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  • Les Magiciens (Lev Grossman) - Chronique de Guillaume #39

    magiciens.jpgLes Magiciens


    Lev Grossman


    L’Atalante – 23.50 €


    Les Magiciens n’est pas un remake de Harry Potter ni du Monde de Narnia ou encore du Seigneur des Anneaux. S’il s’en inspire et Lev Grossman ne le nie en aucune manière, c’est pour bâtir un socle mythologique suffisant pour aller au-delà des champs largement dominés par ses trois œuvres majeures.

    Pour cela, en plus d’une plume et une inventivité remarquable, Lev Grosman a simplement incorporé un ingrédient diablement efficace dans la tête de ses personnages : une psychologie réaliste et fort contemporaine.

    En effet, si les héros habituels font plus ou moins bonne figure en découvrant les mondes incroyables dont ils ignoraient l’existence avant le début du bouquin, les personnages des Magiciens – et en particulier Quentin, le « héros » –  font ce que n’importe lequel d’entre nous ferait : péter les plombs. Et pour assumer des pouvoirs que l’on tire aux forceps de leur corps et de leur âme (c’est un euphémisme !), ils ont recours à des remèdes très classiques comme notamment une consommation plus qu’excessive d’alcool sous toutes ses formes.

    Si on ajoute à tout cela l’asociabilité avérée des personnages et un scénario pas piqué des vers (peut-être un poil tordu par moments), il serait bien étonnant que Quentin et ses amis sortent indemnes des quelques cinq cents pages d’un livre que vous aurez bien du mal à refermer.

  • Richard P. nous parle de René Frégni (partie 2) - nos amis vous conseillent #14

    René Frégni, deux livres pour une même histoire

    2. Tuer et écrire pour échapper à l'enfermement

    Je reviens encore sur ces deux textes de René Frégni, lettres à mes tueurs et tu tomberas avec la nuit que j’ai lu cet été. Si la révolte contre le destin est au coeur des récits,  c’est que le destin, vu comme une suite d’évènements qu’on ne peut maitriser, s’exprime avant tout ici par l’enfermement.

    L’enfermement, René Frégni le connaît d’abord par ces ateliers d’écriture qu’il anime depuis une quinzaine d’années. Surtout quand il en vient, au détour du récit, à parler des histoires que racontent et se racontent les prisonniers. Ces histoires sont là pour permettre aux hommes de garder un peu de dignité et éviter qu’un jour ils ne ressemblent aux murs qui les entourent.

    C’est ensuite à l’Evêché que l’auteur l’expérimente. L’Evêché, c’est le commissariat marseillais dont la description nous renvoie aux geôles et aux oubliettes anciennes, à la rencontre du côté cave de chacun.

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    L’enfermement c’est enfin quand un juge prend possession du cerveau de l’écrivain comme une tumeur et qu’il l’empêche de faire ce qui le fait vivre : écrire pour manger peut être mais surtout écrire pour vivre. L’écriture devient alors un moyen de lutter contre l’enfermement, de sortir.

    Nous revient alors l’expérience carcérale d’un autre manosquin, Giono, qui sur les murs de sa prison, marseillaise également, traçaient des cartes imaginaires. Comme si on pouvait enfermer les écrivains ! Et surtout comme si, aussi, l’enfermement n’était pas avant tout mental !

    Avec la révolte initiale, le destin peut alors laisser sa place à l’histoire, celle de deux hommes qui luttent pour leur survie, l’un est un personnage et l’autre est son auteur.

    L’écrivain Frégni dit alors les deux voies possibles. L’une commence avec la nuit (tu tomberas…), l’autre semble être la seule réponse quand on arrive au bout de la nuit (lettre…). Mais l’écriture est plus forte que la nuit. Car si la voie sombre du crime conduit à la mort (lettre…) ; la voie lumineuse de l’écriture conduit à la délivrance (tu tomberas…). La réponse que donne le roman est la part sombre de la réalité (lettre…), l’histoire qui se serait passée si Frégni avait choisi de tuer le juge, comme il le dit au début de son autobiographie (tu tomberas…).

    L’alternative est donc la suivante, soit il faut alors choisir le monde de la nuit et donc le meurtre, la prison et au final la mort (lettre…), soit il faut revenir au jour et c’est la plume qui devient la solution (tu tomberas…). Car seule la plume peut conter la mort, celle qui écrit la « lettre ». L’écrivain renaît (René?)  alors !

    Et que dit-il de cette mort (lettre…) ? Il faut alors je crois interroger Vengo De Toni Gatliff. La mort de l’écrivain résonne alors avec la mort de Caco. Un flamenco mécanique aux étranges airs d’enfance. Une mort solitaire dans un lieu improbable. La fin inéluctable du père qui n’a pas protégé l’enfant. Lettre à mes tueurs est alors surtout l’écriture angoissé d’un romancier. Comme si écrire pouvait protéger de la mort ! La sienne, peut être mais surtout celle des autres.

    L’écriture est le miracle de ces deux livres. Une écriture identique qui raconte une même histoire selon deux angles différents : roman ou autobiographie. A chaque angle correspond ce choix fondamental des protagonistes que l’on peut exprimer selon différentes perspectives, toutes justes : écrire ou tuer ; vivre ou mourir ; sauver les siens ou les abandonner au destin ; veiller ou s’endormir.

    Il faut alors soit tuer le juge et s’endormir dans les chiottes d’une école maternelle, soit écrire son histoire et essayer tant bien que mal de retisser son existence. Ce qui pose alors la question de la réalité et de la manière de dire la réalité avec des mots ? Seul le récit est alors à même de dire ce qui s’est passé. L’histoire devient une histoire. Ce n’est pas nouveau mais le constater dans ces deux livres les rends encore plus passionnants.

  • Richard P. nous parle de René Frégni (partie 1) - nos amis vous conseillent

    Richard Peirano, documentaliste au lycée de l'Immac nous parle de ses lectures de l'été. Au programme, deux textes de l'écrivain René Frégni...

     

     

    René Frégni, deux livres pour une même histoire

    1. Un besoin de justice

    J'aurai donc lu du René Frégni pendant ce mois d’Août ! Manosque, la chaleur tout ça !fregniRev.gif

    J’ai lu deux textes de cet auteur, à la suite l’un à la suite de l’autre.  Un roman Lettre à mes tueurs et un texte autobiographique Tu tomberas avec la nuit. J’avais laissé Frégni sur une note de Céline avec Où se perdent les hommes, un roman que je n’ai pas trop apprécié, et je le retrouve dans les pas aujourd’hui de Camus. Un Camus enragé!
    En lisant les Quatdecouv, à la librairie au Poivre d’âne à Manosque, pas très loin de côté place, le restaurant de Frégni, je me suis douté que la rencontre de ces deux titres serait fertile.
    L’intérêt de René Frégni réside en partie dans son histoire personnelle dont il fait le terreau de ses histoires avec au centre le choix de fuir ou de combattre associé au besoin de justice, pas celle qui rend des sentences, mais celle qui a pour objet d’expliquer le monde. Frère jumeau de ce besoin de justice, un réel besoin d’écriture !
    Plus particulièrement dans ces deux textes, il revient sur son expérience de la prison et ses rapports avec les truands, côté place quand il parle de son expérience des ateliers d’écriture et côté cuisine quand le destin frappe à la porte de l’écrivain et le fait franchir les limites qui le sépare de ce monde de la pègre.
    Fuir ou combattre sont au coeur de ces deux textes, mais si les armes choisis pour ce combat sont différentes et conduisent donc logiquement à des épilogues différents. Dans le roman, tuer est la solution choisie ; dans l’autobiographie, c’est écrire qui va tuer le juge. La plume s’avérant alors plus efficace que le .22 surtout quand écrire ne consiste pas à faire « de belles phrases » mais à « boxer avec ses mots ». L’un est une fiction qui se nourrit de la réalité ; l’autre est l’écriture de la réalité pour crier au monde qu’il n’est pas le truand que voudrait son juge.

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    L’histoire de Lettre à mes tueurs commence quand un ancien ami, devenu un caïd du grand banditisme surgit en sang dans la vie de Pierre, écrivain en mal d’écriture, lui remet un cassette en lui disant de la planquer alors que les flics sont à ses trousses, et s’enfuit par le balcon.
    Dans Tu tomberas avec la nuit c’est une femme en colère qui surgit chez lui et lui demande, sans autre forme de politesse, de l’amener en Avignon visiter son copain, alors que l’écrivain y anime des ateliers d’écriture.

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    Dans les deux cas, le destin s’invite au dessert de l’écrivain qui change de statut et perd alors la faculté d’écrire. Ce destin déclenche des forces primitives et brutales (des tueurs sanguinaires ou une famille de tarés qui règne par la terreur sur un minuscule bout de ville) qui le mette en danger, lui et sa fille dont le rôle est centrale pour comprendre les choix qu’il va faire pus tard.
    La fuite s’impose alors dans un premier temps (partir au Danemark ou courber l’échine) avant qu’un premier acte de révolte (le retour vers Marseille ou boxer l’un des frères de Carine) ne le conduise à faire appel à celui qui lui a laissé son numéro de téléphone en lui disant de l’appeler jour et nuit s’il a un problème. Il faut 30 minutes à Max, le truand manosquin pour arriver chez Frégni ; un peu plus à Sauveur le bien-nommé au nom de parrain pour rejoindre Pierre.
    Dans les deux textes nous retrouvons quelques figures essentielles à commencer par celle du truand, héros fascinant et hors norme, conduit par un destin que l’on sait tragique. Il y a également le policier qui est présenté comme un professionnel qui fait son job, dont on peut se moquer un peu (l’orthographe) mais qui reste une figure essentielle car il évolue entre deux mondes, celui de la nuit et des truands et celui du jour et des « honnêtes gens ». C’est le policier qui lui dit de se méfier de tout le monde (lettre…) et qui ne comprends pas qu’on le mette en examen (Tu tomberas…). Il y a a enfin la figure du juge qui est à la fois le shériff et un être méprisant et falot dont le seul destin oscille entre la mort spectaculaire (lettre…) ou les flashs blafards de la conférence de presse (Tu tomberas…) mais qui dans les deux cas possède un pouvoir exorbitant dont il abuse…
    (à suivre)

     

     

  • Mon carnet de voyage à Londres (M. Jaubert - E. Bonetto) - chronique de Simon #78

    carnetdevoyage.jpgMon carnet de voyage à Londres

    Marica Jaubert / Eglantine Bonetto
    coll Jo & Moi autour du monde, Sikanmar - 14,90 €

    Pendant fort longtemps, on ne peut pas dire qu’en tant que libraires, nous fûmes envahis par les documentaires sur la géographie européenne. Trop rapidement obsolètes surement ou tout simplement compliqués à réaliser, on peut dire que les éditeurs français n’étaient pas très inspirés par nos proches voisins, en tout cas beaucoup moins que sur l’Afrique, l’Asie ou même l’Australie… L’Europe ne faisait-elle pas rêver ? Heureusement nous vivons dans un monde éditorial formidable et depuis quelques temps, on peut – partiellement – trouver dans nos rayonnages quelques-uns de ces pays présentés. Mais comme nous ne sommes pas tout à fait saturés encore de ce genre de livre, saluons ici l’initiative d’un jeune éditeur qui se lance courageusement dans cette aventure : les éditions Sikanmar. Ils viennent de créer avec la collection Jo & Moi autour du monde une collection de documentaires autour de villes européennes. SIKANMAR-jo-et-moi-autour-du-monde-page.jpgPlus que de simples documentaires, ce sont d’ailleurs de vrais carnets de voyage que nous propose cet éditeur à travers ces deux premiers ouvrages sur Londres et Paris. Jeux, carnets de dessins, préparation au voyage ou livre d’activités, ces ouvrages faciles à manipuler seront le compagnon idéal de vos enfants lors de vos visites dans les plus grandes villes européennes. D’autres titres doivent suivre prochainement. Et c’est une très bonne idée…

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  • Rosa Candida (Audur Ava Olafsdottir), Chronique de Bérénice #13

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    Rosa Candida

    Audur Ava Olafsdottir

    Zulma, 20€

     

    Arnljotur est un jeune homme de 22 ans qui vit seul avec son père octogénaire. Désireux de s'ouvrir au monde, il a décidé de quitter son Islande natale. Sa mère est décédée peu de temps auparavant lors d'un accident de voiture. Très proche de celle-ci, ils partageaient ensemble une même passion pour les fleurs qu'ils faisaient pousser avec amour dans la serre de leur jardin.

    C'est dans cette même serre qu'une nuit il a mis enceinte Anna, une simple amie. Père d'une petite fille de quelques mois qu'il voit rarement, il ne sait comment vivre cette paternité non désirée.

    Ce voyage initiatique sera l'occasion pour Arnljotur de faire le point sur les dernières années de sa vie. Il va trouver refuge dans un monastère dans lequel il occupera le rôle de jardinier. Là il côtoiera un moine cinéphile auprès duquel il se confiera.

    Un roman tout en douceur et poésie qui s'articule tout naturellement autour des trois obsessions d'Arnljotur : les fleurs, la mort et le corps. Un très beau texte.



  • Polo à la recherche de Lili (R. Faller) - chronique de Simon #77

    alarecherche.jpgPolo - À la recherche de Lili

    Régis Faller

    Bayard jeunesse - 13.90 €

    Chaque nouvel album de Polo est un plaisir non dissimulé. C’est donc avec beaucoup de bonheur que nous accueillons cette nouvelle aventure du petit chien malin. Cette fois-ci, Polo va partir à la recherche de son amie Lili. Il va alors, comme il a pris l’habitude, vivre des aventures assez fantastiques pour la retrouver. Que dire de plus ensuite, si ce n’est que le résultat est tout simplement superbe.

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    La force des albums de Régis Faller repose sur leur simplicité et leur efficacité. Sans textes ni bulles, les aventures de Polo, pourtant découpées en cases de bande-dessinée, sont simples à comprendre, accessibles à tous et ont, en elles, une grande poésie et une grande liberté. Grâce à cela, on se laisse aisément porter par l’histoire. La lecture à deux s’effectue donc avec beaucoup de plaisir, comme une aventure inventée en commun dont la trame serait déjà écrite. On aime décidément Polo et nous vous conseillons cette expérience à vivre et revivre encore…

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    Toutes les images sont tirés du site de Régis Faller Chez Polo. Allez-y vite , c'est absolument fabuleux !!!

     

    Je vous conseille particulièrement les petits films d'animation et les jeux de Polo...

  • Souviens-toi de la lune (Stéphane Servant) - chronique de Simon #76

    4730266546_cd618d909b.jpgSouviens-toi de la lune

    Stéphane Servant

    Rouergue DoAdo Noir - 14 €

    Carrefour porte mal son nom. Ville fantomatique de la Louisiane, elle n’est que le carrefour d’alcooliques et de paumés. Dans ce sinistre paysage, vit David qui finit une formation de garagiste. Mais cette vie ne lui va pas. Le mobil-home miteux de son père, ses colères, cette ville misérable sans avenir, tout le pousse à partir ailleurs. Comme il écrit, il veut se consacrer pleinement à l’écriture, se faire publier et quitter Carrefour et sa morosité. Justement, au lycée, intervient une ancienne gloire de la littérature, Frank Lebreton, qui a connu un succès fulgurant il y a quelques années. David décide de lui montrer ses manuscrits mais se fait humilier par l’auteur devenu aigri. Peu après surgissent sur sa peau quelques écailles… Une chose prend peu à peu le contrôle du jeune homme et lui dicte les textes qu’il écrit. Toute la violence retenue du garçon semble alors s’exprimer à travers la voix de cette chose qui semble inarrêtable. À cet instant, le roman semble basculer vers le fantastique. Après on ne sait plus trop. Entre une réalité sociale devenue assez floue et un fantastique qui paraît réel, surgissent pèle-mêle meurtres, schizophrénie, enfermement, démence ou romance. Chaque chapitre perd un peu plus le lecteur sans pouvoir se rattacher à un genre littéraire précis. Une chose est sûre en revanche : ce livre est absolument impossible à lâcher. La grande maîtrise littéraire de Stéphane Servant (déjà remarquée dans Guadalquivir 44249369_p.jpgparu chez Scripto Gallimard) fait le reste. La fin ne laissera sans doute pas indifférent – certains aimeront, d’autres resteront sur leur faim – en tout cas, tous devraient s’accorder à affirmer qu’on tient là un vrai bon roman pour ados et un acte littéraire ambitieux à défendre et à soutenir.

     

    Le blog de Stéphane Servant

     

    La couverture très très jolie de ce livre est signée par la photographe Dorothy Shoes

     

    Attention parution de ce roman : le 8 septembre

  • Le proscrit (Sadie Jones), Chronique de Bérénice #12

    le proscrit.JPGLe proscrit

    Sadie Jones

    10/18  8,20 €


    Dans les années 50, à Waterford, une petite bourgade paisible près de Londres, Lewis, un jeune adolescent de 19 ans, vient de purger une peine de deux ans de prison. Son père s'est remarié et semble peu désireux de retrouver ce fils qui lui a causé tant de soucis.

    C'est un adolescent très tourmenté aux pensées sombres. Solitaire, imprévisible, violent, il est craint de tous. Très vite rejeté et considéré comme le paria de cette société bien pensante, il va venir briser le calme ambiant.

    Un très bon premier roman de Sadie Jones qui sort chez 10/18. L'auteur réalise un portrait sordide de la petite bourgeoisie anglaise des années 50 et nous plonge dans une ambiance sombre et étouffante.

    Petit plus : une bande annonce du livre a été réalisée à sa sortie aux Etats-Unis. Je vous laisse la regarder ici :


     


    Booktrailer - "Le Proscrit", premier roman de Sadie Jones
    envoyé par editionslibella. - Découvrez plus de vidéos créatives.

  • La Compagnie des menteurs (Karen Maitland) - Chronique de Guillaume #38

    la-compagnie-des-menteurs-karen-maitland.jpgLa Compagnie des menteurs

    Karen Maitland

    Sonatine - 22€

    Dans une Angleterre du XIVème siècle ravagée par la peste, neuf parias, uniquement liés par leur exclusion, tentent de fuir l’épidémie mais aussi et surtout le terrible destin que leur attribue les runes et que leur rappelle les hurlements du loup qui les suit…

    Un thriller historique qui remue les bas-fonds médiévaux pour exhaler le parfum putride de l’Apocalypse. La pourriture n’est pas seulement dans les corps mais bien d’avantage dans cette religion inquisitrice et cruelle à la poursuite de ses éternels boucs émissaires.  D’autant plus que le Mal n’est certainement pas là où elle le croit.

    Peut-être quelques petites longueurs dans ce roman mais quelle plongée dans les profondeurs du Moyen Age et surtout, surtout, quel dénouement !

  • La Première Loi tome 2 Déraison et sentiments (Joe Abercrombie) - Chronique de Guillaume #37

    Deraison_et_sentiments.jpgLa Première Loi tome 2 Déraison et sentiments

    Joe Abercrombie

    Pygmalion Fantasy - 19.90€

    Prise entre deux fronts au Nord et au Sud, l’Union, décadente, est plus que jamais menacée par de puissants ennemis. C’est dans ce maëlstrom précèdant la guerre totale que nous retrouvons avec joie d’un côté, notre « sympathique » inquisiteur Glotka, d’un autre, nos rudes guerriers du Nord et sur une troisième voie, la troupe formée par l’inquiétant mage Bayaz. Nul doute que leurs quêtes ne seront pas si divergentes que cela…

    Il aura fallu attendre deux ans et demi pour enfin pouvoir lire la suite de la trilogie de Joe Abercrombie parue initialement chez J’ai lu sous le titre L’Eloquence de l’épée puis rééditée chez Pygmalion avec un autre titre La Première loi tome 1 Premier sang. Au-delà de ces quelques cafouillages éditoriaux, ce second volume ne déçoit pas. Au contraire, le souffle du premier tome gagne en vigueur et nous pousse immanquablement à enchaîner les chapitres avec fébrilité. Outre la richesse et l’empathie des personnages déjà rencontrés deux ans plus tôt, c’est l’intrigue, multiple, qui se fait plus dense, plus précise et nous tient au ventre. Passant allègrement de la bataille sanglante au complot politique en passant par le siège destructeur avant de revenir à une nouvelle escarmouche, Abercrombie joue avec habileté avec son lecteur en changeant régulièrement de point de vue et en maniant parfaitement le rebondissement.

    Bref, une fantasy bien noire, peut-être quelques clichés mais un scénario magistral, épicé d’une pointe de violence voire de gore et, ô surprise ! , d’un soupçon de nobles sentiments.

  • Où j'ai laissé mon âme (Jérôme Ferrari), Chronique de Bérénice #11

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    Où j'ai laissé mon âme

    Jérôme Ferrari

    Actes Sud, 17 €


    Algérie, mars 1957. Le pays est sous tension permanente, les attentats font rage, l'armée française s'enlise...

    Le Capitaine Degorce et le Lieutenant Andreani sont deux hommes de combat habitués aux conflits et à ses violences. Malgré leurs expériences militaires communes, ils vont chacun réagir de façon très différente face à la brutalité et la cruauté des missions qui leur sont confiées.

    Alors que le Lieutenant Andreani a su s'habituer, accepter et même tirer profit de son rôle de bourreau, le Capitaine Degorce, quant à lui, est tiraillé par sa conscience et doute sans cesse du bien fondé de sa présence en terre de colonie.

    L'arrestation de Tahar va les obliger à prendre de lourdes décisions et va être source d'une discorde profonde entre les deux hommes.

    Jérôme Ferrari aborde le thème peu avenant de la torture en Algérie à travers les questionnements intérieurs et doutes des bourreaux, nous livrant ainsi un très bon roman psychologique de la rentrée.

  • Chien du heaume (Justine Niogret) - Chronique de Guillaume #36

    chien-du-heaume-229x350.jpgChien du heaume

    Justine Niogret (qui ne viendra pas à la librairie finalement pour cause de déménagement lointain... snif  mais le livre est super quand même)

    Editions Mnémos

    Grand Prix de l'Imaginaire Etonnants Voyageurs 2010, Prix Imaginales 2010

     

    Un roman médiéval coup de poing avec ce qu’il faut de fantastique pour définitivement envoûter son lecteur ! Rien de moins.

    D’abord, l’écriture, car c’est elle qui fait briller ce bouquin : Justine Niogret, avec ce premier roman, impressionne déjà par son « faux » style médiéval à la fois puissant et poétique. Elle a su distiller sans lourdeur expressions et vocabulaire du Haut Moyen-Age, créant une atmosphère entre rêve et mythe et montrant une maîtrise digne des meilleurs conteurs.


    L’histoire proprement dite n’est pas en reste. Chien du heaume est une mercenaire aguerrie et c’est son point de vue dur, plein d’amertume et sa quête fort originale que nous propose de partager Justine Niogret. Ce qu’elle cherche, ce n’est ni un trésor fabuleux, ni une arme épique encore moins un ennemi indestructible. Non, ce qu’elle voudrait par-dessus tout, c’est tout simplement connaître son véritable nom, celui que portait la petite fille qu’elle était et qu’elle a totalement oubliée. Et cette quête va passer par des rencontres, autant de personnages troublants de vraisemblan
    1191.jpgce dans un hiver sans fin.

    Enfin, en dessert, une postface délicieusement ironique de l’auteur pour totalement tomber sous le charme et piaffer d’impatience en attendant son prochain bouquin (ses deux prochains, dit-on de source sûre).

     


  • Effondrement (HC Moya), Chronique de Bérénice #10

     

    effondrement.jpgEffondrement

    Horacio Castellanos Moya

    Les Allusifs, 16 €

     

     

    Le nouveau roman du Salvadorien Horacio Castellanos Moya s'avère être un véritable petit bijou de la rentrée littéraire.

    Le récit s'ouvre au Honduras avec le mariage de la fille unique de Dona Lena Mira Brossa. Cette union est jugée scandaleuse car Teti épouse Clemente un homme qui cumule les défauts aux yeux de sa belle-mère puisqu'il est non seulement beaucoup plus âgé que Teti mais également communiste et Salvadorien de surcroit. Avec un humour qui lui est propre Horacio Castellano Moya réussi à rendre cet épisode terriblement cocasse. Dona Lena Mira Brossa, hystérique, va enfermer son mari à double tour dans la salle de bain afin qu'il ne puisse se rendre à la cérémonie.

    Avec le départ de Teti et de son époux au Salvador, les évènements vont prendre une tournure plus tragique. La fille et le père entretiennent une correspondance assidue à travers laquelle nous assitons à la naissance du conflit qui opposa les deux pays en 1969. Une haine infondée et une xénophobie profonde vont croître des deux côtés.

    Un roman dynamique où la haine familiale fait écho à la tragédie historique.

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    découvrez ici le site des allusifs, éditeur à découvrir d'urgence !

  • Appt. 44 T01 (Dara) - chronique de Florian #06

    appartement-44-1-ankama_m.jpgAppt. 44 T01

    Dara

    Ankama - 7.50 €

    Quatre jeunes gens et deux chats. Voici la joyeuse compagnie qui s'installe pour leur première collocation à Paris. Mick, playboy maniaque, amène avec lui sa grosse chatte hargneuse Zozo qui ne décolle presque jamais de ses épaules. Jon, étudiant en fac de lettres, est timide et très naïf. Il vient lui aussi avec sa chatte, Lulu. Côté fille, on trouve Coco Fashion, une "serial shoppeuse" comme elle le dit et Gigi, une parisienne blasée et très indépendante qui suit des cours aux Beaux-Arts. Tout semble aller pour le mieux dans le logement... ou presque. Des événements très étranges se produisent et commencent à se multiplier. Lulu se met à marcher au plafond, Mick est victime de somnambulisme aigü, des pâtisseries bretonnes apparaissent étonnamment et pleins d'autres épisodes pour le moins surprenants.

    La raison de toute cette agitation est connue à la fin de ce premier volume et promet une suite intéressante et captivante. Chaque personnage aura un rôle à jouer et devra prouver qu'il n'est pas à l'origine de tout cela.


    Dara, jeune dessinateur français, s'inscrit dans la lignée des Reno (Dreamland) ou autres Jenny (Pink Diary) et prouve que le manga made in france n'a plus grand chose à prouver à son grand frère japonais.

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    en prime découvrez cette vidéo qui présente le manga à la française où l'on retrouve le dessinateur Dara :

     


    Japan Expo : Qui sont les mangakas français ?
    envoyé par Nouvelobs. - L'actualité du moment en vidéo.

  • Chambres noires T01 Esprit es-tu là ? (Olivier Bleys & Yomgui Dumont) - chronique de Florian #06

    chambres_noires_couv.jpgChambres Noires T01 Esprit es-tu là ?

    Olivier Bleys (scénario) & Yomgui Dumont (dessin)

    Vents d'Ouest - 13 €


    Dans le Paris des années 1870, la grande famille Pénouquet vit d'un business très lucratif mais surtout très en vogue dans la bourgeoisie de l'époque : le spiritisme. Ils prétendent entrer en contact avec les défunts parents et proposent même de prendre des photos avec ces mêmes parents. Arnaque bien évidemment jouée à merveille par toute la famille. Ninon dit communiquer avec les êtres mais son procédé n'a rien de miraculeux. Les jumeaux Tristan et Louise jouent à la perfection leur rôle de fantômes et le grand Lazare immortalise le tout avec son appareil à photo fluide : Une affaire bien rodée en somme.

    Mais un jour, sur une des photographies, le couple arnaqué crie au scandale quand ils découvrent une jeune femme sur le cliché demandé. Une jeune femme apparaît et pour une fois ce phénomène est réellement inexpliqué. S'en suit toute une série d'évênements étranges et de questions sans réponses. Pourquoi a-ton enlevé les jumeaux ? Que signifie cette énigme : Pour atteindre la Chambre noire trouvez la salamandre au sommet du Mont Chauve et crevez-lui les yeux ! Qui sont les hommes en noir ?

    Toutes ces réponses sont à découvrir dans ce très bon premier volume. Mêlant spiritisme loufoque, humour noir et une intrigue haletante, cette bande dessinée au dessin enlevé est un vrai coup de coeur à découvrir...

     

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    le site de l'auteur est à découvrir ici
    le blog de l'ilustrateur c'est
  • Le livre qui rend heureux (Tolman) - chronique de Simon #75

    Le livre qui rend heureux

    Marije & Ronald Tolman

    Milan jeunesse - 12 €

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    Du calme. Du calme et de l'apaisement. Voilà ce que l'on ressent quand on referme ce livre. Peut-être même une petite touche du bonheur si on y repense quelques instants plus tard.

    C'était pourtant annoncé dans le titre. Mais ayons l'honnêteté de dire qu'on n'y croyait qu'à moitié. On nous l'a déjà faite celle-là. Alors on ouvre le livre et on tourne les premières pages. Pas de texte. Il faut donc y revenir. Prendre le temps. Savourer un peu et s'y replonger de plus belle.

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    L'histoire nous pénètre peu à peu. Finalement peu importante quand on y songe. Un ours blanc trouve refuge sur un arbre perdu au milieu de l'océan. Un ours brun le rejoint peu de temps après. Puis tout un monde s'invite au fil des pages, les flamants roses, les hiboux, les pandas, le paon, l'hippopotame...  Au fur et à mesure des rencontres, les couleurs surgissent. Chaudes. Franches. Et pourtant douces. La palette de Marije Tolman puisque c'est elle qui signe la mise en couleurs de cet ouvrage est tout simplement fabuleuse. Elles accompagnent si bien les gravures de son père, Ronald Tolman.

    Cet album est une vraie invitation à la contemplation. Un moment un peu hors du temps à savourer presque en cachette. Pour ne pas être dérangé. Et puis non, finalement. C'est tellement mieux de le partager...

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    Cet ouvrage vient de remporter le Prix Fiction à la dernière Foire de Bologne.

    Puisqu'on vous dit que c'est bien !

     

  • Livres audios - chronique de Bérénice #10

    Une sélection de livres lus pour l'été !


    En cette période estivale, la librairie vous propose un large choix de livres lus !


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    Vous pourrez retrouver les derniers romans à succès comme le magnifique Sukkwan Island de David Vann qui vous plongera dans un huis clos père-fils où la folie prendra le dessus.

     

     


    quai de ouistreham4.jpg Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas

    Prix Joseph Kessel / Prix Amima-Meckert 2010

    suivi d'un entretien avec l'auteur.


     

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    Trois femmes puissantes de Marie NDiaye

    Prix Goncourt 2010

     

     

     

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    Les dames de nage de Bernard Giraudeau

    Le périphérique, comme un long serpent, poussait des cris avec des lueurs tueuses, jaunes et mouillées, et les motos folles sillonnaient comme des hors-bord entre les carcasses luisantes. Les couleurs se nouaient, s’étiraient jusqu’à la rupture avec des morves rouges sous les ponts de fer et le béton incendié. Je voyais des visages blêmes se morceler en cristaux derrière les pare-brise. »

     

    Mais aussi des classiques comme La métamorphose de Kafka ou les oeuvres de Camus et Zweig...

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    et pleins d'autres titres à découvrir encore...




    alors n'hésitez plus... Cette formule est idéale pour agrémenter les longs voyages en voiture ou les longues soirées chez soi dans le no man's land estival lavallois...

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    bonnes vacances à tous
    et bonne route, sieste ou lectures !

     

  • Metropolitan T01 Borderline (Laurent et Julien Bonneau) - Chronique de Coraline#37

    Metropolitan T01 Borderline

    Laurent et Julien Bonneau

    Editions Dargaud - 13.50€

    metropolitan1_couv.jpgLe 13 mai, l'inspecteur Vincent Revel prend le métro parisien, comme tous les jours. Seulement ce jour-là, station place d'Italie, il sauve la vie de Alexeï Borislav, jeune homme de 21 ans, foudroyé par une crise cardiaque. Huit ans plus tard, jour pour jour, il a gardé contact avec le jeune homme, ils sont même devenus de très bons amis. Mais Revel semble coincé dans cette vie d'"homme paumé qui erre dans cette société de cinglés" . De plus, il piétine dans une enquête de meurtre sur un joaillier. Alors qu'il se trouve dans le métro, une bombe éclate, station place d'Italie... Parallèlement, nous suivons un homme des plus étranges. Il est, tour à tour, un véritable gentleman ou un véritable fou, excessivement violent tant physiquement que verbalement. Mais, il s'avèrera surtout être le poseur de cette bombe, et en vouloir personnellement à Revel depuis ce fameux 13 mai.

    Les frères Bonneau ne vous disent rien ? Ne vous inquiétez, c'est normal puisqu'il s'agit ici de leur toute première BD. Un premier tome avec des personnages complexes, une ambiance urbaine plutôt insalubre. Un dessin qui joue avec la lumière du ciel parisien et nous emporte dans un univers très prenant. En somme, une trilogie dont on attend avec impatience la suite pour juger ou non du succès de ce polar très contemporain.

     

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  • Cosmoz (Claro) - Chronique de Delphine#21

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    Claro

    Actes sud- 22.80€

    Début XXème siècle, Frank Baum, alors auteur inconnu, publie le Magicien d’Oz. Œuvre magistrale qui relate la recherche par plusieurs personnages d’un monde merveilleux, sur une route pavée de briques jaunes. On se rappelle de Dorothy, de son chien Toto, de l’épouvantail, des deux sorcières et bien entendu du Magicien d’Oz..

    Dans ce roman, d’une grande densité, ces mêmes personnages sont plongés dans la « tornade » de la première moitié du siècle, des tranchées de la guerre 14-18 à l’explosion de la bombe d’Hiroshima. Mise à mal par la barbarie qui s’empare du monde, la tribu mythique se confronte aux atrocités de la guerre et à la folie humaine. L’Europe n’est plus qu’un vaste camp de concentration et le reste du monde, des camps retranchés.

    Féerie et réel se croisent et se mélangent pour donner une dimension narrative originale. Claro nous bouscule, nous galvanise. Connu surtout pour ses traductions de grands auteurs américains, c’est donc sans surprise que nous retrouvons parfois  l’esprit de Pynchon ou de Vollmann. Mais qu’on se le dise, Cosmoz est un grand roman, le plus abouti de cet écrivain français brillant.

    Delphine Bouillo

    Attention! Parution de ce roman le 18 août.

  • Nous ne serons jamais des héros (F. Salsedo, O. Jouvray & G. Salsedo) - chronique de Florian #05

    Couv_111262.jpgNous ne serons jamais des héros

    Fred Salsedo (dessin)

    Olivier Jouvray (scénario)

    Greg Salsedo (couleurs)

    Lombard - 15.50 €

     

    Chomeur aguerri, adepte du G.D.I comme il le dit si bien (en galère à durée indéterminée), Mickael ne sait pas quoi faire de ses dix doigts. Ses journées défilent au rythme de ses petits boulots d'intérim. Sans trop y croire il attend le coup de pouce de la chance qui le fuit depuis longtemps. Son quotidien bien médiocre va pourtant être chamboulé quand son père le contacte pour lui annoncer le décès de sa grand-mère. Ce dernier, infirme depuis 25 ans a décidé de profiter de l'occasion pour renouer le dialogue avec son fils. Il lui propose de l'accompagner dans son tour du monde en quête de souvenirs et de nostalgie. Les voilà partis aux quatre coins du globe, d'avion en avion, à une cadence infernale...

    On retrouve avec grand bonheur le dessin (entre caricature et réalisme) de Fred Salsedo qu'on avait reçu à la librairie pour sa série Ratafia. La mise en couleur de son frère est très réussie et donne graphiquement un très bel album. Le scénario de Jouvray (l'auteur de l'excellente série Lincoln) n'est pas en reste et le lecteur navigue entre l'émotion dûe à la relation touchante des deux personnages principaux et le rire.

    Un beau road-movie décalé à découvrir

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    sinon vous pouvez lire cette très bonne interview des auteurs ici