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bandes dessinées - Page 8

  • Pluto de Naoki Urasawa & Osamu Tezuka - chronique de Guillaume #32

    Pluto-kana-1_m.jpgPluto (2 tomes parus sur 8)
    URASAWA Naoki
    TEZUKA Osamu

    Kana


    Naoki Urasawa a déjà conquis les amateurs de manga avec deux séries cultes (20th century boys et Monster, respectivement chez Panini et Kana). Sa nouvelle série, Pluto, qui comptera 8 tomes, aura à coup sûr un succès au moins équivalent !

    Urasawa s’inspire ici très librement de deux épisodes du personnage mythique de Tezuka, Astro, le robot le plus fort du monde. On y suit l’énigmatique inspecteur Gesicht (personnage secondaire de la série initiale) qui va enquêter sur les disparitions successives des robots les plus puissants de la planète. Au fur et à mesure des recherches et surtout des rencontres de Gesicht (qui est lui-même un robot), la menace qui plane sur les robots se fait de plus en plus pesante, l’émotion plus prégnante, le mystère plus épais.

    Encore une fois, Urasawa s’empare du lecteur dès les premières pages grâce à une puissance narrative hors-du-commun et grâce à des personnages aussi riches qu’attachants.

  • Zobo et les fleurs de vie, tome 1 Sakura - Chronique de Coraline#21

    Zobo et les fleurs de vie, Tome 1 Sakura

    Nie Jun

    Editions Bao - 13 euros

     

    Zobo et les fleurs de vie.jpg A Kyoto, au Japon, vit Ryoko une jeune orpheline vivant avec son oncle. Un jour, elle aperçoit un pantin ancien avec un trou en forme de coeur dans la poitrine. Elle lui glisse alors une branche de cerisier en fleurs dans ce trou en forme de coeur. Dès lors, le pantin prendra vit et s'occupera de Ryoko dont il tombera très vite amoureux, faisant ainsi grandir et proliférer sa branche de cerisier en arbre. Cependant, rien n'est jamais simple dans les histoires de coeur et Zobo, le pantin, l'apprendra lui aussi.

    Une BD à l'histoire belle et touchante où le graphisme et les couleurs vous plongent dans l'univers magique de la floraison des cerisiers au Japon, période hautement appréciée et fêtée par toute la population.

  • Cinq mille kilomètres par seconde (Manuele Fior) - chronique de Simon #59

    cinq_mille_couv.jpgCinq mille kilomètres par seconde

    Manuele Fior

    éditions Atrabile - 19 €

     

    J'avais déjà beaucoup aimé Mademoiselle Else (éditions Delcourt) mais je dois avouer qu'avec sa nouvelle BD Cinq mille kilomètres par seconde, Manuele Fior rentre direct dans mon petit panthéon bédéesque. Sans aucun doute plus personnel, ce roman graphique nous emmène dans l'histoire intime de trois personnages. Au début du récit, Piero et Nicola sont deux ados aux destinées contraires. L'un est discret, doué à l'école, timide avec les filles, l'autre est dragueur, grande gueule et sans ambition. Les deux sont tout de même tout le temps collés ensemble et ils s'ennuient plus ou moins dans leur ville natale. C'est à cet instant qu'arrive dans leur vie Lucia une jeune voisine qui leur fera tourner la tête...

    Au fil de l'album, nous retrouvons ces trois personnages à différents moments de leurs vies. Leur destin va se croiser et leurs chemins irrémédiablement se retrouver... Plus qu'une histoire traditionnelle, Fior réalise ici une chronique de trois vies, pas forcément palpitantes, juste trois vies communes. Il trouve et décrit avec beaucoup de justesse les mots et les images qui évoquent les regrets d'une vie pas vraiment réussie, de rêves pas pleinement accomplis.

    Manuele Fior signe là une bande dessinée forte, intimiste et émouvante, où son dessin prend toute son envergure. A découvrir d'urgence !

  • Lou T05 Laser Ninja - chronique de Simon #58

    677083.jpgLou T05 Laser Ninja

    Julien Neel
    Tchô, Glénat - 9,40 €
    Elles sont rares les bandes dessinées qui font à ce point l’unanimité. Critiques, parents, enfants, libraires, petits et grands… tout le monde s’accorde à relever la qualité de la série Lou créée par Julien Neel. Poursuivant depuis cinq albums le récit des aventures de Lou, de sa mère et de son compagnon Richard, Julien Neel a su poser une ambiance, un style qui se reconnaît dès les premières pages. Drôle, sensible et juste, ce sont des qualitatifs qui pourraient tout à fait convenir pour définir ces cinq volumes. Tome après tome, Lou grandit et dans ce cinquième opus, elle est maintenant devenue une ado de 14 ans. On peut dire que ce passage est un peu brutal : appartement qui prend feu, petit frère qui pointe le bout de son nez, rupture et questionnements amoureux… tout serait là pour une bonne petite crise. Mais Lou n’est pas comme cela, cela a toujours été une jeune fille responsable. Elle va plutôt se tourner vers ses origines et découvrir le parcours de sa mère dans son journal intime. De quoi mieux comprendre certaines choses…

    Comme toujours, Julien Neel touche juste dans son récit et dans la manière qu’il choisit de le traiter. La relation entre Lou et sa mère est particulièrement bien rendu. Son dessin et ses couleurs, tout en douceur ne font que renforcer ce côté cocon familial, qu’on aime plus que tout

  • Les épées de verre T01 - chronique de Guillaume #31

    CouvertureFinale.jpgLes épées de verre T01 Yama

    Scénario : Sylviane Corgiat

    Illustrations : Laura Zuccheri

    Les Humanoïdes Associés - 12,90 €

    Un premier tome très prometteur pour cette histoire de fantasy plutôt classique : un monde sous la domination d’un ordre chevalier cruel voit son soleil s’éteindre petit à petit ; une jeune fille, Yama, dont le père meurt en héros face au tyran jure de le venger et se voit entraînée par la même occasion dans la quête qui pourrait sauver sa planète…

    La narration de ce conte dessinée tient très bien la route et on est rapidement sous le charme du dessin de Laura Zuccheri, qui, pour sa première bande dessinée, risque de faire une entrée très remarquée. On pense à Léo (Les Mondes d’Aldébaran) ou encore à Miyasaki sans aucun mauvais plagiat ! L’expressivité des personnages, l’inventivité du bestiaire et la fluidité des scènes d’action a de quoi laisser pantois.

    Vivement le second tome pour cette série qui en comptera cinq.

  • L'île sans sourire (Enrique Fernandez) Chronique de Coraline#3

    L'île sans sourire

    Enrique Fernandez

    Editions Drugstore - 13.90

     

    518gQSKdIZL._SL500_AA240_.jpgLorsque Milander Dean arrive sur l'île de Yulkukany, c'est un homme maussade et rude, brisé par la mort de son fils et la fuite de sa femme. La première personne qu'il rencontre est Elianor, une petite fille à l'imagination débordante et à la joie constante. Très vite, l'enfant cherche à comprendre les raisons de la tristesse du nouvel arrivant. Si Milander commence à s'attacher, sans le lui montrer, à cette petite fille étonnante, tout est bouleversé à l'annonce de la disparition en mer du père de Elianor. Dès lors, nous assistons avec Milander à un phénomène des plus étonnants qui explique les étranges agissements des habitants de l'île.

    Cet album est une véritable invitation à la joie, au bonheur, qui nous rappelle que quoi qu'il arrive, il faut savoir garder l'espoir.

    Le graphisme alternant les couleurs chaudes et froides servent à merveille cette histoire poétique et ces personnages.

  • Oh les filles ! Tome 2 (Emmanuel Lepage et Sophie Michel) Chronique de Coraline#2

    Oh les filles ! Tome 2

    Emmanuel Lepage et Sophie Michel

    Editions Futuroscope, 15

     

    9782754801898.jpgC'est avec beaucoup de plaisir que nous retrouvons nos trois héroïnes au moment difficile de l'adolescence.

    Chloé est devenue une danseuse de talent qui découvre peu à peu l'amour mais qui va devoir renouer des liens avec ce père dont elle ne sait rien. Leïla va elle devoir composer avec le remariage de son père mais découvrira ,à son tour, l'amour, là où elle ne l'attendait pas. Agnès quand à elle fera la douloureuse et dure expérience de la vie dans la rue après une violente dispute avec ses parents.

    Ce deuxième tome est une bonne surprise car les histoires de nos héroïnes sont plus complexes, reflétant  l'adolescence qui perturbe chaque "presque adulte" et le graphisme est toujours aussi réaliste.

  • Le garcon du train - chronique de Coraline #1

    Le garçon du train

    Hitori Nakano et Daisuke Douke

    Editions Taifu comics -7.95€

    arton4432.jpg Alors qu'il rentrait chez lui, un jeune otaku vient en aide à une jeune fille se faisant agresser dans le train. Cette dernière, pour le remercier, lui envoie une paire de tasses de thé Hermès. Le jeune garçon va alors se confier sur un site de célibataires loosers: 2channel. Les accros de ce site vont alors être pris de passion pour cette histoire et vont tout faire pour aider et conseiller le jeune garçon.

    De rendez-vous en rendez-vous, nous assistons à la transformation du garçon du train et à celle de sa relation avec la belle Hermès mais aussi à celle des autres otakus de 2channel.

    Une série en trois tomes très drôle où l'on rit à chaque page.

  • Une sacrée mamie - chronique de Simon #51

    sacree_mamie_01.jpgUne sacrée mamie

    Yoshichi Shimada & Saburo Ishikawa

    Delcourt Akata - 7,50 €

     

    Akihiro est un môme de 8 ans qui va vivre une séparation assez brutale. Manquant cruellement de ressources pour élever seule ses deux fils, sa mère prend la terrible décision de se séparer du plus jeune des deux et de l’envoyer vivre à la campagne chez sa grand-mère. Akihiro doit donc quitter la grande ville, Hiroshima, qu’il connaît depuis son enfance pour la campagne la plus radicale et une vieille maison branlante où vit sa grand-mère. Le changement est radical et son adaptation n’est pas facilité par la grand-mère qu’il trouve étrange. On comprend rapidement que cette dernière est très pauvre elle aussi et qu’elle ne vit que par un système de combines et de trouvailles plus ingénieuses les unes que les autres. Pour Akihiro, elle devient vite une « sacrée mamie »…

    Adapté d’un récit autobiographique, ce manga réussit à montrer le contraste, très important, qui existait dans les années 50 entre le Japon rural et urbain. On y découvre une vie à la campagne rude et délicate mais pleine d’humanité et d’entre aide. Plus que l’intrigue, ce sont vraiment les rapports humains qui priment dans cette histoire. Ce premier volume nous rappelle l’ambiance que l’on pouvait trouver dans Nononbo (primé à Angoulème en 2008) de Mizuki Shigeru et augure d’une série émouvante, tendre et drôle.

  • Loving Dead ( Stefano Raffaele) Chronique de Claire #23

    Loving Dead

    Stefano Raffaele

    Les humanoides associés - 13€90

    COUV_LOVINGDEAD.jpg

    En 2003, Les humanoides associés publiait le Tome 1 de la trilogie Fragile de Stefano Raffaele.

    En 2009, on voit réapparaitre cette étonnante histoire d'amour zombie en un tome unique noir et blanc, sous le nom de Loving Dead.

    Un virus a transformé 95% de l'humanité en zombie. La terre devient un champs de bataille ou s'opposent morts et vivants. Vous l'aurez deviné ces pages regorgent de scènes gores ( mais aussi humoursitiques) peuplées de morts-vivants affamés en décomposition...

    Sur ce fond de chaos se dessine pourtant une histoire d'amour entre Allan, tout juste mort et Lynn, une ancienne mannequin au physique ravageur ( bien que un peu endommagé ! ) Leur temps est compté, le virus évolue et les amoureux n'ont pas toute la mort devant eux.Accompagné d'un transexuel, ils partent à la recherche d'un remède qui prolongera leur amour mortuaire...

    Stefano Raffaele parvient, grace à la sensibilité de ses personnages, à donner une profondeur sentimentale à cette vie après la mort. Malgré des corps en putréfaction, le romantisme opère parfaitement...

     

  • Bulles et Nacelle (Renaud Dillies) - chronique de Sébastien #10

    BullesNacelle_27062009_134321.jpgBulles et Nacelle

    Renaud Dillies

    Dargaud - 15.50€

    Dans le grenier d'une grande maison vivait Charlie, une souris solitaire qui tente de surmonter son angoisse de la page blanche pour faire avancer son roman? ou son essai? ses poèmes? ... et qui se plonge sans retenue dans les mélodies de Django Reinhardt dont il est fan résolu. Et si son art d'écrivain est en sommeil, il tente aussi de tromper sa solitude, car mis à part une girafe venant accrocher des guirlandes à sa fenêtre, il faut bien reconnaître que la journée de Charlie est bien pauvre de rencontres. Alors quand un petit oiseau nommé "Solitude" vient toquer au carreau précisement dans ses moments de cafard solitaire, Charlie ne sait plus s'il rêve ou si l'oiseau existe réellement. Il faut reconnaître que Charlie est un rêveur chevronné...

    Après un remarqué "Betty Blues" primé à Angoulême, Renaud Dillies développe avec "Bulles et Nacelle" un petit bijou de poésie et d'onirisme. Tour à tour réflexion sur les affres de la création artistique ou exploration des états d'âme d'un solitaire, l'auteur esquisse une captivante invitation à la rêverie, emprunte de simplicité et magnifiquement servie par un dessin dont certaines planches sont à couper le souffle (la double page du carnaval vous en convaincra).

  • Negrinha - chronique de Simon #48

    9782070612093.gifNegrinha

    Jean-Christophe Camus (scénario) & Olivier Tallec (illustration)

    Gallimard Bayou - 16 €

    C’est avec beaucoup d’impatience que nous attendions la première bande dessinée d’Olivier Tallec. Avec Negrinha, l’illustrateur de Rita et Machin ou encore de Grand Loup et Petit Loup ne nous déçoit pas, bien au contraire. Il faut dire que le garçon est truffé de talent. Son style est toujours aussi élégant ; son trait, à la fois fragile et délicat. Ses couleurs, surtout, sont resplendissantes dans cette histoire. Les teintes du Brésil l’ont visiblement inspiré puisque qu’on sent que l’illustrateur s’est fait plaisir à travailler autour d’une palette de couleurs à la fois lumineuse et chaleureuse.
    Pour ce qui est de l’histoire, Jean-Christophe Camus signe une jolie chronique de vie. Maria est une jeune métisse de 13 ans, élevée par une mère surprotectrice. Cette dernière veut absolument offrir à sa fille une vie heureuse, dans les beaux quartiers — blancs — de Rio. Pour cela, elle est prête à tout sacrifier, même sa famille restée dans une favela voisine. Mais, un jour, la jeune fille va vouloir découvrir cette part de sa vie cachée…

    Negrinha est une belle réflexion sur la négritude, émouvante et sensible. Le Brésil y est décrit naturellement avec ses richesses culturelles et humaines, mais aussi ses contradictions et ses fractures. On aurait sans doute aimé y rester encore un peu plus mais le voyage est de toute façon déjà très beau.

  • Jolies Ténèbres (Vehlmann - Kerascoët) - chronique de Sébastien #08

    joliestenebres01_84725.jpg

    Jolies ténèbres

    F.Vehlmann - Kerascoët

    Dupuis - 16€

    Ca commence comme un gentil conte, fleur bleue à souhait : deux petits personnages partagent un rendez vous romantique autour d'un chocolat chaud, du minaudage aux sourires gênés... Quand brusquement, le plafond fond, puis il dégouline carrément, c'est l'inondation !
    le couple vient alors grossir une foule de petits êtres fuyant ce qui s'avère être un corps mort, celui d'une fillette en décomposition perdue au fond des bois. le rose bonbon vire au rose chair putréfiée et tout ce petit monde va devoir survivre aux dangers de la forêt...

    Fabien Vehlmann construit un scénario désespéré qui emprunte à Lewis Carroll son sens du merveilleux et à William Golding la description d'une enfance sauvage, thêatre à la fois d'une certaine grâce et de cruauté froide. Car si la nature de ces petits êtres reste un mystère, l'état d'esprit général est à l'amusement, aux jeux (cruels de préférence), au froid détachement face aux drames et à une insouciance malsaine.
    le duo Kerascoët (Marie Pommepuy au dessin et Sébastien Cosset à la couleur) accentue encore ce malaise par des lignes simples et une gamme de couleurs pastels à la fois douces et crues, où le bucolisme n'est que façade.

    "Jolies ténèbres" est un conte aux accents macabres, une BD atypique et dérangeante, et au final de celles dont on se souviendra comme une franche réussite.

  • Eightball (Daniel Clowes) - Chroniques de Guillaume # 25

    images.jpgEightball

    Daniel Clowes

    Cornelius - 20 €

    Daniel Clowes s’est fait connaître notamment par son chef d’œuvre adapté au cinéma, Ghost World. Son dessin impeccable, sa narration juste et incisive, ses atmosphères prégnantes ont fait de lui une figure majeure de la bd indépendante américaine. Pour notre plus grand bonheur, les remarquables éditions Cornélius rééditent ses premières productions dans un volume : 20th Century Eightball. Dans de petites histoires dépassant rarement les 3 pages, on y découvre un Clowes provocateur, se mettant en scène et apostrophant le lecteur. Qu’il évoque les affres de son métier, détaille avec une acidité les mille défauts de ses contemporains ou explique comment les sports ne sont que de lamentables substituts sexuels, Clowes excelle dans la surenchère cynique. Bref, 20th Century Eightball n’est pas une oeuvre de jeunesse anecdotique mais bien une bd où le maître fait déjà preuve d’un immense talent

  • manioka - chronique de Claire #19

    manioka.jpg

    Manioka

    Nkodem

    KSTR - 14€

     

    Manioka vit dans un bidonville aux portes de la cité interdite d'Afu-ra. Tombé de nulle part, ce jeune homme intègre des codes de survie singuliers. Converti en dealer, il participe à la violence latente qui ronge les rues du ghetto. Par souci de sécurité, la population crée une brigade de justiciers, héros qui, à la nuit tombée, nettoient les rues de la délinquance.  Manioka se fait le pari de les défier.

    Dans un univers grisâtre, bétonné et métalisé, Nkodem construit ici un roman graphique original. Nettement inspiré de son expérience du hip hop, cette BD ressemble étrangement à un album musical. 16 chansons qui font office de chapitres. 16 séquences au rythme acéré qui dénonce un système proche de nos sociétés actuelles.

     

  • Je mourrai pas gibier (Alfred) - chronique de Simon #46

    51UOkQpZtCL._SL500_AA240_.jpgJe mourrai pas gibier

    Alfred
    Mirages, Delcourt - 14,95 €


    Le pari était risqué : adapter le roman choc Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud ne se ferait pas facilement. Pourtant, à la lecture de la bande dessinée d’Alfred, il ressort comme une évidence, sans aucun doute due au talent du dessinateur. Il faut dire que ce dernier nous avait déjà bien bluffé avec Pourquoi j’ai tué Pierre, aux éditions Delcourt, une BD où Alfred mettait en image avec une distance, un respect et une émotion intense l’histoire d’Olivier Ka. Pour le projet Je mourrai pas gibier, Alfred raconte qu’à la lecture du roman de Guillaume Guéraud, c’est un vrai choc émotionnel qu’il a reçu. On peut tout à fait le comprendre puisque pour les mêmes raisons nous lui avons attribué le Prix Sorcières dans la catégorie roman ado. Cela est très bien mais ensuite… que faire de ce roman, si percutant, si cru, si direct ? Comment l’adapter en images tout en préservant la force d’un texte sans concession ? C’est le pari que s’est fixé Alfred et on doit dire qu’il l’a admirablement relevé. L’ambiance est parfaitement retranscrite (il faut saluer ici le travail de coloriste d’Henri Meunier). L’histoire se déroule à Mortagne. Mille deux cent dix-neuf habitants et deux clans : ceux qui travaillent dans le bois (la scierie Listrac) et ceux qui sont à la vigne (le château Clément). Entre les deux groupes, une haine insurmontable, une bêtise atavique partagée, même si quelques personnages ne prennent pas parti. C’est le cas de deux des acteurs centraux de l’histoire. Il y a d’abord le narrateur, qui ne veut pas de cette vie et a choisi de partir. Il va malgré tout disjoncter et être poussé à commettre l’irréparable. Et puis il y a Terence, l’attardé gentil, trop sans doute, pas à sa place dans ce village et sur qui vont se défouler les abrutis de l’histoire… jusqu’à un point de non retour.
    À la lecture de cette bande dessinée se produisent les mêmes réactions chimiques qu’à la lecture du roman. L’adrénaline monte peu à peu, un frisson vous parcourt l’échine jusqu’à la brutale réalité, le fait divers improbable qui arrive et détruit tout. Comme l’écriture de Guillaume Guéraud est très cinématographique, elle s’adapte très bien en bande dessinée. Ici, les phrases sont courtes, les plans s’enchaînent les uns après les autres dans un souffle de plus en plus court. Le dessin au fil des pages se fait de plus en plus nerveux, plus lâché, dans un parfait accord avec la montée de tension que subit le personnage. La chute est terrifiante, même quand on la connaît et, pour cela encore, Alfred a trouvé les bonnes réponses graphiques imposées par le rythme du récit…
    Cette histoire parvient donc à nous scotcher à notre siège pour la seconde fois. Elle vous invite par ailleurs à pénétrer dans l’univers graphique d’un auteur illustrateur de grand talent.

  • Je me souviens, Beyrouth (Zeina Abirached) - chroniques de Simon #43

    612BzclU79L__SL500_AA240_.jpgJe me souviens, Beyrouth

    Zeina Abirached

    Cambourakis - 12,90 €

    En reprenant la forme du célèbre texte de Georges Perec, Zeina Abirached nous raconte tout en images les souvenirs de son enfance à Beyrouth pendant les années 80. Par le biais de petits moments, des petites choses qui font le quotidien d’une enfant, nous pénétrons peu à peu dans le monde de Zeina enfant et de sa famille. Zeina Abirached parvient aisément à se détacher du simple exercice de style oulipien. Elle utilise la formule « je me souviens » comme un hommage à Perec mais c’est bien la force de son style et la situation au Liban qui ressurgissent dans cette bande dessinée. Tout comme dans Mourir partir revenir. Le jeu des hirondelles, son premier récit long, c’est dans sa simplicité et sa sincérité que ce texte nous touche. La description de la situation d’oppression vue par ses yeux d’enfant permet une distance avec l’événement tout en le montrant de l’intérieur. Ici, pas de considération politique, pas de jugement mais juste un ressenti émouvant. Grâce à cela, elle parvient à nous faire aimer Beyrouth et ses habitants tout en critiquant le régime de l’époque.
    Tout ceci est en plus formidablement accompagné par son dessin noir et blanc si caractéristique, épuré et graphique, magnifique.

     

  • Capitaine T01 La mer est mon jardin - chronique de Simon #41

    1222869771.capitaine.jpgCapitaine T01 La mer est mon jardin

    Henri Meunier

    Petit Bonum, Milan jeunesse - 9,50 €

    Les collections de BD pour les plus jeunes se multiplient et c’est tant mieux quand la qualité et le talent sont présents. Après Les Petits Chats Carrés chez Carabas ou Puceron chez Dupuis, c’est au tour de Milan jeunesse de lancer sa collection d’albums BD sans texte pour les plus jeunes. Cette dernière s’appelle Petit Bonum et elle recèle déjà quelques excellentes surprises. Si on se réjouira de retrouver le trait coloré d’Olivier Supiot (Marie Frisson) dans une excellente petite histoire animalière nommée Tatoo au zoo et l’humour très grinçant de Arnü West dans le très caustique Souris Souris, c’est l’album Capitaine de Henri Meunier qui nous a véritablement enthousiasmé. En 16 courtes scènes muettes, Henri Meunier parvient à nous faire rire, réfléchir et émouvoir avec son Capitaine. Sur son beau bateau à moteur, ce marin pêcheur à l’allure bien sympathique sillonne la mer suivi d’une mouette fidèle et gourmande. Il pêche la plupart du temps et doit déjouer les tours et pièges d’un océan aux mille surprises. Sur son chemin, il croisera des sirènes, des baleines énormes, des pieuvres et des requins, de quoi alimenter un peu son imagination et son inventivité…

    Alliant poésie et humour, cette bande dessinée saura émouvoir les plus jeunes tout en faisant rire les plus grands. Grâce à un trait caractéristé, très graphique et une totale maîtrise des couleurs (Henri Meunier est par ailleurs un excellent coloriste de bande dessinée) et des trames et autres dégradés de couleurs, Henri Meunier pose une ambiance propice à une narration ultra maîtrisée. Il n’y a donc aucunement besoin de texte pour comprendre ces petites chroniques et y prendre le plus grand plaisir.

  • Pinocchio - Chronique de Guillaume #20

    9782849610671.gifPinocchio

     

    Winshluss

     

    Les Requins Marteaux - 30€

     

    Ces derniers mois ont connu une moisson sans précédent d’adaptations en bande dessinée de grandes œuvres de la littérature. Ce recours un peu trop systématique aux grands noms littéraires a parfois semblé servir d’alibi à la faible notoriété des dessinateurs (rarement au manque de talent) et a donc conduit à une prise de risque minimale vis-à-vis du texte original. C’est dans ce contexte qu’arrive Winshluss avec un Pinocchio explosif qui, s’il dynamite allègrement l’histoire de Collodi, en transfère néanmoins avec virtuosité et déliquescence son côté subversif dans un univers pervers et pourri. Navigant entre une flopée de salauds de la pire espèce, on y découvre un Pinocchio robotique avec, confortablement installé dans sa tête un odieux Gemini en écrivain raté et alcoolique. Enchaînant les épisodes de quelques pages avec des saynètes en une planche voire des dessins pleine page, Winshluss revisite le mythe à un rythme échevelé et un dessin stupéfiant (l’adjectif est volontaire) !

  • onlikoinou #10 Commissaire Toumi (Anouk ricard)

    Une de nos BD préférées de la fin de l'année passée à la moulinette Onlikoinienne...

    Commissaire Toumi de Anouk Ricard (éditions Sarbacane)