ils ont un peu l'impression d'être entourés d'extra-terrestres (alors que ce sont peut-être eux qui viennent d'ailleurs !). Finalement, ces histoires sont toutes plus ou moins autobiographiques. Elles sont le fruit de mes voyages, mes rencontres, mes réflexions. Comment décrire des sentiments et des sensations crédibles ? Ne pas désarmer, ne pas trop s’endurcir, rester sensible sans être fragile…physiquement et sentimentalement ! Pour y parvenir et maintenir l’équilibre, mes personnages sont obligés de faire des choix qui ont souvent des conséquences aventureuses. C'est le ressort de la plupart de mes histoires et c'est aussi celui de la mienne. Je suis tombé d’une falaise de 12 mètres… Je n’ai pu utiliser ni mes jambes, ni mes bras pendant trois mois… D’où le ressenti de Jésus Betz et de L’homme Bonsaï.

    François Roca, quand on regarde l’ensemble de votre production, on ressent l’affirmation d’un style fort, terriblement expressif, qui ne se situe plus dans la simple illustration mais dans une réelle recherche artistique…
    N'exagérons pas ! D’ailleurs pour moi il n'y a pas de «simple illustration». Je préfère parler d'images, ainsi on évite la classification entre «vraie peinture» et «illustration» qui d'ailleurs ne répond qu’à une question de contexte. Hopper dont personne ne met en doute qu'il est l'un des plus grands artistes peintres de ce XXème siècle, ou du moins l'un des plus connu, est aussi l'un des plus grands illustrateurs vu le nombre de couverture de roman qui sont tirées de ses peintures ! Dés qu'une image est associée à un texte ou à un titre elle devient illustrative, quelle que soit la qualité de cette image. Pour ma part j'ai toujours apprécié le réalisme en peinture, et cela à travers les siècles. C'est pour moi une mine inépuisable d'inspiration d'autant plus que nos livres nous emportent dans des époques chaque fois différentes. Je me réfère alors aux peintres de cette époque pour coller au plus près de la réalité historique. Cela influe sur mon style et me permet d'expérimenter de nouvelles choses et ainsi de continuer à avancer.

    Comment appréciez-vous l’évolution de votre technique et quelles sont vos envies, les techniques que vous aurez envie d’explorer dans vos prochains travaux?
    Mon plus grand changement technique a été l'emploi de la peinture à l'huile, pour mes illustrations à partir de 1999. Cela m'a peut-être permis de me rapprocher d'une certaine forme de peinture classique que l'on perçoit dans mes images. En tout cas cela m'a libéré de l'acrylique que je commençais à trouver contraignante. J’ai trouvé un second souffle ! Je suis loin d'avoir fait le tour de cette technique vu les possibilités qu'elle peut proposer et pour l'heure je n'envisage pas du tout d'en essayer d'autres.

    Vos deux noms sont très souvent associés. Vous avez chacun pourtant des projets personnels. Est-ce difficile pour vous d’exister en dehors de ce binôme ?
    Fred : C’est vrai, on me demande parfois de signer des livres que je n'ai pas écrits dès lors qu'ils sont illustrés par François ! L'illustration reste le fil rouge dans notre société d'images. La confusion se déplace lorsqu’on découvre que je dessine également. Pour ma part, j'ai pratiquement cessé de dessiner pour la jeunesse. Les concessions que j'y faisais m'emportaient vers des rivages trop frustrants à mon goût. La peinture réaliste de François permet également d'aborder des sujets plus particuliers. Je dessine de la bande dessinée adulte depuis trois ans et c'est l'occasion pour moi de dessiner comme j'écris, en noir et blanc, avec beaucoup de liberté. Avec ma première bande dessinée, La tendresse des crocodiles (version adulte de Jeanne et le Mokélé), je me suis aperçu à quel point le format et la distance définie par l'album m'interdisait de développer les dialogues que j'affectionne tant. Les éditeurs nous permettent de continuer notre chemin, ensemble ou séparément, c'est une chance énorme.

    François : En tant qu'illustrateur, j’ai la chance d’avoir beaucoup de propositions et de projets. Des textes que les éditeurs me soumettent et que j'accepte ou non suivant mes disponibilités et mes envies. Mais dans ces livres de commande, il me manque toujours un « je ne sais quoi ». Je n'en suis pas l'instigateur. J'ai le sentiment d'être pleinement et uniquement auteur avec les livres écrits par Fred ! Cela ne veut pas dire que j'aime moins les autres… C'est juste différent. En ce moment, je suis en train de réaliser des illustrations pour une maison d'édition américaine sur le boxeur Muhammad Ali, cela me passionne. C'est une façon de travailler différente dans un autre contexte, avec d'autres personnes. Cela me bouscule un peu et ce n'est pas plus mal d'autant que le sujet est assez mythique et excitant. Mais cela ne m'empêche pas d'avoir hâte de retrouver Fred pour notre prochain livre qui sera, je l'espère, meilleur et enrichi de nos expériences personnelles.

    On ressent souvent dans vos histoires une impression de grand large, une envie de parler d'ailleurs et d'en parler différemment. Quel est votre sentiment face à une littérature plus réaliste qui se développe de plus en plus dans les albums pour enfants ? Pensez-vous un jour raconter et illustrer des histoires ancrées dans le quotidien ?
    Fred : J'adore mon quotidien, le présent en particulier et la vie en général! Le quotidien des autres, beaucoup moins... Penser, imaginer permet de s’éloigner d’une réalité, d’inventer. Mon inconscient ne me dicte pas facilement des histoires réalistes mais elles sont remplies de situations vécues, à peine déformées. Les passions humaines sont les mêmes à travers le temps, l'espace, dans le réel et dans l'imaginaire. C'est d'ailleurs assez troublant...

    Vos albums sont de véritables passerelles entre le livre pour enfants et les livres d’adultes. Aviez-vous cette ambition quand vous avez commencé votre collaboration ?
    Nous ne faisons pas de différence entre la littérature jeunesse et la «grande» puisque que l'une précède l'autre. Il y a surtout celle que l'on a oubliée et celle qui nous a marqués, nous a fait avancer. Ensuite viennent les goûts et les couleurs... Nous adorons forcément le livre qui nous semble avoir été écrit pour nous-mêmes et nous seuls. Nous essayons de penser à l'enfant que nous étions et à ce qui nous plaisait de lire à l'époque. Nous nous souvenons du petit pincement au cœur quand les images ont disparu petit à petit de nos lectures, puis au plaisir que nous avons pris très vite à nous créer nos propres images en lisant, à nous « faire notre film »! Nous voulons accompagner les enfants dans ce passage parfois périlleux et titiller le grand enfant qui sommeille encore chez leurs parents. Nous nous autocensurons parce que nos livres sont destinés à la jeunesse mais nous refusons de ne nous adresser qu'à elle. Toute notre vie nous sommes confrontés à des choses qu'on ne connaît pas, à des mots qu'on ne comprend pas. Point trop n'en faut, c'est tout. La curiosité, une des plus grandes qualités, doit être éveillée tout azimut, à tout prix.

    Pour finir, pouvez-vous nous mettre en bouche pour votre futur projet ?
    La prochaine histoire ne devrait pas sentir le souffre mais plutôt les épices…puisqu’elle se déroulera en Inde.

    Propos recueillis par Simon Roguet, librairie M’Lire

  • Photos de la venue de Séverine Thévenet et Mamie Violette

    Merci beaucoup Séverine pour ta venue !

    c'était vraiment super !!!

     

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  • En attendant New York -Chronique de Coraline#33

    En attendant New York

    Mitali Perkins

    Editions Thierry Magnier - 18€

    en attendant new york.jpg Lorsque son père part aux Etats-Unis pour y trouver un emploi, Asha, sa soeur Reet et leur mère se retrouvent chez leur oncle à Calcutta en attendant de le rejoindre. Asha est une jeune fille particulière, en effet, elle a été élevé comme un garçon, a pu jouer au tennis et au cricket, porter des shorts... mais sa condition féminine l'a très vite rattrapé. Ainsi du jour au lendemain, elle doit se plier aux traditions. L'arrivée chez son oncle est difficile car la famille est très traditionnaliste. Elle doit de plus, faire face à sa tante, son oncle et sa grand-mère qui voient sa soeur mariée au plus vite. Cependant Asha a juré à son père de protéger sa soeur et sa mère. Mais pourra t-elle les sauver à n'importe quel prix ?

    Mitali Perkins nous dépeint une Inde juste de l'époque de Gandhi, car l'histoire se passe en 1975. Un roman qui nous donne une image plus intime que celle que nous pouvons avoir. Un roman captivant et bouleversant, une magnifique histoire de vies.

  • Hunger Games T02 L'embrasement - Chronique de Coraline#32

    Hunger Games T02 L'embrasement

    Suzanne Collins

    Editions Pocket Jeunesse- 17.90€

    hunger games 2.gif Nous retrouvons Katniss, quelques mois à peine après sa victoire aux Hunger Games. Si sa victoire lui a permis de revenir en vie de l'arène, Katniss reste néanmoins en très grand danger. En effet, le Capitole - et particulièrement le président Snow - n'ont pas vraiment apprécié son comportement au cours des derniers Jeux. Celui-ci tient à ce que la jeune fille paye pour les idées de révolte qu'elle a su insuffler dans l'esprit des habitants des autres districts. Les Jeux de l'Expiation devraient être l'occasion idéale pour cette vengeance. Pour Katniss, les Jeux de l'arène reviennent et il semble bien qu'ils ne lui laisseront aucune chance.

    Suzanne Collins signe ici un second tome tout aussi réussi que le premier. Une suite à la hauteur de nos espérances où les adeptes des Hunger Games seront comblés. Un régal.

    L'auteur travaille en ce moment sur le script de l'adaptation au cinéma du tome 1 de sa trilogie. À paraître en 2011 !

  • Maya Fox 2012 Tome 1 La prédestinée-Chronique de Coraline#31

    Maya Fox 2012, Tome 1 La prédestinée

    Silvia Brena et Iginio Straffi

    Editions Pocket Jeunesse - 16.90€

    maya fox 2012.JPG Maya est une jeune fille de dix-sept ans que la vie n'a pas épargnée. En effet, il y a trois ans, c'est elle qui a découvert le corps sans vie de son père, assassiné. Aujourd'hui, c'est une jeune fille qui a du mal à communiquer avec sa mère, Megan. Cette profiler, de grand nom, est à la recherche de Gacy, l'homme qui a assassiné son mari et qui vient de s'évader de prison. Ce psychopathe est fasciné par Megan et surtout par la théorie des Mayas qui veut que la fin du monde soit pour le 21 décembre 2012. Il enlève ainsi des jeunes filles à chaque solstice et il semblerait bien que Maya soit sa prochaine victime.

    Ce roman se bâtit sur trois narrateurs différents, les trois principaux protagonistes de l'histoire: Maya, Megan et Gacy. Entre fiction et thriller, ce roman parvient à maintenir le suspens de bout en bout. La suite, à paraître en octobre, devrait être à la hauteur du premier tome.

  • La cérémonie d'hiver (Elise Fontenaille) - chronique de Simon #72

    40319.jpgLa cérémonie d’hiver

    Elise Fontenaille
    DoAdo Noir, Rouergue - 6,50 €

    Vancouver n’est pas que la ville des jeux olympiques d’hiver. C’est aussi la plus belle ville du monde. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Élise Fontenaille, l’auteur du roman La cérémonie d’hiver. On connaît tout l’attachement qu’elle porte à cette ville – elle y a vécu – qu’elle a déjà mise en scène dans son roman pour adultes Les disparues de Vancouver. Mais comme pour celui-ci, c’est une vision assez sombre de cette ville qu’elle nous transmet avec ce petit texte percutant.

    Eden est une jeune indienne qui vit dans une tour au 23e étage au milieu de la Réserve, là où vivent tous les indiens de Vancouver. Elle vit de son amour des rapaces et notamment grâce à Sky, un aigle qu’elle élève comme sa fille. Sa grand-mère Violett vient de mourir à sa sortie de prison, victime de sa liberté. Eden ne digère pas. Elle a besoin d’une vengeance, comme le veut la tradition…

    Ce texte court se révèle extrêmement percutant, comme un coup de poing venu de nulle part. L’intrigue est très bien mené et tient le lecteur en apnée jusqu’au dénouement, mystérieux et poétique. Un texte fort.

  • La vache tombée du ciel et autres faits divers (Michel Piquemal, Patrice Cartier & Bruno Salamone) - chronique de Simon #71

    9782226207111.gifLa vache tombée du ciel et autres faits divers

    Textes de Michel Piquemal & Patrice Cartier
    Illustrations de Bruno Salamone
    Albin Michel jeunesse - 7,50 €

    Pour tous ceux qui aiment les faits divers, les histoires un peu loufoques, les blagues tirées de la réalité, ce livre devrait vous plaire. Il présente de manière humoristique une petite collection des événements et faits divers les plus stupides et hallucinants. En vrac, on apprendra qu’un homme s’est retrouvé coincé plus de deux heures dans la cuvette des toilettes d’un TGV en voulant récupérer son portable, qu’un thaïlandais s’est enfermé depuis plus de trente ans dans sa chambre parce que ses parents n’ont pas voulu lui acheter une moto à 18 ans, qu’une trentaine de prisonniers kényans se sont enfuis quand un lapin a surgi dans la prison et que les gardiens ont décidé de faire une chasse improvisée…

    Autant d’informations totalement inintéressantes mais véritablement drôles qui permettront à chacun de se détendre un petit peu.

  • Agrippine la jeune (Audrey Guiller & Pénélope Paicheler) - chronique de Simon #70

    9782742787081.jpgAgrippine la jeune

    Texte de Audrey Guiller
    Illustrations de Pénélope Paicheler
    T’étais qui, toi ?, Actes sud junior - 7,80 €

    Un ton léger, des références historiques précises, des biographies décalées : voici l’objectif de cette petite collection nouvellement parue chez Actes Sud junior. Au programme des premiers volumes, Agrippine la Jeune, Charles de Gaulle et Léonard de Vinci. Cette collection dirigée par l’auteur Vincent Cuvellier permet une nouvelle approche de l’histoire par le biais de biographies romancées. Le lecteur rentre ainsi dans l’Histoire par de petites histoires… Pour cette première série, nous avons une petite préférence pour le récit de la vie d’Agrippine. Les deux auteurs Audrey Guiller (texte) et Pénélope Paicheler (dessins) nous offrent une biographie pleine d’humour et de rebondissements.

  • Blog (Jean-Philippe Blondel) - chronique de Simon #68

    9782742789368.jpgBlog

    Jean-Philippe Blondel
    Romans ados, Actes sud junior - 10 €

    Décidément, l’écriture de Jean-Philippe Blondel ne se lasse pas de me prendre, me retourner et de me laisser sans voix, un peu en apesanteur. Depuis Accès direct à la plage, son premier texte publié en 2003, les textes de cet écrivain finalement assez peu connu ne cessent de me poursuivre et de me retrouver régulièrement. Le dernier ouvrage de cet ami lointain se nomme Blog et est paru dans l’excellente collection Romans ados chez Actes sud junior. Une couverture un peu racoleuse (bien qu’efficace), un début d’histoire un peu facile (un ado est dans une colère noire puisque son père a découvert le blog intime qu’il tient sur internet) puis rapidement l’écriture de Blondel reprend le dessus. Sans chichis, sans fausse poésie, sans qu’on s’en rende compte presque, on se retrouve embarqué dans cette chronique familiale. L’histoire est belle, les relations entre un père et son fils qui se renouent par l’intermédiaire de l’écriture, la distance qui s’est peu à peu installée à l’adolescence semble s’évanouir entre l’adulte qui a quitté ses rêves d’ado et l’ado qui devient jeune adulte. Ce texte est un formidable témoignage d’une vie somme toute assez banale. Peu d’actions exaltantes, pas de rebondissements explosifs, les textes de Blondel nous parlent de notre vie simplement, avec une grâce et une sincérité finalement assez rare.

  • Le worldshaker (Richard Harland) - chronique de Simon #67

    worldshakercouv1erPlan.jpgLe Worldshaker

    Richard Harland

    Hélium - 14.90 €

    Ahhhh ! Il est enfin paru... Cela faisait un bon bout de temps que je l'avais lu mais je ne pouvais en parler... Pas de critique avant parution...

     

    Qu'on se le dise tout de suite, ce roman est tout simplement excellent ! Du rythme, de l'aventure (de la vraie !), une belle écriture... tout est là pour que l'on suive avec une grande impatience les aventures du héros de cette histoire. Col Porpentine est celui-ci. Jeune garçon de 10 ans, son destin est tout tracé. Il doit succéder à son grand-père, le très impressionnant Sir Mormus à la tête du Worldshaker, le bateau-monde qui transporte depuis des lustres une communauté privilégiée. Tout en haut de ce navire, les classes aisées, dont fait partie Col : la vie tranquille et oisive, des centres d'intérêt un peu désuets (sorte de cour royale insipide) et une ambition pour chaque famille : monter le plus haut possible. Dans les cales, en dessous du niveau zéro, vivent les immondes, dans des conditions pitoyables, qui oeuvrent pour que le navire avance, dans la saleté, la chaleur et la proximité. Entre ces deux communautés, rien. Pas de passage, pas de contacts surtout. Ceux qui savent en disent rien. Surtout ne pas se mélanger. Surtout ne pas se rencontrer. Tout va changer quand Col découvre dans sa cabine Riff, venue malgre tous les dangers des Ponts Inférieurs...

    Ce texte se dévore. Se lit d'une traite sans reprendre son souffle. L'écriture est limpide et accessible aisément. Ce rythme et cette écriture m'a un peu fait penser à La déclaration de Gemma Malley. A la fois simple et efficace. On peut supposer qu'avec une telle réussite, d'autres textes de cet auteur australien à succès devraient arriver ces prochains mois. J'attendrai c'est sûr, parce que je n'ai pas le choix, mais avec impatience...

  • Cent culottes et sans papiers (Sylvain Levey) - chronique de Simon #66

    40092.jpgCent culottes et sans papiers

    Sylvain Levey
    jeunesse, éditions Théâtrales - 7 €

    Le théâtre contemporain français regorge de talents et d’auteurs – souvent méconnus du grand public – qui n’hésitent pas à écrire pour le jeune public. Le travail de certaines maisons d’édition y est sans doute pour beaucoup. C’est tout un travail de défrichage qui est effectué de très belle manière depuis des années. C’est ainsi qu’ont émergé des auteurs comme Fabrice Melquiot (éditions de l’Arche), Emmanuel Darley (Ecole des Loisirs) ou Joël Jouanneau (Heyoka) par exemple. Chez les éditions Théâtrales, on peut par exemple citer Sylvain Levey qui depuis plusieurs années déjà nous offre de très belles pièces pour enfants. Ouasmok, Alice pour le moment et quelques pièces dans des ouvrages collectifs le démontrent bien. Pour Cent culottes et sans papiers, Sylvain Levey ose une écriture plus ambitieuse, moins narrative avec un recueil de très courts textes proches de la poésie. S’appuyant sur une sorte d’inventaire des différents habits et de leur utilisation finalement assez futile, ces textes qui au début peuvent déstabiliser le lecteur prennent peu à peu sens et s’avèrent finalement éminemment politiques et sensibles. Par le biais de ce thème, Sylvain Levey traite sans aucune lourdeur de beaucoup de sujets d’actualité. On imagine déjà tout le travail qui pourra être fait avec ces textes dans des ateliers théâtre. Et quel plaisir alors de travailler sur des textes contemporains et remarquablement bien écrits.

  • Le survivant (Jeffry W. Johnston) - chronique de Simon #65

    9782844208019.jpgLe survivant

    Jeffry W. Johnston
    Traduction Jean Esch
    Editions Thierry Magnier - 11 €

    Chase est le seul rescapé d’un terrible accident de voiture. Plusieurs de ses amis y sont restés. Chase est évidemment choqué et a tout oublié de l’accident. Malgré ses efforts, sa mémoire ne veut pas revenir…

    Le scénario de base fait un peu cliché, mauvais film américain, je l’avoue. On se dit qu’il va retrouver la mémoire, qu’il commencera à oublier, que sa vie, même si elle est à jamais marquée par l’événement va finalement reprendre peu à peu. Cela aurait pu se passer comme cela. Fin de l’histoire. Heureusement ce livre est beaucoup moins simple et beaucoup plus intéressant que cela. Car au-delà de l’histoire de la mémoire, c’est le personnage lui-même de Chase qui est intéressant et fascinant. Sa relation avec ses parents, l’histoire de son frère, ses visites chez la psy, sa vie au lycée… Tout est prenant dans ce texte. Et finalement l’accident n’est pas le plus important dans l’histoire. Ce qu’il révèle est un choc. Un roman qui se lit d’une traite, sans reprendre son souffle et qui va bien au-delà de nos espérances.

  • Joyeux ornithorynque (Cécile Chartre) - chronique de Simon #63

    38691.jpgJoyeux ornithorynque

    Cécile Chartre
    Dacodac, Editions du Rouergue - 5,50 €

    Les éditions du Rouergue lance une nouvelle collection de romans qui s’adresse plutôt aux enfants qui lisent déjà bien, fin de primaire, début collège… Comme souvent chez le Rouergue, cette collection va essentiellement se constituer de créations originales en français. Parmi ces nouveaux titres, on découvre une nouvelle auteure : Cécile Chartre qui signe un premier roman réjouissant : Joyeux ornithorynque.

    Panique dans la famille. C’est le quarantième anniversaire de la mère de famille et tout le monde sait que c’est le pire jour de l’année à venir. Cette maman ne supporte pas les anniversaires et ce depuis ses quatre ans. Autant dire que la famille en a vu passer des 4 juin détestables. Pourtant, le père de la famille va une fois de plus tout tenter pour faire plaisir à sa femme. Une roue crevée plus tard et un soleil de plomb sur l’aire d’autoroute vide et tout annonce la catastrophe imminente. Mais Bilal et son vieux Combi passe par là et va offrir à la famille une aventure inespérée et réjouissante…

    Cécile Chartre signe un très beau premier roman, plein d’humour et de chaleur humaine. L’ouverture vers l’autre, le rapport à la famille, la différence sont autant de thèmes que l’on croise dans ce roman écrit avec beaucoup de finesse et de simplicité. Un très bel ouvrage pour une tranche d’âge qui ne regorge pas de textes en français très intéressants…