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chroniques de Simon - Page 10

  • Renée (Ludovic Debeurme) - chronique de Simon #84

    Renée de Ludovic Debeurme

    Futuopolis - 29 €

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    Six ans. Cela faisait 6 ans qu'on l'attendait. Impatience ? Appréhension ? Doute ? Excitation ?

    un peu de tout cela sans aucun doute...

     

    mais pour la plus belle des surprises ! Renée est à la hauteur de Lucille ! (voire encore meilleur...)

    Ludovic Debeurme confirme tout l'énorme bien que l'on pensait de lui. Dans son style si particulier, il est incontestablement au niveau des maîtres américains du genre que sont Clowes ou Burns. Il a cette capacité de raconter avec retenue et onirisme des histoires simples, banales qui paraitraient tristes à mourir sous d'autres plumes.

    Son dessin, toujours aussi épuré, est juste parfait de justesse et de sincérité et sert avec puissance la narration de ses histoires. Dans ce second opus, on retrouve Lucille et Arthur, les deux (anti-)héros de Lucille. Elle vit chez sa mère, semble beaucoup plus apaisé, son anorexisme est oublié même si de vieux démons continuent de la hanter. Lui est en prison, après un meurtre et découvre avec horreur l'univers carcéral et ses habitants... Mais ce deuxième volume va faire la part belle à un nouveau personnage, Renée, une jeune femme de l'âge de Lucille que l'on suit en parallèle avec les autres récits. Son histoire compliquée avec un homme marié, plus vieux qu'elle, son mal de vivre, la recherche du père, toutes ces douleurs semblent la rapprocher du personnage de Lucille. Dans un très beau final, leurs histoires vont inexorablement se croiser...

     

    Malgré une narration qui aurait pu être périlleuse, ce récit à trois voix est admirablement construit et prouve le talent de Debeurme à rester cohérent tout en faisant éclater les schémas classiques du neuvième art. C'est juste excellent !

    Cette BD vient de sortir et elle est déjà incontournable. Lorsque Lucille était sortie, c'était notre coup de coeur de l'année, il faudra que les autres fassent forts pour que Renée ne soit pas celui de cette année. 

    L'année BD 2011 commence bien !

  • nos coups de coeur en un clin d'oeil #05

    en avant pour les albums jeunesse !!!... ouvrez les yeux et profitez !

     

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    La colère de Banshee de David Sala & Jean-François Chabas (Casterman)

     

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    C'est notre choix pour la future quinzaine des librairies Sorcières. Ce conte irlandais, mis en histoire par Jean-François Chabas et remarquablement illustré par David Sala est NOTRE coup de coeur 2010. On espère faire venir l'illustrateur en mai 2011 pour une expo, rencontre, dédicace...

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    Wa Zo Kong de Benoît Jacques (éd. Benoît Jacques)

     

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    Sans doute l'ouvrage le plus débile de cette sélection, cet "oiseau con(g)" est vraiment très Kong... A lire à voix haute, un vrai coup de coeur !!!

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    Le petit Gibert illustré de Benoît Gibert (Albin Michel jeunesse)

     

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    Percutant, intelligent et improbable, Bruno Gibert crée son propre dictionnaire illustré. Farfelues, poétiques ou juste drôles, chacunes de ses définitions sont un plaisir pour le lecteur, grand ou petit...

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    Le petit chaperon chinois de Marie Sellier & Catherine Louis (Picquier jeunesse)

     

     

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    L'un des très beaux livres de cette fin d'année. Les auteurs nous offrent une version chinoise du célèbre conte dans un livre accordéon en papier noir découpé. Les ombres apparaissent au fil des images. Du travail d'orfèvre au service d'un conte populaire revisité...

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    Haut les pattes de Catharina Vackx (Ecole des Loisirs)

     

     

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    Il est temps pour Billy de s'exercer à devenir un bon brigand comme son père. Il va donc tester le fameux : "Haut les pattes!"... Un récit initiatique très drôle qui confirme tout le talent de son auteur.

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    Le secret de Madame de Polichinelle de Julie Lannes (Motus)

     

     

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    Mais quel est le secret de Madame de Polichinelle ? Pour le savoir, il faut utiliser la petite loupe rouge qui permet de voir à travers les trames de ce livre. Une belle histoire et un jeu réunis dans ce très bel album novateur, le premier de cette jeune illustratrice.

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    Tom Sawyer détective de Mark Twain, illustré par Christel Espié (Sarbacane)

     

     

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    L'un des plus beaux livres illustrés de cette fin d'année. Pour les grands (enfants et adultes), redécouvrez ce texte de Mark Twain très peu connu et partez vivre les aventures des fameux Tom et Huck. A noter, le travail de plus en plus remarquable de Christel Espié !!!

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    Le plus beau des cadeaux de Lionel Le Néouanic (Les Grandes Personnes)

     

     

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    Ali a un long voyage à faire. Il doit traverser tout le livre pour aller rejoindre son amie Illa. Son voyage va être parsemé de rencontres plus étonnantes les unes que les autres et va nous permettre de découvrir une multitude d'oeuvres d'art cachées dans l'image. Un livre magnifique, une nouvelle fois, de l'habilleur des Chats Pelés, des Têtes Raides ou de la Tordue...

     

     

     

  • de bien belles choses qui viennent d'arriver...

    En voilà de beaux livres en tissu pour les tout-petits...


    C'est la petite (par la taille mais grande par le talent) entreprise malouine Coq en Pâte qui nous offre ces beaux cadeaux...


    3 nouveautés en hommage aux images d'Epinal et à Pellerin, l'un des premiers illustrateurs

     

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    et les plus modernes, réalisé par des artistes contemporains...

     

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    Et tout ça, c'est à découvrir à la librairie...  Attention, petits stocks !

  • nos coups de coeur en un clin d'oeil #02

    allez ! d'autres idées en romans ado...

     

    Sous la piscine de Justin d'Ath (Actes Sud junior)

     

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    Wolgang est passionné de papillons, timide et cet été il surveille la piscine municipale. Cette fameuse piscine de New Lourdes où le niveau de l'eau penche de manière inexplicable. Audrey aussi y va tous les jours à cette piscine mais jamais elle ne se baigne... Qui est-elle vraiment ?

    Un roman remarquable, plein d'une lenteur assez rare en littérature de jeunesse.

     

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    Les éveilleurs (2 tomes) de Pauline Alphen (Hachette)

     

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    C'était une des bonnes surprises de la fantasy française de ces dernières années. Après les ouvrages de Silvana de Mari ou de Licia Troisi par exemple, Pauline Alphen s'affirme comme une des écritures (toutes féminines par ailleurs) nouvelles de ce genre pourtant surabondant. Le deuxième volume ne déçoit pas et on retrouve avec grand plaisir nos deux jumeaux Jad et Claris...

     

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    Sans la télé de Guillaume Guéraud (Rouergue DoAdo)

     

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    Guillaume Guéraud se dévoile intimement dans ce roman et fait un superbe hommage au cinéma dans tous ses genres... Il décrit son enfance sans télévision dans un quartier populaire de Bordeaux, seul avec sa mère et son oncle communiste. Pour compenser ses demandes incessantes de télé, sa mère l'emmène au ciné-club. Sa vie en sera changée...

     

     

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    La vie extraordinaire des gens ordinaires de Fabrice Colin (Flammarion)

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    21 vies remarquables écrites dans un roman qui ne l'est pas moins. Comme un recueil de nouvelles, ce texte se lit d'une traîte et vous entraine dans quelques moments de vie extraordinaires, des destins étonnants...

  • nos coups de coeur en un clin d'oeil... #01

    C'est bientôt Noêl !

    Découvrez en quelques mouvements de souris les conseils de vos libraires

     

    Blog de Jean-Philippe Blondel (éd actes sud junior)

     

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    Remarquable, l'écriture de Jean-Philippe Blondel fait une nouvelle fois mouche. Les rapports père-fils sont abordés avec beaucoup de délicatesse dans un jeu de miroir entre le blog de l'ado et les carnets intimes de son père.

     

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    Comment bien rater ses vacances de Anne Percin (Rouergue DoAdo)

     

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    Les vacances quelque peu mouvementées d'un ado qui devra se débrouiller pour survivre seul pendant deux semaines. C'est drôle, bien écrit et réussi. Un vrai bonheur pour se faire du bien...

     

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    Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat (Gallimard Pôle Fiction)

     

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    En voilà une idée lumineuse ! Gallimard crée une collection de poche pour les ados et nous permet de remettre en avant quelques pépites de leur catalogue. Parmi celles-ci, Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat est incontestablement inévitable ! À (re)découvrir...

     

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    Tout près Le bout du monde de Maud Lethielleux (Flammarion)

     

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    3 voix pour un même récit. 3 ados en situation difficile recueillis chez une vieille qui retape sa maison. Chacun son histoire et chacun sa façon de s'exprimer. Avec un gros travail sur les différents styles, Maud Lethielleux nous fait partager ces trois moments de vie, ces trois langues.

     

     

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  • Hyacinthe et Rose (François Morel & Martin Jarrie) - chronique de Simon #83

    9782844208262.jpgHyacinthe et Rose

    textes de François Morel
    illustrations de Martin Jarrie
    Editions Thierry Magnier - 30 €


    Presque tout oppose Hyacinthe et Rose sa femme. Lui est communiste, elle catholique. Lui aime boire, elle préfère manger. Il aime traîner, elle s’active en tous sens… Pourtant, ils ont une même et unique passion : les fleurs. C’est par le biais des souvenirs du narrateur, leur petit-fils, que nous allons découvrir quelques moments de leur vie et de leur amours florales. Ces moments, tendres et émouvants, parfois mélancoliques mais souvent drôles sont extrêmement bien décrits par François Morel qui confirme avec ce texte une vraie plume. Ce texte, pour tout âge, est de plus magnifié par les peintures de Martin Jarrie qui nous prouve une nouvelle fois son talent d’artiste – celui qui crée.

    Il a su en une vingtaine de portraits de fleurs pleine page retranscrire et apporter toute l’émotion et la force du souvenir.

    Cet album est une vraie ode aux fleurs, tout en restant proche des personnages qu’il met en scène. La poésie des gens sans histoire en quelque sorte, qu’on retrouve donc une fois encore dans l’œuvre de François Morel. Un pur bonheur.

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  • Le Grand show des petites choses (Gilbert Legrand) - chronique de Simon #82

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    Le grand show des petites choses

    Gilbert Legrand
    Sarbacane - 15 €


    Chaque objet a une personnalité. Chaque objet a une histoire à nous raconter. C’est ce que semble nous dire Gilbert Legrand dans son magnifique album Le grand show des petites choses. Sans texte – les images parlent d’elles-mêmes – cet album est une invitation à la (re)découverte des objets du quotidien. Sculpteur, illustrateur, peintre, Gilbert Legrand est un peu tout cela à la fois. Il s’amuse avec les objets du quotidien (couteaux, tire-bouchons, robinets, vieux outils en tous genres…) et leur redonne une nouvelle vie en les peignant de traits d’humains ou d’animaux fantastiques. Forts de ces nouvelles couleurs, de cette fraicheur, ces objets a priori sans âme, s’activent et s’animent pour le plaisir du lecteur. À lui alors de s’inventer sa propre histoire au fil de ces 100 pages enthousiasmantes…




    Découvrez Le sculpteur Gilbert Legrand recycle l'art du quotidien à Blagnac sur Culturebox !

  • petit cadeau de Guillaume Guéraud

    Il y a des matins où ça fait plaisir...

     

    Il y a des matins où tout va bien : on reçoit des remerciements pour les derniers albums chroniqués :Antoine Guilloppé, Philippe-Henri Turin, Janik Coat... ça fait bien plaisir...

    Merci surtout à eux pour leurs très beaux livres

     

    index.jpgEt ce matin, nouvelle petite surprise : un mail de Guillaume Guéraud qui m'envoie la bande annonce de son nouveau livre : Sans la télé.(Rouergue DoAdo)

    Pourtant je ne l'avais pas encore chroniqué ce livre. Quand j'y pense, je crois que c'est le premier depuis bien longtemps. Pas encore. Pas le temps en pleine rentrée... Et pourtant il y a droit, comme les autres car Guéraud sait toujours nous surprendre, être là où on ne l'attend pas.


    Alors allons-y...

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    Vous le savez, j'adore Guéraud, j'aime son souffle, j'aime son écriture directe et sans blabla, j'aime la froideur de son regard sur le monde. Ce nouveau roman, Sans la télé, devait marquer une rupture dans son écriture. On me l'avait annoncé comme complètement différent. Et il l'est c'est sûr. Mais pas l'intérêt qu'on doit y porter. Cette fois, c'est son adolescence qu'il expose, sans provocation, sans violence. Ce texte est un moment de vie mais cette fois c'est la sienne qu'il raconte, ce pour quoi il est ce qu'il est maintenant. Son adolescence à Bordeaux, dans un quartier populaire, sa vie avec sa mère seule et son oncle communiste. C'est surtout le livre d'un amour déclaré : celui du cinéma, dans toutes ses formes, dans tous ses aspects : Cinéma de quartier, cinéma d'auteurs, salles obscures, gros films américains, ciné français... ce livre est une ode au grand écran tout simplement. Quand on y réfléchit, on comprend mieux alors ses autres textes, tellement visuels, tellement cinématographiques. Ce roman est effectivement un tournant dans l'écriture de Guéraud, moins frontale peut-être, plus posée sûrement mais pas moins intéressante et ce dernier l'aborde avec simplicité, presque avec retenue même (chose étonnante pour lui).

    Chaque fin de chapitre reprend un extrait du film qu'il cite. Une chose est sure : Guillaume Guéraud atteint sans souci un objectif primordial : ce livre donne une furieuse envie d'aller au cinéma !!!

     

    allez on ne vous fait plus attendre, voici sa petite vidéo bande annonce, du grand n'importe quoi comme toujours...

     

  • Cuisiner avec les petits au fil des saisons (V.Aladjidi, C. Pellissier et M. Billet) - chronique de Simon #81

    9782844208743.jpgCuisiner avec les petits au fil des saisons

    Virginie Aladjidi, Caroline Pellissier

    Marion Billet (illustrations)
    Éditions Thierry Magnier - 15 €

    Cuisiner avec les petits… est un livre de cuisine très bien fait pour les enfants et ce n’est pas si commun que cela. Même si beaucoup d’ouvrages sortent sur ce thème, peu d’entre eux sont réellement accessibles aux enfants. Soit les recettes sont trop compliquées, soit les ingrédients sont introuvables ou alors les plats sont si farfelus qu’ils ne plaisent pas trop. Cet ouvrage a la modestie de ne proposer que des recettes simples et efficaces. Elles semblent faciles à réaliser et ne font appel qu’à des fruits et légumes de saison. L’envie est de suggérer aux enfants de goûter avec leurs cinq sens les plaisirs de la cuisine, la faire bien sûr, mais aussi la déguster. Le tout est très bien habillé par les illustrations de Marion Billet et donne envie de s’y mettre.

     

    Je vous conseille le superbe site de Marion Billet

  • Le plus grand footballeur de tous les temps (G. Zullo) - chronique de Simon #80

    9782889080502,0-598662.jpgLe plus grand footballeur de tous les temps

    Germano Zullo

    Encrage, La Joie de Lire - 13 €


    Le plus grand footballeur de tous les temps n’a rien d’un roman classique sur le football. Son titre, un peu racoleur, pourrait en tromper plus d’un. Car ce roman est beaucoup plus malin qu’il n’y parait. D’abord, ce livre ne parle pas uniquement que de foot, loin de là. Ensuite le narrateur, un jeune garçon, n’est pas celui qui pourrait prétendre à ce titre élogieux. Enfin, le tout est écrit avec beaucoup de finesse et de justesse.

    Si le récit tourne bien autour du football (avec les termes techniques, les références qui vont avec) c’est plus la vie du personnage principal, ses ressentiments et ses rencontres qui comptent dans ce livre. Alors qu’il est incontestablement doué pour le foot, notre héros se lasse peu à peu et son niveau de jeu s’en ressent. Comme en plus, ses résultats scolaires suivent la même voie, on peut dire que ce jeune homme se cherche. Sa première vraie histoire amoureuse avec  Giuliana, sa découverte des livres par le biais de la science-fiction, ses difficultés relationnelles avec ses parents… c’est cela le vrai sujet de ce roman. Et tout cela est très bien rendu. Bien écrit, sur des sujets délicats bien traités, ce roman mérite une attention particulière et ils ne sont pas si nombreux que cela quant il s’agit de romans autour du sport…

     

    allez un petit plaisir...



    Mano Negra - Santa Maradona
    envoyé par Floyd-out. - Regardez d'autres vidéos de musique.

  • Le petit Gus fait sa crise (C. Desmarteau) - chronique de Simon #79

    9782226209337,0-1103853.jpgLe petit Gus fait sa crise

    Claudine Desmarteau
    Albin Michel - 12,90 €

    "Le cerveau d’une fille, c’est pire qu’un problème de maths parce que dans les maths, y’a de la logique." Voici le genre de phrase à laquelle seul le petit Gus peut prétendre…

    Enfin ! Après plus de deux ans d’attente et la triste disparition des éditions Panama, on attendait avec impatience des nouvelles de notre ronchon préféré, le petit Gus. Après tout ce temps, il a bien grandi et c’est avec énormément de plaisir que l’on retrouve ses aventures familiales. Dans cette famille, plus que moyenne, on retrouve donc Gus, le nouvel héros des temps modernes, sorte de Petit Nicolas réactualisé aux mœurs d’aujourd’hui. On trouve également son frère Romain de plus en plus ado, sa sœur Delphine qui vient de ramener un rat à la maison, son père plus radin que jamais et sa mère qui ne voit plus que par les livres de Aldo Nouillerie (ne voyez surtout aucune référence… ).

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    (merci à Gawou pour cet emprunt d'image...)

     

    Toute cette joyeuse compagnie est donc à nouveau réunie pour le second volume de ces aventures. Merci à Albin Michel de reprendre ce personnage, merci à Claudine Desmarteau qui nous offre une nouvelle fois une bonne raison de se se divertir et c’est déjà très bien.

  • Mon carnet de voyage à Londres (M. Jaubert - E. Bonetto) - chronique de Simon #78

    carnetdevoyage.jpgMon carnet de voyage à Londres

    Marica Jaubert / Eglantine Bonetto
    coll Jo & Moi autour du monde, Sikanmar - 14,90 €

    Pendant fort longtemps, on ne peut pas dire qu’en tant que libraires, nous fûmes envahis par les documentaires sur la géographie européenne. Trop rapidement obsolètes surement ou tout simplement compliqués à réaliser, on peut dire que les éditeurs français n’étaient pas très inspirés par nos proches voisins, en tout cas beaucoup moins que sur l’Afrique, l’Asie ou même l’Australie… L’Europe ne faisait-elle pas rêver ? Heureusement nous vivons dans un monde éditorial formidable et depuis quelques temps, on peut – partiellement – trouver dans nos rayonnages quelques-uns de ces pays présentés. Mais comme nous ne sommes pas tout à fait saturés encore de ce genre de livre, saluons ici l’initiative d’un jeune éditeur qui se lance courageusement dans cette aventure : les éditions Sikanmar. Ils viennent de créer avec la collection Jo & Moi autour du monde une collection de documentaires autour de villes européennes. SIKANMAR-jo-et-moi-autour-du-monde-page.jpgPlus que de simples documentaires, ce sont d’ailleurs de vrais carnets de voyage que nous propose cet éditeur à travers ces deux premiers ouvrages sur Londres et Paris. Jeux, carnets de dessins, préparation au voyage ou livre d’activités, ces ouvrages faciles à manipuler seront le compagnon idéal de vos enfants lors de vos visites dans les plus grandes villes européennes. D’autres titres doivent suivre prochainement. Et c’est une très bonne idée…

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  • Polo à la recherche de Lili (R. Faller) - chronique de Simon #77

    alarecherche.jpgPolo - À la recherche de Lili

    Régis Faller

    Bayard jeunesse - 13.90 €

    Chaque nouvel album de Polo est un plaisir non dissimulé. C’est donc avec beaucoup de bonheur que nous accueillons cette nouvelle aventure du petit chien malin. Cette fois-ci, Polo va partir à la recherche de son amie Lili. Il va alors, comme il a pris l’habitude, vivre des aventures assez fantastiques pour la retrouver. Que dire de plus ensuite, si ce n’est que le résultat est tout simplement superbe.

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    La force des albums de Régis Faller repose sur leur simplicité et leur efficacité. Sans textes ni bulles, les aventures de Polo, pourtant découpées en cases de bande-dessinée, sont simples à comprendre, accessibles à tous et ont, en elles, une grande poésie et une grande liberté. Grâce à cela, on se laisse aisément porter par l’histoire. La lecture à deux s’effectue donc avec beaucoup de plaisir, comme une aventure inventée en commun dont la trame serait déjà écrite. On aime décidément Polo et nous vous conseillons cette expérience à vivre et revivre encore…

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    Toutes les images sont tirés du site de Régis Faller Chez Polo. Allez-y vite , c'est absolument fabuleux !!!

     

    Je vous conseille particulièrement les petits films d'animation et les jeux de Polo...

  • Souviens-toi de la lune (Stéphane Servant) - chronique de Simon #76

    4730266546_cd618d909b.jpgSouviens-toi de la lune

    Stéphane Servant

    Rouergue DoAdo Noir - 14 €

    Carrefour porte mal son nom. Ville fantomatique de la Louisiane, elle n’est que le carrefour d’alcooliques et de paumés. Dans ce sinistre paysage, vit David qui finit une formation de garagiste. Mais cette vie ne lui va pas. Le mobil-home miteux de son père, ses colères, cette ville misérable sans avenir, tout le pousse à partir ailleurs. Comme il écrit, il veut se consacrer pleinement à l’écriture, se faire publier et quitter Carrefour et sa morosité. Justement, au lycée, intervient une ancienne gloire de la littérature, Frank Lebreton, qui a connu un succès fulgurant il y a quelques années. David décide de lui montrer ses manuscrits mais se fait humilier par l’auteur devenu aigri. Peu après surgissent sur sa peau quelques écailles… Une chose prend peu à peu le contrôle du jeune homme et lui dicte les textes qu’il écrit. Toute la violence retenue du garçon semble alors s’exprimer à travers la voix de cette chose qui semble inarrêtable. À cet instant, le roman semble basculer vers le fantastique. Après on ne sait plus trop. Entre une réalité sociale devenue assez floue et un fantastique qui paraît réel, surgissent pèle-mêle meurtres, schizophrénie, enfermement, démence ou romance. Chaque chapitre perd un peu plus le lecteur sans pouvoir se rattacher à un genre littéraire précis. Une chose est sûre en revanche : ce livre est absolument impossible à lâcher. La grande maîtrise littéraire de Stéphane Servant (déjà remarquée dans Guadalquivir 44249369_p.jpgparu chez Scripto Gallimard) fait le reste. La fin ne laissera sans doute pas indifférent – certains aimeront, d’autres resteront sur leur faim – en tout cas, tous devraient s’accorder à affirmer qu’on tient là un vrai bon roman pour ados et un acte littéraire ambitieux à défendre et à soutenir.

     

    Le blog de Stéphane Servant

     

    La couverture très très jolie de ce livre est signée par la photographe Dorothy Shoes

     

    Attention parution de ce roman : le 8 septembre

  • Le livre qui rend heureux (Tolman) - chronique de Simon #75

    Le livre qui rend heureux

    Marije & Ronald Tolman

    Milan jeunesse - 12 €

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    Du calme. Du calme et de l'apaisement. Voilà ce que l'on ressent quand on referme ce livre. Peut-être même une petite touche du bonheur si on y repense quelques instants plus tard.

    C'était pourtant annoncé dans le titre. Mais ayons l'honnêteté de dire qu'on n'y croyait qu'à moitié. On nous l'a déjà faite celle-là. Alors on ouvre le livre et on tourne les premières pages. Pas de texte. Il faut donc y revenir. Prendre le temps. Savourer un peu et s'y replonger de plus belle.

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    L'histoire nous pénètre peu à peu. Finalement peu importante quand on y songe. Un ours blanc trouve refuge sur un arbre perdu au milieu de l'océan. Un ours brun le rejoint peu de temps après. Puis tout un monde s'invite au fil des pages, les flamants roses, les hiboux, les pandas, le paon, l'hippopotame...  Au fur et à mesure des rencontres, les couleurs surgissent. Chaudes. Franches. Et pourtant douces. La palette de Marije Tolman puisque c'est elle qui signe la mise en couleurs de cet ouvrage est tout simplement fabuleuse. Elles accompagnent si bien les gravures de son père, Ronald Tolman.

    Cet album est une vraie invitation à la contemplation. Un moment un peu hors du temps à savourer presque en cachette. Pour ne pas être dérangé. Et puis non, finalement. C'est tellement mieux de le partager...

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    Cet ouvrage vient de remporter le Prix Fiction à la dernière Foire de Bologne.

    Puisqu'on vous dit que c'est bien !

     

  • onlikoinou #18 Les conseils de Bib et Bob

    Laissez vous porter par les conseils de Bib et Bob, nouveaux venus dans l'équipe Onlikoinou


     

    avec cette fois-ci :

    41251.jpgindex.jpg40947.jpg et Si j'étais un pingouin qui ne sort qu'en septembre...

  • J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait (M.Lethielleux) - chronique de Simon #74

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    J'ai quinze ans et je ne l'ai pas jamais fait

    Maud Lethielleux

    éditions Thierry Magnier - 9 €

    Capucine, bonne élève, ado sans soucis, a les hormones qui la chatouillent. Elle veut connaître le grand amour et est persuadée que son prof d’histoire-géo en pince pour elle. Martin, lui est plus discret. C’est plutôt le gars qui ne parle pas en classe, pas vraiment motivé ni enthousiaste. Ce qui le fait vibrer, c’est la musique. Leur destin va subtilement se mêler dans cette histoire à deux voix.

    J'ai quinze ans... est un texte qui parle d'amour, d'adolescence et de rock. Maud Lethielleux ne tombe dans aucun des clichés propres à l'écriture sur l'adolescence. Elle parle avec sensibilité des premiers émois, des envies et des déceptions propres à cet âge. Ces personnages sont à la fois détestables et attachants et replongent le lecteur dans le trouble de cet entre-deux. Pas vraiment adultes, plus tout à fait des enfants, les ados de cette histoire nous donneraient presque envie d'y retourner... hum... Non, non, c'était une blague... En tout cas, ce premier essai en jeunesse donne très envie de lire les autres textes de Maud Lethielleux, publiés chez Stock. C'est fait pour ma part et ce n'est que du bonheur. Ces textes font du bien. Profitons-en...

     

  • Les sales histoires de Félicien Moutarde (F.Melquiot & R.Badel) - chronique de Simon #73

    51tqJOHd+QL._SL500_AA300_.jpgLes sales histoires de Félicien Moutarde T01 La naissance de Félicien Moutarde

    Fabrice Melquiot (texte) & Ronan Badel (illustrations)

    éditions L'Elan vert - 13 €

    Félicien Moutarde est tout simplement horrible : il est moche, il est méchant, il parle mal. C'est assez simple, il a à peu près tous les défauts du monde et pourtant on l'adore déjà. Sans doute la faute à Fabrice Melquiot et Ronan Badel les deux auteurs de cet étonnant et enthousiasmant personnage. Pourtant c'est vraiment un môme détestable, de ceux qu'on regarde du coin de l'oeil en se disant que ses parents n'ont pas de chance. Mais eux l'aiment bien, il faut dire qu'ils ne sont pas trop gâtés non plus. Félicien n'est que la somme de ses parents : la famille idéale en quelque sorte.

    Dans un format entre bande dessinée et roman, les auteurs nous invitent à suivre 4 aventures de Félicien qui nous l'espéront ne seront qu'une mise en bouche. Fabrice Melquiot a créé ce personnage comme il a pu créer celui de Bouli Miro (le héros de deux pièces de théâtre pour les enfants publiés aux éditions de l'Arche). Atypique et irrésistible, on se prend très vite d'affection pour lui, à l'image de personnages comme le petit Nicolas, Manolito (Elvira Lindo) ou Calvin (de Calvin & Hobbes). Ronan Badel s'est bien fait plaisir à illustrer ces aventures de manière très lachée et intuitive et cela se ressent.

    Le tout donne un très bel ouvrage, qui fait du bien dans ces temps de rigueur où l'humour noir et le non-politiquement correct ne sont pas toujours bien acceptés. A découvrir au plus vite !

  • une interview de Fred Bernard et François Roca

    Voici une interview que j'ai réalisée en 2006 de Fred Bernard et François Roca à la sortie de leur ouvrage Soleil Noir (Albin Michel). Le site de Citrouille l'a remise en avant cet été. J'en profite pour la poster ici également...

     

    Rencontre avec Fred Bernard et François Roca

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    © François Roca



    Vous venez de sortir Cheval vêtu. C’est maintenant votre treizième album en commun… Eprouvez-vous toujours le même enthousiasme ? Avez-vous acquis une certaine sérénité ?
    Nous fêtons nos dix ans d’union puisque notre album La Reine des fourmis a disparu est sorti en 1996... Dix ans de vrai plaisir ! L'enthousiasme reste intact parce que nous nous sentons toujours plus proches et que les idées ne manquent pas. Le désir de faire est sans cesse croissant parce que nous avons le sentiment que tout reste à faire. Nous changeons nous-mêmes, nous sentons notre travail évoluer. L'excitation et la fébrilité accompagnent la réalisation de chaque album. Et la première difficulté réside encore et toujours dans ce fameux rapport texte-image, fragile et primordial. La deuxième difficulté va de pair avec la belle reconnaissance que nos projets ont acquis avec le temps et la jolie petite pression qui va avec… Il faut toujours réinventer! Nous rêvons toujours de faire mieux la fois prochaine, en sachant parfaitement que ce serait miraculeux de parvenir à se surpasser à chaque nouvel essai. Alors l'enthousiasme, oui. Mais la sérénité, non pas vraiment...



    Comment est né Cheval vêtu ?
    Nous nous sommes d’abord mis d'accord sur le thème suivant : « Les Indiens des plaines avant leur rencontre fatale avec l'homme blanc... ». Parce que François désirait peindre des chevaux et approfondir le thème des Indiens des plaines sans passer par le western. Nous avions l'impression d'avoir manquer un petit quelque chose avec d'un côté Ushi qui reprenait peut-être un peu trop facilement le folklore de ces peuples, et de l'autre L’Indien de la tour Eiffel où l'on passait sous silence son passé dans les plaines et son rapport à la nature.

    En quoi a consisté votre travail de préparation pour cet album ?
    Dès que nous avons décidé de placer la narration du côté des chevaux, il a fallu se pencher sur les conséquences bouleversantes de leur arrivée chez ces grands piétons depuis la nuit des temps qu'étaient les Indiens. Nous avons contacté «LE» spécialiste en la matière, Francis Geffard [libraire et directeur des collections « Terre indienne » chez Albin Michel]. Il s'est immédiatement enthousiasmé et nous a très généreusement fourni tout le matériel nécessaire, pour l'image aussi bien que pour le texte. Tout ce que nous avions lu ou vu depuis notre enfance sur les Indiens ne traitait pas vraiment de la bascule qui s'était opérée avec l'arrivée du cheval importé par les Espagnols. Comme d'habitude, nous n'avons pas utilisé le dixième des trouvailles faites en épluchant toute cette documentation. C'est finalement un travail colossal de tenir un format d’écriture assez court pour raconter une fresque qui a du souffle. La peinture de François doit prendre le relais de façon déterminante dès que le texte exige d'être élagué, raccourci.

    Dans Cheval vêtu, vous abordez des sujets plutôt inhabituels dans les livres de jeunesse : corrida, conquistadores… C’était déjà le cas dans Jésus Betz et plusieurs autres de vos albums. Vous aimez interpeller vos lecteurs ?
    Une lecture sans interpellation n'est pas très agréable… Nous aimons nous attaquer aux sujets habituels (le cirque, les pirates, les indiens...), mais sous des angles inhabituels - sans pour autant détourner ces sujets. Nous avons le même grand respect pour les « classiques » et pour les lecteurs; c'est pourquoi nous aimons les bousculer un peu les uns et les autres, mais sans malice, juste pour le plaisir. Nous essayons avant tout de nous surprendre nous-mêmes. Nous croisons les doigts pour que l’histoire et les images touchent aussi le découvreur-lecteur...

    Fred Bernard, vous possédez un ton très particulier, sans concession, qui, avec un vocabulaire riche et littéraire, offrent à vos récits une densité certaine. Dans quel état d’esprit écrivez-vous vos histoires ?
    J'ai dévoré des livres dès que j’ai pu. Je continue à le faire, toujours dans l'espoir d'être séduit et embarqué. Dans le meilleur des cas, c'est ce qui m'arrive quand j'écris, il est alors inimaginable de songer au vocabulaire, au style ou à quoi que ce soit d'autre. Une fois l'intention de départ et la documentation digérée, seuls les personnages et les situations m'importent. L'histoire m'est comme dictée, je la retravaille ensuite longuement, mais l'essentiel est là. Et ce sont les détails qui feront la différence. C'est à eux que je m'attache ensuite. À chaque mot.

    Vous mettez souvent en scène des personnages qui sont en décalage avec le milieu dans lequel ils se retrouvent (le cheval de conquistador chez les Indiens, l’Indien à Paris, l’enfant-tronc de Jesus Betz…). Est-ce une manière de mettre en marche vos scénarios ?
    Nous grandissons tous dans un monde que nous apprenons à connaître chemin faisant. Personnellement, j'ai toujours eu un mal de chien à m'y faire... Mes personnages sont comme moi, ils ont un peu l'impression d'être entourés d'extra-terrestres (alors que ce sont peut-être eux qui viennent d'ailleurs !). Finalement, ces histoires sont toutes plus ou moins autobiographiques. Elles sont le fruit de mes voyages, mes rencontres, mes réflexions. Comment décrire des sentiments et des sensations crédibles ? Ne pas désarmer, ne pas trop s’endurcir, rester sensible sans être fragile…physiquement et sentimentalement ! Pour y parvenir et maintenir l’équilibre, mes personnages sont obligés de faire des choix qui ont souvent des conséquences aventureuses. C'est le ressort de la plupart de mes histoires et c'est aussi celui de la mienne. Je suis tombé d’une falaise de 12 mètres… Je n’ai pu utiliser ni mes jambes, ni mes bras pendant trois mois… D’où le ressenti de Jésus Betz et de L’homme Bonsaï.

    François Roca, quand on regarde l’ensemble de votre production, on ressent l’affirmation d’un style fort, terriblement expressif, qui ne se situe plus dans la simple illustration mais dans une réelle recherche artistique…
    N'exagérons pas ! D’ailleurs pour moi il n'y a pas de «simple illustration». Je préfère parler d'images, ainsi on évite la classification entre «vraie peinture» et «illustration» qui d'ailleurs ne répond qu’à une question de contexte. Hopper dont personne ne met en doute qu'il est l'un des plus grands artistes peintres de ce XXème siècle, ou du moins l'un des plus connu, est aussi l'un des plus grands illustrateurs vu le nombre de couverture de roman qui sont tirées de ses peintures ! Dés qu'une image est associée à un texte ou à un titre elle devient illustrative, quelle que soit la qualité de cette image. Pour ma part j'ai toujours apprécié le réalisme en peinture, et cela à travers les siècles. C'est pour moi une mine inépuisable d'inspiration d'autant plus que nos livres nous emportent dans des époques chaque fois différentes. Je me réfère alors aux peintres de cette époque pour coller au plus près de la réalité historique. Cela influe sur mon style et me permet d'expérimenter de nouvelles choses et ainsi de continuer à avancer.

    Comment appréciez-vous l’évolution de votre technique et quelles sont vos envies, les techniques que vous aurez envie d’explorer dans vos prochains travaux?
    Mon plus grand changement technique a été l'emploi de la peinture à l'huile, pour mes illustrations à partir de 1999. Cela m'a peut-être permis de me rapprocher d'une certaine forme de peinture classique que l'on perçoit dans mes images. En tout cas cela m'a libéré de l'acrylique que je commençais à trouver contraignante. J’ai trouvé un second souffle ! Je suis loin d'avoir fait le tour de cette technique vu les possibilités qu'elle peut proposer et pour l'heure je n'envisage pas du tout d'en essayer d'autres.

    Vos deux noms sont très souvent associés. Vous avez chacun pourtant des projets personnels. Est-ce difficile pour vous d’exister en dehors de ce binôme ?
    Fred : C’est vrai, on me demande parfois de signer des livres que je n'ai pas écrits dès lors qu'ils sont illustrés par François ! L'illustration reste le fil rouge dans notre société d'images. La confusion se déplace lorsqu’on découvre que je dessine également. Pour ma part, j'ai pratiquement cessé de dessiner pour la jeunesse. Les concessions que j'y faisais m'emportaient vers des rivages trop frustrants à mon goût. La peinture réaliste de François permet également d'aborder des sujets plus particuliers. Je dessine de la bande dessinée adulte depuis trois ans et c'est l'occasion pour moi de dessiner comme j'écris, en noir et blanc, avec beaucoup de liberté. Avec ma première bande dessinée, La tendresse des crocodiles (version adulte de Jeanne et le Mokélé), je me suis aperçu à quel point le format et la distance définie par l'album m'interdisait de développer les dialogues que j'affectionne tant. Les éditeurs nous permettent de continuer notre chemin, ensemble ou séparément, c'est une chance énorme.

    François : En tant qu'illustrateur, j’ai la chance d’avoir beaucoup de propositions et de projets. Des textes que les éditeurs me soumettent et que j'accepte ou non suivant mes disponibilités et mes envies. Mais dans ces livres de commande, il me manque toujours un « je ne sais quoi ». Je n'en suis pas l'instigateur. J'ai le sentiment d'être pleinement et uniquement auteur avec les livres écrits par Fred ! Cela ne veut pas dire que j'aime moins les autres… C'est juste différent. En ce moment, je suis en train de réaliser des illustrations pour une maison d'édition américaine sur le boxeur Muhammad Ali, cela me passionne. C'est une façon de travailler différente dans un autre contexte, avec d'autres personnes. Cela me bouscule un peu et ce n'est pas plus mal d'autant que le sujet est assez mythique et excitant. Mais cela ne m'empêche pas d'avoir hâte de retrouver Fred pour notre prochain livre qui sera, je l'espère, meilleur et enrichi de nos expériences personnelles.

    On ressent souvent dans vos histoires une impression de grand large, une envie de parler d'ailleurs et d'en parler différemment. Quel est votre sentiment face à une littérature plus réaliste qui se développe de plus en plus dans les albums pour enfants ? Pensez-vous un jour raconter et illustrer des histoires ancrées dans le quotidien ?
    Fred : J'adore mon quotidien, le présent en particulier et la vie en général! Le quotidien des autres, beaucoup moins... Penser, imaginer permet de s’éloigner d’une réalité, d’inventer. Mon inconscient ne me dicte pas facilement des histoires réalistes mais elles sont remplies de situations vécues, à peine déformées. Les passions humaines sont les mêmes à travers le temps, l'espace, dans le réel et dans l'imaginaire. C'est d'ailleurs assez troublant...

    Vos albums sont de véritables passerelles entre le livre pour enfants et les livres d’adultes. Aviez-vous cette ambition quand vous avez commencé votre collaboration ?
    Nous ne faisons pas de différence entre la littérature jeunesse et la «grande» puisque que l'une précède l'autre. Il y a surtout celle que l'on a oubliée et celle qui nous a marqués, nous a fait avancer. Ensuite viennent les goûts et les couleurs... Nous adorons forcément le livre qui nous semble avoir été écrit pour nous-mêmes et nous seuls. Nous essayons de penser à l'enfant que nous étions et à ce qui nous plaisait de lire à l'époque. Nous nous souvenons du petit pincement au cœur quand les images ont disparu petit à petit de nos lectures, puis au plaisir que nous avons pris très vite à nous créer nos propres images en lisant, à nous « faire notre film »! Nous voulons accompagner les enfants dans ce passage parfois périlleux et titiller le grand enfant qui sommeille encore chez leurs parents. Nous nous autocensurons parce que nos livres sont destinés à la jeunesse mais nous refusons de ne nous adresser qu'à elle. Toute notre vie nous sommes confrontés à des choses qu'on ne connaît pas, à des mots qu'on ne comprend pas. Point trop n'en faut, c'est tout. La curiosité, une des plus grandes qualités, doit être éveillée tout azimut, à tout prix.

    Pour finir, pouvez-vous nous mettre en bouche pour votre futur projet ?
    La prochaine histoire ne devrait pas sentir le souffre mais plutôt les épices…puisqu’elle se déroulera en Inde.

    Propos recueillis par Simon Roguet, librairie M’Lire

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