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  • HEAVY METAL (Loïc SECHERESSE) - chronique de Guillaume #65

     HEAVY METAL

    Loïc SECHERESSE

    Gallimard Bayou - 17.25 €

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    Quand Loïc Sécheresse s’attaque à la Guerre de Cent Ans, il nous livre Heavy Metal, un album décapant où la vie chevaleresque prend des airs de rock’n’roll attitude.

     Heavy metal est le premier récit complet de Loïc Sécheresse sans Stéphane Melchior-Durand, son comparse scénariste de toujours. C’est sur le web, avec un album de strips bien enlevé intitulé Tozoïd et Vula, qu’a débuté leur fructueuse collaboration. S’ensuivirent Raiju et Raiden, deux histoires situées dans le Japon médiéval où de foudroyants chats samouraï, tout droit sortis du bestiaire mythologique nippon, emportent tout sur leur passage. Ces deux albums parus dans la collection Bayou de Gallimard voient déjà le dessin de Sécheresse se fluidifier et, renforcé par une couleur énergique, acquérir beaucoup de puissance et de mouvement. Loïc Sécheresse et Stéphane Melchior-Durand publièrent également ensemble Hécate et Belzébuth chez Manolo Sanctis, une histoire d’amour passionnée et joyeusement destructrice entre ces deux personnages encore une fois issus de la mythologie infernale.

     Dans Heavy Metal, si la figure historique est bien Jeanne d’Arc, c’est le chevalier La Hire dont on va suivre les pérégrinations. Il va ainsi, combattant, saccageant, prenant tout ce dont il a envie. Quand soudain tombe du ciel un miracle en la personne de Jeanne. La pucelle d’Orléans réussit en effet à domestiquer une horde de chevaliers, dont La Hire, tous bourrés de testostérone et ne quittant leurs armures dégoulinantes de sang pour forniquer à tout va. Sa foi sans faille conquiert le cœur de ses brutes qui, tels des groupies hystériques, vont lui vouer fidélité jusqu’à la mort. Mais l’Histoire – et surtout les Anglais – ne lui accorderont pas le même respect et, si c’est le corps de Jeanne qui brûlera sur le bûcher, la raison de La Hire sera tout aussi consumée…


     

  • Avant d'aller dormir (S.J. WATSON) - chronique de Simon #139

    AVANT D'ALLER DORMIR

    S.J. WATSON

    Pocket - 7.60 €

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    Petite lecture d'été.

    Comme c'est un peu les vacances, je me prends traditionnellement 2-3 polars pour couper un peu avec la litté jeunesse...

    Cette fois-ce je suis parti avec Avant d'aller dormir et franchement c'était un très bon choix.

    Avant d'aller dormir nous plonge dans l'histoire de Christine, une femme atteinte d'amnésie. Chaque matin est pour elle synonyme d'angoisses terrifiantes. Elle se réveille et chaque jour c'est la même chose. Elle a l'impression de sortir d'une soirée un peu trop arrosée et la peur monte peu à peu. Elle ne reconnaît pas son corps, ses mains, ses seins, son visage. Elle pense avoir 20 ans, mais tout lui dit qu'elle en a plus de 40. Elle ne reconnait pas non plus l'homme qui dort à côté d'elle et pourtant quand il se lève, ce dernier lui parle calmement et la rassure. Il est son mari depuis très longtemps. Elle a eu un accident. Elle a perdu la mémoire. Tout va bien. Tout va bien... Chaque matin donc, elle va devoir vivre avec cette histoire qui ne lui évoque rien... Et puis il y a un troisième personnage, le Dr Nash, qui l'appelle souvent dans la journée et qui lui demande d'aller voir au fond d'un placard et de prendre un journal. C'est le sien. Elle l'a commencé il y a peu. Elle y note tout ce qui s'est passé dans la journée. Cela pourra peut-être l'aider à retrouver des souvenirs... Donc elle lit ces éléments, dont elle ne se souvient absolument pas pour la plupart, et commence à douter...

    Un roman extrêmement oppressant qui se mange en un rien de temps ! Pour son premier roman, l'auteur anglais S.J. Watson s'impose déjà comme une référence du genre et confirme les talents de dénicheurs des éditions Sonatine.

     

  • Le journal malgré lui de Henry K. Larsen (Susin Nielsen) - chronique de Simon

    On continue notre petit chemin à travers la rentrée littéraire avec cette fois-ci un très beau roman de la rentrée Hélium avec le nouveau Susin Nielsen (Dear George Clooney...)

     

    LE JOURNAL MALGRE LUI DE HENRY K. LARSEN

    Susin NIELSEN

    Traduction Valérie Le Plouhinec

    Hélium - 13,90 €

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    Henry et sa famille viennent de vivre un événement tragique. Lui et son père sont partis vivre à Vancouver pour tenter d’oublier et prendre, si cela est possible, un nouveau départ. Sa mère, elle, est toujours en dépression et préfère rester vivre chez ses parents à Port Salish. Le psy de Henry lui a conseillé de tenir un journal intime. Bien que totalement réfractaire au procédé, le jeune homme commence à raconter sa nouvelle vie dans ce journal. Peu à peu, il semble quand même y prendre goût et des fractions de ce qui s’est passé ressurgissent au fil de son récit.

    Susin Nielsen signe là son plus beau roman. Après Ambrose, roi du scrabble et Dear George Clooney… – dont on retrouve d’ailleurs des personnages – , on retrouve le style léger et enlevé de son écriture. Elle y rajoute cette fois-ci une dimension dramatique qui touche directement le lecteur. Entre gravité et humour, le personnage de Henry est assez bouleversant par la vie qui l’anime et sa volonté malgré tout de continuer à exister.


     

     

     

  • ADRASTEE T01 (Mathieu BABLET) - chronique de Fabien #11

    ADRASTEE T01

    Mathieu BABLET

    Ankama - 15.90 €

     

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    Adrastée c’est mon coup de cœur BD du moment !

    Tout commence dans une ville oubliée des hommes : L’hyperboré.

    Un enfant, dès qu'il boit ou mange, recrache un caillou. Cela l’amuse un moment et puis il s’en lasse et arrête de manger. On découvre alors qu'il n’a aucun besoin vital. Il est l'homme immortel. Ce jeune garçon grandit et devient roi. Débute donc l’histoire d’un roi immortel qui s’endormit pendant 1000 ans.


    On avait déjà vu le dessin de Mathieu Bablet dans La belle mort et dans le 2e tome de DoggyBags. Ici, il revisite la mythologie grecque : les harpies dévoreuses d’hommes, Talos le géant, la création de Héphaïstos et les cyclopes fils de Poséidon. On y croise des dieux, protégeant ou mettant notre héros à l'épreuve, des hommes, des femmes, des monstres. Toutes ces rencontres vont rythmer le voyage de notre immortel qui n’a lui qu’une seule volonté : Atteindre l’olympe.

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    Une œuvre profonde et magique qui nous replonge dans l’univers incroyable de la Grèce antique. On y suit ce héros, qui se questionne en permanence, à la recherche de son passé. C’est un personnage torturé auquel on s’attache, tout ça dans un monde rempli de clins d’œil et de fantaisie.

    Le tome 2 est prévu pour janvier 2014.

     

  • MAIRUNOVICH (Zakuri SATO) - chronique de Gwenn

     MAIRUNOVICH

    Zakuri SATO

    Tonkam - 6.99 €

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    Si vous aimez les shojos comme Switch-girl, Lily la menteuse ou même Otomen, cette nouvelle série est pour vous. Avec un dessin très stylé et imprégné de la mode, ce manga traite de la beauté. On va suivre les aventures de Mairu une jeune lycéenne que personne ne trouve belle. Il faut dire qu'elle ne fait aucun effort et ne prend absolument pas soin de son apparence (je dis qu’il y a pire avec Sunako dans Yamato nadeshiko…).

     

    Un jour, elle se fait piéger et tombe au fond d’un trou. Elle se retrouve secourue par… le plus célèbre beau gosse du lycée qui lui fait savoir au passage que quand on veut on peut changer. Elle décide donc de se faire belle. Et miracle cela marche ! On ne la reconnait plus. Mais bien vite elle va déchanter puisque sans sans l’aide de son ami travesti et du garçon célèbre il lui est difficile de conserver cette beauté. Quand en plus, la jalousie s’en mèle, cela fait des étincelles.

     

    Ce manga, même s'il répond à pas mal de clichés du genre, est très agréable et drôle à lire. On suit les aventures d'une héroïne attachante car simple qui arrive à faire verdir toutes les beautés fatales envahissantes. C'est rafraichissant et cela fait du bien de temps en temps. Ce manga est un vrai régal.

     

    2è tome à paraître le 21 aout (8 en cours au Japon) c’est une série qui s’annonce bien.

     

     

  • BLUE SPRING RIDE (Io Sakisaka) - chronique de Gwenn

    BLUE SPRING RIDE

    Io SAKISAKA

    Kana - 6.85 € le volume

     

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    On dit que le plus bel et le plus pur amour est celui partagé mais inavoué par deux jeunes gens.

     Io Sakisaka (Strobe edge) nous présente son nouveau manga au trait fin et duveteux avec des personnages très attachants.

     L’histoire tourne autour de Futaba, une jeune lycéenne qui a décidé de changer de personnalité pour se faire plus facilement des amis. Alors qu’elle était douce et timide au collège, la perte de son premier amour lui a donner l'envie de changer pour ne plus se mettre à l'écart de ses camarades. Elle devient plus "garçon manqué". Au lycée, elle croit recroiser ce premier amour et va vite découvrir les limites de son changement de comportement. L’amour plane toujours mais il ne semble plus possible. Pourtant Futaba semble encore très liée et ne voudra pas lâcher... Ce dernier parviendra-t-il à lui fera comprendre que ces nouvelles amitiés sont fausses faites de faux-semblant ? Il va tenter de lui donner quelques conseils. Elle va peu à peu réapprendre à s’accepter telle qu’elle est...

    Ce shojo est très doux et kawai. Une très belle histoire d'amitié et d'amour pour l'été...


    Deux tomes sont déjà sortis, le troisième sort le 4 octobre 2013 (7 tomes sont déjà parus au Japon).

     

     

  • LA FOURNAISE - Enfermé (Alexander GORDON SMITH) - chronique de Gwenn

     

    LA FOURNAISE - Enfermé

    Alexander GORDON SMITH

    Pocket Jeunesse - 17.50 €

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    « Je me réveillais chaque fois en hurlant,… : je devenais la proie de cauchemars bien décidés à me dévorer vivant. »

     

    « Je compris alors ce qui était en train de se produire. Ils arrivaient… Donovan parut ravaler un sanglot.

     

    -Mon Dieu, je vous en prie, pas ce soir, l’entendis-je chuchoter. Et pas moi. Pas moi. Je vous en prie. »

     


    Ce roman nous raconte les mésaventures d’Alex, un petit fraudeur de 13 ans qui va être accusé d’un crime qu’il n’a jamais commis. Il est envoyé directement en prison dans la tristement célèbre Fournaise. Cette dernière a été créée à la suite d’une altercation meurtrière entre deux gangs de jeunes. Les adultes, en désarroi face à la surrenchère de la violence décident d'instaurer la prison à vie pour les moins de 18 ans. Une limite dans la violence et le crime est alors franchie. Ici-bas, les règles usuelles n’existent plus et chaque jour les prisonniers doivent apprendre à survivre au risque d’être engloutis.

     

    Quand Alex arrive dans La Fournaise, il est innocent mais il se retrouve contraint à vivre l’enfer et n’a vite plus qu’une seule ambition, celle de survivre. Face à des conditions de vies insupportables, entre la peur constante des gangs meurtriers et les travaux forcés, il est bien difficile de ne pas devenir fou. Mais plus que cela c'est bien la peur de l’inconnu, de ce qui peut arriver mais qu'on ne connaît pas qui est la plus terrifiante. Les psalmodies suppliantes des prisonniers sont vite horribles et insupportables.

     

     

    En lisant ce livre, on a vite des frissons et on peut aisément ressentir les angoisses, les dérives et les coups d’espoir d'Alex. L’histoire m'a transportée (lecture en un seul soir) tellement le suspens est présent. Chaque personnage est attachant et on se met vite à prier pour leur survie.

     

    Si vous aimez les frissons, n'hésitez pas, tentez cette aventure !

     

     

     

  • La sélection du Prix Roman Jeune 2013-2014

    La sélection du Prix Roman Jeune de l'agglo de Laval vient d'être officialisée.

    Au programme cette année pour les CM1-CM2 qui participeront une liste de 7 ouvrages vraiment très très chouettes !

     

    Le vainqueur de cette édition sera donné en février-mars 2014.

    Bravo aux sélectionnés et bonne lecture aux enfants !

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    Les 7 livres sélectionnés :


    cheval2.jpg 9782364742093FS.gif 500-000-euros-d-argent-de-poche.jpgCHEZ-NOUS-ON-DANSE-!-OU-COMMENT-LA-DANSE-A-BOULEVERSE-LEURS-VIES_ouvrage_large.jpga la croisee des chemins 9791021400177_1_m.jpgla bande à grimme.jpg9782226240408g.jpg











    Mon frère  est un cheval, ALEX COUSSEAU, Rouergue Boomerang

    Chacun sa cabane, MATHIS, Thierry Magnier Petite Poche

    500 000 euros d'argent de poche, Rémi STEFANI, Rageot Heure noire

    Chez nous on danse, Nathalie DARGENT, Milan

    A la croisée des chemins, Janine BRUNEAU, Oskar

    La bande à Grimme, Aurélien LONCKE, Ecole des Loisirs Neuf

    La fille du samouraï, Fred Bernard et François Roca, Albin Michel jeunesse

     

     

    Vous pouvez participer au prix dans les bibliothèques de l'agglo ou directement à la librairie.

    Belles lectures !

     

     

     

  • Wolverine Snikt ! (Tsutomu Nihei) - chronique de Fabien #08

    WOLVERINE SNIKT !

    Tsutomu NIHEI

    Marvel Graphics Novel - 18.30€

     

    http://www.manga-news.com/public/images/vols/wolverine_snikt.jpg

     


    Et si Tsutomu Nihei (Blame, Biomega, Knight Of Sidonia,…) revisitait le mythe de Wolverine l’homme immortel aux lames coupantes dans un monde comparable à ceux de Blame ou Biomega, ca donnerait quoi à votre avis ?

     

    ce livre existe ! et il s'appelle Wolverine SNIKT !


     

    Longtemps en rupture, cet ouvrage vient d'être réédité.
    Wolverine est accosté par une jeune fille qui a besoin de son aide pour tuer des Silicates. Des monstres difformes qui dévorent tout ce qu’elles trouvent.

     

    On n'est certes pas sur un scénario incroyable, mais le dessin et les coups de griffes sont totalement efficaces. Intégrer un personnage de comics dans un univers cyberpunk de manga c’est déjà une idée assez folle. On y retrouve l’humour et le caractère propre à Wolverine via les traits et la beauté de l’univers de l’auteur et dessinateur, qui sont vraiment uniques en leur genre.

     

    http://cyberdungeon.free.fr/newforum/topics/snikt_01.jpg

     

    si vous avez adoré les autres oeuvres de l’auteur, je vous conseille vraiment de lire SNIKT! qui s’inscrit vraiment dans l’univers Cyborg de NIhei, tout ça en couleur avec son trait irréprochable et vraiment distinct.

     

     

  • Sous l'eau qui dort (N.M. Zimmermann) - chronique de Fabien #09

    SOUS L'EAU QUI DORT

    N. M. Zimmermann

    Ecole des loisirs Médium - 18.50 €

     

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    Bien que n'étant pas un spécialiste de la littérature de jeunesse, je vous conseille vivement le dernier Naima Murail Zimmermann.

    Tout se passe dans la ville perdue de Dentown, où chacun rêve d’une vie meilleure si possible ailleurs. Au lycée, on trouve Gabriel Constantine qui frime avec sa belle voiture de sport rouge, John son souffre douleur qui ne cesse de se faire martyriser et au milieu de cette petite guerre, Claudia, la fille populaire, celle qui attire les garçons.

    Mais dans la ville de Dentown, on a aussi un lac, enfin plutôt le lac : celui qui fait disparaitre les enfants, surtout ceux qui s’aventurent seuls et sans surveillance. Les habitants parlent de sorcières et de noyades. L'ambiance devient particulièrement tendue quand on commence à parler d'une curieuse maladie qui se met à contaminer de plus en plus d’habitants... et si tout était lié ?

    Pour les adorateurs de suspense et de bizarrerie, ce roman est vraiment génial. Effrayant par l’ambiance qui en ressort, c’est un vrai petit coup de cœur. On pourrait même le rapprocher du fabuleux Ça de Stephen King. Un vrai régal.

     

     

  • Lucia Antonia, funambule (Daniel Morvan) - chronique de Fabien #10

    LUCIA ANTONIA, FUNAMBULE

    Daniel MORVAN

    éditions Zulma - 16,50 €

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    Lucia Antonia vient de perdre son double funambule. Rongée par la tristesse elle décide de quitter le cirque de sa famille, et se retrouve seule sur une presqu’ile radieuse, qui sent la mer et le vent.

    Sous la forme de petits textes, Lucia Antonia nous raconte ses tourments, sa tendresse, ses rencontres et ses rêves.

    Essayant tant bien que mal de faire le deuil de son double lumineux, voulant éparpiller son image et son esprit aux quatre vents, c’est une œuvre sublime, onirique et majestueuse que nous sert ici Daniel Morvan pour son premier roman aux éditions Zulma.

    Un petit bijou qui sortira pour la rentrée littéraire 2013.

     

  • Un jour j’irai chercher mon prince en skate (Jo Witek) - chronique de Simon #137

    Je continue de survoler la rentrée littéraire et j'avais très envie de vous présenter le nouveau roman de Jo Witek. Complètement différent de ses deux derniers romans, Jo Witek sait parfaitement varier les styles...

     

    UN JOUR J'IRAI CHERCHER MON PRINCE EN SKATE

    Jo Witek

    Roman ado, Actes Sud - 11 €

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    Frédérique est une adolescente de 14 ans. Elle est passionnée de skate et est considérée par tous comme la fille sympa, celle qu’on va saluer d’une tape dans le dos. Malgré cela, elle aussi, aimerait bien découvrir l’amour et plaire.

    Lasse d’être considérée comme le vieux pote par ses amis garçons, elle devient la « célibre » – la célibataire libre – la plus cool du collège.

    Quand elle part une semaine à Clémence dans le manoir familial, elle rencontre pour la première fois Diane, la plus jeune de ses tantes qui se révèle être complètement déjantée. Cette dernière et les événements qui vont arriver la pousseront peu à peu à s’ouvrir aux autres…

    En reprenant beaucoup d’éléments du mythe du prince charmant, Jo Witek s’amuse et nous amuse en proposant un vision décapante et satirique des histoires d’amour et de leur quête. Le ton y est léger mais soulève de vrais questions de fonds. On y parle de la féminité imposée, d’amour bien sûr, de secrets familiaux aussi. Après le succès de ses deux derniers thrillers, Jo Witek s’impose cette fois-ci dans une comédie sociale rudement bien menée.

     

  • Le coeur des louves (Stéphane Servant) - chronique de Simon #136

    Quoi de neuf et de beau pour la rentrée littéraire chez les ados ?

    voici en avant première l'un de mes coups de coeur à découvrir très vite ! (sortie prévue le 21 août)

     

     

    LE COEUR DES LOUVES

    Stéphane Servant

    doado, Rouergue jeunesse - 18 €

     

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    L’histoire se déroule dans un village perdu au fond des montagnes. Les habitants y semblent un peu rustres, fermés sur eux-mêmes, inquiets par le manque de travail. Célia vient d’y arriver avec sa mère. Cette dernière, une écrivaine renommée mais en pleine crise d’écriture a décidé de réinvestir la maison de sa propre mère, Tina, morte il y a quelques années.

    Commence alors le récit de ces trois femmes qui seront, chacune à leur façon, toutes rejetées. Les voix de Célia et Tina se croisent dans ce récit dense, peuvent perdre et récupèrent le lecteur dans un jeu de va-et-vient très agréable. Car ce livre se lit d’une traite. On est pris dans l’étrange narration de cette saga uniquement féminine. La montagne, ses légendes, ses secrets surtout et la folie ordinaire des gens du coin se révèlent peu à peu et nous embarquent automatiquement. Car dans toute histoire intéressante, ce sont les non-dits qui sont les plus passionnants.

    Stéphane Servant signe ici un grand roman, une vaste fresque familiale et villageoise admirablement bien écrite. Entre conte moderne et légende traditionnelle, il se joue des codes classiques utilisés en littérature pour ados et livre un grand roman tout court.

     

  • onlikoinou spécial - Sinon quoi (Matthieu Maudet et Jean Leroy)


    onlikoinou 26 sinon quoi par afterfives

  • La splendeur du pingouin (Hurwitz, Aaron, Kudranski & Pearson) - chronique de Fabien #07

     LA SPLENDEUR DU PINGOUIN

    Gregg Hurwitz - Jason Aaron - Szymon Kudranski - Jason Pearson

    Urban Comics - 15€

     

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    "Tu es très fragile, tu dois toujours garder un parapluie sur toi en permanence.Et tu dois toujours rester à mes cotés"

     

    Dans ce nouvel opus de la Collection DC Nemesis, nous allons nous intéresser à un personnage aussi charismatique et intrinsèque au monde de Batman : Oswald Chesterfield Cobblepot ou plus simplement le Pingouin.

     On y attaque la vie glauque et rejeté du personnage. Dernier de sa lignée, rejeté par son père qui le traite comme un monstre, maltraité par ses frères. Il ne trouvera refuge que dans sa mère qui essayera tant bien que mal à le protéger de tout ça. 

     
    Teigneux. Aigri, laid, difforme, méchant, il s’agit de pointer le doigt sur un personnage hors-norme de l’univers Batman, à l’inverse de ces compères il est un homme publique riche et un criminel mystérieux entouré d’ombres et de mystère.

     

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     On y voit sa relation avec les femmes, entre celle qui l’aime sans le voir, à celle qui l’a vu naitre et grandir. et comment ces passions, et cette haine cumulé le pousse a se retrancher au plus profond de lui même. Toute cette histoire, et ce scénario mis en place par un fabuleux dessin. Un vrai plaisir à lire.

     

     

  • Le Sang des 7 rois (Régis Goddyn) - Chronique de Guillaume #64

    LE SANG DES 7 ROIS

    Régis Goddyn

    L’Atalante – 21 €

     

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     Au fin fond du premier royaume, dans la vicomté de Hautterre, deux enfants ont été enlevés. Le sergent Orville, en se chargeant de la traque des ravisseurs, ignore qu’il s’est engagé dans une quête dont l’ampleur va bouleverser l’ensemble des sept royaumes. Ce rapt apparemment anodin va s’avérer être le prélude à un véritable cataclysme en forçant de vieux démons aux pouvoirs terrifiants, tapis dans l’ombre depuis des temps immémoriaux, à réapparaître au grand jour…


    Premier roman de Régis Goddyn et premier tome d’une série qui en comptera sept, Le Sang des 7 rois situe son action dans un monde de type médiéval maintenu par une organisation féodale stricte doublée d’une inquisition intransigeante. Jonglant entre l’épopée d’Orville, les interventions de personnages secondaires et des passages descriptifs subtilement amenés, Régis Goddyn parvient à construire un univers cohérent au potentiel réjouissant. La figure d’Orville prend toute l’ampleur nécessaire à un héros digne de ce nom et les différentes intrigues mises en place annoncent de grands moments de fantasy.

     

    Une seul chose à dire : vivement la suite !

     

     

     

  • de nouvelles lectures!!

    imagesbocage.jpgLe bocage à la nage- Olivier Maulin

    Balland- 19.90€

    Olivier Maulin fut en résidence à Laval jusqu'en avril 2013. Il consacra  son temps à la rédaction d'une comédie sociale en plein coeur de la Mayenne!

    Philippe Berthelot, commercial raté, prend des vacances chez son ami "Cro-Magnon", qui vit dans une caravane au fond des bois. Entre quelques verres au bar, ils donnent un coup de main à une communauté d'anarchistes vivant dans un manoir sur la commune de Port-Brillet. Ils y mènent une vie paisible, en rupture avec le monde moderne, jusqu'au jour où deux supers flics les soupçonnent de detenir un document "sensible".


    imagesinauguration.jpgL'inauguration des ruines - Jean-Noël Blanc

    Joelle Losfeld- 22.90€

    Jean-Noel Blanc réinvente le roman-feuilleton en nous plongeant dans l'histoire d'une  famille d'industriels française sur plusieurs générations. Un roman dense, extrêmement bien écrit.

    Une très belle découverte.

     

    chrysis.jpgChrysis - Jim Fergus

    Cherche-midi- 18.50€

    S'inspirant de faits réels, Jim Fergus nous offre le portrait d'une femme exceptionnelle ,prise dans la tourment des Années Folles. Chrysis n'a que 18 ans lorqu'elle entre à l'atelier des Beaux-Arts des élèves femmes. Très vite, son professeur se rend compte de son talent. Précoce, emprunte de liberté, elle va très vite bousculer son milieu social et le monde de l'art où les hommes ont "encore" tous les privilèges.

    Ayant acquis l'un des tableaux de Chrysis, Jim Fergus a voulu découvrir l'histoire de cette artiste, figure emblématique des nuits parisiennes. Un roman passionnant.

  • 22/11/63 (Stephen King) - Chronique de Guillaume #63

    22/11/63

    Stephen King

    Albin Michel – 25.90 €

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    Jake Epping  est un professeur ordinaire dont la vie bascule le jour où son vieil ami Al lui montre un passage vers le passé débouchant en 1958. Celui-ci, mourrant, lui confie une mission : empêcher l’assassinat de Kennedy.

     

    Stephen King s’empare ici d’un sujet maintes fois rebattu avec plus ou moins de bonheur dans la littérature de science fiction : peut-on changer le passé et quelles en seraient les conséquences ?


    Si d’autres auteurs ont pu rester dans les starting-blocks du cliché, le roi du fantastique, lui, transcende le paradoxe et nous emmène tambour battant dans un thriller subtil. Tour à tour nostalgique, tendre mais aussi parfois durement critique, le regard de Stephen King sur les Etats-Unis du début des années 60 s’avère d’une acuité saisissante. Outre la qualité du suspense et la justesse des points de vue, la richesse et l’empathie dégagée par les personnages complète ce tableau déjà enchanteur.

    Bref, 22/11/63 est un roman de Stephen King remarquable, digne de ses tout meilleurs récits.

  • Quelques idées de lecture estivale-

    En vacances ou (encore) au travail, voici quelques livres de poche qui enchanteront votre été!

     

    images.jpgFamille modèle de Eric Puchner

    Livre de poche- 7.90€

    L'histoire d'un fiasco familial, à la fois drôle et tragique!


     

    imagesart.jpgL'art du jeu de Chad Harbach

    Livre de poche- 8.10€

    Juste pour la beauté du geste... Un premier roman tendre et subtil.


    oiseau-canadeche1.jpgL'oiseau canadèche de Jim Dodge

    10/18- 4.90€

     Un petit bijou d'humour et de tendresse! Un de ces romans qui, dès les premières pages, vous happe!


    imagesdiner.jpgLe diner de Herman Koch

    10/18- 8.10€

    Comédie de moeurs mêlant humour ravageur et roman noir, voici un portrait de notre société en pleine crise morale!


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  • interview de Cédric RASSAT et Raphaël GAUTHEY (par Christophe Aimé le magnifique)

    On ne vous le répètera jamais assez ! Allez voir le blog de Christophe Aimé. Il y a plein de trucs géniaux à découvrir. Sinon, on vous retranscrit ici la très belle interview BD qu'il vient de mettre en ligne. Au programme : Cédric Rassat et Raphaël Gauthey les auteurs de la série On dirait le sud

    bonne lecture !




    CEDRIC RASSAT & RAPHAËL GAUTHEY

    L’été commence à brûler les peaux blanches en manque de vitamines D. Partout, les insectes s’excitent et se font entendre. La verdure s’apprête à agoniser. L’envie d’aller piquer une tête vous démange le maillot de bain. Les gouttelettes ne peuvent s’empêcher de faire la course le long de vos boissons fraîches… La chaleur est là. Devant et derrière vos lunettes de soleil. Le timing ne pouvait pas être plus parfait pour vous pencher sur les deux tomes passionnants de On Dirait Le Sud. Pour lire l’interview de Cédric Rassat et Raphaël Gauthey, les auteurs talentueux qui pendant trois ans, dans le four de l’été 1976, nous ont tenu en haleine avec leur chronique sociale déroutante. Chaud devant… (chRisA – juillet2013)


    On Dirait Le Sud 1

    Vous connaissiez-vous avant de vous lancer dans l’Aventure 76 ? Qu’attendiez-vous l’un de l’autre ?

    Cédric : Non, c'est Emre Orhun, un ami commun (avec qui j'ai aussi fait Erzsebet et La Malédiction du Titanic chez Glénat), qui nous a mis en contact. A l'époque, en 2003, Raphaël commençait à envisager de se mettre à la BD et moi je cherchais à développer de nouveaux projets avec d'autres dessinateurs… Je crois qu'à ce stade, je recherchais surtout une autre forme de collaboration. Je voulais m'éloigner autant que possible de William Panama et de La Frontière, mes deux premières séries qui n'avaient pas bien fonctionné. Avec Raphaël, on a tout de suite eu un vrai échange et des discussions sérieuses et constructives. Les bases de ce qui allait devenir On dirait le Sud sont venues très vite.

    Cédric, quel(s) adjectif(s) et quelle(s) métaphore(s) emploierais-tu pour dresser le profil de ton compère Raphaël ?

    Cédric : Pas de métaphore, mais disons que Raphaël a une vraie exigence par rapport à son travail. Il est très appliqué et méticuleux, et il se remet beaucoup en question. Pour moi, c'est aussi une source de motivation, même si je suis aussi exigeant et assez critique avec mon propre boulot. En plus, je pense que son sens de la mise en scène et son regard très "cinématographique" m'aident aussi beaucoup du point de vue de l'écriture.

    Raphaël, si tu devais dessiner le portrait de Cédric, comment t-y prendrais-tu ? Et quelles couleurs utiliserais-tu ?

    Raphaël : Une couleur ? Disons une couleur chaude... Après, ce qui caractérise Cédric, c'est le dialogue et l'ouverture. Nous discutions beaucoup sur les différentes scènes et il a toujours pris mon avis en considération. Sinon, pour l'anecdote, on peut dire que j'ai déjà dessiné Cédric, puisque je retrouve beaucoup de sa personnalité dans le personnage de Claude.

    Il faut sacrément bien s’entendre pour travailler sur un projet de quatre (?) ans. Quelles qualités et quels défauts ce projet a-t-il révélé chez l’un comme chez l’autre ?

    Cédric : La genèse de ce projet s'est étalée sur une période beaucoup plus longue, puisqu'on a commencé à en discuter et que j'ai écrit les premières scènes dès 2003. Ensuite, le projet a été présenté à Delcourt en 2006. Le tome 1 est paru en 2010 et le 2 en 2013… Pour en revenir à la question, je dirais que le travail de Raphaël (mais le mien aussi, d'ailleurs) s'est beaucoup affiné entre les deux albums. La base est évidemment la même, mais sa mise en scène s'est épurée et son travail sur la lumière et les couleurs est devenu encore plus précis.

    Qui a eu l’idée de On Dirait Le Sud ? Quel a été le déclencheur ? Pourquoi avoir choisi cette époque et ce contexte ?

    Cédric : L'idée de base est venue de notre première discussion. Raphaël avait en tête un projet de chronique familiale. C'était encore assez vague, mais il savait déjà qu'il voulait impliquer plusieurs générations de personnages (un grand-père et une petite-fille, notamment) et situer le récit dans le milieu ouvrier d'une petite ville du centre de la France qui, dans son esprit, ressemblait un peu au Creusot. L'idée des années 70 est venue d'une réflexion sur les personnages : on savait que le grand-père devait avoir vécu la Seconde Guerre mondiale et que les parents devaient avoir une trentaine d'années. En pensant à la fin des années 70, j'ai très vite fait le lien avec la canicule de 1976. Il me semblait intéressant d'utiliser l'idée de cette chaleur accablante pour faire naître une tension de plus en plus pesante entre les personnages. Et puis, comme il s'agissait d'un milieu ouvrier, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant de centrer le récit sur un personnage de syndicaliste qui, par essence, se situe forcément entre le camp des patrons et celui des ouvriers. Enfin, l'été 1976 nous permettait d'évoquer l'affaire Ranucci et la question de la peine de mort. Et comme cette question rejoignait aussi, via Badinter et l'abolition de 1981, celle de l'élection de Mitterrand, ça nous a permis d'affiner la réflexion sur les idéaux des personnages (le récit se situe peu de temps après l'échec de Mitterrand à la présidentielle de 1974 et cinq ans avant son succès de 1981 ; on est donc dans une sorte de "temps mort").

    Comment vous êtes-vous imprégnés de la France de cette époque ? Avez-vous fait un gros travail de documentation ?

    Cédric : Je pense qu'on avait grosso modo les mêmes références, un mélange de souvenirs personnels (assez vagues, tout de même), d'histoires familiales (photos, etc) et d'images issues de films de cette époque. Raphaël a beaucoup puisé dans les films de Claude Sautet, notamment… 

    Raphaël, comment voyais-tu, graphiquement parlant, cette époque ?

    Raphaël : J'ai d'abord eu des sortes de flashs. Des images de types, avec cheveux longs et moustaches, qui couraient sur un terrain de football avec un maillot vert, mais aussi des voitures, des objets, des couleurs, des visages, bref, plein d'éléments en vrac qui sortaient de mon inconscient et qui m'ont servi de point d'ancrage. Ensuite, comme le disait Cédric, j'ai puisé dans des photos de famille et me suis référencé aux films de l'époque.

    Si je vois On Dirait Le Sud comme un roman-photo social et une chronique humaine en pleine chrysalide, vous approuvez ou contestez ?

    Cédric : Chacun sa lecture… En ce qui me concerne, j'évoquerais plutôt une chronique familiale sur fond de crise sociale et idéologique. Et je pense que le récit se focalise aussi beaucoup sur la canicule, et l'idée que chacun peut se faire de l'été, au sens large.

    Le scénario, a-t-il beaucoup changé dans les trois années qui ont séparé les deux tomes ?

    Cédric : Le scénario du second tome ? Non, il a très peu changé. Je crois qu'il n'y a qu'une scène qui a bougé un peu dans la séquence de l'orage. Quelques dialogues ont aussi été modifiés ou ajoutés, ici ou là. Mais on parle vraiment de retouches… En fait, dès le départ nous avons pensé cette histoire comme un tout. Nous avions même l'intention de réaliser un one-shot… Beaucoup de scènes du tome 2, et notamment la toute fin de l'album, étaient déjà plus ou moins prêtes lorsque j'ai commencé à écrire le tome 1 en 2003. Le scénario du tome 2 a été achevé en novembre ou décembre 2009 et Raphaël avait déjà entamé les crayonnés de "La Fin des Coccinelles" lorsque nous avons sorti le premier album. Après, tout ce que je peux dire c'est que le scénario du second tome ressemble très précisément à ce que nous recherchions depuis le début. Raphaël a travaillé sur les planches pendant trois ans et nous avons vraiment eu le temps de relire ce récit et de l'envisager sous toutes les coutures. Donc, si nous n'y avons rien changé, c'est parce qu'il nous convenait très bien.

    Cédric, comment t’est venue cette incroyable galerie de personnages ? Lequel d’entre eux a été le plus simple et le plus difficile à concevoir sans tomber dans la caricature ?

    Cédric : Les personnages sont tous venus un peu différemment. Max Plume s'est construit sur un jeu de mots que je voulais faire sur son nom ("Désolé, mais vous ne faîtes pas le poids, Monsieur Plume.")… Celui du chef des gendarmes, avec son délire sur les enfants disparus, est venu en quelques secondes, lorsque je travaillais sur la scène de l'étang. Celui de Claude était plus difficile, car c'est un taiseux. Il se construit dans son rapport aux autres et notamment avec la petite fille. Evidemment, Luce était aussi très importante… Les deux sœurs se sont construites en opposition l'une à l'autre. Sylvia est très seule (un peu plus que les autres, en toute cas), mais elle a une vraie réflexion intérieure, alors que Marie semble plus superficielle, mais aussi plus sociable… Il n'y pas de règle, en fait. Je crois qu'il y a des moments où certains détails émergent et permettent de fixer, de "reconnaître" un personnage. Ensuite, il faut travailler pour développer cette idée et lui donner, disons, "du corps".   


    On Dirait Le Sud 2

    Si vous deviez-vous faire l’avocat du diable d’un des personnages ? Lequel serait-ce ?

    Cédric : Probablement Max Plume… Même si je n'ai pas forcément envie de le défendre. En tout cas, ce que j'aime bien avec ce personnage c'est qu'il n'est pas à sa place. Il est faible et sans conviction, alors que sa fonction exigerait plutôt l'inverse. C'est un imposteur, mais personne ne s'en est encore rendu compte… Et ce sont ses renoncements et ses lâchetés qui scandalisent le lecteur et lui donnent, a priori, envie de réagir.

    Raphaël, d’où te vient ton style graphique magnifique au demeurant ? Comment travailles-tu ? Peux-tu lâcher UN secret de ton savoir-faire ?

    Raphaël : En fait, il n'y a pas de secret. J'ai une technique très simple. Je travaille mes crayonnés sur papier, que je scanne et que je mets en couleur sur informatique, uniquement avec une brosse et des calques, comme j'aurais pu le faire à la peinture. J'utilise uniquement un effet de flou sur Photoshop pour donner l'impression de vitesse dans certaines scènes.

    L’art d’Edward Hopper semble avoir été une grosse influence pour ce projet, non ?

    Raphaël : Pas directement. Même si j'adore ce peintre, je pense qu'il m'a nourri comme beaucoup d'autres artistes. La spécificité de On dirait le Sud était que le lecteur devait ressentir une sensation de chaleur étouffante. C'est pourquoi j'ai travaillé comme je le faisais en illustration, avec une attention particulière sur les modelés, les couleurs et les lumières. Ensuite, il fallait que les images restent lisibles, j'ai donc simplifié les formes à la manière des cubistes, en tendant les lignes comme peuvent le faire Albert Gleizes ou Jean Metzinger.

    J’adore le rythme palpitant et cette tension progressive dans la narration. Quelles autres sensations vouliez-vous que le lecteur éprouve ?

    Cédric : C'est une histoire sur le sentiment de communauté, donc il était important de croiser un certain nombre de trajectoires individuelles afin de donner une dimension plus "collective" au récit. En plus, j'aime assez l'idée de jouer avec la tension ou les contrastes qui peuvent naître du croisement de ces différentes histoires. Cela peut amener des effets comiques, comme dans la scène du bar du premier album où une discussion sur une pomme et Joe Dassin croise un échange sur les licenciements à venir dans l'usine locale, mais cela peut aussi créer une certaine distance et permettre de relativiser certains événements de la vie des personnages. Et puis, je pense aussi que cela correspond à une description réaliste du quotidien, où les destins individuels se croisent et s'entrechoquent en permanence. Enfin, là j'enfonce une porte ouverte… 

    Au regard de la multitude des pistes narratives de ce diptyque, on sent que vous auriez pu en faire une trilogie. Pourquoi avoir choisi de tout dire en deux tomes ?

    Cédric : Oui, c'est vrai que la matière narrative est riche et qu'elle aurait pu être développée sur trois tomes… En fait, pendant longtemps, nous avons pensé pouvoir réaliser un one-shot de 80-90 pages. Et puis, en écrivant le scénario du tome 1 j'ai compris que le récit allait sûrement devoir s'étaler sur plus de cent pages. Donc, comme nous pouvions difficilement présenter un one-shot de 100 pages couleurs (à l'époque, en 2006, c'était moins en vogue), nous avons opté pour le diptyque. Dramatiquement, cette construction en deux parties me convient très bien, puisqu'elle me permet de jouer sur des effets miroirs (certaines se répondent, d'un album à l'autre) et d'accentuer certaines ambiances (le tome 2 est plus sombre que le premier, ce qui était sous-jacent ou inconscient, finit par éclater au grand jour, etc). En trois tomes, la construction aurait sans doute été moins tendue et moins dramatique…

    Cette France d'il y a presque 40 ans sous microscope, la chanson de Nino Ferrer en bande-son, à quel niveau pensez-vous que la nostalgie joue un rôle dans ce diptyque ? 

    Cédric : Si, par nostalgie, vous entendez l'idéalisation d'une époque révolue ou l'ambition un peu folle de revivre le passé, je dirais qu'il n'y en a pas dans cette histoire. En tout cas, pas pour nous… Bien sûr, On dirait le Sud s'inscrit dans une époque lointaine et décrite avec une certaine précision, mais je crois que ce n'est pas l'aspect le plus important de ce récit. J'aurais même tendance à penser que cette histoire est beaucoup plus intemporelle qu'on l'imagine, a priori. Par exemple, l'idée du temps qui dure "plus longtemps" lorsque l'on est enfant est très répandue, finalement, et tout le monde peut s'y retrouver. Mais elle n'est pas spécifique aux années 70. La façon dont on aborde le passage du temps est toujours différente selon que l'on est enfant ou adulte. C'était vrai dans les années 70, ça l'était probablement déjà dans les années 20 et ça l'est, de toute façon, encore aujourd'hui. Donc je dirais plutôt que notre réflexion porte plus sur la vie en général que sur cette période en particulier. C'est pour ça que je pense qu'il n'y a pas vraiment de nostalgie… Mais rien n'empêche nos lecteurs de regarder cette époque avec leur propre sentiment nostalgique.

    Pensez-vous que la France 2013 est si différente de celle de 1976 ? Personnellement, je serais tenté de répondre par la négative...

    Cédric : Dans les rapports humains, non, évidemment. Mais à l'intérieur de l'entreprise ou dans la réflexion politique globale, oui, je pense. Déjà, il me semble que le simple fait que des gens comme Le Pen ou Sarkozy aient pu trouver une audience attentive chez les ouvriers est vraiment le signe d'un effondrement de la pensée et de l'engagement politique dans ce milieu. Comment un ouvrier peut-il imaginer que Sarkozy ou Le Pen aient réellement l'ambition ou le projet de servir ses intérêts ? Ça me dépasse complètement… En tout cas, je pense que ce renoncement politique et cet effondrement de la pensée ont considérablement déséquilibré les rapports de force à l'intérieur de l'entreprise. Certains patrons y ont gagné un pouvoir encore plus fort. Et beaucoup d'entre eux utilisent ce pouvoir accru pour mettre encore plus de violence dans les rapports qu'ils entretiennent avec le reste des forces vives de leur entreprise. La situation est très malsaine et ne donnera rien de bon.

    Croyez-vous que le syndicalisme commence à prendre un virage particulier sous la France de Giscard ?

    Cédric : Ouh là, je ne suis pas historien du syndicalisme, loin de là… Je ne sais pas si c'est vraiment lié au giscardisme. C'est Mitterrand qui a atomisé le PC, non ? Et puis, la société a beaucoup changé… Je pense que les changements de mentalité sont nés dans les années 80 et qu'ensuite ils ont accompagné l'ascension du FN et de Sarkozy dans le paysage politique français…

    A quoi aurait ressemblé la France si Michel Sardou, au lieu d’être en chanteur extrêmement populaire, avait été Président de la République ?

    Cédric : Sardou président ? Ça aurait été la guerre civile, non ? Voire la guerre tout court si l'on pense à des chansons comme "Les Ricains" ou au fameux "Temps des colonies"… Bien sûr, dans notre album, l'allusion à Sardou est avant tout une blague, mais il est vrai qu'il y a aussi un fond idéologique. Déjà parce que Sardou est quand même l'un des représentants de cette droite populiste et réactionnaire qui fait toute la fierté de la connerie française, et ensuite parce que "Je suis pour" est vraiment l'une des chansons les plus épouvantables que je connaisse. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment des radios ont pu accepter de diffuser un tel plaidoyer pour la peine de mort et un disque dans lequel sont prononcées des phrases comme  "J'aurai ta mort !" ou "J'aurai ta tête en haut d'un mât". Vous imaginez le tollé si un rappeur, quel qu'il soit, avait chanté des trucs pareils ?

    Nino Ferrer, c’est l’exact opposé de Michel Sardou ?

    Cédric : L'opposé, peut-être pas totalement, mais c'est très bien, en tout cas ! Non, en fait, je crois que Ferrer et Sardou sont surtout là pour ancrer le récit dans une forme de culture populaire française qui est, certes, liée aux années 70, mais qui a aussi une valeur intemporelle. C'est vrai pour "Le Sud", bien sûr, car c'est une chanson magnifique, magique, et qui traverse le temps avec une majesté incroyable, mais ça l'est aussi pour certaines chansons de Sardou qui, quoiqu'on en pense, sont quand même gravées dans l'inconscient collectif. Après, pour en revenir au "Sud" et donc au titre de l'album, je dirais aussi que, pour nous, il s'agit d'une allusion à la chaleur, bien sûr, mais aussi aux illusions que les personnages ont en tête. Le gendarme croit qu'il peut retrouver ici, dans le centre de la France, les victimes d'un tueur qui sévit dans le sud, et la population vit avec l'angoisse que font naître toutes ces disparitions ("La France a peur", comme disait Roger Gicquel). Et puis, il y a cette idée de la perception du temps ("Le temps dure longtemps…")  qui, selon moi, évoque aussi bien l'été (les journées plus longues, etc) que l'enfance. 

    Qu’est-ce qu’évoque pour vous l’Affaire Christian Ranucci qui tient ici une place importante dans le scénario ?

    Cédric : Disons qu'au-delà de l'injustice flagrante, puisque Ranucci n'était visiblement pas coupable dans l'affaire du "pull-over rouge", cette histoire nous permet surtout d'évoquer la question de la peine de mort et, donc, de son abolition. Or comme celle-ci est aussi associée au mitterrandisme et à l'arrivée de la Gauche au pouvoir, je trouvais que ça cadrait bien avec notre propos. Pour moi, l'abolition de la peine de mort correspond vraiment au passage d'un monde ancien et barbare à, disons, une forme de civilisation. Il n'est, d'ailleurs, pas étonnant que Sarkozy ait envisagé, dans certains discours, la possibilité de revenir sur cette abolition et de réinstaurer la peine de mort "dans certains cas". On voit bien que l'éveil des consciences n'est pas son souci principal… 

    A l’image d’autres destinées dans le livre, laisse-t-elle supposer que les boucs-émissaires font de bons salauds mais que les vraies pourritures s’en tirent toujours ?

    Cédric : J'espère que non. Mais, sinon, oui, je pense que la vie est globalement injuste. Et donc qu'une bonne injustice permet de rendre plus crédible, ou plus réaliste, le récit. En fait, l'injustice sonne "juste". Hum…

    Qu’est-ce que les coccinelles incarnent ici quand on sait qu’elles sont magnifiques, qu’on les appelle les bêtes à bon Dieu et qu’elles sont capables de se goinfrer de pucerons…

    Cédric : L'évocation des coccinelles est venue de quelques témoignages de personnes qui se souvenaient d'en avoir vues beaucoup pendant l'été 1976. Il paraît qu'elles accompagnent souvent les grandes vagues de chaleur… En ce qui me concerne, je les utilise surtout comme une métaphore de l'idéologie communiste, ou de l'engagement à gauche. Mais c'est très personnel… 

    Comment ressort-on d’une telle aventure lorsqu’elle occupe un tel pan de votre vie ?

    Cédric : Ben, pour nous, c'est presque une aventure de dix ans. Donc, oui, forcément, ça laisse des traces… Après, je crois qu'on ne peut pas encore se détacher de cette histoire, car on a beaucoup de choses à voir avec l'éditeur. L'indisponibilité du tome 1 est un vrai souci. Là, on revient d'une longue tournée de dédicaces et personne ne comprend… Les libraires, les lecteurs, les auteurs, tout le monde s'interroge.


    Quels sont vos futurs projets ? Avez-vous d’autres projets en commun ?

    Cédric : On travaille actuellement sur un projet de polar qui se situe dans les années 60. On en discute depuis un moment et je pense qu'on devrait le présenter d'ici quelques mois. On veut que cette histoire se limite à un seul tome de 80 ou 90 pages. Et elle ne paraîtra pas chez Delcourt.

    La première année très pluvieuse du quinquennat de François Hollande, pourrait-elle vous inspirer… ?

    Cédric : Non, je pense qu'on n'y voit pas assez clair. On est encore dans l'après-Sarkozy. Le changement n'est pas pour tout de suite, visiblement…


    Un chaleureux et radieux MERCI à Raphaël Gauthey (ici à gauche), à Cédric Rassat (ici à droite) ainsi qu'à l'incontournable Simon.