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Guillaume Boutreux - Page 2

  • L'homme en pièces (Marion Fayolle) - Chronique de Guillaume #53

     

    9782916421278.jpgL’homme en pièces

     

    Marion Fayolle

     

    Michel Lagarde – 18€

     

     

     

     

    Les histoires sans paroles de Marion Fayolle allient une simplicité déconcertante, un soupçon d’étrangeté, une once de poésie et beaucoup d’élégance pour obtenir une puissance d’évocation rare. Ses personnages aux allures de pantins jouent de courtes scènes tragiques qui ne sont pas sans résonner avec les affres de la vie moderne. Toute la force des histoires de Marion Fayolle réside dans sa retenue, son objectivité : mis à part un titre, pas de commentaires, pas de morale, tout est posé, là, mis en scène pour le lecteur.

     

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  • Oui mais il ne bat que pour vous (Isabelle Pralong) - Chronique de Guillaume #49

    Oui mais il ne bat que pour vous

    Isabelle Pralong

    L'Association - 22€

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    Déjà auteur d’albums remarquables tels L’Eléphant ou Prédictions (avec Aurélie William Levaux), Isabelle Pralong a su offrir à la bd un dessin d’une expressivité singulière qui, s’il peut sembler hermétique au premier abord, prend toute sa dimension évocatrice dans le regard du lecteur attentif. Les visages au traits exagérés et les corps déformés de la dessinatrice genevoise parlent finalement bien plus que s’ils avaient été dessinés avec une précision photographique. Ils sont profondément vivants.

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    Il en va de même de la narration. L’alternance de tranches de vie et de paraboles animalières peut un temps déstabiliser le lecteur. Mais, petit à petit, ces scènes du quotidien parfois légères, parfois pénibles, toujours touchantes de vérité, se nourrissent de ces petits contes et prennent ainsi une consistance rare. Et que dire de la merveilleuse conclusion de cette bd…

    Oui, mais il ne bat que pour vous est une bande dessinée bouleversante d’humanité. Rien de moins.

  • Wastburg (Cédric Ferrand) - Chronique de Guillaume #48

    wastburg.jpgWastburg de Cédric Ferrand


    Les moutons électriques – 26 €


    On peut décidément faire confiance aux Moutons électriques pour nous dégotter des auteurs de fantasy de qualité ! A l’instar d’un Jean-Philippe Jaworski (Gagner la guerre), Cédric Ferrand fait bel et bien partie de ceux-là.

    Avec ce premier roman, Cédric Ferrand nous décrit une cité franche, dans un univers médiéval-fantastique peu conventionnel puisque la magie jadis puissante y a quasi totalement disparu. Le mode de narration consistant à suivre des personnages différents à chaque chapitre nous permet d’explorer cette ville en déliquescence sous tous ses angles émoussés, du bourgeois au gueux en passant par le militaire. Le lecteur est ainsi peu à peu pénétré par une atmosphère étrange, bancale et devine qu’un sombre secret tient ce petit monde serré en son poing.

    Seul défaut à ce texte, l’impérieuse nécessité au sortir de ce livre d’explorer les ruelles de Wastburg dans un nouveau tome (malheureusement non prévu pour le moment).

  • Journal d'un journal (Mathieu Sapin) - Chroniques de Guillaume #47

     

    journal-un-journal.jpgJournal d'un journal de Mathieu Sapin

     

    Editions Delcourt - 14,95 €

     

    Encore une feuille de chou pour Mathieu Sapin que nous connaissions par ses histoires loufoques et rocambolesques, peuplées de personnages naïfs, tantôt adressées à la jeunesse (La fille du savant fou, Akissi…) tantôt à un public beaucoup plus adulte (Le journal de la jungle, Supermurgeman). Plus récemment, celui-ci s’est attelé à la forme « journal » avec Feuille de chou, deux volumes relatant les coulisses du film de Joan Sfar sur Gainsbourg.

     

    Avec Journal d’un journal, Mathieu Sapin renouvelle l’expérience en furetant dans les locaux du quotidien Libération durant la période de passation de pouvoir entre Laurent Joffrin et Nicolas Demorand. Son ton, candide et curieux, permet au lecteur d’adopter immédiatement le point de vue du dessinateur en assistant avec plaisir aux conférences de rédaction, en se perdant dans le dédale des bureaux ou en écoutant les anecdotes étonnantes qui jalonnent l’histoire de ce monument de la presse écrite.

     

    Une lecture à compléter avec le blog http://journaldunjournal.blogs.liberation.fr/sapin.

     

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  • J'ai embrassé un zombie et j'ai adoré (Adam Selzer) - chronique de Guillaume #46

    j ai embrassé un zombie et j'ai adoréJ’ai embrassé un zombie (et j’ai adoré) de Adam Selzer

    Albin Michel jeunesse, coll Wiz - 13,50 €

    Traduction : Cécile Moran

     

    Alley Rhodes n’a plus que quelques mois à passer avant d’entrer à l’université. D’ici là, elle ronge son frein dans la banlieue de Des Moines en médisant sur ses camarades dans le journal du lycée. Tout cela ressemble à une vie tout à fait normale pour une jeune fille de son âge, à ceci près que dans le monde d’Alley, les vampires, les loups garous et autres créatures morbides existent bel et bien, au vu et au su de tous. Ils sont même particulièrement bien intégrés dans la société grâce à des substituts nutritifs évitant tous les problèmes de régimes alimentaires agressifs. Sortir avec un vampire est d’ailleurs l’ambition suprême de nombreuses jeunes femmes au plus grand mépris d’Alley. Jusqu’au jour où elle croise le regard d’un étrange jeune homme…

    Après le raz-de-marée Twillight et compagnie, écrire un roman original mettant en scène des vampires tient de la haute voltige. Avec J’ai embrassé un zombie (et j’ai aimé), Adam Selzer n’est pas loin d’être cet audacieux équilibriste. Les deux premières phrases (qui m’ont d’emblée conquis) annoncent la couleur : Voir un vampire embrasser une idiote avec la langue, c’est un peu comme aller au marché agricole et croiser un tas de fermier avec des doigts en moins suite à des accidents du travail. Ca a beau être un peu dérangeant, on arrive pas à détourner les yeux. Vous l’aurez compris, Adam Selzer travaille sur le registre du second degré (voire un peu plus) et il y travaille admirablement, tant et si bien. C’est frais, c’est drôle et tout le monde en prend pour son grade même si la trame demeure finalement fort consensuelle.

    Un très bon moment de lecture, plein de vie !

  • La Triste histoire des frères Grossbart (Jesse Bullington) - Chronique de Guillaume #45

    La Triste histoire des frères Grossbart de Jesse Bullington (Eclipses Horreur - 19 €)

    Roman---La-triste-histoire-des-freres-grossbart.jpg

     

     

    Une épopée peu ordinaire que celle des frères Grossbart ! Maraudant dans une Europe moyenâgeuse peuplée de sorcières authentiquement horribles et de monstres non moins immondes, les deux jumeaux infernaux, spécialisés dans le pillage de tombes, n’en sont pas à un meurtre près…

    Enfin un pavé haut en couleurs dans la mare insipide et conventionnelle de la fantasy actuelle ! Et qui éclabousse bien comme il faut. Accrochez bien vos estomacs car Jesse Bullington n’est pas avare de détails gratinés.

    Bref, si vous êtes fans de la Compagnie Noire ou si vous pensez que Lord Voldemort n’est qu’un gentil clown avec un problème nasal ou si tout simplement vous êtes passablement psychopathe, vous souscrirez automatiquement aux aventures des frères Grossbart.

    Âmes non damnées s’abstenir…



  • Polina (Bastien Vivès) - Chronique de Guillaume #44

    Polina de Bastien Vivès (KSTR – 18 €)

     

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    Il est loin le jour où l’on tarira d’éloges pour Bastien Vivès. Cette fois-ci, pour nous faire patienter avant la parution du troisième tome de son magnifique triptyque Pour L’Empire réalisé avec Merwan, il nous offre une nouvelle histoire de vie d’une grâce et une sensibilité exceptionnelle.

    Polina, c’est le prénom d’une petite fille auditionnant pour entrer à l’Académie de danse Bojinski. C’est aussi le prénom d’une danseuse au talent immense reconnu dans le monde entier. Entre les deux, Vivès nous raconte tout un parcours artistique hors-du-commun. Tout y est : un rapport élève-professeur d’une intensité rare, les liens d’amitié voire d’amour ou encore de rivalité entre les élèves, bref, une vie intense, entièrement tournée vers l’art de la danse.

    Vivès possède un trait d’une fluidité merveilleuse dont le mouvement ne pourra que vous entraîner dans ce sublime ballet !

     

     

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    le blog de Bastien Vivès

     

     

  • Le Dernier Cosmonaute (Aurélien Maury) - Chroniques de Guillaume#43

    Le Dernier cosmonaute de Aurélien Maury (Editions Tanibis - 17 €)

     

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    Larry et Alice, la trentaine, vivent dans la même petite ville morne où ils vivent une vie pas très réjouissante. Seulement, ils ont des rêves. Pour Larry, depuis l’enfance, ce sont les étoiles qu’il voudrait découvrir à bord d’une fusée. Alice, elle, voudrait bien que Larry se décide enfin à l’aborder. Mais, Larry, qui se confie encore à son ours en peluche, n’est pas le dernier des empotés…

    Une jolie fable sur l’éternelle incompréhension homme/femme et sur la peur de l’inconnu. Un dessin impeccable, clairement inspiré par les maîtres américains tels Charles Burns, Daniel Clowes ou encore Chris Ware.

     

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  • nos coups de coeur en un clin d'oeil #03

    voici pour votre bon plaisir quelques objets littéraires non identifiés, quelque part entre la science-fiction, le polar et la fantasy...

     

    Artères Souterraines de Warren Ellis (Diable Vauvert)

     

     

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    Coup de maître que ce premier roman d'un des scénaristes de comics les plus déjantés ! On retrouve toute l'inventivité burlesque de ses meilleures bd associée à une langue pas piquée des vers. Bref, ça va à mille à l'heure et ça brise joyeusement le tabou à tout bout de champ. Un régal bien épicé !

     

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    Gonzo Lubitsch ou l'incroyable odyssée de Nick Harkaway (ed. Robert Laffont)

     

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    Encore un incroyable premier roman que cette vertigineuse épopée ! Cette violente satire de la guerre reste néanmoins fort distrayante. Ca part dans tous les sens et rien n'est épargné au lecteur qui devra lutter pour préserver sa santé mentale. Amateur de roman de cent pages s'abstenir...

     

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    Le livre sans nom par on ne sait pas qui (Sonatine)

     

     

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    Fan de Tarantino, ce livre est pour toi ! Bourré de références cinématographiques, ce bouquin (un brin violent) emporte tout sur son passage et, par la seule puissance de sa subtilité, ne laisse du lecteur qu'une petite chose gémissante incapable de faire ses besoins correctement...

     

     

     

  • L'Eternité n'est pas si longue (Fanny Chiarello) - Chronique de Guillaume #42

    eternite pas si longue.jpgL’Eternité n’est pas si longue

    Fanny Chiarello

    Editions de l’Olivier – 19€


    Nora est une jeune femme merveilleusement à fleur de peau. Curieuse de tout, surtout de détails qui n’ont d’importance qu’à ses yeux, souvent mélancolique, elle ne côtoie guère d’autres personnes en dehors de Pauline, son amoureuse, et de ses trois indéfectibles amis (Judith, Raymond, Miriam). Et encore, cette cohabitation s’avère parfois délicate tant sa vision du monde diffère. Il faut dire que Nora a côtoyé la mort, creusant du même coup un fossé entre elle et le reste de l’humanité.

    Arrive alors un pseudo-scientifique aux théories écologistes radicales prédisant la fin imminente du genre humain. La frontière entre Nora, ses petits carnets et les autres s’en verrait-elle abolie ? D’autant plus qu’apparaissent les premiers cas de variole…
     
    Une fin du monde aigre-douce, fort éloignée des clichés en vogue portés par le vacarme hollywoodien. Un sens du tragique hors du commun qui manie tour à tour l’émotion, l’humour, la cruauté. Une écriture belle et précise, parfois complexe, mais toujours juste.

    Gros, GROS coup de cœur.

  • Blaise opus 2 (Dimitri Planchon) - Chronique de Guillaume #41

    blaise2.jpgBlaise opus 2

    Dimitri Planchon

    Glenat – 10€

     

    Après un premier tome narrant la vie de Blaise, enfant coincé dans un pays ressemblant étrangement au nôtre, Dimitri Planchon, dans cet opus 2, nous évoque son adolescence . Les quelques libertés individuelles qui restaient dans le premier tome semblent avoir pris du plomb dans l’aile. Et les fréquents bombardements n’arrangent rien. Mais, autour de Blaise, les citoyens, stoïques, à cheval sur leurs principes, continuent de vivre malgré tout…

     

    On avait adoré Jésus et les copains, la première bd de Dimitri Planchon. Blaise 1 nous avait bien fait marrer. Ce second tome, au moins aussi drôle, gagne en férocité. Cette dictature en guerre où règne apathie, bêtise et snobisme nous semble bel et bien destinée voire méritée. Et si l'on n’en riait pas aussi allègrement sans doute serions-nous saisi d’effroi.

     

    Sans doute le meilleur remède à la connerie sur le marché actuellement. 

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  • Il était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche (J. Holmes) - chonique de Guillaume #40

    9782354130992FS.gifIl était une fois une vieille dame qui avait avalé une mouche

    Jeremy Holmes

    Mineditions - 14 €

     

    On ne peut faire titre plus évocateur pour cette histoire fort indigeste ! Heureusement, ce problème d’insecte avalé ne concerne que cette vieille dame qui, pour notre plus grand amusement, va recourir à une médication des plus surprenantes. Une seule question pertinente à la fin de chaque page va-t-elle y survivre ?

     

    Un livre-objet de très belle facture ! Des illustrations finement ciselées font le contrepoint parfait d’une comptine aussi drôle que cruelle.

     

    Un régal.

     

     

     

    Un petit cadeau rien que pour vous:

    There Was An Old Lady from Jeremy Holmes on Vimeo.

  • Les Magiciens (Lev Grossman) - Chronique de Guillaume #39

    magiciens.jpgLes Magiciens


    Lev Grossman


    L’Atalante – 23.50 €


    Les Magiciens n’est pas un remake de Harry Potter ni du Monde de Narnia ou encore du Seigneur des Anneaux. S’il s’en inspire et Lev Grossman ne le nie en aucune manière, c’est pour bâtir un socle mythologique suffisant pour aller au-delà des champs largement dominés par ses trois œuvres majeures.

    Pour cela, en plus d’une plume et une inventivité remarquable, Lev Grosman a simplement incorporé un ingrédient diablement efficace dans la tête de ses personnages : une psychologie réaliste et fort contemporaine.

    En effet, si les héros habituels font plus ou moins bonne figure en découvrant les mondes incroyables dont ils ignoraient l’existence avant le début du bouquin, les personnages des Magiciens – et en particulier Quentin, le « héros » –  font ce que n’importe lequel d’entre nous ferait : péter les plombs. Et pour assumer des pouvoirs que l’on tire aux forceps de leur corps et de leur âme (c’est un euphémisme !), ils ont recours à des remèdes très classiques comme notamment une consommation plus qu’excessive d’alcool sous toutes ses formes.

    Si on ajoute à tout cela l’asociabilité avérée des personnages et un scénario pas piqué des vers (peut-être un poil tordu par moments), il serait bien étonnant que Quentin et ses amis sortent indemnes des quelques cinq cents pages d’un livre que vous aurez bien du mal à refermer.

  • La Compagnie des menteurs (Karen Maitland) - Chronique de Guillaume #38

    la-compagnie-des-menteurs-karen-maitland.jpgLa Compagnie des menteurs

    Karen Maitland

    Sonatine - 22€

    Dans une Angleterre du XIVème siècle ravagée par la peste, neuf parias, uniquement liés par leur exclusion, tentent de fuir l’épidémie mais aussi et surtout le terrible destin que leur attribue les runes et que leur rappelle les hurlements du loup qui les suit…

    Un thriller historique qui remue les bas-fonds médiévaux pour exhaler le parfum putride de l’Apocalypse. La pourriture n’est pas seulement dans les corps mais bien d’avantage dans cette religion inquisitrice et cruelle à la poursuite de ses éternels boucs émissaires.  D’autant plus que le Mal n’est certainement pas là où elle le croit.

    Peut-être quelques petites longueurs dans ce roman mais quelle plongée dans les profondeurs du Moyen Age et surtout, surtout, quel dénouement !

  • Pour l'empire T01 (Bastien Vivès & Merwan Chabane) - chronique de Guillaume #33

    1269437401.pour_empire.jpgPour l’empire T01 L’honneur

    Bastien Vivès, Merwan Chabane
    Poisson Pilote, Dargaud - 9,95 €

    Pour L’Empire, c’est la devise d’une troupe de soldats d’élite qui a tout d’une escouade romaine. Mais les liens que l’on est tenté de faire avec Rome s’effilochent très vite tandis que se tisse une aventure hors-du-temps. En effet, ces hommes redoutables, véritables demi-dieux, s’en vont explorer des terres inconnues qui ont tout l’air d’être celles du mythe…

    Vivès, dont on connaissait déjà le talent pour des histoires de vie (Le Goût du chlore, Amitié étroite…), et Merwan, qui, lui, a déjà donné dans le très bon péplum avec notamment Fausse garde chez Vents d’ouest (initialement paru sous le nom de Pankat), unissent leurs plumes pour un premier tome remarquable autant par le dessin que par le scénario. Au travail de ce duo s’ajoute la superbe patine conférée par la couleur, tout en bronze et rouge sang, de Sandra Desmazières.

    Deux autres tomes sont déjà annoncés (le second pour août) pour cette trilogie d’ores et déjà enthousiasmante.

  • Pluto de Naoki Urasawa & Osamu Tezuka - chronique de Guillaume #32

    Pluto-kana-1_m.jpgPluto (2 tomes parus sur 8)
    URASAWA Naoki
    TEZUKA Osamu

    Kana


    Naoki Urasawa a déjà conquis les amateurs de manga avec deux séries cultes (20th century boys et Monster, respectivement chez Panini et Kana). Sa nouvelle série, Pluto, qui comptera 8 tomes, aura à coup sûr un succès au moins équivalent !

    Urasawa s’inspire ici très librement de deux épisodes du personnage mythique de Tezuka, Astro, le robot le plus fort du monde. On y suit l’énigmatique inspecteur Gesicht (personnage secondaire de la série initiale) qui va enquêter sur les disparitions successives des robots les plus puissants de la planète. Au fur et à mesure des recherches et surtout des rencontres de Gesicht (qui est lui-même un robot), la menace qui plane sur les robots se fait de plus en plus pesante, l’émotion plus prégnante, le mystère plus épais.

    Encore une fois, Urasawa s’empare du lecteur dès les premières pages grâce à une puissance narrative hors-du-commun et grâce à des personnages aussi riches qu’attachants.

  • Les épées de verre T01 - chronique de Guillaume #31

    CouvertureFinale.jpgLes épées de verre T01 Yama

    Scénario : Sylviane Corgiat

    Illustrations : Laura Zuccheri

    Les Humanoïdes Associés - 12,90 €

    Un premier tome très prometteur pour cette histoire de fantasy plutôt classique : un monde sous la domination d’un ordre chevalier cruel voit son soleil s’éteindre petit à petit ; une jeune fille, Yama, dont le père meurt en héros face au tyran jure de le venger et se voit entraînée par la même occasion dans la quête qui pourrait sauver sa planète…

    La narration de ce conte dessinée tient très bien la route et on est rapidement sous le charme du dessin de Laura Zuccheri, qui, pour sa première bande dessinée, risque de faire une entrée très remarquée. On pense à Léo (Les Mondes d’Aldébaran) ou encore à Miyasaki sans aucun mauvais plagiat ! L’expressivité des personnages, l’inventivité du bestiaire et la fluidité des scènes d’action a de quoi laisser pantois.

    Vivement le second tome pour cette série qui en comptera cinq.

  • La Religion (Tim Willocks) - Chronique de Guillaume #30

    517QqU8g2YL__SL500_AA240_.jpgLa Religion

    Tim Willocks

    Editions Sonatine - 23 €

    La Religion, c’est le nom que se donne eux-mêmes les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean, cet ordre de moines guerriers  qui va se retrouver au cœur du conflit entre les armées musulmanes de Soliman et la Chrétienté du milieu du XVIème siècle. Retranchés à Malte, les chevaliers – et, par ricochet, la population maltaise – vont subir un des plus terribles sièges de l’Histoire. Chaque camp, pris dans le tourbillon du fanatisme le plus aliénant, va rivaliser dans la cruauté et l’atrocité pendant près de trois mois.

    C’est dans ce contexte particulièrement sanglant que Matthias Tannhauser, mercenaire pris entre deux cœurs et deux camps, va poursuivre une quête impossible à la recherche d’un jeune garçon, avec pour ennemi juré un inquisiteur psychopathe…

    La Religion est un terrifiant roman d’aventures. Terrifiant, car il nous entraîne vers le jusqu’auboutisme fanatique et ce que l’humanité a de pire et, curieusement, ce qu’elle a aussi de plus fascinant. Terrifiant également, car Tim Willocks, en agitant des faits pourtant vieux de cinq cents ans, met en relief des situations étrangement contemporaines. Mais au-delà de cette projection des folies religieuses, La Religion est un superbe roman épique, dans la lignée des plus grands du genre. Tim Willocks ne lâche jamais son lecteur et le guide avec érudition. L’intrigue, souple, connaît de multiples ressorts et les personnages sont doués d’une empathie extraordinaire.

    Tout lecteur avide de grande épopée – et doté si possible d’un estomac bien accroché – trouvera son bonheur dans ce formidable pavé !

     

  • Gagner la guerre (Jean-Philippe Jaworski) - Chronique de Guillaume #29

    gagner la guerre.gifGagner la guerre

    Jean-Philippe Jaworski

    Les Moutons électriques - 28 €

     

    Si vous aviez cru (par exemple en lisant ma dernière critique) que Le Nom du vent, l’excellent roman de Patrick Rothfuss, était le roman de fantasy de l’année, veuillez accepter mes plus humbles excuses car c’était sans compter sur la lecture de Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski aux remarquables éditions du Mouton Electrique, qui vont sans doute par le succès fort probable de cet ouvrage se voir récompensées de leur contribution pointue au paysage imaginaire français.

    Déjà détenteur du prix du Cafard Cosmique pour son recueil de nouvelles Janua Vera dont une relatait déjà les élucubrations crapuleuses de Don Benvenuto, Jean-Philippe Jaworski récidive avec notre redoutable tueur à gages dans ce pavé qui fera date. Tout au long de cette épopée au suspense précoce qui vire sur la fin à l’insoutenable, Jaworski nous éblouit d’une plume acérée plongée dans une encre au vitriol. Jamais il n’épargne son lecteur comme en témoignent de fort violentes descriptions anatomiques pratiquement dès l’entame. Son souci maniaque du détail déclenche une complète immersion dans un univers fantastique immense et complexe, empruntant son contexte à la fois à l’Antiquité romaine ou grecque et au Moyen-Age occidental ou moyen-oriental et ce, sans pour autant freiner l’action galopante.

    L’intrigue très bien menée se noue et se dénoue au gré de manœuvres politiques, de complots crapuleux et de règlements de comptes scabreux, presque toujours aux dépends de Benvenuto qui en subit cruellement les conséquences. Rarement héros n’a autant souffert ! On lui pardonnerait presque les horreurs qu’il commet sans états d’âme et on admire ses coups d’éclat.

    Bref, Gagner la Guerre a tout ce qu’il faut pour devenir une pièce maîtresse de la fantasy française, dans une parfaite illustration du proverbe «  A salaud, salaud et demi… »

  • Le nom du vent (Patrick Rothfuss) - chronique de Guillaume #28

    9782352942832.gifLe nom du vent

    Patrick Rothfuss

    Bragelonne - 30 €

     

    Premier tome de la trilogie « Chronique d’un tueur de roi », Le Nom du vent est un incroyable pavé possédant le pouvoir peu commun d’empêcher tout lecteur de le refermer une fois ouvert. Tous les ingrédients y sont : une narration mise en abyme savamment rythmée, un suspense insoutenable, des personnages attachants, une histoire d’amour à épisodes inattendus, des méchants plus que mystérieux… Rien n’est épargné au lecteur qui battra sur ce livre tous ses records de vitesse de lecture.

    Située dans un univers médiéval fantastique relativement classique, l’histoire que nous conte le narrateur, également personnage mythique de ce monde dangereux, est l’histoire de sa propre vie. Dans cette première partie, Kvothe, notre héros étrangement devenu tavernier dans un village reculé, évoque son éducation, de celle de ses parents jusqu’à l’Université. Excellant dans tous les domaines, des arts du combat à la magie en passant par les arts lyriques, on devine déjà de quelle extraordinaire étoffe l’adulte sera fait.

    Un régal dont la seule amertume est de voir venir inexorablement les dernières pages en sachant que la suite n’est pas prévue avant 2010.